En cette soirée agitée, Romane se tenait aux côtés de Vincent, son téléphone n'arrêtant pas de vibrer avec les appels incessants de Julie. Chaque appel dévoilait un peu plus sur les intrications du projet de la banlieue Est, pour lequel leur studio de design était chargé. Julie, étroitement liée au projet, était la première à relayer les nouvelles urgentes. Grâce à elle, Romane a rapidement compris que l'affaire de la banlieue Est n'impliquait pas de simples ouvriers ; tous avaient une grande importance aux yeux de Vincent, y compris Sarah qui se trouvait, hélas, sur le site lors de l'incident.« Pourquoi le bâtiment s'est-il effondré ? Que s'est-il exactement passé ? Qui sait ! » Romane sentait son cœur se serrer face à cette catastrophe qui frappait leur projet. Dans un tel chaos, leur studio ne pouvait demeurer indemne.Au téléphone, Julie tentait de rassurer : « Je vais voir ce qui se passe. Mais toi, tu devrais aller en Sienne, d'accord ? »« Retourner en Sienne ? » s'est exclamée
Perdue dans ses pensées, Romane ne s’est pas rappelée comment elle était retournée à Otto Studio. Julie était toujours là, une présence rassurante dans le tumulte ambiant.À la vue de Romane, pâle comme un linge, Julie a consulté sa montre-bracelet. « Tu devrais être en route pour l'aéroport à cette heure. Pourquoi es-tu ici ? »« Crois-tu vraiment que je puisse partir dans ces conditions ? » Romane a posé la question, un frisson d'incertitude dans la voix. Cette fois, c’était l’œuvre d'Arthur, avec ses manœuvres impitoyables, et Romane soupçonnait fortement que l’accident en banlieue Est était de sa facture.« Tu penses qu'Arthur va t'empêcher de partir ? »« Non, c’est plutôt que je me sens pris au piège, incapable de partir de mon plein gré. » L'importance capitale du projet de la banlieue Est et les répercussions autour d'AthéNa rendaient toute cette affaire loin d'être anodine.Les autorités ne pouvaient se permettre de laisser Romane quitter Villa Q, pas avant que ces complicatio
Les projets d’Arthur à l’étranger ?Romane, jusqu'alors ignorante, avait finalement compris la profondeur des racines d'Arthur. Une seule journée avait suffi pour que l'équilibre précaire soit rompu, et l'inquiétude pour Richard, isolé de son côté, ne cessait de croître. Elle n'avait pu s'empêcher de lui demander avec une pointe d'angoisse : « Tu es sûr qu'il n'y aura pas de problème de ton côté, n'est-ce pas ? »« Absolument pas ! » a-t-il répondu fermement.« Arthur ne t'a pas… fait de mal ? » a-t-elle insisté.« Non ! » La réponse de Richard a apporté un soulagement certain à Romane, même si la guerre froide entre elle et Arthur perdurait. Malgré leur conflit, elle se faisait un sang d'encre pour lui, craignant les réactions imprévisibles d'Arthur....Cette fois-ci, Lucie se retrouvait embourbée dans une affaire plus grave que prévu. Elle qui avait toujours pris ses précautions se voyait confrontée à une accumulation de preuves accablantes : relevés bancaires, chronologie des évén
Patrick observait Arthur frissonner sous le poids des mots. Le terme « innocente » semblait lui brûler la gorge. En ce moment, dans l'étendue de Ville Q, quiconque avait le moindre lien avec Romane paraissait coupable aux yeux d'Arthur. Quant à l'affaire Romane, malgré une enquête minutieuse, aucun indice n'avait été trouvé, ce qui amenait Patrick à penser que l'affaire était bien plus complexe qu'il n'y paraissait.Dire qu'il n'y avait aucune chance pour que Arthur et Romane se réconcilient était, selon Patrick, strictement impensable....Au même instant, Romane était absorbée par son travail au studio Otto. Les problèmes survenus dans la banlieue est avaient pris une telle ampleur que tous les collaborateurs qui avait pris l’initiative à coopérer avec elle suggérait à ce moment précis de rompre leur contrat.Julie, prenant les choses en main, est entrée dans le bureau où Romane, après avoir vérifié minutieusement ses plans de design, a réalisé que ceux-ci étaient exempts d'erreurs e
