L’appréhension. C’était un étrange sentiment. Elle bouillait en elle si intensément qu’elle en perdait toute notion du temps. Wivine le sentait, au plus profond d’elle-même. Cette sensation la prenait à la gorge, elle descendait jusqu’à sa poitrine, affolant les battements de son cœur et faisait trembler ses membres un à un. Ses bras, ses mains puis ses jambes. Ça tressautait, ça vibrait. De plus en plus fort, de plus en plus vite. Les poils blonds de ses bras se redressèrent soudainement. Une vision rouge sang prit place dans son esprit et lui glaça entièrement les veines. Une intuition, voilà ce que c’était, et ça, Wivine ne pouvait l’ignorer.
Ce n’était jamais de bon augure, ce genre de pressentiment. Cela signifiait bien souvent le malheur, la souffrance, la peur. Et la mort. Et ce dernier songe était hélas le pire d’entre tous.
Une nouvelle essence prit part de son être : l’adrénaline. Elle la fit lever d’un bond de sa table, renversant toutes les fioles dans la hâte. Ses herbes, si nombreuses soient-elles, tombèrent une à une sur le sol. Son vieux grimoire fut bousculé dans son mouvement, mais elle n’y prêta pas attention parce que ses jambes la menaient jusqu’à sa fenêtre. Il se passait quelque chose, elle le pressentait, il fallait qu’elle aille voir ça de plus près.
Un couinement retentit à sa gauche, Wivine n’eut pas besoin de tourner sa tête vers l’origine de ce son apeuré pour comprendre que sa louve était réveillée.
— Rendors-toi, Adsila, ordonna-t-elle d’un ton ferme.
Elle posa hâtivement son regard sur l’animal au pelage blanc. Adsila était allongée près du feu de la cheminée, elle la jaugeait d’une œillade inquiète, sentant très perceptiblement toute sa détresse. Malgré l’amplitude de sa fourrure immaculée, on pouvait distinguer son ventre rond. La louve attendait des petits et selon la grosseur de son abdomen, ses louveteaux n’allaient pas tarder à pointer le bout de leur nez. Malgré l’approche de son terme, Adsila n’était pas si éreintée que cela, elle se dressa sur ses quatre pattes pour rejoindre sa maitresse, faisant abstraction de l’injonction de celle-ci.
Elle se coucha près d’elle pendant que la jeune femme continuait d’observer l’extérieur. Cette dernière se mordit les lèvres en saisissant fermement son pendentif doré. Elle se répéta inlassablement les mots qui calmèrent un tant soit peu sa crainte :
Soleil et Lune,
Forces de ma fortune.
Protégez la Terre,
Purifiez-la de votre flamme,
Avivez-la de votre air,
Nettoyez-la de vos larmes.
Une force absolue s’éleva dans son être, ses membres cessèrent de trépider. Elle était prête. Ses yeux verts parcoururent les profondeurs de la nuit, uniquement éclairés par une lune argentée. La forêt où elle logeait était parsemée de sapins, elle rendait le crépuscule beaucoup plus sombre, mais sa vue lui permettait de voir comme le jour. D’ailleurs, son regard se dirigea vers les trois loups qui étaient sur leur garde, ils avaient senti tout comme elle le danger. Ils écoutèrent le silence de la nuit, les oreilles dressées sur leur tête et reniflèrent le sol pour flairer la vie. Mais un hurlement lointain résonna tout à coup dans la clairière, un frisson courut l’échine de Wivine et les loups grondèrent.
— Jolan, murmura-t-elle.
Adsila se mit à gémir brusquement, elle avait entendu son appel elle-aussi. Elle se redressa de nouveau lorsque Wivine enfila sa lourde cape, elle s’apprêta à la suivre dehors, mais la jeune femme l’intima de rester dans la maisonnée en un regard appuyé.
