Selena
La porte se referma derrière Viktor et ses hommes avec un bruit lourd et définitif. Le son résonna dans l’appartement, marquant la fin de la confrontation et le début d’une nouvelle phase de ma fuite. Un silence lourd s’installa dans la pièce, une paix illusoire qui contrastait avec la tension palpable qui m’habitait. Je me laissai tomber sur le canapé, les bras tendus sur les accoudoirs, mon regard fixé sur le plafond. Les yeux dans le vide, je laissai mon esprit s’emballer, analysant chaque détail de ce face-à-face, chaque geste, chaque mot échangé. Viktor m’avait laissée avec une impression qui ne me quittait plus, comme une marque indélébile. Il avait laissé son empreinte, bien au-delà de la porte brisée. Sa présence, son regard… tout en lui semblait imprégner l’air, alourdissant l’atmosphère, et m’envahissant d’une sensation de vulnérabilité. Ce n’était pas simplement une question d’argent, ce n’était pas un simple règlement de compte. Il ne voulait pas me tuer, non. Ce qu’il voulait, c’était bien plus destructeur. Il voulait me soumettre, m'humilier, me briser mentalement, me faire plier sous son pouvoir, comme une marionnette, jusqu’à ce que je sois prête à tout céder, à tout lui donner.
Je serrai les poings, mes ongles s’enfonçant dans la paume de mes mains. Non, il ne m’aurait pas. Je ne lui offrirais pas cette satisfaction. Mais je savais que je ne pouvais pas rester là indéfiniment. Viktor n’était pas du genre à se contenter d’une victoire partielle. Il n’avait pas l’intention de me laisser m’échapper. Il avait déjà envoyé ses hommes pour me retrouver, et il reviendrait, encore plus déterminé, plus implacable. La situation devenait de plus en plus périlleuse. Si je voulais rester en vie, je devais bouger. Et vite.
Je me redressai brusquement, chassant la lourde fatigue qui m'envahissait, et me dirigeai vers une armoire dans un coin de la pièce. Je l’ouvris sans un bruit, tirant la valise usée qui y était cachée. Mon regard s'attarda un instant sur les quelques affaires que je pris, me permettant à peine de faire une pause. Chaque geste devait être précis. Il ne me restait que peu de temps.
Un bruit de moteur fit vibrer les fenêtres de l’appartement. Des pneus crissèrent sur l’asphalte humide. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Des voitures. Viktor n’avait pas tardé à envoyer ses hommes. Ils devaient avoir commencé à encercler le quartier, recherchant la moindre trace de moi. Peut-être m’avaient-ils déjà repérée. Je ne pouvais pas me permettre de faire une erreur maintenant.
Je me figeai, tendant l’oreille. Aucun bruit à l’intérieur, mais dehors, le grondement des moteurs m’assurait que la traque avait commencé. Il fallait que je me dépêche. Sans perdre de temps, je jetai un coup d’œil furtif par la fenêtre. Là, à l’angle de la rue, une voiture attendait. Un véhicule que j'avais préparé à l'avance, discrètement garé dans l'ombre, sans aucun signe distinctif, pour ne pas attirer l'attention. La discrétion serait la clé de ma survie. Si je me faisais repérer, il n’y aurait plus de fuite possible.
Je pris une grande inspiration, vérifiant une dernière fois que personne ne me surveillait. Le calme de la rue était trompeur. À cet instant, la moindre erreur pouvait être fatale. Je fonçai vers la porte et descendis les escaliers deux à deux, sans faire de bruit. Mes mouvements étaient rapides mais mesurés, mes pensées se concentrant sur l’objectif : échapper à Viktor et à ses hommes, le plus loin possible. La pluie qui battait contre les fenêtres et le sol m’aidait. La nuit et l’orage étaient mes alliés, me permettant de me fondre dans l’obscurité.
Une fois dehors, je traversai la rue en me hissant dans une ruelle sombre. Mon cœur battait à tout rompre, mais je savais qu’il ne fallait pas céder à la panique. Rester calme, garder une tête froide, c’était la seule façon d’y arriver. Je me dirigeai vers la voiture en silence, ouvrant la portière sans bruit. À l’intérieur, je démarrai immédiatement, ne laissant pas le temps à la peur de m’envahir.
