Selena La nuit enveloppait la ville comme une couverture sombre, les lumières des lampadaires scintillant à travers le brouillard léger. Dans un appartement délicatement éclairé, une atmosphère de tension apaisée flottait dans l’air, remplacée par une chaleur intimiste. Depuis leur étreinte passionnée, les barrières avaient disparu, laissant place à l’authenticité de ce qu’ils ressentaient.Viktor et moi étions assis sur le canapé, un silence confortable entre nous. Il avait enlevé sa veste, révélant une chemise ajustée qui mettait en valeur son torse musclé. Je ne pouvais m’empêcher de l’observer, mon cœur battant la chamade alors que je réalisais à quel point notre connexion était devenue profonde en si peu de temps.« Tu sais, » dit-il enfin, brisant le silence tout en prenant ma main dans la sienne, « je n’aurais jamais cru que tu ferais un tel geste. C’était… audacieux. »Je souris à son compliment, mais une vague de vulnérabilité m’envahit. « J’ai toujours été prudente, Viktor.
Selena Le vent froid mord ma peau tandis que je fixe l’horizon du haut des toits de la ville. Une brume légère s’accroche aux ruelles en contrebas, transformant le paysage en un labyrinthe incertain. J’ai pris une décision… ou du moins, j’ai fait semblant de l’avoir prise. Mais au fond de moi, le doute persiste. Chaque mouvement que je fais désormais m’amène à une croisée des chemins. Et je ne peux plus revenir en arrière.L’échange avec Viktor continue de résonner en moi. Il avait raison sur une chose : je ne suis à l’abri de rien. Ni de lui, ni de Marek… ni même de mes propres sentiments.Je ferme les yeux un instant, essayant de retrouver un semblant de contrôle, mais une image s’impose à mon esprit, me faisant frissonner pour une toute autre raison.Lui.Son souffle brûlant contre ma peau. Ses mains fermes qui parcouraient mon corps, exigeantes, possessives. Le murmure rauque de son nom contre mes lèvres, perdu entre plaisir et frustration. Cette nuit où tout a basculé, où j’ai c
Selena L’odeur âcre de métal et d’huile rance imprégnait l’atmosphère de l’entrepôt, alourdissant ma respiration. Le lieu était plongé dans une semi-obscurité, éclairé par quelques néons fatigués qui clignotaient de temps à autre, projetant des ombres vacillantes sur les murs de tôle. Je progressais entre les caisses empilées, mon regard balayant chaque recoin à la recherche du moindre mouvement suspect.Fausser compagnie à Viktor avait été une évidence. Une nécessité. Depuis des jours, il resserrait son emprise sur moi, m’enfermant dans une cage dorée dont les barreaux étaient faits de contrôle et de manipulation. Il avait cette manière insidieuse de me convaincre que chaque choix que je faisais venait de moi, alors qu’en réalité, il guidait mes pas depuis le début.Alors, j’étais partie. J’avais attendu le moment parfait, calculé mon coup avec précision, et quand l’opportunité s’était présentée, je m’étais glissée hors de son champ de vision, disparaissant dans les rues sombres de
Selena Je m’éloigne lentement de l’endroit où Marek m’a laissée. Ses mots résonnent encore dans mon esprit, lourds de sens, menaçants, presque prophétiques."Tu as déjà traversé la ligne, et il n’y a plus de retour possible."Une phrase simple, mais qui me frappe bien plus fort que je ne l’aurais voulu. J’ai toujours refusé l’idée d’être manipulée, et pourtant… et si Marek avait raison ?Je repasse mentalement ces derniers mois. Chaque décision, chaque mouvement… est-ce que tout ça a réellement été de mon propre chef ? Ou ai-je simplement réagi aux actions de Viktor et de Marek ? J’ai cru prendre ma vie en main, mais à quel prix ? En plongeant dans ce monde de ténèbres, en volant les millions de Viktor, en le défiant ouvertement… ai-je seulement fait ce qu’ils attendaient de moi ?Un vent froid me gifle, me ramenant brutalement à la réalité. Je m’arrête au coin d’une ruelle, les doigts tremblants alors que j’attrape une cigarette dans mon paquet. J’ai besoin d’un instant pour calmer