Quand elle en sortit, elle foula silencieusement l’herbe mouillée et gagna les trois canidés qui en furent bientôt cinq. Elle les examina un à un, tous avaient une fourrure distincte. Noir, roux, marron ou les trois en même temps. Ils étaient grands et forts, ils se hissaient puissamment sur leurs pattes et leurs yeux révélaient une immense fierté. La meute se tourna vers elle comme un seul homme, ils attendirent patiemment ses ordres et l’observèrent en silence. Wivine se mit à écouter le chant nocturne, là où avait jailli le hurlement de Jolan. Son plus fidèle compagnon, le père des loups, l’âme-sœur d’Adsila.
Pourvu que rien ne lui soit arrivé.
— Il faut retrouver Jolan, leur dit-elle calmement, soyez prudents, ne vous montrez en aucun cas. Nous sommes envahis.
Sans attendre, ils s’enfoncèrent dans la forêt. Seul le plus jeune, Grifon, resta au près d’elle pendant qu’elle laissa sa force surgir autour d’elle. Il se coucha sur le ventre en l’étudiant, son oreille droite se plia fébrilement lorsqu’elle se mit à parler d’un dialecte étranger. Il veillait sur elle, malgré tout. Il se devait de la protéger. Elle faisait partie de sa meute, elle en avait toujours fait partie. D’aussi loin qu’il ne s’en souvenait, la jolie blonde s’était continuellement occupée de lui. Elle assurait sa protection depuis qu’il était un louveteau, et ce soir, c’était à lui d’en faire de même. Wivine était sa priorité, l’essence même de son existence, si elle advenait à disparaitre alors il se laisserait mourir.
Grifon inclina la tête sur le côté pour mieux l’examiner. Ses cheveux blonds ondulaient à chaque mouvement docile, ses yeux d’ordinaires verts s’étaient si éclaircis qu’ils paraissaient translucides et sa silhouette svelte mouvait si bien dans ces lieux qu’on pouvait croire qu’un esprit hantait la forêt. C’était ce qu’elle était : un esprit vagabond, la lumière de la vie, l’espoir de la Terre.
Elle était cette étincelle de la nature, elle s’habillait comme telle et vivait recluse, loin de la vie humaine. On la traitait de paria, de sorcière ou de diablesse, mais elle n’en avait que faire. Son existence était auprès de cette forêt qu’elle protégerait au péril de sa propre destinée. Elle continua de danser sous le clair de la lune, projetant une partie de son énergie autour de son foyer, néanmoins elle fut interrompue par des clameurs. Elle cessa tout mouvement et se tourna vers ces cris irascibles, Grifon la rejoignit à ses pieds et demeura auprès d’elle dans ce cercle qu’elle avait créée en plein cœur de la sapinière.
Des flammes illuminaient la pénombre, les vociférations troublèrent la sérénité. Le cœur de Wivine se mit à trembler dans sa poitrine. Ainsi voilà donc qu’ils venaient à la chercher, mais le sort qu’elle avait jeté les empêcherait de l’approcher. Maudits soient-ils, ces hommes et leurs coutumes ! Elle ne leur avait rien demandé, son rôle était de défendre cette Terre alors pourquoi venait-on la déranger, elle et sa nature ?
Elle serra le poing et contracta la mâchoire. Qu’ils viennent donc, ils goûteront à sa colère. Les torches de feu s’avancèrent, les ombres se frayèrent et les cris se firent plus denses. Wivine écarquilla les yeux à la vision d’horreur qui s’offrait à elle. Elle porta une main sur sa poitrine, terrifiée, et empêcha une plainte d’en sortir.
Oh non, mon Jolan. Pas mon Jolan. Mon dieu…mon dieu. MON DIEU !
Sa tête ensanglantée était suspendue sur l’un des piquets, elle en tomba sur ses genoux, le souffle coupé. Un déchirement érafla entièrement son abdomen, la douleur était si foudroyante que Wivine en perdait son assurance. Grifon se mit à couiner soudainement, il pleurait aussi la perte de son père. C’était donc ça qu’elle avait senti : Jolan était en danger et elle ne l’avait pas sauvé.