Il vouait une confiance aveugle et sans faille à Lucie, la sœur de cœur avec qui il avait partagé son enfance. C'est pourquoi, quelles que soient les preuves accumulées par Romane, elles seraient vaines et se retourneraient contre elle. Cette fois, le sort de Claire était devenu le prix à payer dans cette lutte de loyautés.Après avoir raccroché, Romane a appelé Joe, soulignant l'inutilité de creuser davantage dans le passé de Lucie. Loin d'être abattue ou désespérée, Romane semblait résignée. Elle avait compris qu'Arthur, aveuglé par son affection pour Lucie, refusait de voir la vérité. Pour lui, Romane n'était plus digne de confiance ; pire, si elle tentait de prouver son innocence par ses propres moyens, elle risquait d'entraîner ses proches dans sa chute. L'amour d'Arthur pour Lucie avait des allures de pathologie.…Après une visite impromptue au commissariat, Romane en est ressortie pour rejoindre Claire qui venait d'être interrogée. Claire, visiblement affaiblie et consciente q
D'une démarche sereine et imperturbable, Romane avait quitté l'aéroport, son esprit libre de toute préoccupation concernant Arthur. Peu après, un appel de Joe l’a dirigée immédiatement vers les bureaux d'AthéNa. Dès son entrée dans le vaste hall de l'entreprise, une voix familière l’a saluée : « Romanie ! » C'était Zoé. En ces temps troublés, l'entendre prononcer son surnom avec tant de naturel était presque surréaliste, témoignant d'une maîtrise de soi remarquable chez Zoé.La réceptionniste, une certaine appréhension dans la voix, s'est approchée avec hésitation. « Mme Olivier, elle a insisté pour vous attendre. » Son incertitude quant à l’emploi du temps de Romane rendait sa tâche plus ardue, surtout dans cette période agitée. Après tout, les Caron étaient une famille influente de la ville Q, et il était prudent de ne pas provoquer leur colère.D'un geste de la main, Romane a congédié la réceptionniste, puis a fixé Zoé d'un regard glacial. « Que me voulez-vous donc ? » a-t-elle dem
Tout avait toujours semblé transparent entre Zoé et Lucie, mais récemment, Zoé se trouvait contrainte de remettre en question la vérité de tout ce qu'elles avaient vécu ensemble. « Maman, pourquoi me fixes-tu ainsi ? » Lucie, le cœur serré, scrutait le visage de Zoé, empreint d'une gravité inhabituelle.Zoé observait Lucie de manière intense, son regard scrutateur paralysant tout dialogue. Le silence prolongé exacerbait l'angoisse de Lucie, qui percevait dans le mutisme de sa mère un préambule à un orage imminent.« Je, je… Maman, c'est Romane, elle m'a contrainte ! » balbutiait Lucie, sa voix trahissant une panique sincère. L'autorité habituellement modérée de Zoé prenait, dans ces instants, la forme d'une torture psychologique. Depuis la révélation de la vraie identité de Romane, Zoé lui avait instamment demandé de ménager Romane et d'éviter tout conflit. Pourtant, cette fois, la cause de ses tourments résidait dans une imprudence : son assistante avait exhumé son compte social secr
Devant l'assentiment de Lucie, le visage de Zoé s’est subitement durci, perdant toute trace de la douceur et de la tendresse qu'il arborait quelques instants auparavant. Elle a lâché brusquement la main de Lucie.Lucie, interloquée, s'est exclamée : « Maman ? » Elle scrutait Zoé avec incrédulité, ne comprenant pas comment l'expression de sa mère, si bienveillante jusqu'alors, pouvait s'être muée en une froideur implacable en un si court instant.Les yeux de Zoé brûlaient d'une colère vive : « Qu'est-ce que tu crois être ? Qu'est-ce que tu crois être ? » a-t-elle répété d'un ton cinglant.« Maman ? Qu'est-ce que tu racontes ? » La voix de Lucie tremblait, le cœur serré par l'incompréhension. Elle n'arrivait pas à croire que Zoé, qui l'avait toujours choyée et protégée, puisse se montrer si dure envers elle. Zoé n'avait jamais affiché une telle attitude envers elle, bien qu'elle l'ait souvent adoptée avec Romane. Chaque fois que leur regard se croisait, la mère adoucissait son expression
Romane demeurait ancrée sur place, immobile telle une statue de marbre, irradiante d'une froideur glaciale. Sa voix, d'une tonalité presque polaire, a tranché l'air avec une clarté redoutable : « J'ai dit, peu importe la douleur que vous endurez, c'est ce que vous méritez ! ».Elle n'a pas attendu de réponse. Tournant les talons avec une détermination silencieuse, elle s'est éloignée, tandis qu'Arthur restait cloué, enveloppé dans un halo de froideur inexorable…Les mots de Romane, « vous le méritez », résonnaient en boucle dans son esprit, des lames invisibles fendant son intégrité mentale en morceaux.« Nous le méritons… », a-t-il murmuré, chaque syllabe chuchotée comme un poison, ressentant son cœur s'alourdir de cette peine insoutenable.C'était leur châtiment ? La mort de Lina pesait lourdement, un fardeau qu'il pensait suffisant. Pourquoi Romane ne pouvait-elle pas se détacher de cette rancœur frigorifique ? Plus il s'y attardait, plus l'oppression dans sa poitrine devenait intol
