À l’aéroport, Ferrand menait Romane, Roland, et les autres à travers un couloir réservé, mais au moment où ils s’apprêtaient à franchir la porte principale, Patrick a fait une apparition inattendue. Ses yeux, chargés de significations tues, se sont posés sur Romane. « Mme Caron… » a-t-il murmuré d’une voix empreinte d’une gravité troublante.Ce titre a fait vaciller l’âme de Romane. Elle a entrouvert les lèvres, prête à corriger l’homme comme elle l’avait souvent fait par le passé, mais cette fois, elle s’est contentée de demander doucement : « Patrick, que fais-tu ici ? »Patrick lui a répondu : « Vous êtes libre de partir si tel est votre désir, mais M. Caron a insisté… » Il a marqué une pause, avant de reprendre : « Vous ne pouvez pas vous échapper avec les associés de Vincent. »À ces mots, l’aura de Ferrand s’est densifiée, se chargeant d’une menace à peine voilée. Romane, quant à elle, les sourcils froncés, a scruté Ferrand, son esprit en proie à une lutte intérieure, tiraillé
Cet homme semblait une bête sauvage dans l’obscurité de la nuit, chaque pas résonnant lourdement sur le cœur des témoins. Une oppression presque tangible s’intensifiait à mesure qu’il se rapprochait, faisant reculer ceux qui croisaient son chemin.À l’instant où Javier se préparait à s’approcher davantage de Romane, Roland a intercepté vivement le poignet de la jeune femme. « Madame Olivier, faites attention ! » s’est-il exclamé, dans un geste protecteur manifeste pour la placer derrière lui. Cependant, Romane s’est montrée plus déterminée que jamais, restant stoïquement immobile, ne montrant aucun signe de faiblesse. Elle savait que si Roland tentait de la protéger, cela pourrait lui coûter cher.Javier, avec ses doigts blancs et délicats, a attrapé doucement la mâchoire de Romane, la pressant avec une douceur trompeuse. Sa fraîche haleine, bien qu’agréable, portait en elle un danger mortel. « Il semble que vous me connaissiez bien, n’est-ce pas ? » Sa voix contenait un léger rire,
Il était de notoriété publique que les trois clans, bien qu’ils ne soient pas habitués à coopérer étroitement, maintenaient une harmonie de façade. Une telle façade était cruciale ; en effet, si une dispute éclatait, cela pourrait déstabiliser toute la structure de la Sienne.Cependant, Javier, en amenant Romane ici, avait indubitablement rompu cet équilibre délicat. Lui, membre de la famille royale en Sienne, portait sur ses épaules une responsabilité accrue de maintenir cette harmonie.« Tu n’as pas peur de devenir un pécheur de la pire espèce ? » a lancé Claire, le regard empli d’un froid glacial.Les yeux de Javier se sont assombris, témoignant de sa colère contenue. Il trouvait cette femme incroyablement obstinée et exaspérante ; même dans une situation aussi tendue, elle osait encore remettre en cause ses actions.« Penses-tu vraiment que cela me préoccupe ? » a-t-il répondu d’une voix basse et menaçante.« Oui, ça t’est égal », a rétorqué Claire avec un rire sarcastique, « tu ne
Depuis six semaines qu’elle habitait l’île isolée, Romane s’était habituée à contempler l’océan depuis le balcon de sa chambre, perchée au troisième étage. La mer, qui entourait l’île de toutes parts, s’étendait à l’infini, lui rappelant l’immensité de sa captivité.Elle avait bien tenté de se promener sur l’île, mais après quelques excursions, elle avait compris que s’échapper de ce lieu serait une entreprise bien plus ardue qu’elle ne l’avait imaginé. Depuis son arrivée, orchestrée par les hommes de Javier, elle avait été coupée de toute communication avec l’extérieur. Ignorante des événements se déroulant en Sienne, ses pensées se tournaient souvent vers Claire, et surtout vers Vincent. Les regards menaçants de Ferrand, croisés ce jour-là, hantaient parfois son esprit. Soudain, le bruit caractéristique des hélices s’est fait entendre. Levant les yeux, Romane a aperçu un hélicoptère qui se posait sur la plage non loin de là. Des hommes en costume noir en sont descendus avec ordre et