Mon Jolan. Mon pauvre Jolan…
Les larmes floutèrent son champ de vision, elle se plia en deux et se mit à hurler sa souffrance. Son cri strident résonna dans la clairière si intensément que les oiseaux s’enfuirent dans un grand battement d’ailes. Il vibra à l’horizon, se répéta tel un écho. Les hommes s’effondrèrent à terre en se bouchant les oreilles. Wivine cessa de s’époumoner une fois qu’elle manquait d’air et ce fut dans un silence de plomb que les loups répondirent à son appel.
La jeune femme se pencha sur les brindilles d’herbe, elle les fixa longuement pendant que l’eau ruisselait de ses joues limpides, s’évaporant instantanément au contact de la terre. Elle sentit sa puissance la quitter peu à peu. Son cercle faiblissait, son énergie diminuait, sa raison d’être s’était perdue à jamais.
Jolan. C’était lui qui l’avait trouvée. Elle n’était qu’une petite fille orpheline alors qu’elle errait seule dans la contrée. Il était jeune et solitaire et pourtant il n’avait pas hésité à lui faire une petite place dans sa grotte. Ils mangeaient ensemble, ils dormaient ensemble, ils vivaient ensemble. Ils avaient grandi à deux, ils avaient établi une connexion immuable. Elle était sa gardienne, il était son serviteur. Un lien indéfectible les unissait depuis leur première rencontre. Il a fondé sa propre famille, elle est devenue la marraine de ses fils. Il était son foyer.
Et maintenant, il était mort.
Elle serra ses mains autour de cette terre qu’elle chérissait, elle en arracha quelques bribes, des plantes jaunes et violettes, laissant la colère envahir et noircir son cœur peiné. Son corps fut brutalement secoué de spasmes et les larmes qui ruisselaient sur ses joues s’évaporèrent sur sa peau ardente. Ses yeux la brûlèrent au même moment, une douleur si fulgurante qu’elle en ferma un instant les paupières. Elle gémit, trembla et griffa le sol. Sa rage était si forte qu’elle sentit une toute autre puissance entrer en elle et lorsqu’elle rouvrit ses yeux, ils en devinrent aussi rouges que le sang.
Elle ne tremblait plus, elle n’avait plus mal, elle n’était plus faible.
Elle se redressa sur ses deux jambes et fixa avec mépris les hommes qui se hissaient péniblement, les oreilles sanguinolentes. Elle haussa le menton alors qu’ils commençaient à la pointer du doigt, apeurés :
— Démone ! Retourne en enfer, sale sorcière ! cria l’un d’eux.
Elle leva les bras en continuant de les scruter sans ciller, l’air autour d’elle s’alourdit, les feuilles se soulevèrent dans son dos et Grifon se mit en position d’attaque.
« Meurs ! songea-t-elle»
Elle pointa sa main sur les assassins et le temps se ralentit aussitôt. L’assaut était prononcé. Le loup à ses pieds gronda et bondit sur ses quatre pattes, il se projeta sur l’un deux et lui déchiqueta le cou sous ses hurlements. Les branches d’arbres transpercèrent les humains qui se trouvaient en première ligne et les quatre autres canidés fondirent soudainement sur leur proie. Des renards qui avaient également entendu son ordre aidèrent les loups à tuer les villageois et quelques coyotes se laissèrent tenter de dévorer certains d’entre eux. Wivine observait cette scène avec satisfaction jusqu’à ce qu’Adsila se mit à briser la porte de la cabane et à agir selon le bon vouloir de sa maitresse.
— Non ! s’écria-t-elle. Reviens ici !
Mais il était trop tard, elle se fondit dans le champ de bataille en ignorant son appel. Durant un instant, elle gagnait le combat. Les hommes tombaient un à un dans un cri effroyable, les corps se laminaient dans un bruit de succions répugnants et son pouvoir grandissait à mesure qu’elle prenait la vie.
Seulement, comme toute vengeance, il y avait un prix à payer.