Cependant, Romane n’a pas pu s'empêcher de rétorquer avec une froide détermination : « Je ne veux pas l'entendre ! »« Romane, cette affaire n'est nullement à ton avantage, ni pour toi ni pour Lina… »« Assez, Arthur, tu en as vraiment assez dit ! »Lina… Même à cet instant, il osait encore évoquer son nom devant elle ? Arthur était-il déraisonnable ou se raccrochait-il toujours à l'image de Lina comme à un souvenir tendre et impérissable ? Toutefois, pour Arthur, la réaction véhémente de Romane confirmait les observations d'Yves : Lina était un sujet interdit dans le cœur de Romane, une blessure qu'elle préférait garder loin des paroles des autres.« Romane, je sais, je sais que tu es déchirée par le conflit qui vous sépare… »« Déchirée ? » Arthur a été interrompu net par le regard acéré et ironique de Romane, un rire sardonique s'échappant de ses lèvres. « À quel point crois-tu que Lina et toi pouvez encore me blesser ? » a-t-elle rétorqué, mordante.« Romane ! » Face au mépris
Arthur, troublé par ses propres sentiments, a commencé à cibler Romane, espérant ardemment qu'elle réponde à l'appel désespéré de l'enfant en quête d'un amour maternel. Cette préférence d'Arthur pour la petite fille en question exacerbait la jalousie et la rage de Romane. Là où il avait consacré jadis toute son attention à Lina, il la focaliserait désormais sur la progéniture de cette dernière.« Comment décris-tu la sensation d'être consumé par le feu ? » a subitement demandé Arthur, son regard perçant se posant sur Romane avec une intensité inédite.Le teint de Romane a pâli brusquement alors qu'un frisson imperceptible la parcourait. « Le feu qui dévorait la prison était si ardent qu'il m'a brûlé jusqu'à la peau... » a-t-elle dit en accentuant ostensiblement le mot « prison », savourant chaque syllabe avec une amertume contenue.L'acuité du regard d'Arthur s’est faite plus aiguë encore, chaque muscle de son visage trahissant une tension palpable. « Et que ressent-on lorsque l'on som
Cependant, Javier, pris dans le tumulte de ses émotions, a continué d'ignorer les alarmes qui lui criaient de s'arrêter. Sa main se faisait chaque seconde plus lourde autour du cou délicat de Claire. Puis, soudainement, « Clap ! » : le son retentissant d'une gifle l’a ramené à la réalité, dissipant sa colère aveugle en un instant.Les spectateurs tremblants, figés par la tension ambiante, ont retenu leur souffle après que Claire ait administré cette claque retentissante à Javier. Personne n'en croyait ses yeux : Javier, l'intouchable, venait bel et bien de se faire frapper !Claire, animée d'une force qu'on ne lui soupçonnait pas, s’est dégagée de son emprise et a planté son regard sombre dans celui de Javier. Une lueur de défi perçait dans ses prunelles alors qu'elle lançait, moqueuse : « Homme incompétent ! »La foule, hébétée, pensait soudain que Claire avait perdu la raison, qu'elle avait basculé dans une folie audacieuse. Seul Gaspard semblait rester ancré dans la logique. Il conn
La conversation téléphonique était marquée par une tension palpable, alors que la respiration de Javier s'accélérait, témoignant de sa colère montante. Claire, attentivement à l’écoute de ces indices sonores, comprenait parfaitement l'état d'esprit de l'homme à l'autre bout du fil. Ce n'est pas seulement l'amour de celui-ci qui permet de connaître quelqu'un profondément, pensait-elle, mais plutôt le temps passé à ses côtés. Et du temps avec Javier, elle en avait passé assez pour le cerner parfaitement.« Si tu n’as rien d’important à dire, je vais raccrocher ! » Sa voix était ferme, un rappel à Javier qu’elle, Claire, n'était plus un simple objet à sa disposition mais désormais la femme de son petit frère. Les conventions sociales l’obligeaient à revoir son traitement envers elle.Javier, déjà en proie à une furieuse tempête intérieure, a senti sa colère décupler lorsque Claire a mis fin à l'appel sans hésitation. L’image obsédante de Claire et Joe dansant ensemble lors de la fête de