Je n'avais qu'un seul objectif : m’éloigner le plus possible, changer de place, brouiller les pistes. La direction était déjà toute tracée dans mon esprit : un entrepôt désaffecté en périphérie de la ville, un endroit à l'écart de tout, loin des regards indiscrets. L’endroit idéal pour me cacher un moment, loin de Viktor et de ses hommes. Je n'avais pas de garanties, bien sûr, mais c'était mon seul choix.
Je roulais à vive allure, glissant sur l’asphalte détrempé, mes mains serrées sur le volant. L’esprit en alerte, je réfléchissais à la suite des événements. La route défilait sous mes yeux, mais je savais que la poursuite ne s’arrêterait pas là. Viktor ou ses hommes, ils étaient partout. La traque pourrait être lancée à n’importe quel moment, et je n’étais pas assez naïve pour penser qu’une voiture et un changement de direction suffiraient à me mettre hors de portée. Je devais tout prévoir, tout anticiper.
L’entrepôt n'était plus qu’à quelques kilomètres. Je le connaissais bien. Ce n'était plus qu’une carcasse vide, envahie par la poussière et le silence, mais c’était exactement ce dont j'avais besoin : un lieu délaissé, discret. Les voitures ne s'y aventuraient plus, les gens ne s'y arrêtaient jamais. C’était l’endroit idéal pour me fondre dans l’ombre, même si je savais que je ne pouvais pas y rester éternellement.
Lorsque j'arrivai à l’entrepôt, je me garai à l’arrière, là où il n’y avait aucune visibilité. J’éteignis le moteur, les yeux fixés sur l’obscurité devant moi. Le silence qui régna après le vrombissement du moteur me parut presque angoissant. Le bruit de la pluie martelant le toit de la voiture était le seul son que je pouvais entendre, mais il n’apaisait pas mon esprit. Il ne faisait que renforcer cette sensation que le temps m’échappait.
Je pris un instant pour souffler, me concentrant sur l’instant présent. Mais une vague de soulagement ne tarda pas à s’effacer, car je savais que ce calme n’était qu’illusoire. Viktor allait me retrouver. C’était une question de temps. L’adrénaline dans mes veines me le criait.
Je sortis de la voiture et m’élançai vers l’entrée arrière de l’entrepôt, vérifiant chaque coin et chaque ombre autour de moi. Une fois à l’intérieur, je allumai une lampe de poche, illuminant les vieux murs poussiéreux. L’endroit était désert, délabré, mais c'était mon sanctuaire, aussi précaire soit-il. Une fois installée dans un coin sombre, je vérifiai mon sac et l'argent que j'avais pris à Viktor. Cet argent était important, certes, mais ce n’était pas ce qui me préoccupait le plus à cet instant.
Ce qui me rongeait, ce qui me hantait, c'était la certitude que Viktor ne me laisserait pas tranquille. Je l’avais vu dans ses yeux : il ne s'arrêterait pas tant que je ne serai pas sous sa domination. Je savais qu’il reviendrait, plus déterminé que jamais. Mais cette fois, il ne m’avait pas encore attrapée. Et cela me donnait un peu de répit.
Je me passai une main sur le visage, fatiguée, le corps tendu, mais la détermination toujours là. Cette victoire n'était que temporaire. Viktor ne lâcherait pas. Il reviendrait. Mais cette fois, je serai prête. Un bruit de voiture fit soudainement vibrer le silence de l’entrepôt. Mon cœur fit un bond. Je me figeai, écoutant attentivement, mes sens en alerte.
Des bruits de pas, des murmures. Viktor ou ses hommes, ils étaient déjà là. Il n’allait pas falloir longtemps avant qu’ils ne me trouvent. Je n'avais pas beaucoup de temps. Instinctivement, je me mis sur mes pieds, me préparant à tout. Je devais me cacher, et surtout, bouger. Rapidement.
Mon cœur battait la chamade, mais je ne pouvais pas céder à la panique. Je me tournai vers la porte, prête à affronter ce qui allait suivre. La confrontation était inévitable, je le savais. Mais cette fois, je me battrai jusqu'au bout.
