Selena Il tourne les talons.— Réfléchis bien, Selena. Parce que la prochaine fois que nous nous verrons…Il s’arrête à la porte.— Il sera trop tard pour revenir en arrière.Et il disparaît.Je reste là. Figée.Mon esprit hurle.Qui est-il vraiment ?Que veut-il ?Rien n’est gratuit.Mais maintenant, j’ai un choix à faire.Rejoindre cet homme dont je ne sais rien, ou continuer à danser sur le fil de Viktor…Au risque de tout perdre.L’une de ces options me rendra plus forte.L’autre me tuera.Et pour la première fois depuis longtemps…Je veux croire que je peux encore gagner.Je ne quitte pas le café immédiatement après le départ d’Andrei. Mes mains restent serrées autour de mon café froid, et mes pensées s’entrelacent, sombres et pressantes. Mes doigts tremblent légèrement, mais je refuse de l’admettre. Ce qu’il m’a dit a ouvert une porte que je n’avais même pas vue jusque-là. Et je sais que si je la franchis, ce sera peut-être la dernière."Viktor est une machine de guerre." Cette
SelenaLes jours suivants passent dans un tourbillon d’incertitudes et de stratégies élaborées. Je sais que Viktor m’observe, qu’il attend que je fasse une erreur. Chaque mouvement, chaque rencontre, chaque décision est un risque. Je n’ai plus de temps à perdre. Je dois jouer mes cartes avec une précision chirurgicale. Et surtout, je ne peux plus me permettre d’avoir de faiblesses.Dans mon appartement, j’étale une carte de la ville sur la table. J’analyse les différents points d’accès aux réseaux que Viktor contrôle. Chaque bâtiment, chaque rue, chaque entrepôt est lié à son empire d’une manière ou d’une autre. Si je veux le renverser, je dois comprendre son territoire aussi bien que lui. Je n’ai aucune illusion : il frappera vite et fort. Je dois attaquer là où il est le plus vulnérable.Une idée germe dans mon esprit. L’un de ses entrepôts secrets. Centre de distribution, coffre-fort d’informations sensibles. Un vol ? Non, bien plus. Une frappe chirurgicale, un déplacement stratégi
(Selena, Le Prisonnier)Moi – "Je ne suis pas là pour jouer. Je veux savoir ce que Viktor cache. Je veux savoir où il garde son pouvoir."Il rit. Un rire amer, un râle presque, comme si le simple fait de m’entendre parler le divertissait. Comme si mes mots étaient ceux d’une enfant qui croit encore qu’il existe des réponses simples.Le Prisonnier – "Tu crois vraiment que c’est aussi simple ? Que tu peux pénétrer son monde avec une information, un plan bien huilé ? Que tu peux tout détruire ?"Il me scrute de ses yeux fatigués, et je ressens une pointe d’irritation. Il me teste. Il joue avec moi. Je refuse d’entrer dans son jeu.Moi – "Tu connais Viktor. Tu sais ce qu’il est capable de faire. Dis-moi ce que je dois savoir."Il pousse un soupir, son corps se repliant sur lui-même comme s’il portait le poids d’un fardeau invisible.Le Prisonnier – "Il y a des choses que tu ne peux pas comprendre. Des secrets que même l’argent ou la violence ne peuvent atteindre."Je me penche légèrement
SelenaLa ville est un monstre qui respire lentement, étouffant ses proies dans ses entrailles sombres. Les rues se tordent, se dérobent sous mes pas. Chaque recoin est un piège, chaque ombre une menace. Mais ce soir, je ne suis pas une proie. Je suis une traqueuse.Alexei. Ce nom résonne dans les murmures clandestins, dans les regards fuyants des informateurs. Il est un mythe, une ombre que personne ne peut saisir. Certains disent qu’il est une illusion créée par Viktor pour inspirer la peur. D’autres affirment qu’il est bien réel, tapi dans l’obscurité, tissant ses toiles invisibles.Je n’ai pas le luxe de croire aux légendes. Je dois le trouver avant Viktor. Parce que si Viktor met la main sur lui avant moi, alors c’est fini. Pour moi, pour tout ce que j’ai construit, pour cette guerre que je mène en secret.Mes pas me mènent vers un quartier oublié, là où la ville cache ses plaies. Les immeubles sont dévorés par le temps, les murs suintent l’abandon. Ici, même les flics détournent