La pochette contenait une série de photos, abîmées par le temps, évoquant des souvenirs flous et empreints de mystère. Leur simple vue a fait blanchir le visage de Romane, une lueur de méfiance et de colère se dessinant dans ses yeux, alors qu'elle dévisageait Arthur avec une intensité renouvelée. Dans un élan de rage incontrôlable, elle a saisi le cendrier, ses intentions clairement affichées par le geste brusque et déterminé de son bras.Cependant, alors que sa main s'est élevée, prête à exécuter son acte de rébellion spectaculaire, le regard sombre d'Arthur l’a transpercée, silencieux mais lourd de menace implicite. Romane, emportée par une colère qui ébranlait son être tout entier, a suspendu son geste. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait frénétiquement, témoin de sa lutte pour retrouver un semblant de maîtrise d'elle-même.Dans un geste soudain et presque de désespoir, le cendrier a échappé à sa main, tombant sur le sol avec un fracas qui a résonné dans le silence glacé. Pourt
L'intervention orchestrée par Vincent, qui avait permis l'apparition de Lina, a accéléré inexorablement l'effondrement du mariage entre Romane et Arthur. Quand Richard a appris cette nouvelle, son visage s’est rembruni. Même si Romane avait beaucoup souffert, la responsabilité en incombait en partie à Vincent. Cependant, il fallait reconnaître que ce dernier avait révélé une réalité incontournable. Vu l'attitude d'Arthur à l'égard de Lina à ce moment-là, même sans elle, quelqu'un d'autre serait probablement intervenu en raison de son passé tumultueux....Après la fête, une effervescence a régné à la Villa Vitry, chacun s'affairant à remettre de l'ordre et à nettoyer. Romane a alors demandé à son chauffeur de la conduire aux Monts Cabanne, consciente que Camille l'attendait avec impatience.À peine l’avait-elle vue que la petite fille a éclaté de rire, élevant ses bras potelés vers le ciel et se précipitant vers elle dans une robe adorable. Ses petites jambes dodues séduisaient tous
« Mais tu n'as pas le charme du cochon de la Villa des feuilles rouges ! » a-t-elle insinuée, maudissant Arthur avec une véhémence qui cachait ironiquement une certaine tendresse, bien que comparé à un cochon, il lui manquait le charme de ce dernier.Lorsque Romane a évoqué le cochon de compagnie, les yeux d'Arthur se sont écarquillés, et son esprit était emporté dans un tourbillon de souvenirs, revisitant les instants précieux passés ensemble à la Ville Q. Le cochon, cadeau d'anniversaire qu'il avait offert à Romane, restait dans une taille perpétuellement douce, tout comme l'étaient alors leurs plaisirs partagés. À cette époque, c'était le plus grand bonheur de Romane, et à ses côtés, elle vivait sans jamais désirer plus que cette sincérité et cette simplicité…Après leur confrontation, Arthur est sorti de la villa, désorienté par une tempête émotionnelle, juste à temps pour croiser Richard dans le grand hall d'entrée, occupé à saluer ses derniers invités. Richard, en le voyant, avai
Le grand banquet de la famille Brunet avait plongé Sienne dans un émoi sans précédent, captivant l’attention de tous les grands médias, qui se sont empressés de le couvrir. Les photos de Romane et Cyril, main dans la main, circulaient sur toutes les plateformes. À les voir, avec leurs visages presque identiques, il était évident pour tous qu’ils étaient jumeaux.Richard, Léna, Romane et Cyril ont posé pour une photo de famille qui a fait le tour de Sienne, devenant une véritable sensation.À la fin de la soirée, Claire est sortie de la fête, drapée dans le trench-coat de Joe, une image d’élégance accompagnant un homme réservé. Ce tableau ne pouvait qu’enflammer davantage l’imaginaire médiatique. Joe, figure mystérieuse au parcours difficile à retracer, avait refait surface en public après tant d’années, et ce, en présence de sa femme.Claire était prête à s'installer dans la voiture et a croisé le regard de Javier, dont l’agitation était palpable. Il avait une nouvelle compagne à ses c