SelenaL’air dans la pièce est lourd, saturé d’une tension oppressante. Mon souffle est court, mes doigts crispés sur le clavier. Les chiffres défilent à l’écran, des centaines de transactions s’effondrent sous mes yeux, s’effacent comme si elles n’avaient jamais existé. J’ai attendu ce moment. Préparé chaque détail. Anticipé chaque réaction. Mais maintenant que je suis là, au seuil de la chute de Viktor, une étrange sensation m’envahit. Ce n’est pas la peur. Ce n’est pas la victoire non plus. C’est quelque chose d’autre. Quelque chose de plus profond.Un bruit sourd me fait sursauter. La porte s’ouvre brusquement.Je n’ai même pas besoin de me retourner. Je sais qui c’est.ViktorJe me tiens dans l’encadrement de la porte, les bras croisés, mon regard rivé sur elle. Selena. Je la vois, assise devant cet écran, si sûre d’elle. Mais elle ne sait pas encore ce qu’elle vient de déclencher.— Tu es arrivée à ton terme, Selena.Elle se tourne lentement, ses yeux rencontrent les miens avec
SelenaLa lumière faible de l’aube perce à peine à travers les rideaux épais, mais l’atmosphère dans la pièce est suffocante, presque étouffante. Je me tiens à la fenêtre, regardant le monde extérieur sans vraiment le voir. Mes pensées sont ailleurs, là où la menace grandit dans l’ombre. Viktor n’est pas un homme dont on se débarrasse facilement. Je le sais. La bataille que j’ai amorcée contre lui est loin d’être terminée.Mon téléphone vibre dans ma poche. Je n’ai même pas besoin de regarder l’écran pour savoir de qui il s’agit. Il est le seul à pouvoir me contacter de cette manière, avec cette détermination glacée qui fait trembler tout ce qu’il touche. Viktor.Je ferme brièvement les yeux, inspirant profondément avant de décrocher. Mon cœur bat plus vite, plus fort.Viktor— Tu crois vraiment que tu as gagné, Selena ?Ma voix résonne dans l’air, grave, impassible. Je l’entends respirer au bout du fil, ce bref silence avant qu’elle ne parle.Selena— Je t’ai dit que ça ne faisait qu
SelenaL’ombre de l’incertitude plane encore dans l’air, oppressante, insidieuse. J’ai eu vent de la trahison, mais le doute persiste, s’accroche à moi comme une marée montante. Je relis le nom inscrit sur cette feuille de papier, espérant un miracle, une erreur. Mais il est bien là, figé à l’encre noire. Damien Rousseau.Un vertige me prend. Non. Pas lui. Il ne peut pas être celui qui joue double jeu. Damien, mon allié, mon complice, l’un des rares en qui j’avais confiance. Cette confiance, il vient de la piétiner, de la réduire en poussière sous mes yeux.Je me lève brusquement, mes mains crispées autour du dossier. Mon souffle est court, ma poitrine oppressée. Comment ai-je pu être aussi naïve ? Moi qui pensais avoir tout sous contrôle, moi qui croyais pouvoir défier Viktor sans rien craindre. Quelle ironie. J’ai laissé un serpent s’enrouler autour de ma gorge.Le téléphone que j’ai jeté sur la table vibre soudainement, me tirant de mes pensées. Je tends la main, hésitante. L’écran
SelenaJe me tiens dans la rue déserte, le cœur battant à un rythme que je refuse d’admettre comme nerveux. L’air nocturne est lourd, chargé d’électricité, et pourtant, je reste immobile, les poings serrés. Damien m’a trahie. Ce simple constat me brûle la gorge. Il n’a pas seulement changé de camp, il a misé sur Viktor, croyant pouvoir s’acheter une place de choix dans son empire. Mais il ignore une chose essentielle : Viktor ne laisse jamais personne s’élever trop haut.Un rictus amer déforme mes lèvres. Il a cru que j’étais finie, qu’il pouvait échanger notre alliance contre une illusion de sécurité. Il a oublié qui je suis. Il a oublié que je ne me contente jamais d’observer quand tout s’effondre autour de moi. Ce soir, je vais lui rappeler.Je pivote brusquement et me faufile dans les ruelles sombres. L’ombre est mon refuge, ma complice. Chaque recoin de cette ville est infesté d’yeux qui me traquent, de murmures qui se répercutent jusqu’aux oreilles de Viktor. Je n’ai plus le lux