Selena La pluie battait contre les vitres sales de l’entrepôt, mais le bruit de l'eau qui frappait ne suffisait pas à étouffer les battements rapides de mon cœur. Mon esprit tournait à toute vitesse, scrutant chaque possibilité, chaque mouvement. Viktor n'était pas le genre d'homme à se laisser surprendre, et je savais qu'il ne tarderait pas à me retrouver. La question n'était plus de savoir si, mais quand.Je m’étais installée dans un coin de l’entrepôt, accroupie derrière des caisses en bois. Mon sac reposait à mes pieds, et l'argent volé à Viktor était encore là, bien caché. Mais même cette fortune ne suffisait pas à calmer mes nerfs. Mon instinct me poussait à partir, à fuir encore plus loin. Pourtant, je savais que Viktor ne me laisserait pas partir si facilement. Il était trop calculateur pour ignorer une telle perte.Je scrutais l’obscurité à travers une fissure dans le mur, tentant de capter le moindre mouvement. Rien. Pas encore.Puis un bruit de moteur. Doucement, comme si
Selena L’air était lourd, saturé de tension. La pluie battait contre les vitres du hangar désaffecté, mais à l’intérieur, le silence pesait davantage, un silence qui pesait sur chaque respiration, chaque mouvement. Viktor n’avait pas bougé d’un centimètre. Il se tenait là, immobile comme une statue, ses yeux perçants cherchant la moindre faiblesse, la moindre erreur. Je savais que j’étais à sa merci. Mais je ne pouvais pas me permettre de flancher. Pas maintenant.Je me tenais dans l'ombre, recroquevillée dans un recoin du hangar, le dos contre le mur froid. Mon souffle était rapide, mais contrôlé. Mes yeux suivaient Viktor sans relâche, et même si je savais qu’il me cherchait activement, une part de moi ressentait presque une étrange forme d’excitation. C’était une bataille d’esprits. Et même si je savais que j’étais en train de perdre, je n’avais pas l’intention d’abandonner.Viktor s'avança d’un pas, l’expression glacée et déterminée. Il n’était plus qu’à quelques mètres de moi, m
Selena L’air était lourd, saturé de cette attente insupportable qui précédait chaque affrontement. Je me tenais là, juste à la lisière de l’obscurité, mon corps tendu, prête à me jeter en avant, prête à tout. Viktor se trouvait à quelques mètres, ses yeux fixés sur moi, scrutant chaque mouvement, chaque respiration. Dans ce silence oppressant, il semblait y avoir une guerre silencieuse entre nous, un duel invisible où chaque parole, chaque geste pouvait être fatal.Viktor ne détournait pas son regard. Il n’était pas pressé. Il savait que chaque seconde était cruciale, et que je finirais par craquer. Il m’avait vue céder une fois, il m’avait vue perdre pied. Il savait qu’il suffisait de patienter, qu’il fallait juste laisser passer le temps pour que je fasse une erreur. C’était son jeu. Et il était très bon à ce jeu.Je savais que mes options se réduisaient à chaque minute qui passait. L’inconnu qui avait perturbé l’équilibre du hangar quelques instants plus tôt n’était plus là. Il av
Selena Le froid de la nuit s’infiltrait sous les portes du hangar, mais à l’intérieur, l’air semblait presque suffocant. Viktor et moi nous tenions l’un face à l’autre, la tension entre nous aussi palpable que l’électricité dans l’air avant un orage. Chaque mouvement, chaque respiration semblait compter. Le temps lui-même semblait suspendu, comme si le monde autour de nous avait cessé d’exister, rétréci à l’espace étroit entre nos deux corps.Viktor, toujours aussi implacable, m'observa de ses yeux sombres, son regard insistant. Il ne bougeait pas, mais son énergie, cette aura indomptable qui l'entourait, déstabilisait chaque fibre de mon être. Ce n'était pas simplement de l'agression, ni même de la menace. C'était une pression constante, comme une force invisible qui pesait sur moi.Je répondis à son regard sans ciller, mes mains légèrement tremblantes dissimulées dans les poches de mon manteau. Je savais que la moindre faiblesse, la moindre hésitation, serait un signal qu’il pourra
