Morgane
J’acquiesçai, mais au fond de moi, je n’étais pas certaine de ma réponse. L’épreuve des âmes avait laissé des traces profondes. J’avais affronté mes plus grandes peurs, et elles ne disparaîtraient pas simplement parce que l’illusion s’était dissipée.
— Nous devons partir, déclara Dorian d’un ton sec. Nous avons trop attiré l’attention.
Lucian serra les dents mais ne protesta pas. Il savait que Dorian avait raison. L’épreuve n’avait été qu’un test. Le vrai danger était encore à venir.
Nous quittâmes la clairière en silence, chacun perdu dans ses pensées. Mais l’équilibre fragile entre nous venait d’être brisé.
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Lucian
Nous marchions depuis des heures. La forêt était dense, étouffante, et l’obscurité qui s’installait semblait amplifiée par la magie des Gardiens.
Morgane avançait devant, le dos raide, son énergie légèrement instable. Dorian la suivait de près, tel une ombre silencieuse, sa présence constante comme un rappel de ma propre insécurité.
Je voulais lui parler, lui dire que je comprenais ce qu’elle avait vécu dans l’épreuve, mais les mots refusaient de venir. Parce qu’une autre pensée empoisonnait mon esprit : et si elle se rapprochait encore plus de Dorian après ça ?
Ce n’était pas qu’une question de jalousie. C’était un fait. Dorian et elle partageaient une connexion que je ne pouvais pas nier. Et maintenant qu’elle avait vu mes doutes… allait-elle se détourner de moi ?
— Tu devrais arrêter de la fixer comme ça, murmura une voix grave à mon oreille.
Je me retournai brusquement. Dorian marchait à mes côtés, un sourire en coin, son regard narquois.
— Ce n’est pas ce que tu crois, répliquai-je froidement.
Il haussa un sourcil, amusé.
— Ah non ? Tu es sûr ? Parce que d’ici, on dirait que tu as peur qu’elle me préfère à toi.
Je serrai les poings. Il appuyait exactement là où ça faisait mal. Comme toujours.
— Je ne joue pas à ce jeu-là, Dorian.
— Non, bien sûr que non. Parce que toi, tu veux être le héros de l’histoire. Mais parfois, Lucian…
Il se pencha légèrement vers moi, son souffle glacial.
— Ce sont les ombres qui protègent le mieux ceux qu’ils aiment.
Je n’eus pas le temps de répondre. Un cri retentit devant nous.
Morgane.
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Morgane
La douleur m’arracha un cri. Une force invisible s’empara de moi, me projetant en arrière. Je heurtai le sol avec violence, le souffle coupé.
Lucian et Dorian se précipitèrent vers moi, leurs visages déformés par l’inquiétude. Mais avant qu’ils ne puissent m’atteindre, une silhouette apparut dans l’ombre des arbres.
Un Gardien.
Il était différent des autres. Plus grand, plus sombre, et son énergie était… corruptrice. Un frisson me parcourut.
— L’épreuve était un test, dit-il d’une voix rauque. Mais la vraie sélection commence maintenant.
Dorian se plaça immédiatement devant moi, son corps tendu comme un arc. Lucian invoqua sa magie, des flammes dorées dansant autour de ses doigts.
— Tu as échoué à nous briser, répliqua Lucian. Que veux-tu encore ?
Le Gardien sourit.
— Vous prouver que votre lien n’est qu’un mirage.
Il leva une main, et la magie nous engloutit.
Un autre test. Mais cette fois-ci, ce ne serait pas une simple illusion.
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Dorian
La douleur fut immédiate.
Une noirceur s’insinua en moi, cherchant à me consumer. J’entendais Morgane crier quelque part, sa voix résonnant à travers l’espace distordu où nous avions été projetés.
Mais ce qui me terrifiait le plus, c’était Lucian.
Il était à genoux, son visage tordu de souffrance. Une force invisible le pressait contre le sol, et ses flammes dorées vacillaient dangereusement.
— Lucian !
