Dans la salle austère où se déroulait son interrogatoire, Lucie était assaillie de questions qui se répétaient inlassablement. Après une dizaine de fois, son esprit semblait se transformer en purée sous la pression.« Où étiez-vous ? »« J’étais à la Villa des Feuilles Rouges ce jour-là », a-t-elle répondu d'une voix lasse.« Et avec qui étiez-vous ? »« Avec ma mère ! »« Mlle Caron... Vous... »« Mlle Caron, on... » « Mlle Caron, nous soupçonnons... »À chaque répétition de son nom, un frisson de froideur et d'étrangeté la parcourait. Chaque réponse devait être pensée, mesurée, malgré l'épuisement qui la gagnait. Les questions variaient légèrement à chaque fois, rendant l'exercice d'autant plus déroutant.C'est alors que l'officier chargé de la transcription est réapparu, le visage encore plus sévère qu'auparavant. « Mlle Caron, concernant l'affaire de l'enlèvement de Lina et celle de la fiancée de Gilbert, il semble que nous devions envisager un procès. »À ces mots, le visage de L
Romane exprimait ses sentiments avec une émotion palpable, mais elle s’est refusée à articuler les mots qui lui brûlaient les lèvres.« Alors, tu n'as toujours pas tourné la page ? Toujours à parler avec le cœur en miettes ? » Claire ne supportait pas de voir Romane dans cet état. À ses yeux, Romane était une personne d'une bonté rare, quelqu'un qu'il fallait chérir profondément. Quant à Arthur, il était certes un homme excellent, mais il ne semblait pas la traiter avec le soin qu'elle méritait.« J'ai tourné la page depuis bien longtemps », a répliqué Romane d'une voix posée. « Je tiens simplement à te partager mon expérience, pour que tu ne tombes pas dans le piège de belles paroles amoureuses sans substance. »« Non, cela ne m'arrivera pas ! » s'est exclamée Claire avec véhémence. La perspective des hommes et de l'amour la rebutait, particulièrement après avoir été témoin de l'échec matrimonial de Romane. Entre le harcèlement, les faux-semblants et les manipulations, elle en était é
En cette soirée agitée, Romane se tenait aux côtés de Vincent, son téléphone n'arrêtant pas de vibrer avec les appels incessants de Julie. Chaque appel dévoilait un peu plus sur les intrications du projet de la banlieue Est, pour lequel leur studio de design était chargé. Julie, étroitement liée au projet, était la première à relayer les nouvelles urgentes. Grâce à elle, Romane a rapidement compris que l'affaire de la banlieue Est n'impliquait pas de simples ouvriers ; tous avaient une grande importance aux yeux de Vincent, y compris Sarah qui se trouvait, hélas, sur le site lors de l'incident.« Pourquoi le bâtiment s'est-il effondré ? Que s'est-il exactement passé ? Qui sait ! » Romane sentait son cœur se serrer face à cette catastrophe qui frappait leur projet. Dans un tel chaos, leur studio ne pouvait demeurer indemne.Au téléphone, Julie tentait de rassurer : « Je vais voir ce qui se passe. Mais toi, tu devrais aller en Sienne, d'accord ? »« Retourner en Sienne ? » s'est exclamée
Perdue dans ses pensées, Romane ne s’est pas rappelée comment elle était retournée à Otto Studio. Julie était toujours là, une présence rassurante dans le tumulte ambiant.À la vue de Romane, pâle comme un linge, Julie a consulté sa montre-bracelet. « Tu devrais être en route pour l'aéroport à cette heure. Pourquoi es-tu ici ? »« Crois-tu vraiment que je puisse partir dans ces conditions ? » Romane a posé la question, un frisson d'incertitude dans la voix. Cette fois, c’était l’œuvre d'Arthur, avec ses manœuvres impitoyables, et Romane soupçonnait fortement que l’accident en banlieue Est était de sa facture.« Tu penses qu'Arthur va t'empêcher de partir ? »« Non, c’est plutôt que je me sens pris au piège, incapable de partir de mon plein gré. » L'importance capitale du projet de la banlieue Est et les répercussions autour d'AthéNa rendaient toute cette affaire loin d'être anodine.Les autorités ne pouvaient se permettre de laisser Romane quitter Villa Q, pas avant que ces complicatio