Selena Le froid de la nuit s’intensifiait, enveloppant l’extérieur du hangar dans un silence glacial. Pourtant, à l’intérieur, une chaleur étrange régnait. Un feu invisible brûlait dans l’air entre Viktor et moi, une tension palpable qui s’épaississait à chaque seconde. Après notre échange presque électrique, aucun de nous n’avait bougé. Nous nous étions observés, cherchant à percer les défenses de l’autre, déceler cette faille qui allait nous offrir un avantage décisif.Viktor, toujours implacable, savait qu'il devait faire preuve de prudence. Il m’avait sous-estimée à plusieurs reprises, mais cette fois-ci, quelque chose en moi avait changé. Je ne me contentais plus de fuir ou de me cacher. Non, je l’affrontais, défiant la dynamique qu’il avait minutieusement construite autour de nous. Et c’était là que j’étais la plus dangereuse.Moi, j’étais en alerte maximale. Avec une acuité à peine croyable, j’analysais chacun des gestes de Viktor. Chaque mouvement, chaque intonation de sa voi
Selena Le vent soufflait fort, emportant avec lui les dernières traces de la chaleur de la journée. À l’intérieur du hangar, la tension entre Viktor et moi restait palpable, presque suffocante. Notre confrontation semblait se prolonger indéfiniment, chacun observant attentivement l’autre, cherchant un signe de faiblesse, une ouverture.Viktor n’avait pas bougé, mais je pouvais sentir une gêne légère naître au fond de lui. Cette sensation, ce malaise qu’il n’avait pas anticipé, m’agacait. C’était moi qui lui imposais ce sentiment étrange. Je n’étais pas comme les autres femmes ou les autres ennemis qu’il avait affrontés. J’avais cette capacité à le troubler, à le mettre sur la défensive sans même le vouloir.De mon côté, j'étais plus concentrée que jamais. J’avais bien vu que l’assurance de Viktor commençait à vaciller, même légèrement. Une brèche venait de se créer, même si je n’avais pas encore réussi à l’exploiter pleinement. Mon esprit restait affûté, analysant chaque détail, chaq
Selena Le matin s’était levé sur la ville, mais pour Viktor et moi, le jour n’était qu’un prétexte pour dissimuler nos luttes intérieures. Les heures s’étaient écoulées sans qu’on ne se quitte vraiment, même lorsque nos chemins s’étaient séparés physiquement. La tension entre nous, née dans les ombres de notre confrontation, n’avait fait que croître, créant une atmosphère électrique que ni l’un ni l’autre ne parvenions à ignorer.Dans le quartier général de Viktor, les murs étaient empreints d’une froideur impitoyable, et l’air semblait si lourd qu’il en devenait presque difficile de respirer. Aucune parole n’était échangée, et les hommes présents dans la pièce semblaient presque figés, conscients qu’aucun d’eux n’oserait briser le silence lourd qui régnait. Ils attendaient, comme des spectateurs d’une scène qu’ils savaient tendue, comme une corde prête à céder à tout instant.Viktor se tenait devant sa fenêtre, les bras croisés, son regard perdu dans le vide. Il cherchait à apaiser
Selena Le ciel au-dessus de la ville était d’un gris lourd, comme une toile de fond parfaite pour l’intensité qui bouillonnait sous ma peau. Viktor était absent depuis plusieurs heures, mais sa présence pesait toujours lourdement sur moi. Il m’avait laissée dans cet état de confusion et de doute, exactement comme il l’avait voulu. Je savais que chaque instant passé à réfléchir à ses menaces me rapprochait inexorablement de la folie. Mais il y avait quelque chose d’encore plus perturbant : une part de moi qui commençait à m’interroger sur ce qu’il avait dit.« Regretteras-tu de m’avoir défié ? » Cette question tournait et retournait dans ma tête, inlassablement. Si je me laissais guider par l’appréhension, Viktor aurait déjà gagné. Mais au fond de moi, je savais que je ne pouvais pas céder à la peur. Pas maintenant. Pas après tout ce que j'avais traversé et sacrifié pour en arriver là. J'avais trop de choses à perdre pour me laisser submerger. Trop de raisons de me battre encore.L’ob