Il ne répondit pas. Ses yeux étaient vides, son expression… différente. Comme si une autre force prenait possession de lui.
Le Gardien murmura quelque chose, et soudain, Lucian leva la tête.
Et son regard n’était plus le sien.
Un ricanement glacial s’éleva de sa gorge.
— Enfin… libre.
L’horreur me glaça le sang.
Lucian n’était plus Lucian.
Morgane et moi étions seuls face à quelque chose de bien pire que les Gardiens.
L’obscurité elle-même venait de s’emparer de lui.
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Morgane
L’air autour de nous se figea. Lucian… ou plutôt ce qu’il était devenu, nous fixait avec un sourire dénué d’humanité. Ses yeux dorés avaient viré à un noir abyssal, et l’énergie qui émanait de lui n’avait plus rien de familier.
— Enfin… libre, répéta-t-il, sa voix teintée d’une satisfaction glaciale.
Dorian et moi échangeâmes un regard. Nous savions tous les deux que ce n’était pas Lucian. Pas vraiment. Une force ancienne s’était emparée de lui, une noirceur si profonde qu’elle faisait vibrer l’air autour de nous.
— Lucian, résiste ! criai-je, mais il ne réagit pas.
À la place, il leva une main et une vague de ténèbres s’abattit sur nous. Dorian réagit en premier, dressant un bouclier de flammes pour contrer l’attaque, mais l’impact nous projeta tous les deux en arrière.
Je heurtai violemment le sol, le souffle coupé. À travers le flou de ma vision, je vis Lucian avancer lentement, ses mouvements déliés, presque surnaturels.
Dorian grogna en se redressant. Son regard était déterminé, mais je savais qu’il doutait autant que moi. Pouvions-nous vraiment affronter Lucian… sans le détruire ?
— Il ne nous laissera pas le choix, souffla-t-il.
Je savais qu’il avait raison.
DorianJe me relevai rapidement, fixant Lucian d’un regard froid. Il n’était plus le garçon impulsif et têtu que je connaissais. Il était autre chose, une entité qui se délectait de la puissance qu’elle contrôlait désormais.— Il faut l’affaiblir, murmurai-je à Morgane. Gagner du temps.Elle acquiesça et se mit en position, invoquant ses propres pouvoirs. Sa magie pulsa autour d’elle, créant une aura argentée contrastant avec les ténèbres qui enveloppaient Lucian.— Tu crois pouvoir m’arrêter ? ricana-t-il.Puis il attaqua.Un déferlement d’ombres jaillit de ses mains, une force brute et dévastatrice. Je me précipitai sur le côté, esquivant de justesse l’impact qui pulvérisa un arbre derrière moi. Morgane canalisa son pouvoir et lança un rayon de lumière vers lui, espérant briser l’emprise des ténèbres.Mais Lucian contra facilement.— Pitoyable, murmura-t-il avant de disparaître dans un éclair sombre.Un frisson me parcourut. Il était rapide. Trop rapide.Avant que je ne puisse réagi
MorganeL’être qui nous faisait face n’était pas un simple sorcier des ténèbres. Il exsudait une puissance si dense qu’elle alourdissait l’air autour de nous.— Qui êtes-vous ? grondai-je.L’homme sourit, dévoilant ses canines effilées. Un frisson me parcourut.— Je suis celui qui attendait ce moment depuis bien longtemps, susurra-t-il. Et vous venez de m’offrir exactement ce dont j’avais besoin.Son regard se posa sur Elias, toujours à genoux, tremblant sous l’emprise de la force obscure. Dorian resserra sa prise sur son épée enflammée.— Si vous croyez que nous allons vous laisser le prendre…Il n’eut pas le temps de finir. L’homme leva la main et une vague de ténèbres s’éleva, nous projetant tous les deux en arrière. Le choc fut brutal. Ma tête heurta violemment le sol, m’arrachant un cri de douleur.---DorianJe me redressai aussitôt, serrant les dents. L’homme s’avançait vers Elias, une lueur de triomphe dans les yeux. Je ne pouvais pas le laisser faire.Sans attendre, je fonçai
