MorganeLa nuit était tombée depuis longtemps lorsque nous avons quitté le sanctuaire, un frisson glissant sur ma peau tandis que nous marchions dans les ruelles sombres. L’artefact que nous recherchions semblait n’être qu’un mythe, un vestige perdu d’un temps oublié, mais mon instinct me hurlait le contraire. Il existait. Et nous devions le retrouver.Dorian marchait à mes côtés, son regard perçant fixé sur l’horizon.— Nous avons une piste, dit-il enfin. Un ancien temple, au cœur de la forêt interdite.Lucian, en retrait, haussa un sourcil, les bras croisés.— Tu sais ce que ça signifie, pas vrai ? Ce n’est pas juste une expédition. On entre en territoire maudit.Je pris une grande inspiration.— On n’a pas le choix. Si cet artefact peut nous libérer, alors nous devons tenter le tout pour le tout.Un silence pesant s’installa, jusqu’à ce que Lucian se rapproche de moi, son regard intense capturant le mien.— Et si on ne trouvait que plus de souffrance ?Je n’avais pas la réponse à c
MorganeL’atmosphère est lourde, oppressante. Mon souffle se coupe alors que mes visions s’intensifient. Autour de moi, la réalité se fissure, laissant place à des fragments d’un passé que je peine encore à comprendre. Je vois du sang sur des dalles noires, des cris étouffés par le grondement d’une tempête. Une femme s’effondre devant moi… moi ? Non, une autre version de moi, dans une autre vie.— Morgane !La voix de Dorian me ramène brutalement au présent. Je cligne des yeux, réalisant que mes jambes tremblent. Lucian me soutient avant que je ne tombe. Son regard brûle d’inquiétude, mais aussi d’un mélange d’émotions que je ne parviens pas à décrypter.— Ce temple est un piège, murmuré-je. Quelque chose ici veut nous retenir… ou nous rappeler qui nous sommes vraiment.Devant nous, la silhouette encapuchonnée ne bouge pas. Pourtant, son ombre s’étend, engloutissant peu à peu les pierres du sol. Un froid mordant nous enveloppe.Dorian dégaine son épée sans hésitation. Lucian, lui, esq
Morgane— Morgane, dis quelque chose, s’impatiente Dorian.Lucian ne dit rien, mais son regard brille d’une inquiétude contenue.Ezechiel, lui, attend. Sa main tendue vers moi est une invitation, une promesse, une malédiction.Je ferme les yeux et plonge en moi-même. Les runes sur ma peau palpitent, émettant une lumière vibrante. Une force millénaire se réveille en moi, exhumant des souvenirs épars d’un passé oublié.Un champ de bataille. Du sang, des cris, des âmes perdues cherchant la paix. Moi, debout, face à Ezechiel, nos mains liées par un serment ancien. Dorian, blessé, m’appelant. Lucian, observant dans l’ombre, partagé entre son devoir et son cœur.Un gémissement s’échappe de mes lèvres alors que je rouvre les yeux, titubante. Dorian me rattrape immédiatement, mais je me dégage doucement.— Morgane…? murmure Lucian, incertain.— Je me souviens, dis-je d’une voix tremblante.Ezechiel sourit, un éclat de triomphe dans son regard.— Alors tu sais ce que tu dois faire.— Non. Je s
Morgane— Nous devrions nous arrêter ici, dit Dorian d’un ton grave. La magie du lieu est trop instable.— Pas encore, dis-je en avançant d’un pas. Je dois voir ce qu’il y a au centre.Lucian soupire, mais ne cherche pas à m’en empêcher. Nous savons tous que ce moment est inévitable.Dès que je pose le pied sur la pierre centrale du sanctuaire, une onde d’énergie traverse mon corps. Un cri m’échappe, et une vision m’engloutit.---La VisionLe passé se superpose au présent. Je me tiens sur cette même place, mais l’endroit est vivant. Des torches illuminent la nuit, et une foule est rassemblée autour de moi. Mon corps tremble sous le poids d’un pouvoir ancien.Face à moi, trois hommes.Lucian, ses yeux brûlant d’un amour intense, sa main tendue vers moi.Dorian, blessé, la douleur sur son visage trahissant un combat intérieur.Et Ezechiel… Un sourire amer, une promesse silencieuse.— Morgane, murmure Lucian. Tu dois choisir.Je suffoque. Ce choix, je l’ai déjà fait. Mais il a mené à la