Selena Le murmure des hommes se fond dans le silence épais de la pièce. Je ressens leurs regards peser sur moi, leurs présences oppressantes se resserrer comme un étau invisible. Chaque mouvement semble calculé, chaque respiration retenue, suspendue à l’instant qui précède la chute. Pourtant, je ne cède pas. Je ne fléchis pas.Alexei est là, juste en face, son sourire subtil imprimé sur son visage comme un masque impossible à percer. Il m’observe avec cette lueur amusée dans le regard, un défi silencieux qu’il me lance, un piège dans lequel il attend que je tombe.— Tu es dans ma sphère maintenant, Selena.Sa voix est basse, mesurée, dénuée de toute hésitation. Chaque syllabe résonne dans l’espace clos comme une sentence irrévocable.— Et dans ce monde, il n’y a pas de place pour les doutes. Si tu veux détruire Viktor, il te faudra d’abord prouver ta loyauté.Un silence s’étire, pesant, alors que je mesure la portée de ses paroles. Ce qu’il exige n’est pas une simple démonstration de
SelenaJe marche d’un pas rapide, la clé serrée dans ma main comme un talisman brûlant. Chaque pas résonne dans le silence lourd du souterrain. Plus de retour en arrière. Ce qu’Alexei m’a donné n’est pas un simple atout. C’est l’accès à un monde caché, un réseau où seuls les plus forts et les plus impitoyables survivent.Derrière moi, la porte se referme dans un bruit sourd. L’air est plus dense ici, chargé de tension et de secrets. J’analyse chaque détail, mon instinct en alerte. Viktor est toujours une menace. Un homme comme lui ne reste jamais inactif.Dans les rues sombres, je progresse avec prudence, balayant les alentours du regard. Personne ne me suit, mais je sais qu’il ne faut jamais baisser sa garde. Depuis ce vol, depuis ma première confrontation avec Viktor, mon monde a changé. Et aujourd’hui, je joue un jeu bien plus grand que moi.J’arrive enfin devant une porte blindée, cachée dans une ruelle discrète. Je serre la clé. C’est ici que tout commence. Ce passage mène au rés
SelenaJe fixe l’écran géant qui illumine la salle d’une lueur froide, mes yeux capturant chaque donnée qui défile à une vitesse effrayante. L’information est mon arme. Tara s’est éclipsée dans les coulisses du Secteur Alpha pour coordonner les opérations, mais moi, je ne peux pas attendre. Chaque seconde compte.Viktor se renforce. Il sent que quelque chose se trame et je ne peux pas me permettre d’attendre qu’il prenne l’avantage. Il faut frapper là où ça fait mal : ses finances. Son empire repose sur des transactions opaques, des comptes offshore disséminés à travers le monde. Pour le faire vaciller, il faut l’attaquer à la source, perturber ses flux financiers, exposer ses failles.Une pression invisible m’écrase la poitrine. Ce n’est pas qu’une simple mission. C’est personnel. Je le sais. Viktor aussi. S’il découvre que c’est moi, il ne se contentera pas de me traquer. Il voudra me briser.Mon regard s’arrête sur une ligne de code inhabituelle. Un fichier crypté. Je le déchiffre
SelenaL’air dans la pièce est lourd, saturé d’une tension oppressante. Mon souffle est court, mes doigts crispés sur le clavier. Les chiffres défilent à l’écran, des centaines de transactions s’effondrent sous mes yeux, s’effacent comme si elles n’avaient jamais existé. J’ai attendu ce moment. Préparé chaque détail. Anticipé chaque réaction. Mais maintenant que je suis là, au seuil de la chute de Viktor, une étrange sensation m’envahit. Ce n’est pas la peur. Ce n’est pas la victoire non plus. C’est quelque chose d’autre. Quelque chose de plus profond.Un bruit sourd me fait sursauter. La porte s’ouvre brusquement.Je n’ai même pas besoin de me retourner. Je sais qui c’est.ViktorJe me tiens dans l’encadrement de la porte, les bras croisés, mon regard rivé sur elle. Selena. Je la vois, assise devant cet écran, si sûre d’elle. Mais elle ne sait pas encore ce qu’elle vient de déclencher.— Tu es arrivée à ton terme, Selena.Elle se tourne lentement, ses yeux rencontrent les miens avec