MorganeLe feu crépitait doucement, projetant des ombres dans la grotte où nous avions trouvé refuge. Lucian dormait, son souffle régulier troublant à peine le silence ambiant. Dorian, lui, était assis près de l’entrée, surveillant la nuit. Quant à moi, le sommeil me fuyait.J’avais à peine fermé les yeux que des images avaient commencé à envahir mon esprit. Des visions. Pas des rêves ordinaires, non. Quelque chose de plus ancien, de plus profond.Un château aux murs noircis par le temps. Une silhouette drapée d’une cape pourpre, le visage caché sous une capuche. Un cercle gravé sur le sol, irradiant d’une lumière dorée. Et au centre de ce cercle… moi.Je me voyais, mais ce n’était pas moi. Mes cheveux étaient plus longs, plus sombres. Mon regard brillait d’une intensité surnaturelle. Et je prononçais des mots dans une langue que je ne comprenais pas.Puis la douleur. Une explosion d’énergie déferlant dans mon corps. Je hurlais sans pouvoir m’arrêter. Quelqu’un s’approchait, murmurait
MorganeDès que nous franchîmes le seuil d’une immense salle, une nouvelle vision s’empara de moi.Un feu crépitait dans l’âtre. Des rires résonnaient contre les murs de pierre. Je me vis moi-même, vêtue d’une robe ancienne, assise près de Lucian. Son regard transperçait mon âme, et une chaleur intense m’envahit. Il tendit une main, effleurant ma joue avec une tendresse troublante. Puis l’image changea brutalement.Une porte s’ouvrit avec fracas. Dorian entra, son visage déformé par la fureur.— Comment as-tu pu ? rugit-il.Le sol sembla s’effondrer sous mes pieds alors que je revenais brutalement à la réalité. Mes jambes flanchèrent, et Lucian me rattrapa juste avant que je ne m’écroule.— Respire, murmura-t-il doucement. Je suis là.Je sentis la jalousie de Dorian exploser à cet instant. Son regard se durcit en voyant Lucian me soutenir, et il s’avança brusquement, saisissant mon bras pour m’éloigner.— Ne la touche pas, grogna-t-il entre ses dents.Lucian esquissa un sourire, amusé
MorganeLe rugissement de la créature fit trembler les murs des ruines. Mon corps se figea un instant sous l’intensité du danger, mais Dorian me tira brusquement en arrière, me plaçant derrière lui tandis que Lucian dégainait une lame noire aux reflets inquiétants.— Morgane, reste derrière moi, gronda Dorian, la mâchoire serrée.Lucian, lui, n’avait pas bougé, son regard froid fixé sur la bête.— Vous n’avez donc pas changé… murmura-t-il.Je clignai des yeux. Qu’entendait-il par là ?La créature s’avança, et sous la lueur blafarde de la lune, je distinguai son apparence cauchemardesque : des cornes tordues encadraient son visage déformé, et ses yeux rouges brillaient d’une intelligence cruelle. Elle n’était pas qu’une bête, c’était un être ancien, un gardien de ces lieux.— Enfin, soupira-t-elle d’une voix rauque. La reine a retrouvé son chemin.Un frisson glacé parcourut mon échine.— Qui es-tu ? soufflai-je.Un sourire sinistre déforma sa mâchoire inhumaine.— Tu ne te souviens don
MorganeJe voyais des lieux que je n’avais jamais foulés, sentais le froid mordant d’une époque révolue, entendais des voix chuchoter mon nom à travers les âges.— Morgane ? appela Dorian, sa voix à la fois inquiète et protectrice.Je tentai de parler, mais un souffle glacial emprisonna ma gorge. Mes yeux se révulsèrent alors que mon corps se tendait sous l’afflux de cette magie trop ancienne, trop puissante.Lucian, lui, s’approcha avec prudence, mais je perçus une étincelle de fascination dans son regard.— Elle se souvient, murmura-t-il.Je fus projetée dans une autre époque. Une vaste salle illuminée par des torches, des êtres en robe agenouillés devant moi, priant en une langue oubliée. Mon cœur battait différemment, mon souffle plus lent, plus mesuré. J’étais une autre. Une prêtresse. Une reine ?Un homme s’approcha de moi dans cette vision. Ses traits m’étaient familiers… Dorian ? Non, il était plus sombre, plus menaçant. Lucian.— Tu es à moi, déclara-t-il avec autorité.Mais