Romane était pleinement consciente que sa petite taille avait été un obstacle majeur dans sa carrière, lui ayant coûté de nombreuses opportunités professionnelles. Cependant, elle n’était pas prête à accepter que cela devienne une raison pour subir des attaques personnelles.Elle a fixé Javier d’un regard perçant, empreint d’une fermeté inébranlable. « Pensez-vous vraiment que nous soyons faits l’un pour l’autre ? » a-t-elle interrogé avec intensité.Après ces mots, Javier a observé la stature extrêmement menue de la femme qui se tenait devant lui. À côté de sa grande taille, elle semblait presque éclipsée, son apparence ne reflétant guère l’image majestueuse que devait projeter une princesse héritière.« Mais vous êtes après tout la nièce de Richard ! Peu importe que l’apparence ne corresponde pas, votre statut est suffisant ! » a-t-il répliqué avec condescendance.Dans un mouvement rapide, Romane n’a pas pu retenir son geste et a claqué le dos de la main qui la tenait fermement.Libé
Après avoir apposé sa signature avec défiance, Romane a saisi le document et l’a projeté avec force sur le visage de Javier. Un murmure unanime s’est élevé parmi les témoins de la scène, stupéfaits par le tempérament fougueux de cette femme de si petite stature.Javier, d’ordinaire si admiré par les dames, était soudainement confronté à ce geste audacieux de la part de Romane, et son visage s’est teinté d’une pâleur verdâtre. Le regard qu’il a posé sur elle est devenu glacial.Impassible, Romane a interrogé d’un ton ferme : « Puis-je la voir maintenant ? »« Demain, tu pourras la voir », a-t-il répondu avant de se lever pour ranger le contrat de mariage. Il a tendu ensuite le document à l’avocat qui l’accompagnait, lequel l’a réceptionné avec une révérence.Javier, reprenant contenance, a offert à nouveau sa main à Romane avec une bonhomie feinte : « Allons-y, ma princesse ! »Princesse ? En effet, la famille Ernst, illustre lignée royale de la Sienne, avait maintenu son prestige à tra
Dans la lumière tamisée de la salle, Arthur observait Romane qui, d'un mouvement gracieux, s’est retournée pour partir, son dos trahissant une force et une distance insoupçonnées. Cette séparation, presque palpable entre eux, semblait charger l'air d'un ressentiment ancestral, tissé au fil des âges, que Romane cherchait désespérément à surmonter pour s'éloigner définitivement de lui.La rancune accumulée au fil de deux existences rendait pour elle l'idée même de pardonner à cet homme insoutenable. Arthur, quant à lui, s’est raidi, immobilisé par un éclair de douleur qui a traversé ses yeux les plongeant dans une tristesse abyssale.Une interrogation lancinante le hantait sans cesse : Romane avait-elle, elle aussi, voyagé dans le temps comme lui ? Si tel était le cas, comment pourrait-il alors briser cette barrière infranchissable qui les séparait ? Comment pourrait-elle un jour lui accorder son pardon ?Là-bas, au loin, les yeux de Patrick se sont perdus dans la direction qu'avait pris
Dans l'atmosphère tendue de leur confrontation, Richard a posé sur Romane un regard qui glaçait le sang. « Que veux-tu dire exactement ? » a-t-il demandé d'une voix où perçait une froideur mordante.Romane, avec une détermination teintée de frustration, lui a répondu : « Si tu acceptes de rompre nos liens et de me laisser quitter le groupe Roi Inter, il annulera ce contrat de mariage. » Lorsqu'elle avait apposé sa signature sur les documents, son expression trahissait une colère retenue ; pourtant, elle avait mûrement réfléchi à cette issue, son cœur battant la chamade après d'innombrables retournements.Javier cherchait désespérément l'appui influent de la famille Brunet, et il n'était pas le seul ; ses frères aussi convoitaient cette alliance. Celui qui parviendrait à s'assurer le soutien des Brunet serait indéniablement le mieux placé pour prendre la tête de la famille Ernst.Richard comprenait cela, et c'était la source de son immense colère. Il était inconcevable pour lui de per
Romane demeurait ancrée sur place, immobile telle une statue de marbre, irradiante d'une froideur glaciale. Sa voix, d'une tonalité presque polaire, a tranché l'air avec une clarté redoutable : « J'ai dit, peu importe la douleur que vous endurez, c'est ce que vous méritez ! ».Elle n'a pas attendu de réponse. Tournant les talons avec une détermination silencieuse, elle s'est éloignée, tandis qu'Arthur restait cloué, enveloppé dans un halo de froideur inexorable…Les mots de Romane, « vous le méritez », résonnaient en boucle dans son esprit, des lames invisibles fendant son intégrité mentale en morceaux.« Nous le méritons… », a-t-il murmuré, chaque syllabe chuchotée comme un poison, ressentant son cœur s'alourdir de cette peine insoutenable.C'était leur châtiment ? La mort de Lina pesait lourdement, un fardeau qu'il pensait suffisant. Pourquoi Romane ne pouvait-elle pas se détacher de cette rancœur frigorifique ? Plus il s'y attardait, plus l'oppression dans sa poitrine devenait intol