SelenaJe me tiens dans l’ombre, chaque muscle tendu, prête à me mouvoir au moindre signal. L’atmosphère dans la salle est lourde, pesante, étouffante. Chaque mot prononcé par les membres de la réunion résonne comme une menace à mes oreilles. Ils sont tous là, les piliers du pouvoir de Viktor, ces hommes qui ont bâti son empire et qui se croient intouchables. Pendant des années, j’ai observé leurs manœuvres, leurs alliances, leurs trahisons.Mais ce soir, je ne suis plus une spectatrice.Ce soir, je ne les vois plus comme des alliés ni comme des ennemis. Ce ne sont que des cibles.Je prends une profonde inspiration, consciente que ce que je m’apprête à faire marquera un tournant décisif. Il n’est plus question d’attendre, de calculer dans l’ombre, de me contenter de survivre sous leur joug. Non. Ce soir, je vais retourner le jeu en ma faveur.Le grand salon où se déroule la réunion est à peine éclairé, baigné dans une lumière tamisée qui fait vaciller les ombres sur les murs. Des port
Selena Le silence qui suit la chute de Viktor est presque assourdissant. Son corps gît sur le sol, immobile, et pour la première fois depuis des années, son ombre ne plane plus sur cette organisation. Les hommes encore debout fixent la scène, hébétés, incapables d’assimiler ce qu’ils viennent de voir.Ils n'ont pas compris. Ils n'ont pas vu venir ce coup fatal. Je le lis dans leurs yeux : incrédulité, terreur, hésitation. Moi, une voleuse qu’ils prenaient pour une simple nuisance, une ombre dans leur monde de pouvoir, je viens de renverser leur roi.Je me tiens au centre de la pièce, le souffle régulier, le regard de glace. Je sens le sang encore chaud de Viktor imprégner le sol, son empire s’effondrer sous mes yeux. Pourtant, je n’éprouve ni triomphe ni satisfaction. Ce n'était pas une vengeance. Ce n'était pas un choix. C'était une nécessité. Mettre fin à son règne de terreur. Briser les chaînes invisibles qu’il avait enroulées autour de ce monde souterrain.Mais ce que je viens de
SelenaLe soleil décline lentement, déversant une lueur incandescente sur la ville. Les ombres s’allongent sur les murs, glissant sur les pavés comme des spectres silencieux. Une tension sourde flotte dans l’air, une attente pesante, comme si quelque chose de plus grand se préparait.Je suis assise dans la pièce principale de mon nouveau repaire, un verre d’alcool à moitié vide posé sur la table devant moi. L’ambre du liquide capte les dernières lumières du jour, un reflet trompeur d’apaisement. Mais il n’y a pas de paix. Il n’y en a jamais eu.Tout ce que j’ai bâti, tout ce que j’ai arraché aux mains de Viktor, repose sur une fondation fissurée. J’ai pris le contrôle, j’ai imposé mon nom, mais l’empire que j’ai conquis est loin d’être stable. L’odeur de la peur flotte encore dans l’air. Les hommes qui me suivent se demandent combien de temps avant que d’autres viennent réclamer ce trône.Je le sais. Je le sens.La porte s’ouvre brusquement, brisant le silence chargé d’électricité. Je
Selena L’air est lourd de tension. La ville, sous ses façades anonymes, grouille de rumeurs et de murmures qui se propagent comme un virus. Mon alliance prend forme, mais elle porte en elle son lot de dangers. Chaque partenaire que j’ai réussi à convaincre de me suivre n’est là que par intérêt. Aucun n’est vraiment fidèle. Aucun n’est prêt à se sacrifier pour moi. Mais je n’ai pas le luxe d’attendre des alliés loyaux. Je dois avancer, coûte que coûte.Dans mon quartier général, la lumière tamisée de la grande salle de réunion fait ressortir les visages tendus de mes plus proches alliés. Santiago est là, et cette fois, un autre homme l’accompagne : Lorenzo, un ancien associé de Viktor, habile en manipulation et en négociation.Bien qu’il ait travaillé pour Viktor, Lorenzo est maintenant l’un des rares à avoir choisi mon camp. Son visage marqué par l’expérience et sa posture rigide trahissent un homme qui ne joue pas les loyaux serviteurs. Comme les autres, il a ses propres ambitions.