MorganeLa nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous avons quitté le sanctuaire, un frisson glissant sur ma peau tandis que nous marchions dans les ruelles sombres. L’artefact que nous recherchions semblait n’être qu’un mythe, un vestige perdu d’un temps oublié, mais mon instinct me hurlait le contraire. Il existait. Et nous devions le retrouver.Dorian marchait à mes côtés, son regard perçant fixé sur l’horizon.— Nous avons une piste, dit-il enfin. Un ancien temple, au cœur de la forêt interdite.Lucian, en retrait, haussa un sourcil, les bras croisés.— Tu sais ce que ça signifie, pas vrai ? Ce n’est pas juste une expédition. On entre en territoire maudit.Je pris une grande inspiration.— On n’a pas le choix. Si cet artefact peut nous libérer, alors nous devons tenter le tout pour le tout.Un silence pesant s’installa, jusqu’à ce que Lucian se rapproche de moi, son regard intense capturant le mien.— Et si on ne trouvait que plus de souffrance ?Je n’avais pas la réponse à c
MorganeL’atmosphère est lourde, oppressante. Mon souffle se coupe alors que mes visions s’intensifient. Autour de moi, la réalité se fissure, laissant place à des fragments d’un passé que je peine encore à comprendre. Je vois du sang sur des dalles noires, des cris étouffés par le grondement d’une tempête. Une femme s’effondre devant moi… moi ? Non, une autre version de moi, dans une autre vie.— Morgane !La voix de Dorian me ramène brutalement au présent. Je cligne des yeux, réalisant que mes jambes tremblent. Lucian me soutient avant que je ne tombe. Son regard brûle d’inquiétude, mais aussi d’un mélange d’émotions que je ne parviens pas à décrypter.— Ce temple est un piège, murmuré-je. Quelque chose ici veut nous retenir… ou nous rappeler qui nous sommes vraiment.Devant nous, la silhouette encapuchonnée ne bouge pas. Pourtant, son ombre s’étend, engloutissant peu à peu les pierres du sol. Un froid mordant nous enveloppe.Dorian dégaine son épée sans hésitation. Lucian, lui, esq
MorganeLes étoiles scintillent dans un ciel d’un bleu profond, leur éclat semblant plus vif, presque irréel, comme une bénédiction silencieuse de l’univers. La mer s’étend devant nous, vaste et infinie, battue par les vagues douces et régulières qui viennent mourir sur le sable. Ce soir-là, tout paraît figé dans le temps, suspendu, et je sais au fond de mon cœur que cette paix, cette tranquillité, est ce que nous avons mérité après tant d’épreuves. Lucian et moi. Nous avons tout traversé pour arriver ici.Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation du vent qui caresse ma peau, emportant avec lui l’odeur salée de l’océan, mêlée à celle plus envoûtante de Lucian. Il est là, juste à côté de moi, aussi immobile que l’horizon lointain. Ses mains reposent sur mes épaules, une pression douce mais rassurante. Je sens son regard sur moi, et je n’ai pas besoin de le chercher. Nos âmes se parlent sans mots, comme elles l’ont toujours fait.La mer, infinie et indomptable, semble offrir
MorganeLe temps semble se suspendre alors que nos regards se croisent, une alchimie indescriptible émanant de nos êtres. Le monde extérieur disparaît, laissant place à cet instant magique où nous sommes seuls, liés par une promesse d'amour et de passion. Je le sens encore plus proche, comme si chaque cellule de mon corps pulsait à l'unisson avec le sien.Lucian s'approche lentement, ses mains caressant doucement mes bras, traçant des chemins de chaleur sur ma peau. Je ferme les yeux, me laissant emporter par cette vague de sensations. Chaque effleurement devient un feu, une flamme qui se propage à travers moi, embrasant mon désir de manière inextinguible. Mes pensées se dispersent, comme le vent emportant les feuilles d'un arbre en automne. Tout ce qui importe désormais, c'est lui.Ses lèvres touchent les miennes avec une tendresse palpable, puis dévorent mes pensées, mes doutes, comme s'il pouvait les effacer d'un simple baiser. Je sens un frisson me parcourir alors qu'il m'attire p