---SelenaLe monde pourrait s’effondrer autour de nous.Je m’en moquerais.Parce qu’en cet instant, il n’y a que lui.Viktor.Son regard d’orage qui me cloue sur place, son souffle chaud effleurant ma peau, ses mains qui me retiennent comme si j’étais la seule chose capable de l’ancrer à ce monde.Nous sommes allongés l’un contre l’autre, encore haletants de la nuit que nous avons traversée. De toutes les nuits passées à s’effleurer sans jamais oser tomber.Mais cette fois, nous avons chuté.Et nous ne voulons plus remonter.Il est là, son torse contre le mien, la chaleur de sa peau irradiant sur la mienne. Ses doigts effleurent mon bras, remontent lentement, traçant des frissons sur mon épiderme.Il me regarde comme s’il voulait graver mon visage dans sa mémoire, comme si chaque détail de moi était une vérité qu’il venait à peine de comprendre.Je ne dis rien.J’attends.J’attends qu’il trouve les mots.Parce que je sais qu’ils sont là, coincés quelque part entre ses lèvres et son c
SelenaJe m’accroche à lui, mes doigts s’enfouissant dans ses cheveux, mon corps réagissant à chaque caresse, à chaque frisson qu’il fait naître sur ma peau.Quand il retire mon t-shirt, ses lèvres effleurent ma clavicule, descendent le long de ma poitrine.Il prend son temps.Comme s’il voulait mémoriser chaque centimètre de moi.Je le laisse faire, me perdant dans ses gestes, dans la manière dont il murmure mon prénom contre ma peau.Puis, c’est mon tour de le déshabiller.D’effleurer les cicatrices sur son corps, d’embrasser celles qui me racontent son histoire mieux que n’importe quel mot.Il frissonne sous mes doigts, et quand il revient capturer ma bouche, c’est plus intense, plus désespéré.Nous nous retrouvons dans un chaos d’émotions et de désirs.Quand enfin il s’unit à moi, un gémissement m’échappe, et il pose son front contre le mien.— Selena…Son souffle est saccadé, sa voix rauque.Je l’entoure de mes jambes, l’attirant plus profondément, plus près, jusqu’à ce qu’il n’y
SelenaLa nuit est tombée sur l’île. Un silence profond s’étend autour de nous, seulement troublé par le bruit des vagues qui viennent mourir contre la falaise. L’air est plus doux ici, presque paisible.Viktor est assis sur la terrasse, un verre à la main, perdu dans ses pensées. La lueur vacillante des lanternes projette des ombres sur son visage, accentuant les angles durs de ses traits.Il ne parle pas.Il ne parle presque jamais quand il réfléchit.Alors, je le regarde en silence, attendant qu’il trouve les mots.Il finit par briser le silence, d’une voix rauque :— Est-ce que tu regrettes ?Je fronce les sourcils.— Regretter quoi ?Il ne détourne pas les yeux de l’horizon.— De m’avoir suivi.Je m’approche lentement, m’agenouille à côté de lui.— Pourquoi tu me demandes ça ?Ses doigts se crispent autour de son verre.— Parce que tu aurais pu avoir une vie plus simple.Je laisse échapper un rire sans joie.— Une vie simple ? Tu penses que c’est ce que je voulais ?Il tourne enf
---SelenaLe silence de l’appartement est presque irréel. Comme si la nuit avait figé chaque instant, suspendu le temps entre nous. Pourtant, l’aube est là, glissant à travers les rideaux, projetant une lumière grise sur les draps défaits.Je le regarde s’habiller, chaque mouvement précis, maîtrisé. Ses épaules sont tendues, son regard est ailleurs.L’appel de Luka a tout changé.Mais en réalité, Viktor n’a jamais cessé d’attendre ce moment. Il savait qu’il arriverait. Moi aussi.— On part quand ? demandé-je en nouant mes cheveux.Il termine de boutonner sa chemise, s’approche lentement.— Dans une heure.Une heure. Soixante minutes avant de quitter Moscou. Avant de tout laisser derrière nous.Je devrais avoir peur. De ce qui nous attend. De ce que ça signifie. Mais tout ce que je ressens, c’est une étrange certitude.J’ai choisi cette route. J’ai choisi Viktor.Et je ne reviendrai pas en arrière.Il s’arrête devant moi, glisse une main sur ma joue. Son pouce effleure ma peau, une ca
SelenaMoscou est silencieuse sous la neige.Les lampadaires diffusent une lumière blafarde, et le vent souffle entre les immeubles, soulevant des volutes de poudre blanche.Je marche à côté de Viktor, emmitouflée dans mon manteau.Il ne parle pas. Il ne fume pas.Il est juste là.Présent.C’est suffisant.Nous traversons les rues désertes, avançant sans but précis. Après la tempête, il ne reste que ce calme étrange, ce flottement entre deux mondes.Le monde d’avant Sergueï.Le monde d’après.Mais Viktor n’a pas changé.Il est toujours cette tempête silencieuse, cet homme hanté par ses propres démons.Et moi ?Moi, je refuse de le laisser sombrer.— Tu veux rentrer ? demandé-je doucement.Il secoue la tête.— Pas encore.Nous continuons d’avancer.Il est tard. La ville dort.Seuls les fantômes errent encore.Et nous en faisons partie.Le bruit de nos pas est étouffé par la neige. Parfois, un néon grésille au-dessus d’une devanture fermée, projetant une lumière crue sur l’asphalte glac