Selena Le vent souffle fort dans les rues désertées de la ville, emportant avec lui les dernières traces de ma confrontation avec Viktor. Mes pas résonnent sur le bitume, lourds, incertains. Chaque mouvement me semble pesant, comme si l’air lui-même cherchait à m’écraser sous le poids de cette nuit. Les mots de Viktor tournent en boucle dans mon esprit."Tu crois encore que tu peux t’échapper, Selena. Mais le temps jouera contre toi."Il a raison. Je le sais. Le temps est mon ennemi. Mais tout n’est pas perdu.Je m’arrête devant un petit café que je connais bien. Ce n’est pas un lieu de rendez-vous habituel, mais plutôt un sanctuaire silencieux, un endroit où je peux réfléchir sans craindre les regards extérieurs. Poussant la porte, j’entre dans la chaleur feutrée du lieu presque vide. Seul un serveur semble encore présent, fatigué, indifférent.Je prends place dans un coin discret, commandant un café noir sans même y réfléchir. Mes doigts se resserrent autour de la tasse brûlante lo
Selena Je marche dans les rues sombres, les paroles de Marek résonnant encore dans mon esprit. "Tu penses que tu as encore des choix. Mais tu te trompes." Elles me collent à la peau comme une ombre, s’insinuant dans chaque recoin de mes pensées. Je ne veux pas y croire. Je refuse de croire que mon destin est déjà écrit, que chaque pas que je fais est dicté par d’autres. J’ai survécu jusqu’ici. Je survivrai encore.J’arrive devant un immeuble discret, une façade anonyme parmi tant d’autres. Mon appartement secret. Un lieu que personne ne connaît, que personne ne devrait connaître. Un sanctuaire dans un monde qui m’échappe. Je monte les marches, la clé froide dans ma main, et pousse la porte qui se referme derrière moi dans un bruit sourd.Le silence est assourdissant. Plus oppressant que je ne l’aurais imaginé. J’ai toujours aimé la solitude, le calme d’un espace que je peux contrôler. Mais ce soir, tout semble différent. Comme si quelque chose flottait dans l’air, invisible et menaça
SelenaLes jours suivants sont une longue traversée dans l’incertitude. J’ai le sentiment que tout glisse lentement hors de mon contrôle. Après la rencontre avec Viktor, la peur a pris une forme que je n’avais jamais envisagée. Mes choix, que je pensais encore être les miens, semblent désormais dictés par une force invisible qui me pousse sans cesse plus près de l’abîme. Chaque mouvement, chaque décision, devient une danse fragile, suspendue entre la survie et la soumission.Ce matin, l’air est lourd, empreint d’une tension presque palpable. Je me lève tôt, déterminée à ne pas laisser l’ombre de Viktor planer plus longtemps sur moi. Je me rends dans un café que je fréquente rarement, cherchant à fuir les endroits où j’ai mes habitudes, comme si, par ce simple changement, je pouvais échapper à ce que je ressens.Le café est presque vide, baigné d’un silence apaisant. Je m’installe près de la fenêtre, mon café noir devant moi, mais je n’arrive pas à en profiter. Mes pensées sont ailleur
SelenaLa journée s’étire comme une ombre pesante sur moi. Le temps se distend, se dilate, et pourtant, chaque seconde m’étrangle un peu plus. Depuis cette rencontre troublante, mes pensées ne cessent de tourner en boucle, me laissant un goût amer d’impuissance. Tout ce que je croyais maîtriser m’échappe. Les règles du jeu changent sous mes yeux et je n’ai plus aucune prise sur l’échiquier.Je suis un pion. Un pion que l’on déplace, que l’on manipule, que l’on sacrifie si nécessaire.Viktor. Cet homme qui semble toujours avoir un coup d’avance. Cet homme qui contrôle les moindres mouvements de ceux qui croisent son chemin. Mais il n’est peut-être pas le seul.Et ça, c’est encore plus terrifiant.Si d’autres tirent les ficelles dans l’ombre, alors je suis plus vulnérable que je ne le pensais. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Et surtout, pourquoi moi ?Un frisson me parcourt.Je ne peux pas me permettre de perdre le contrôle.Je dois agir.Je dois reprendre la main.J’évite mes lieux ha