Cependant, Romane n’a pas pu s'empêcher de rétorquer avec une froide détermination : « Je ne veux pas l'entendre ! »« Romane, cette affaire n'est nullement à ton avantage, ni pour toi ni pour Lina… »« Assez, Arthur, tu en as vraiment assez dit ! »Lina… Même à cet instant, il osait encore évoquer son nom devant elle ? Arthur était-il déraisonnable ou se raccrochait-il toujours à l'image de Lina comme à un souvenir tendre et impérissable ? Toutefois, pour Arthur, la réaction véhémente de Romane confirmait les observations d'Yves : Lina était un sujet interdit dans le cœur de Romane, une blessure qu'elle préférait garder loin des paroles des autres.« Romane, je sais, je sais que tu es déchirée par le conflit qui vous sépare… »« Déchirée ? » Arthur a été interrompu net par le regard acéré et ironique de Romane, un rire sardonique s'échappant de ses lèvres. « À quel point crois-tu que Lina et toi pouvez encore me blesser ? » a-t-elle rétorqué, mordante.« Romane ! » Face au mépris
Arthur, troublé par ses propres sentiments, a commencé à cibler Romane, espérant ardemment qu'elle réponde à l'appel désespéré de l'enfant en quête d'un amour maternel. Cette préférence d'Arthur pour la petite fille en question exacerbait la jalousie et la rage de Romane. Là où il avait consacré jadis toute son attention à Lina, il la focaliserait désormais sur la progéniture de cette dernière.« Comment décris-tu la sensation d'être consumé par le feu ? » a subitement demandé Arthur, son regard perçant se posant sur Romane avec une intensité inédite.Le teint de Romane a pâli brusquement alors qu'un frisson imperceptible la parcourait. « Le feu qui dévorait la prison était si ardent qu'il m'a brûlé jusqu'à la peau... » a-t-elle dit en accentuant ostensiblement le mot « prison », savourant chaque syllabe avec une amertume contenue.L'acuité du regard d'Arthur s’est faite plus aiguë encore, chaque muscle de son visage trahissant une tension palpable. « Et que ressent-on lorsque l'on som
Cependant, Javier, pris dans le tumulte de ses émotions, a continué d'ignorer les alarmes qui lui criaient de s'arrêter. Sa main se faisait chaque seconde plus lourde autour du cou délicat de Claire. Puis, soudainement, « Clap ! » : le son retentissant d'une gifle l’a ramené à la réalité, dissipant sa colère aveugle en un instant.Les spectateurs tremblants, figés par la tension ambiante, ont retenu leur souffle après que Claire ait administré cette claque retentissante à Javier. Personne n'en croyait ses yeux : Javier, l'intouchable, venait bel et bien de se faire frapper !Claire, animée d'une force qu'on ne lui soupçonnait pas, s’est dégagée de son emprise et a planté son regard sombre dans celui de Javier. Une lueur de défi perçait dans ses prunelles alors qu'elle lançait, moqueuse : « Homme incompétent ! »La foule, hébétée, pensait soudain que Claire avait perdu la raison, qu'elle avait basculé dans une folie audacieuse. Seul Gaspard semblait rester ancré dans la logique. Il conn
La conversation téléphonique était marquée par une tension palpable, alors que la respiration de Javier s'accélérait, témoignant de sa colère montante. Claire, attentivement à l’écoute de ces indices sonores, comprenait parfaitement l'état d'esprit de l'homme à l'autre bout du fil. Ce n'est pas seulement l'amour de celui-ci qui permet de connaître quelqu'un profondément, pensait-elle, mais plutôt le temps passé à ses côtés. Et du temps avec Javier, elle en avait passé assez pour le cerner parfaitement.« Si tu n’as rien d’important à dire, je vais raccrocher ! » Sa voix était ferme, un rappel à Javier qu’elle, Claire, n'était plus un simple objet à sa disposition mais désormais la femme de son petit frère. Les conventions sociales l’obligeaient à revoir son traitement envers elle.Javier, déjà en proie à une furieuse tempête intérieure, a senti sa colère décupler lorsque Claire a mis fin à l'appel sans hésitation. L’image obsédante de Claire et Joe dansant ensemble lors de la fête de