Les projets d’Arthur à l’étranger ?Romane, jusqu'alors ignorante, avait finalement compris la profondeur des racines d'Arthur. Une seule journée avait suffi pour que l'équilibre précaire soit rompu, et l'inquiétude pour Richard, isolé de son côté, ne cessait de croître. Elle n'avait pu s'empêcher de lui demander avec une pointe d'angoisse : « Tu es sûr qu'il n'y aura pas de problème de ton côté, n'est-ce pas ? »« Absolument pas ! » a-t-il répondu fermement.« Arthur ne t'a pas… fait de mal ? » a-t-elle insisté.« Non ! » La réponse de Richard a apporté un soulagement certain à Romane, même si la guerre froide entre elle et Arthur perdurait. Malgré leur conflit, elle se faisait un sang d'encre pour lui, craignant les réactions imprévisibles d'Arthur....Cette fois-ci, Lucie se retrouvait embourbée dans une affaire plus grave que prévu. Elle qui avait toujours pris ses précautions se voyait confrontée à une accumulation de preuves accablantes : relevés bancaires, chronologie des évén
Patrick observait Arthur frissonner sous le poids des mots. Le terme « innocente » semblait lui brûler la gorge. En ce moment, dans l'étendue de Ville Q, quiconque avait le moindre lien avec Romane paraissait coupable aux yeux d'Arthur. Quant à l'affaire Romane, malgré une enquête minutieuse, aucun indice n'avait été trouvé, ce qui amenait Patrick à penser que l'affaire était bien plus complexe qu'il n'y paraissait.Dire qu'il n'y avait aucune chance pour que Arthur et Romane se réconcilient était, selon Patrick, strictement impensable....Au même instant, Romane était absorbée par son travail au studio Otto. Les problèmes survenus dans la banlieue est avaient pris une telle ampleur que tous les collaborateurs qui avait pris l’initiative à coopérer avec elle suggérait à ce moment précis de rompre leur contrat.Julie, prenant les choses en main, est entrée dans le bureau où Romane, après avoir vérifié minutieusement ses plans de design, a réalisé que ceux-ci étaient exempts d'erreurs e
Il vouait une confiance aveugle et sans faille à Lucie, la sœur de cœur avec qui il avait partagé son enfance. C'est pourquoi, quelles que soient les preuves accumulées par Romane, elles seraient vaines et se retourneraient contre elle. Cette fois, le sort de Claire était devenu le prix à payer dans cette lutte de loyautés.Après avoir raccroché, Romane a appelé Joe, soulignant l'inutilité de creuser davantage dans le passé de Lucie. Loin d'être abattue ou désespérée, Romane semblait résignée. Elle avait compris qu'Arthur, aveuglé par son affection pour Lucie, refusait de voir la vérité. Pour lui, Romane n'était plus digne de confiance ; pire, si elle tentait de prouver son innocence par ses propres moyens, elle risquait d'entraîner ses proches dans sa chute. L'amour d'Arthur pour Lucie avait des allures de pathologie.…Après une visite impromptue au commissariat, Romane en est ressortie pour rejoindre Claire qui venait d'être interrogée. Claire, visiblement affaiblie et consciente q
D'une démarche sereine et imperturbable, Romane avait quitté l'aéroport, son esprit libre de toute préoccupation concernant Arthur. Peu après, un appel de Joe l’a dirigée immédiatement vers les bureaux d'AthéNa. Dès son entrée dans le vaste hall de l'entreprise, une voix familière l’a saluée : « Romanie ! » C'était Zoé. En ces temps troublés, l'entendre prononcer son surnom avec tant de naturel était presque surréaliste, témoignant d'une maîtrise de soi remarquable chez Zoé.La réceptionniste, une certaine appréhension dans la voix, s'est approchée avec hésitation. « Mme Olivier, elle a insisté pour vous attendre. » Son incertitude quant à l’emploi du temps de Romane rendait sa tâche plus ardue, surtout dans cette période agitée. Après tout, les Caron étaient une famille influente de la ville Q, et il était prudent de ne pas provoquer leur colère.D'un geste de la main, Romane a congédié la réceptionniste, puis a fixé Zoé d'un regard glacial. « Que me voulez-vous donc ? » a-t-elle dem