---SelenaLe monde pourrait s’effondrer autour de nous.Je m’en moquerais.Parce qu’en cet instant, il n’y a que lui.Viktor.Son regard d’orage qui me cloue sur place, son souffle chaud effleurant ma peau, ses mains qui me retiennent comme si j’étais la seule chose capable de l’ancrer à ce monde.Nous sommes allongés l’un contre l’autre, encore haletants de la nuit que nous avons traversée. De toutes les nuits passées à s’effleurer sans jamais oser tomber.Mais cette fois, nous avons chuté.Et nous ne voulons plus remonter.Il est là, son torse contre le mien, la chaleur de sa peau irradiant sur la mienne. Ses doigts effleurent mon bras, remontent lentement, traçant des frissons sur mon épiderme.Il me regarde comme s’il voulait graver mon visage dans sa mémoire, comme si chaque détail de moi était une vérité qu’il venait à peine de comprendre.Je ne dis rien.J’attends.J’attends qu’il trouve les mots.Parce que je sais qu’ils sont là, coincés quelque part entre ses lèvres et son c
SelenaJe m’accroche à lui, mes doigts s’enfouissant dans ses cheveux, mon corps réagissant à chaque caresse, à chaque frisson qu’il fait naître sur ma peau.Quand il retire mon t-shirt, ses lèvres effleurent ma clavicule, descendent le long de ma poitrine.Il prend son temps.Comme s’il voulait mémoriser chaque centimètre de moi.Je le laisse faire, me perdant dans ses gestes, dans la manière dont il murmure mon prénom contre ma peau.Puis, c’est mon tour de le déshabiller.D’effleurer les cicatrices sur son corps, d’embrasser celles qui me racontent son histoire mieux que n’importe quel mot.Il frissonne sous mes doigts, et quand il revient capturer ma bouche, c’est plus intense, plus désespéré.Nous nous retrouvons dans un chaos d’émotions et de désirs.Quand enfin il s’unit à moi, un gémissement m’échappe, et il pose son front contre le mien.— Selena…Son souffle est saccadé, sa voix rauque.Je l’entoure de mes jambes, l’attirant plus profondément, plus près, jusqu’à ce qu’il n’y
SelenaLa nuit est tombée sur l’île. Un silence profond s’étend autour de nous, seulement troublé par le bruit des vagues qui viennent mourir contre la falaise. L’air est plus doux ici, presque paisible.Viktor est assis sur la terrasse, un verre à la main, perdu dans ses pensées. La lueur vacillante des lanternes projette des ombres sur son visage, accentuant les angles durs de ses traits.Il ne parle pas.Il ne parle presque jamais quand il réfléchit.Alors, je le regarde en silence, attendant qu’il trouve les mots.Il finit par briser le silence, d’une voix rauque :— Est-ce que tu regrettes ?Je fronce les sourcils.— Regretter quoi ?Il ne détourne pas les yeux de l’horizon.— De m’avoir suivi.Je m’approche lentement, m’agenouille à côté de lui.— Pourquoi tu me demandes ça ?Ses doigts se crispent autour de son verre.— Parce que tu aurais pu avoir une vie plus simple.Je laisse échapper un rire sans joie.— Une vie simple ? Tu penses que c’est ce que je voulais ?Il tourne enf
---SelenaLe silence de l’appartement est presque irréel. Comme si la nuit avait figé chaque instant, suspendu le temps entre nous. Pourtant, l’aube est là, glissant à travers les rideaux, projetant une lumière grise sur les draps défaits.Je le regarde s’habiller, chaque mouvement précis, maîtrisé. Ses épaules sont tendues, son regard est ailleurs.L’appel de Luka a tout changé.Mais en réalité, Viktor n’a jamais cessé d’attendre ce moment. Il savait qu’il arriverait. Moi aussi.— On part quand ? demandé-je en nouant mes cheveux.Il termine de boutonner sa chemise, s’approche lentement.— Dans une heure.Une heure. Soixante minutes avant de quitter Moscou. Avant de tout laisser derrière nous.Je devrais avoir peur. De ce qui nous attend. De ce que ça signifie. Mais tout ce que je ressens, c’est une étrange certitude.J’ai choisi cette route. J’ai choisi Viktor.Et je ne reviendrai pas en arrière.Il s’arrête devant moi, glisse une main sur ma joue. Son pouce effleure ma peau, une ca
SelenaMoscou est silencieuse sous la neige.Les lampadaires diffusent une lumière blafarde, et le vent souffle entre les immeubles, soulevant des volutes de poudre blanche.Je marche à côté de Viktor, emmitouflée dans mon manteau.Il ne parle pas. Il ne fume pas.Il est juste là.Présent.C’est suffisant.Nous traversons les rues désertes, avançant sans but précis. Après la tempête, il ne reste que ce calme étrange, ce flottement entre deux mondes.Le monde d’avant Sergueï.Le monde d’après.Mais Viktor n’a pas changé.Il est toujours cette tempête silencieuse, cet homme hanté par ses propres démons.Et moi ?Moi, je refuse de le laisser sombrer.— Tu veux rentrer ? demandé-je doucement.Il secoue la tête.— Pas encore.Nous continuons d’avancer.Il est tard. La ville dort.Seuls les fantômes errent encore.Et nous en faisons partie.Le bruit de nos pas est étouffé par la neige. Parfois, un néon grésille au-dessus d’une devanture fermée, projetant une lumière crue sur l’asphalte glac