LucianLe silence règne autour de nous alors que Morgane reprend son souffle. Je l’observe, son visage pâle illuminé par la lueur spectrale qui émane encore du cercle. Je sens son corps frémir sous le poids des révélations.— Nous devons partir, dit Ezechiel en se relevant, tendant la main à Morgane.Elle l’ignore, le regard fixé sur les pierres anciennes comme si elles allaient lui souffler une réponse. Je me poste à côté d’elle, posant une main réconfortante sur son bras.— Qu’as-tu vu ? murmuré-je.Elle ferme les yeux un instant, sa respiration saccadée.— Des vies, des choix… Chaque fois, je me retrouve dans ce même cercle, face au même dilemme, et chaque fois, je perds ce que j’aime le plus.Sa voix tremble, et un frisson parcourt mon échine. Nous savions que le passé recelait des secrets, mais nous n’étions pas préparés à une telle répétition du destin.Dorian s’approche, l’inquiétude gravée sur son visage.— Il faut qu’on sache exactement ce que tu as vu, Morgane. Chaque détail
MorganeNous marchons en silence, laissant derrière nous la clairière et l’ombre du passé. Chaque pas que je fais alourdit mon cœur. Je sens que nous sommes proches d’une vérité que nous ne pourrons plus ignorer. La nuit semble s’épaissir autour de nous, comme si la forêt elle-même retenait son souffle.Dorian est à mes côtés, son regard scrutant l’obscurité. Il n’a pas besoin de parler pour que je comprenne qu’il est inquiet. Lucian ferme la marche, toujours aussi imperturbable en apparence, mais je devine la tension dans la raideur de ses épaules. Ezechiel, quant à lui, avance légèrement devant, les sens aux aguets.— Nous devrions nous arrêter ici pour la nuit, dit-il en désignant un repli de terrain abrité par d’anciens arbres.Dorian hoche la tête, bien que je sente qu’il préférerait continuer à avancer. Mais nous avons besoin de repos. Nos esprits sont fatigués, et notre magie elle-même semble s’amenuiser.Nous installons un feu de camp, la lueur des flammes projetant des ombres
EzechielMorgane tremble encore dans les bras de Dorian. Son souffle est court, ses yeux perdus quelque part entre le présent et ses souvenirs d’antan. Nous avons déjà traversé de nombreuses épreuves, mais celle-ci me terrifie. Car cette fois, elle se bat contre son propre passé.Je jette un regard à Lucian, qui serre les poings. Il sait, lui aussi. Nous sommes liés à elle, bien plus que nous ne l’avions imaginé. Les révélations de la clairière ne laissent plus place au doute : nous avons déjà vécu tout cela, et nous avons échoué.— Il faut partir d’ici, dis-je d’une voix rauque.Lucian hoche la tête et m’aide à relever Morgane. Dorian la soutient toujours, ses bras entourant ses épaules frêles. Elle s’accroche à lui comme à une bouée, et une ombre de jalousie traverse mon esprit. Mais ce n’est pas le moment.Nous traversons la forêt à vive allure, pressés par une menace invisible. Autour de nous, l’air semble s’alourdir. Je ressens l’approche d’une force ancienne, comme si les ombres
MorganeLa pièce est silencieuse, à l’exception des crépitements du feu dans l’âtre. Mes doigts tremblent légèrement lorsque je trace les symboles anciens sur le parchemin étalé devant moi. Cette nuit, je vais plonger plus profondément que jamais dans les souvenirs de mes vies passées. Je ressens l’appréhension de mes compagnons sans même avoir besoin de lever les yeux.Dorian serre les poings, son regard brûlant d’inquiétude. Lucian, lui, est impassible, mais je perçois la tension dans sa posture rigide. Ezechiel pose une main sur mon épaule, et la chaleur rassurante de son contact apaise une partie de ma nervosité.— Es-tu sûre de vouloir faire ça ? demande-t-il d’une voix douce, mais ferme.— Je dois le faire, murmuré-je en relevant les yeux vers lui. Si nous voulons comprendre ce qui nous est arrivé, je n’ai pas le choix.Lucian s’approche, les bras croisés.— Nous serons là pour toi, peu importe ce que tu verras, dit-il d’un ton grave.Je hoche la tête et ferme les yeux, prenant
MorganeLes étoiles scintillent dans un ciel d’un bleu profond, leur éclat semblant plus vif, presque irréel, comme une bénédiction silencieuse de l’univers. La mer s’étend devant nous, vaste et infinie, battue par les vagues douces et régulières qui viennent mourir sur le sable. Ce soir-là, tout paraît figé dans le temps, suspendu, et je sais au fond de mon cœur que cette paix, cette tranquillité, est ce que nous avons mérité après tant d’épreuves. Lucian et moi. Nous avons tout traversé pour arriver ici.Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation du vent qui caresse ma peau, emportant avec lui l’odeur salée de l’océan, mêlée à celle plus envoûtante de Lucian. Il est là, juste à côté de moi, aussi immobile que l’horizon lointain. Ses mains reposent sur mes épaules, une pression douce mais rassurante. Je sens son regard sur moi, et je n’ai pas besoin de le chercher. Nos âmes se parlent sans mots, comme elles l’ont toujours fait.La mer, infinie et indomptable, semble offrir