MorganeJe me sens comme si j’étais toute entière, chaque fragment de mon être en parfaite harmonie avec lui. Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation de ses bras autour de moi, de la chaleur de sa peau contre la mienne. Il est plus que mon amour, il est ma force, mon ancre, celui qui m’a toujours sauvée, même dans les moments les plus sombres.Morgane… La voix de Lucian résonne dans le silence de la pièce. Il prononce mon nom avec une tendresse qui me fait fondre. Ses doigts effleurent mes cheveux, puis il me pousse doucement pour que je le regarde. Je te promets que rien ne nous séparera. Plus jamais.Ses mots sont une déclaration, mais ils sont aussi une promesse. Une promesse d’un futur ensemble, un futur que je n’ai jamais cru possible, que j’ai à peine osé espérer. Mais maintenant, tout est différent. Nous avons traversé trop de choses, trop de ténèbres pour que nous ne puissions pas nous retrouver dans la lumière.Je lui souris, mon cœur battant à l’unisson avec le
LucianLa lumière me brûle les yeux, la chaleur me transperce. Chaque fraction de seconde me semble une éternité, un supplice constant. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas lutter. Tout est flou. Les souvenirs de Morgane, son visage, ses paroles, se mélangent dans une danse désordonnée, mais ils sont là, toujours présents, comme une lueur d’espoir dans la noirceur qui m’envahit.Je suis prisonnier. Prisonnier de ce qui reste de moi. Prisonnier de l’ombre qui me consume lentement, qui me déchire à chaque respiration. Je sens une partie de moi me glisser hors de portée, comme si elle était attirée par quelque chose d’indéfinissable, une force qui me dépasse.Morgane… murmurais-je dans un souffle brisé. C’est elle. Elle est là, quelque part, je le sais. Mais je ne peux pas la voir, pas encore. Tout est trop confus.Je sens l’ombre se resserrer autour de moi, m’enserrer comme un piège invisible. Elle murmure des promesses d’abandon, de soumission. Elle me pousse à me laisser aller, à dis
MorganeJe me réveille dans une obscurité presque totale, la chaleur de la pièce effacée, une lourdeur inhabituelle m'enveloppant. Mon esprit se brouille, mes pensées se heurtent, et dans cette brume, je distingue une forme. Je tend ma main, hésitante, cherchant à comprendre ce qui m’entoure.Mais la douleur est là. Pas physique, non, mais émotionnelle. Je sens le vide autour de moi, cette absence lourde, comme si quelque chose d’indéfini manquait. Un froid s’insinue en moi, m’envahissant, me rongeant lentement.Lucian… murmure-je, ma voix brisée par l’incertitude. Mais rien ne répond.Je tente de me redresser, mais mes jambes me trahissent. Il y a comme une pression invisible, un poids que je ne parviens pas à comprendre. Je ferme les yeux, respirant profondément, cherchant à faire taire la peur qui grandit en moi. Tout ce que je veux, c’est savoir où il est. Est-il là ? Est-il vivant ? Ai-je encore une chance de le retrouver, ou tout est-il perdu ?Les souvenirs affleurent, certains