SelenaL’air sent la fumée et le whisky.Viktor s’est endormi, son corps tendu même dans le sommeil.Je suis assise sur le bord du lit, les genoux repliés, observant la lueur blafarde du matin filtrer à travers les rideaux.C’est fini.Sergueï Ivanov est mort.Le fantôme qui hantait Viktor depuis des années a disparu, sa silhouette effacée sous une mare de sang.Alors pourquoi ce vide en moi ?Pourquoi cette sensation que la guerre ne s’est pas arrêtée, mais qu’elle a juste changé de visage ?Je frissonne et me lève, traversant la pièce en silence.Je prends mon téléphone et sors sur le balcon.Le froid de Moscou mord ma peau nue, mais je l’ignore.Je compose un numéro.Une tonalité. Deux.Puis une voix rauque décroche.— Selena.— Luka.Un silence.— Il est vivant ?— Oui. Mais il…Les mots restent coincés dans ma gorge.— Il est brisé, murmure Luka.Je ferme les yeux.— Oui.Un soupir à l’autre bout du fil.— Je m’en occupe. Ramène-le à la maison.Je raccroche.Ramène-le à la maison
ViktorL’aube n’a même pas eu le temps de s’imposer que la nuit me réclame déjà.Le message d’Ilya tourne en boucle dans ma tête alors que je roule dans le silence d’une Moscou encore endormie, les rues désertes noyées sous un brouillard épais, comme si la ville elle-même savait que le sang n’en avait pas fini avec elle.Selena dort encore, abandonnée dans mes draps, sa peau marquée par moi, ses lèvres rouges de mes morsures. Une part de moi voulait rester, la regarder respirer, la croire à l’abri du reste du monde. Mais ce monde est à moi, pourri jusqu’à l’os, et il ne la laissera pas tranquille tant que je serai vivant.Ilya m’attend devant un immeuble abandonné, les mains dans les poches, l’air plus sombre que d’habitude. Ses yeux me fixent avant même que je coupe le moteur.— T’as mis le temps. balance-t-il, sans bouger.— J’ai laissé un cadavre derrière moi hier soir. Ça demande un peu de… digestion.Ilya ricane, un son sec, sans amusement.— Tu crois que c’est fini, Viktor ? Tu
ViktorL’aube est un poison lent.Le jour se lève sur Moscou, étouffant la nuit d’une lumière froide.Mais en moi, c’est toujours l’obscurité.Je suis debout devant la fenêtre, une cigarette entre les doigts, et je regarde la ville s’étirer sous moi.Selena dort encore.Son corps est à moitié couvert par le drap, sa peau marquée par la nuit que nous avons partagée.J’ai laissé mes empreintes sur elle.Elle a laissé les siennes sur moi.Mais la guerre n’attend pas.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Je décroche sans un mot.— On l’a trouvé.Ma main se crispe sur le verre que je tiens.Une seconde de silence.Puis ma voix tombe, glaciale.— Où ?— Un entrepôt, près du port. Il ne bouge plus. Il t’attend.Je raccroche.Selena ouvre lentement les yeux.Elle me regarde un instant, encore engourdie par le sommeil, puis elle voit mon expression.Et elle comprend.— C’est le moment. murmure-t-elle.Je hoche la tête.Elle se redresse, laisse le drap glisser sur sa peau nue, mais ses yeu
ViktorTout ce que je veux, c’est du sang.Sergueï Ivanov a survécu.Il a attendu dans l’ombre.Et maintenant, il est prêt à frapper.Mais moi aussi.— Tu ne dors pas.Sa voix brise le silence.Je tourne la tête vers elle.Elle est allongée sur le lit, ses cheveux épars sur l’oreiller, son visage éclairé par la lueur pâle de la lune.Ses doigts effleurent le drap entre nous.— Je ne peux pas.Elle se redresse lentement.Son regard s’accroche au mien.— Tu penses à lui.Bien sûr que je pense à lui.À son sourire carnassier.À la haine dans ses yeux.À la douleur qu’il a laissée derrière lui, comme une cicatrice indélébile.— Je vais le tuer. dis-je d’une voix rauque.Selena ne réagit pas tout de suite.Puis, elle murmure :— Et après ?Je fronce les sourcils.— Après quoi ?— Après que tu l’auras tué. Qu’est-ce qu’il restera de toi ?Je la fixe.Elle attend une réponse.Mais je n’en ai pas.Je n’y ai jamais pensé.Parce que la vengeance, c’est tout ce qu’il me reste.SelenaViktor est