---SelenaLe monde pourrait s’effondrer autour de nous.Je m’en moquerais.Parce qu’en cet instant, il n’y a que lui.Viktor.Son regard d’orage qui me cloue sur place, son souffle chaud effleurant ma peau, ses mains qui me retiennent comme si j’étais la seule chose capable de l’ancrer à ce monde.Nous sommes allongés l’un contre l’autre, encore haletants de la nuit que nous avons traversée. De toutes les nuits passées à s’effleurer sans jamais oser tomber.Mais cette fois, nous avons chuté.Et nous ne voulons plus remonter.Il est là, son torse contre le mien, la chaleur de sa peau irradiant sur la mienne. Ses doigts effleurent mon bras, remontent lentement, traçant des frissons sur mon épiderme.Il me regarde comme s’il voulait graver mon visage dans sa mémoire, comme si chaque détail de moi était une vérité qu’il venait à peine de comprendre.Je ne dis rien.J’attends.J’attends qu’il trouve les mots.Parce que je sais qu’ils sont là, coincés quelque part entre ses lèvres et son c
SelenaJe m’accroche à lui, mes doigts s’enfouissant dans ses cheveux, mon corps réagissant à chaque caresse, à chaque frisson qu’il fait naître sur ma peau.Quand il retire mon t-shirt, ses lèvres effleurent ma clavicule, descendent le long de ma poitrine.Il prend son temps.Comme s’il voulait mémoriser chaque centimètre de moi.Je le laisse faire, me perdant dans ses gestes, dans la manière dont il murmure mon prénom contre ma peau.Puis, c’est mon tour de le déshabiller.D’effleurer les cicatrices sur son corps, d’embrasser celles qui me racontent son histoire mieux que n’importe quel mot.Il frissonne sous mes doigts, et quand il revient capturer ma bouche, c’est plus intense, plus désespéré.Nous nous retrouvons dans un chaos d’émotions et de désirs.Quand enfin il s’unit à moi, un gémissement m’échappe, et il pose son front contre le mien.— Selena…Son souffle est saccadé, sa voix rauque.Je l’entoure de mes jambes, l’attirant plus profondément, plus près, jusqu’à ce qu’il n’y
SelenaLa nuit est tombée sur l’île. Un silence profond s’étend autour de nous, seulement troublé par le bruit des vagues qui viennent mourir contre la falaise. L’air est plus doux ici, presque paisible.Viktor est assis sur la terrasse, un verre à la main, perdu dans ses pensées. La lueur vacillante des lanternes projette des ombres sur son visage, accentuant les angles durs de ses traits.Il ne parle pas.Il ne parle presque jamais quand il réfléchit.Alors, je le regarde en silence, attendant qu’il trouve les mots.Il finit par briser le silence, d’une voix rauque :— Est-ce que tu regrettes ?Je fronce les sourcils.— Regretter quoi ?Il ne détourne pas les yeux de l’horizon.— De m’avoir suivi.Je m’approche lentement, m’agenouille à côté de lui.— Pourquoi tu me demandes ça ?Ses doigts se crispent autour de son verre.— Parce que tu aurais pu avoir une vie plus simple.Je laisse échapper un rire sans joie.— Une vie simple ? Tu penses que c’est ce que je voulais ?Il tourne enf
---SelenaLe silence de l’appartement est presque irréel. Comme si la nuit avait figé chaque instant, suspendu le temps entre nous. Pourtant, l’aube est là, glissant à travers les rideaux, projetant une lumière grise sur les draps défaits.Je le regarde s’habiller, chaque mouvement précis, maîtrisé. Ses épaules sont tendues, son regard est ailleurs.L’appel de Luka a tout changé.Mais en réalité, Viktor n’a jamais cessé d’attendre ce moment. Il savait qu’il arriverait. Moi aussi.— On part quand ? demandé-je en nouant mes cheveux.Il termine de boutonner sa chemise, s’approche lentement.— Dans une heure.Une heure. Soixante minutes avant de quitter Moscou. Avant de tout laisser derrière nous.Je devrais avoir peur. De ce qui nous attend. De ce que ça signifie. Mais tout ce que je ressens, c’est une étrange certitude.J’ai choisi cette route. J’ai choisi Viktor.Et je ne reviendrai pas en arrière.Il s’arrête devant moi, glisse une main sur ma joue. Son pouce effleure ma peau, une ca