---SelenaLe monde pourrait s’effondrer autour de nous.Je m’en moquerais.Parce qu’en cet instant, il n’y a que lui.Viktor.Son regard d’orage qui me cloue sur place, son souffle chaud effleurant ma peau, ses mains qui me retiennent comme si j’étais la seule chose capable de l’ancrer à ce monde.Nous sommes allongés l’un contre l’autre, encore haletants de la nuit que nous avons traversée. De toutes les nuits passées à s’effleurer sans jamais oser tomber.Mais cette fois, nous avons chuté.Et nous ne voulons plus remonter.Il est là, son torse contre le mien, la chaleur de sa peau irradiant sur la mienne. Ses doigts effleurent mon bras, remontent lentement, traçant des frissons sur mon épiderme.Il me regarde comme s’il voulait graver mon visage dans sa mémoire, comme si chaque détail de moi était une vérité qu’il venait à peine de comprendre.Je ne dis rien.J’attends.J’attends qu’il trouve les mots.Parce que je sais qu’ils sont là, coincés quelque part entre ses lèvres et son c
SelenaJe m’accroche à lui, mes doigts s’enfouissant dans ses cheveux, mon corps réagissant à chaque caresse, à chaque frisson qu’il fait naître sur ma peau.Quand il retire mon t-shirt, ses lèvres effleurent ma clavicule, descendent le long de ma poitrine.Il prend son temps.Comme s’il voulait mémoriser chaque centimètre de moi.Je le laisse faire, me perdant dans ses gestes, dans la manière dont il murmure mon prénom contre ma peau.Puis, c’est mon tour de le déshabiller.D’effleurer les cicatrices sur son corps, d’embrasser celles qui me racontent son histoire mieux que n’importe quel mot.Il frissonne sous mes doigts, et quand il revient capturer ma bouche, c’est plus intense, plus désespéré.Nous nous retrouvons dans un chaos d’émotions et de désirs.Quand enfin il s’unit à moi, un gémissement m’échappe, et il pose son front contre le mien.— Selena…Son souffle est saccadé, sa voix rauque.Je l’entoure de mes jambes, l’attirant plus profondément, plus près, jusqu’à ce qu’il n’y
SelenaLa nuit est tombée sur l’île. Un silence profond s’étend autour de nous, seulement troublé par le bruit des vagues qui viennent mourir contre la falaise. L’air est plus doux ici, presque paisible.Viktor est assis sur la terrasse, un verre à la main, perdu dans ses pensées. La lueur vacillante des lanternes projette des ombres sur son visage, accentuant les angles durs de ses traits.Il ne parle pas.Il ne parle presque jamais quand il réfléchit.Alors, je le regarde en silence, attendant qu’il trouve les mots.Il finit par briser le silence, d’une voix rauque :— Est-ce que tu regrettes ?Je fronce les sourcils.— Regretter quoi ?Il ne détourne pas les yeux de l’horizon.— De m’avoir suivi.Je m’approche lentement, m’agenouille à côté de lui.— Pourquoi tu me demandes ça ?Ses doigts se crispent autour de son verre.— Parce que tu aurais pu avoir une vie plus simple.Je laisse échapper un rire sans joie.— Une vie simple ? Tu penses que c’est ce que je voulais ?Il tourne enf
---SelenaLe silence de l’appartement est presque irréel. Comme si la nuit avait figé chaque instant, suspendu le temps entre nous. Pourtant, l’aube est là, glissant à travers les rideaux, projetant une lumière grise sur les draps défaits.Je le regarde s’habiller, chaque mouvement précis, maîtrisé. Ses épaules sont tendues, son regard est ailleurs.L’appel de Luka a tout changé.Mais en réalité, Viktor n’a jamais cessé d’attendre ce moment. Il savait qu’il arriverait. Moi aussi.— On part quand ? demandé-je en nouant mes cheveux.Il termine de boutonner sa chemise, s’approche lentement.— Dans une heure.Une heure. Soixante minutes avant de quitter Moscou. Avant de tout laisser derrière nous.Je devrais avoir peur. De ce qui nous attend. De ce que ça signifie. Mais tout ce que je ressens, c’est une étrange certitude.J’ai choisi cette route. J’ai choisi Viktor.Et je ne reviendrai pas en arrière.Il s’arrête devant moi, glisse une main sur ma joue. Son pouce effleure ma peau, une ca
SelenaMoscou est silencieuse sous la neige.Les lampadaires diffusent une lumière blafarde, et le vent souffle entre les immeubles, soulevant des volutes de poudre blanche.Je marche à côté de Viktor, emmitouflée dans mon manteau.Il ne parle pas. Il ne fume pas.Il est juste là.Présent.C’est suffisant.Nous traversons les rues désertes, avançant sans but précis. Après la tempête, il ne reste que ce calme étrange, ce flottement entre deux mondes.Le monde d’avant Sergueï.Le monde d’après.Mais Viktor n’a pas changé.Il est toujours cette tempête silencieuse, cet homme hanté par ses propres démons.Et moi ?Moi, je refuse de le laisser sombrer.— Tu veux rentrer ? demandé-je doucement.Il secoue la tête.— Pas encore.Nous continuons d’avancer.Il est tard. La ville dort.Seuls les fantômes errent encore.Et nous en faisons partie.Le bruit de nos pas est étouffé par la neige. Parfois, un néon grésille au-dessus d’une devanture fermée, projetant une lumière crue sur l’asphalte glac