MorganeLe temps semble se suspendre alors que nos regards se croisent, une alchimie indescriptible émanant de nos êtres. Le monde extérieur disparaît, laissant place à cet instant magique où nous sommes seuls, liés par une promesse d'amour et de passion. Je le sens encore plus proche, comme si chaque cellule de mon corps pulsait à l'unisson avec le sien.Lucian s'approche lentement, ses mains caressant doucement mes bras, traçant des chemins de chaleur sur ma peau. Je ferme les yeux, me laissant emporter par cette vague de sensations. Chaque effleurement devient un feu, une flamme qui se propage à travers moi, embrasant mon désir de manière inextinguible. Mes pensées se dispersent, comme le vent emportant les feuilles d'un arbre en automne. Tout ce qui importe désormais, c'est lui.Ses lèvres touchent les miennes avec une tendresse palpable, puis dévorent mes pensées, mes doutes, comme s'il pouvait les effacer d'un simple baiser. Je sens un frisson me parcourir alors qu'il m'attire p
MorganeJe me sens comme si j’étais toute entière, chaque fragment de mon être en parfaite harmonie avec lui. Je ferme les yeux un instant, savourant la sensation de ses bras autour de moi, de la chaleur de sa peau contre la mienne. Il est plus que mon amour, il est ma force, mon ancre, celui qui m’a toujours sauvée, même dans les moments les plus sombres.Morgane… La voix de Lucian résonne dans le silence de la pièce. Il prononce mon nom avec une tendresse qui me fait fondre. Ses doigts effleurent mes cheveux, puis il me pousse doucement pour que je le regarde. Je te promets que rien ne nous séparera. Plus jamais.Ses mots sont une déclaration, mais ils sont aussi une promesse. Une promesse d’un futur ensemble, un futur que je n’ai jamais cru possible, que j’ai à peine osé espérer. Mais maintenant, tout est différent. Nous avons traversé trop de choses, trop de ténèbres pour que nous ne puissions pas nous retrouver dans la lumière.Je lui souris, mon cœur battant à l’unisson avec le
LucianLa lumière me brûle les yeux, la chaleur me transperce. Chaque fraction de seconde me semble une éternité, un supplice constant. Je ne peux pas bouger, je ne peux pas lutter. Tout est flou. Les souvenirs de Morgane, son visage, ses paroles, se mélangent dans une danse désordonnée, mais ils sont là, toujours présents, comme une lueur d’espoir dans la noirceur qui m’envahit.Je suis prisonnier. Prisonnier de ce qui reste de moi. Prisonnier de l’ombre qui me consume lentement, qui me déchire à chaque respiration. Je sens une partie de moi me glisser hors de portée, comme si elle était attirée par quelque chose d’indéfinissable, une force qui me dépasse.Morgane… murmurais-je dans un souffle brisé. C’est elle. Elle est là, quelque part, je le sais. Mais je ne peux pas la voir, pas encore. Tout est trop confus.Je sens l’ombre se resserrer autour de moi, m’enserrer comme un piège invisible. Elle murmure des promesses d’abandon, de soumission. Elle me pousse à me laisser aller, à dis
MorganeJe me réveille dans une obscurité presque totale, la chaleur de la pièce effacée, une lourdeur inhabituelle m'enveloppant. Mon esprit se brouille, mes pensées se heurtent, et dans cette brume, je distingue une forme. Je tend ma main, hésitante, cherchant à comprendre ce qui m’entoure.Mais la douleur est là. Pas physique, non, mais émotionnelle. Je sens le vide autour de moi, cette absence lourde, comme si quelque chose d’indéfini manquait. Un froid s’insinue en moi, m’envahissant, me rongeant lentement.Lucian… murmure-je, ma voix brisée par l’incertitude. Mais rien ne répond.Je tente de me redresser, mais mes jambes me trahissent. Il y a comme une pression invisible, un poids que je ne parviens pas à comprendre. Je ferme les yeux, respirant profondément, cherchant à faire taire la peur qui grandit en moi. Tout ce que je veux, c’est savoir où il est. Est-il là ? Est-il vivant ? Ai-je encore une chance de le retrouver, ou tout est-il perdu ?Les souvenirs affleurent, certains