SelenaMoscou est silencieuse sous la neige.Les lampadaires diffusent une lumière blafarde, et le vent souffle entre les immeubles, soulevant des volutes de poudre blanche.Je marche à côté de Viktor, emmitouflée dans mon manteau.Il ne parle pas. Il ne fume pas.Il est juste là.Présent.C’est suffisant.Nous traversons les rues désertes, avançant sans but précis. Après la tempête, il ne reste que ce calme étrange, ce flottement entre deux mondes.Le monde d’avant Sergueï.Le monde d’après.Mais Viktor n’a pas changé.Il est toujours cette tempête silencieuse, cet homme hanté par ses propres démons.Et moi ?Moi, je refuse de le laisser sombrer.— Tu veux rentrer ? demandé-je doucement.Il secoue la tête.— Pas encore.Nous continuons d’avancer.Il est tard. La ville dort.Seuls les fantômes errent encore.Et nous en faisons partie.Le bruit de nos pas est étouffé par la neige. Parfois, un néon grésille au-dessus d’une devanture fermée, projetant une lumière crue sur l’asphalte glac
SelenaL’air sent la fumée et le whisky.Viktor s’est endormi, son corps tendu même dans le sommeil.Je suis assise sur le bord du lit, les genoux repliés, observant la lueur blafarde du matin filtrer à travers les rideaux.C’est fini.Sergueï Ivanov est mort.Le fantôme qui hantait Viktor depuis des années a disparu, sa silhouette effacée sous une mare de sang.Alors pourquoi ce vide en moi ?Pourquoi cette sensation que la guerre ne s’est pas arrêtée, mais qu’elle a juste changé de visage ?Je frissonne et me lève, traversant la pièce en silence.Je prends mon téléphone et sors sur le balcon.Le froid de Moscou mord ma peau nue, mais je l’ignore.Je compose un numéro.Une tonalité. Deux.Puis une voix rauque décroche.— Selena.— Luka.Un silence.— Il est vivant ?— Oui. Mais il…Les mots restent coincés dans ma gorge.— Il est brisé, murmure Luka.Je ferme les yeux.— Oui.Un soupir à l’autre bout du fil.— Je m’en occupe. Ramène-le à la maison.Je raccroche.Ramène-le à la maison
ViktorL’aube n’a même pas eu le temps de s’imposer que la nuit me réclame déjà.Le message d’Ilya tourne en boucle dans ma tête alors que je roule dans le silence d’une Moscou encore endormie, les rues désertes noyées sous un brouillard épais, comme si la ville elle-même savait que le sang n’en avait pas fini avec elle.Selena dort encore, abandonnée dans mes draps, sa peau marquée par moi, ses lèvres rouges de mes morsures. Une part de moi voulait rester, la regarder respirer, la croire à l’abri du reste du monde. Mais ce monde est à moi, pourri jusqu’à l’os, et il ne la laissera pas tranquille tant que je serai vivant.Ilya m’attend devant un immeuble abandonné, les mains dans les poches, l’air plus sombre que d’habitude. Ses yeux me fixent avant même que je coupe le moteur.— T’as mis le temps. balance-t-il, sans bouger.— J’ai laissé un cadavre derrière moi hier soir. Ça demande un peu de… digestion.Ilya ricane, un son sec, sans amusement.— Tu crois que c’est fini, Viktor ? Tu
ViktorL’aube est un poison lent.Le jour se lève sur Moscou, étouffant la nuit d’une lumière froide.Mais en moi, c’est toujours l’obscurité.Je suis debout devant la fenêtre, une cigarette entre les doigts, et je regarde la ville s’étirer sous moi.Selena dort encore.Son corps est à moitié couvert par le drap, sa peau marquée par la nuit que nous avons partagée.J’ai laissé mes empreintes sur elle.Elle a laissé les siennes sur moi.Mais la guerre n’attend pas.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Je décroche sans un mot.— On l’a trouvé.Ma main se crispe sur le verre que je tiens.Une seconde de silence.Puis ma voix tombe, glaciale.— Où ?— Un entrepôt, près du port. Il ne bouge plus. Il t’attend.Je raccroche.Selena ouvre lentement les yeux.Elle me regarde un instant, encore engourdie par le sommeil, puis elle voit mon expression.Et elle comprend.— C’est le moment. murmure-t-elle.Je hoche la tête.Elle se redresse, laisse le drap glisser sur sa peau nue, mais ses yeu
ViktorTout ce que je veux, c’est du sang.Sergueï Ivanov a survécu.Il a attendu dans l’ombre.Et maintenant, il est prêt à frapper.Mais moi aussi.— Tu ne dors pas.Sa voix brise le silence.Je tourne la tête vers elle.Elle est allongée sur le lit, ses cheveux épars sur l’oreiller, son visage éclairé par la lueur pâle de la lune.Ses doigts effleurent le drap entre nous.— Je ne peux pas.Elle se redresse lentement.Son regard s’accroche au mien.— Tu penses à lui.Bien sûr que je pense à lui.À son sourire carnassier.À la haine dans ses yeux.À la douleur qu’il a laissée derrière lui, comme une cicatrice indélébile.— Je vais le tuer. dis-je d’une voix rauque.Selena ne réagit pas tout de suite.Puis, elle murmure :— Et après ?Je fronce les sourcils.— Après quoi ?— Après que tu l’auras tué. Qu’est-ce qu’il restera de toi ?Je la fixe.Elle attend une réponse.Mais je n’en ai pas.Je n’y ai jamais pensé.Parce que la vengeance, c’est tout ce qu’il me reste.SelenaViktor est