SelenaL’air sent la fumée et le whisky.Viktor s’est endormi, son corps tendu même dans le sommeil.Je suis assise sur le bord du lit, les genoux repliés, observant la lueur blafarde du matin filtrer à travers les rideaux.C’est fini.Sergueï Ivanov est mort.Le fantôme qui hantait Viktor depuis des années a disparu, sa silhouette effacée sous une mare de sang.Alors pourquoi ce vide en moi ?Pourquoi cette sensation que la guerre ne s’est pas arrêtée, mais qu’elle a juste changé de visage ?Je frissonne et me lève, traversant la pièce en silence.Je prends mon téléphone et sors sur le balcon.Le froid de Moscou mord ma peau nue, mais je l’ignore.Je compose un numéro.Une tonalité. Deux.Puis une voix rauque décroche.— Selena.— Luka.Un silence.— Il est vivant ?— Oui. Mais il…Les mots restent coincés dans ma gorge.— Il est brisé, murmure Luka.Je ferme les yeux.— Oui.Un soupir à l’autre bout du fil.— Je m’en occupe. Ramène-le à la maison.Je raccroche.Ramène-le à la maison
ViktorL’aube n’a même pas eu le temps de s’imposer que la nuit me réclame déjà.Le message d’Ilya tourne en boucle dans ma tête alors que je roule dans le silence d’une Moscou encore endormie, les rues désertes noyées sous un brouillard épais, comme si la ville elle-même savait que le sang n’en avait pas fini avec elle.Selena dort encore, abandonnée dans mes draps, sa peau marquée par moi, ses lèvres rouges de mes morsures. Une part de moi voulait rester, la regarder respirer, la croire à l’abri du reste du monde. Mais ce monde est à moi, pourri jusqu’à l’os, et il ne la laissera pas tranquille tant que je serai vivant.Ilya m’attend devant un immeuble abandonné, les mains dans les poches, l’air plus sombre que d’habitude. Ses yeux me fixent avant même que je coupe le moteur.— T’as mis le temps. balance-t-il, sans bouger.— J’ai laissé un cadavre derrière moi hier soir. Ça demande un peu de… digestion.Ilya ricane, un son sec, sans amusement.— Tu crois que c’est fini, Viktor ? Tu
ViktorL’aube est un poison lent.Le jour se lève sur Moscou, étouffant la nuit d’une lumière froide.Mais en moi, c’est toujours l’obscurité.Je suis debout devant la fenêtre, une cigarette entre les doigts, et je regarde la ville s’étirer sous moi.Selena dort encore.Son corps est à moitié couvert par le drap, sa peau marquée par la nuit que nous avons partagée.J’ai laissé mes empreintes sur elle.Elle a laissé les siennes sur moi.Mais la guerre n’attend pas.Mon téléphone vibre sur la table de nuit.Je décroche sans un mot.— On l’a trouvé.Ma main se crispe sur le verre que je tiens.Une seconde de silence.Puis ma voix tombe, glaciale.— Où ?— Un entrepôt, près du port. Il ne bouge plus. Il t’attend.Je raccroche.Selena ouvre lentement les yeux.Elle me regarde un instant, encore engourdie par le sommeil, puis elle voit mon expression.Et elle comprend.— C’est le moment. murmure-t-elle.Je hoche la tête.Elle se redresse, laisse le drap glisser sur sa peau nue, mais ses yeu
ViktorTout ce que je veux, c’est du sang.Sergueï Ivanov a survécu.Il a attendu dans l’ombre.Et maintenant, il est prêt à frapper.Mais moi aussi.— Tu ne dors pas.Sa voix brise le silence.Je tourne la tête vers elle.Elle est allongée sur le lit, ses cheveux épars sur l’oreiller, son visage éclairé par la lueur pâle de la lune.Ses doigts effleurent le drap entre nous.— Je ne peux pas.Elle se redresse lentement.Son regard s’accroche au mien.— Tu penses à lui.Bien sûr que je pense à lui.À son sourire carnassier.À la haine dans ses yeux.À la douleur qu’il a laissée derrière lui, comme une cicatrice indélébile.— Je vais le tuer. dis-je d’une voix rauque.Selena ne réagit pas tout de suite.Puis, elle murmure :— Et après ?Je fronce les sourcils.— Après quoi ?— Après que tu l’auras tué. Qu’est-ce qu’il restera de toi ?Je la fixe.Elle attend une réponse.Mais je n’en ai pas.Je n’y ai jamais pensé.Parce que la vengeance, c’est tout ce qu’il me reste.SelenaViktor est