La pochette contenait une série de photos, abîmées par le temps, évoquant des souvenirs flous et empreints de mystère. Leur simple vue a fait blanchir le visage de Romane, une lueur de méfiance et de colère se dessinant dans ses yeux, alors qu'elle dévisageait Arthur avec une intensité renouvelée. Dans un élan de rage incontrôlable, elle a saisi le cendrier, ses intentions clairement affichées par le geste brusque et déterminé de son bras.Cependant, alors que sa main s'est élevée, prête à exécuter son acte de rébellion spectaculaire, le regard sombre d'Arthur l’a transpercée, silencieux mais lourd de menace implicite. Romane, emportée par une colère qui ébranlait son être tout entier, a suspendu son geste. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait frénétiquement, témoin de sa lutte pour retrouver un semblant de maîtrise d'elle-même.Dans un geste soudain et presque de désespoir, le cendrier a échappé à sa main, tombant sur le sol avec un fracas qui a résonné dans le silence glacé. Pourt
L'intervention orchestrée par Vincent, qui avait permis l'apparition de Lina, a accéléré inexorablement l'effondrement du mariage entre Romane et Arthur. Quand Richard a appris cette nouvelle, son visage s’est rembruni. Même si Romane avait beaucoup souffert, la responsabilité en incombait en partie à Vincent. Cependant, il fallait reconnaître que ce dernier avait révélé une réalité incontournable. Vu l'attitude d'Arthur à l'égard de Lina à ce moment-là, même sans elle, quelqu'un d'autre serait probablement intervenu en raison de son passé tumultueux....Après la fête, une effervescence a régné à la Villa Vitry, chacun s'affairant à remettre de l'ordre et à nettoyer. Romane a alors demandé à son chauffeur de la conduire aux Monts Cabanne, consciente que Camille l'attendait avec impatience.À peine l’avait-elle vue que la petite fille a éclaté de rire, élevant ses bras potelés vers le ciel et se précipitant vers elle dans une robe adorable. Ses petites jambes dodues séduisaient tous
« Mais tu n'as pas le charme du cochon de la Villa des feuilles rouges ! » a-t-elle insinuée, maudissant Arthur avec une véhémence qui cachait ironiquement une certaine tendresse, bien que comparé à un cochon, il lui manquait le charme de ce dernier.Lorsque Romane a évoqué le cochon de compagnie, les yeux d'Arthur se sont écarquillés, et son esprit était emporté dans un tourbillon de souvenirs, revisitant les instants précieux passés ensemble à la Ville Q. Le cochon, cadeau d'anniversaire qu'il avait offert à Romane, restait dans une taille perpétuellement douce, tout comme l'étaient alors leurs plaisirs partagés. À cette époque, c'était le plus grand bonheur de Romane, et à ses côtés, elle vivait sans jamais désirer plus que cette sincérité et cette simplicité…Après leur confrontation, Arthur est sorti de la villa, désorienté par une tempête émotionnelle, juste à temps pour croiser Richard dans le grand hall d'entrée, occupé à saluer ses derniers invités. Richard, en le voyant, avai
Le grand banquet de la famille Brunet avait plongé Sienne dans un émoi sans précédent, captivant l’attention de tous les grands médias, qui se sont empressés de le couvrir. Les photos de Romane et Cyril, main dans la main, circulaient sur toutes les plateformes. À les voir, avec leurs visages presque identiques, il était évident pour tous qu’ils étaient jumeaux.Richard, Léna, Romane et Cyril ont posé pour une photo de famille qui a fait le tour de Sienne, devenant une véritable sensation.À la fin de la soirée, Claire est sortie de la fête, drapée dans le trench-coat de Joe, une image d’élégance accompagnant un homme réservé. Ce tableau ne pouvait qu’enflammer davantage l’imaginaire médiatique. Joe, figure mystérieuse au parcours difficile à retracer, avait refait surface en public après tant d’années, et ce, en présence de sa femme.Claire était prête à s'installer dans la voiture et a croisé le regard de Javier, dont l’agitation était palpable. Il avait une nouvelle compagne à ses c