SelenaL’air sent la fumée et le whisky.Viktor s’est endormi, son corps tendu même dans le sommeil.Je suis assise sur le bord du lit, les genoux repliés, observant la lueur blafarde du matin filtrer à travers les rideaux.C’est fini.Sergueï Ivanov est mort.Le fantôme qui hantait Viktor depuis des années a disparu, sa silhouette effacée sous une mare de sang.Alors pourquoi ce vide en moi ?Pourquoi cette sensation que la guerre ne s’est pas arrêtée, mais qu’elle a juste changé de visage ?Je frissonne et me lève, traversant la pièce en silence.Je prends mon téléphone et sors sur le balcon.Le froid de Moscou mord ma peau nue, mais je l’ignore.Je compose un numéro.Une tonalité. Deux.Puis une voix rauque décroche.— Selena.— Luka.Un silence.— Il est vivant ?— Oui. Mais il…Les mots restent coincés dans ma gorge.— Il est brisé, murmure Luka.Je ferme les yeux.— Oui.Un soupir à l’autre bout du fil.— Je m’en occupe. Ramène-le à la maison.Je raccroche.Ramène-le à la maison
ViktorL’aube n’a même pas eu le temps de s’imposer que la nuit me réclame déjà.Le message d’Ilya tourne en boucle dans ma tête alors que je roule dans le silence d’une Moscou encore endormie, les rues désertes noyées sous un brouillard épais, comme si la ville elle-même savait que le sang n’en avait pas fini avec elle.Selena dort encore, abandonnée dans mes draps, sa peau marquée par moi, ses lèvres rouges de mes morsures. Une part de moi voulait rester, la regarder respirer, la croire à l’abri du reste du monde. Mais ce monde est à moi, pourri jusqu’à l’os, et il ne la laissera pas tranquille tant que je serai vivant.Ilya m’attend devant un immeuble abandonné, les mains dans les poches, l’air plus sombre que d’habitude. Ses yeux me fixent avant même que je coupe le moteur.— T’as mis le temps. balance-t-il, sans bouger.— J’ai laissé un cadavre derrière moi hier soir. Ça demande un peu de… digestion.Ilya ricane, un son sec, sans amusement.— Tu crois que c’est fini, Viktor ? Tu
ViktorL’aube est un poison lent.Le jour se lève sur Moscou, étouffant la nuit d’une lumière froide.Mais en moi, c’est toujours l’obscurité.Je suis debout devant la fenêtre, une cigarette entre les doigts, et je regarde la ville s’étirer sous moi.Selena dort encore.Son corps est à moitié couvert par le drap, sa peau marquée par la nuit que nous avons partagée.J’ai laissé mes empreintes sur elle.Elle a laissé les siennes sur moi.Mais la guerre n’attend pas.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Je décroche sans un mot.— On l’a trouvé.Ma main se crispe sur le verre que je tiens.Une seconde de silence.Puis ma voix tombe, glaciale.— Où ?— Un entrepôt, près du port. Il ne bouge plus. Il t’attend.Je raccroche.Selena ouvre lentement les yeux.Elle me regarde un instant, encore engourdie par le sommeil, puis elle voit mon expression.Et elle comprend.— C’est le moment. murmure-t-elle.Je hoche la tête.Elle se redresse, laisse le drap glisser sur sa peau nue, mais ses yeu
ViktorTout ce que je veux, c’est du sang.Sergueï Ivanov a survécu.Il a attendu dans l’ombre.Et maintenant, il est prêt à frapper.Mais moi aussi.— Tu ne dors pas.Sa voix brise le silence.Je tourne la tête vers elle.Elle est allongée sur le lit, ses cheveux épars sur l’oreiller, son visage éclairé par la lueur pâle de la lune.Ses doigts effleurent le drap entre nous.— Je ne peux pas.Elle se redresse lentement.Son regard s’accroche au mien.— Tu penses à lui.Bien sûr que je pense à lui.À son sourire carnassier.À la haine dans ses yeux.À la douleur qu’il a laissée derrière lui, comme une cicatrice indélébile.— Je vais le tuer. dis-je d’une voix rauque.Selena ne réagit pas tout de suite.Puis, elle murmure :— Et après ?Je fronce les sourcils.— Après quoi ?— Après que tu l’auras tué. Qu’est-ce qu’il restera de toi ?Je la fixe.Elle attend une réponse.Mais je n’en ai pas.Je n’y ai jamais pensé.Parce que la vengeance, c’est tout ce qu’il me reste.SelenaViktor est