LucianLa scène devant moi est un véritable cauchemar. Morgane, l’être que j’ai juré de protéger, souffre dans un silence déchirant. Ses yeux, désormais flous, me regardent, comme si elle voulait me dire quelque chose, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Son corps, lentement aspiré dans les ténèbres, semble se dissoudre, devenir de plus en plus éthéré. Je sens la souffrance qu’elle endure, mais je suis impuissant à la soulager.Les Gardiens, eux, restent immobiles, comme s’ils étaient satisfaits du spectacle. Ce que je ressens pour eux est bien plus que de la haine. Ils ont pris la forme de la pire de mes terreurs, mais maintenant, je vois clairement. Ils ne sont pas des ennemis physiques. Non. Ils sont plus que ça. Ce sont des représentations de ce que nous craignons tous, des incarnations de nos pires doutes et de nos plus grandes pertes.Tu vois, Lucian ? La voix du Gardien résonne à travers l’air, un écho funeste. Le prix de ce rituel est bien plus grand que ce que tu pouvais i
MorganeLes Gardiens avancent, leurs formes d’ombre flottant autour de nous comme des spectres sans corps. Leur présence me glace, mais je serre le poignard entre mes mains. Je sais qu’ils ne sont pas des adversaires que l’on peut vaincre facilement. Chaque mouvement qu’ils font semble détruire l’air autour de nous, comme si leur simple existence était une malédiction vivante.Lucian me lance un regard. Ses yeux sont déterminés, mais je vois la peur dans ses traits. La même peur qui se cache sous sa confiance, la peur de ne pas réussir. Mais il n’a pas le choix. Ni lui, ni moi. Nous sommes arrivés trop loin pour reculer maintenant.Ne fais pas de gestes imprudents, chuchote-t-il, tout en élevant ses bras pour déclencher l’activation du rituel. La lumière de ses mains devient plus intense, presque aveuglante.Les Gardiens ne bougent pas tout de suite. Ils se tiennent là, immobiles, mais leurs yeux brillent d’un éclat maléfique. L’un d’eux, plus imposant que les autres, s’avance d’un pa
MorganeNous avançons à nouveau dans les ténèbres, nos pas résonnant de plus en plus fort, comme le bruit d’un destin inéluctable. Le cristal, la malédiction, tout cela semble irréversible, mais nous n’avons pas le choix. Si nous voulons survivre, nous devons affronter ce qui nous attend dans l’ombre.LucianLe vent hurlant à travers les couloirs sombres du château semble me chasser, me forcer à avancer malgré le poids de chaque mot prononcé. Morgane marche à mes côtés, son regard fixé sur l’horizon incertain, mais je peux voir la détermination dans ses yeux. C’est une lueur qui me guide, m’empêche de m’effondrer sous la gravité de ce que nous affrontons.Nous avons trouvé l’entrée du souterrain, un passage caché sous un vieux tapis usé, dont le tissu semble avoir été là depuis des siècles. La poussière qui s’élève lorsque nous levons le tapis me rappelle à quel point cette quête a été oubliée par le temps, par les hommes, mais pas par la malédiction. Elle attend dans l’ombre, patient
MorganeLes couloirs sombres du château semblent se refermer autour de nous à chaque pas, comme si la pierre elle-même était en train de nous engloutir. Le vent froid s’engouffre par les fenêtres brisées, hurlant comme un avertissement, et pourtant, c’est un silence pesant qui règne ici. Il y a quelque chose de presque irréel dans cette atmosphère, comme si tout cet endroit n’était qu’un rêve, ou un cauchemar, et que chaque mouvement, chaque souffle, serait le dernier.Lucian marche à mes côtés, son regard fixé droit devant lui. Je sais qu’il lutte contre ses propres démons, contre le poids du secret qu’il m’a enfin révélé. Mais je sais aussi qu’il est avec moi, et que, même si le monde autour de nous s’effondre, nous le ferons ensemble.Morgane. La voix de Lucian me tire de mes pensées, faible, mais empreinte d’urgence. Il me regarde avec une intensité qui me glace. Ce que tu ne sais pas, c’est que le cristal… il n’est pas seulement un artefact. Ce n’est pas juste un pouvoir qu’on pe