LucianLa scène devant moi est un véritable cauchemar. Morgane, l’être que j’ai juré de protéger, souffre dans un silence déchirant. Ses yeux, désormais flous, me regardent, comme si elle voulait me dire quelque chose, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Son corps, lentement aspiré dans les ténèbres, semble se dissoudre, devenir de plus en plus éthéré. Je sens la souffrance qu’elle endure, mais je suis impuissant à la soulager.Les Gardiens, eux, restent immobiles, comme s’ils étaient satisfaits du spectacle. Ce que je ressens pour eux est bien plus que de la haine. Ils ont pris la forme de la pire de mes terreurs, mais maintenant, je vois clairement. Ils ne sont pas des ennemis physiques. Non. Ils sont plus que ça. Ce sont des représentations de ce que nous craignons tous, des incarnations de nos pires doutes et de nos plus grandes pertes.Tu vois, Lucian ? La voix du Gardien résonne à travers l’air, un écho funeste. Le prix de ce rituel est bien plus grand que ce que tu pouvais i
MorganeLes Gardiens avancent, leurs formes d’ombre flottant autour de nous comme des spectres sans corps. Leur présence me glace, mais je serre le poignard entre mes mains. Je sais qu’ils ne sont pas des adversaires que l’on peut vaincre facilement. Chaque mouvement qu’ils font semble détruire l’air autour de nous, comme si leur simple existence était une malédiction vivante.Lucian me lance un regard. Ses yeux sont déterminés, mais je vois la peur dans ses traits. La même peur qui se cache sous sa confiance, la peur de ne pas réussir. Mais il n’a pas le choix. Ni lui, ni moi. Nous sommes arrivés trop loin pour reculer maintenant.Ne fais pas de gestes imprudents, chuchote-t-il, tout en élevant ses bras pour déclencher l’activation du rituel. La lumière de ses mains devient plus intense, presque aveuglante.Les Gardiens ne bougent pas tout de suite. Ils se tiennent là, immobiles, mais leurs yeux brillent d’un éclat maléfique. L’un d’eux, plus imposant que les autres, s’avance d’un pa
MorganeNous avançons à nouveau dans les ténèbres, nos pas résonnant de plus en plus fort, comme le bruit d’un destin inéluctable. Le cristal, la malédiction, tout cela semble irréversible, mais nous n’avons pas le choix. Si nous voulons survivre, nous devons affronter ce qui nous attend dans l’ombre.LucianLe vent hurlant à travers les couloirs sombres du château semble me chasser, me forcer à avancer malgré le poids de chaque mot prononcé. Morgane marche à mes côtés, son regard fixé sur l’horizon incertain, mais je peux voir la détermination dans ses yeux. C’est une lueur qui me guide, m’empêche de m’effondrer sous la gravité de ce que nous affrontons.Nous avons trouvé l’entrée du souterrain, un passage caché sous un vieux tapis usé, dont le tissu semble avoir été là depuis des siècles. La poussière qui s’élève lorsque nous levons le tapis me rappelle à quel point cette quête a été oubliée par le temps, par les hommes, mais pas par la malédiction. Elle attend dans l’ombre, patient
MorganeLes couloirs sombres du château semblent se refermer autour de nous à chaque pas, comme si la pierre elle-même était en train de nous engloutir. Le vent froid s’engouffre par les fenêtres brisées, hurlant comme un avertissement, et pourtant, c’est un silence pesant qui règne ici. Il y a quelque chose de presque irréel dans cette atmosphère, comme si tout cet endroit n’était qu’un rêve, ou un cauchemar, et que chaque mouvement, chaque souffle, serait le dernier.Lucian marche à mes côtés, son regard fixé droit devant lui. Je sais qu’il lutte contre ses propres démons, contre le poids du secret qu’il m’a enfin révélé. Mais je sais aussi qu’il est avec moi, et que, même si le monde autour de nous s’effondre, nous le ferons ensemble.Morgane. La voix de Lucian me tire de mes pensées, faible, mais empreinte d’urgence. Il me regarde avec une intensité qui me glace. Ce que tu ne sais pas, c’est que le cristal… il n’est pas seulement un artefact. Ce n’est pas juste un pouvoir qu’on pe