Les survivants empalèrent les animaux qui obéissaient, des couinements de douleur retentissaient, du sang inondaient la verdure. La forêt si apaisante autrefois était devenue un véritable chaos. Wivine s’en rendit seulement compte quand elle vit tous ses compagnons s’éparpiller sur le sol, parfois en lambeau. Un cri de rage sortit de ses lèvres lorsqu’elle aperçut le corps sans vie de sa louve, son pelage blanc était devenu vermeil au niveau de son abdomen et ses yeux fixaient le néant. Ils vont le payer, pour ce qu’ils lui ont fait ! A elle, à ses fils, et à ses enfants à naître. Ils allaient tous mourir !
Des hommes et des femmes s’approchèrent d’elle, armés jusqu’aux dents.
— Tu ne peux plus rien faire, sale sorcière ! s’égosilla un homme avec une lance.
— Tes petits toutous sont tous morts ! tonna une femme en attrapant une flèche dans son carquois. Ils sont partis rejoindre Satan, tout comme toi tu vas le rejoindre, traitresse !
Elle les fusilla du regard alors qu’ils commençaient à charger. Elle leva la tête vers la lune argentée, des larmes se mirent à couler devant sa beauté, elle pria de toute ses forces en serrant ses herbes entre ses mains :
Lune,
Force de ma fortune.
J'en appelle à ta puissance,
Pour exaucer ma vengeance.
Au prix des vies sacrifiées,
Brûle leurs existences damnées.
De leurs armes mortelles,
De ces herbes éternelles,
Elles en seront nuisibles,
A tous ces êtres inadmissibles.
Leur destinée maudite se répétera,
A ton éveil, tu les rappelleras,
L'erreur de leur vie passée,
De leurs esprits réincarnés.
Pour toutes les générations à venir,
Je te demande de les maudire.
La lune se mit soudainement à scintiller. Elle ouvrit en grand ses yeux et leva son bras vers l’astre dans un geste désespéré, cependant elle chuta au dernier instant. Une flèche se planta cruellement dans son cœur et la foudroya d’un seul coup. Le regard fixé vers le ciel étincelant, elle sourit une dernière fois, agonisante. Elle s’éteignit doucement, répandant dès lors la malédiction lunaire autour d’elle.
Août 2015Rosalie était tout excitée. Pour la première fois de sa vie, elle avait terriblement hâte de rentrer à lamaison.Elle était partie deux longues semaines loin de sa ville natale, à essayer de se dorer à la plage. Sans succès bien sûr, puisqu’elle avait la peau si laiteuse qu’elle rougissait au moindre faisceau de lumière. Mais elle s’en moquait totalement, bien qu’elle arbore de jolies taches de rousseur sur ses pommettes colorées. Sa longue chevelure rousse tombait en cascade sur ses épaules, cette dernière faisait souvent l’objet de nombreuses railleries à l’école, comme elle en fascinait plus d’un. Ses yeux d’un bleu étonnamment foncé détaillaient le paysage un à un, s’écarquillant à chacune de ses découve
Rosalie ne parvenait plus à se rendormir une fois que le soleil proéminait le ciel bleuté. Il illuminait si bien sa chambre qu’il était difficile de ne pas y prêter attention. Il n’était que sept heures lorsqu’elle décida de se lever. Elle bondit hors de son lit et attrapa son téléphone pour fouiller dedans. Quelques notifications y figuraient, rien de bien intéressant, si ce n’était la réponse de sa meilleure amie. Elle avait rendez-vous avec cette dernière dans le parc de leur petite ville, mais à dix heures tapantes. Elle avait tout son temps en somme, seulement la jeune fille était pressée de la retrouver.Elle voulait tout lui raconter. De ses vacances passées à la plage, ce beau garçon avec qui elle avait gentiment flirté, sa petite altercation avec Dean et aussi de ce qu’elle avait vu dans le noir. Pour
Deux semaines complètes s’étaient écoulées depuis sa fameuse découverte. Elles avaient passé à une vitesse folle, malgré le fait que Rosalie s’ennuyait quelquefois. Sa meilleure amie, Sarah, était désormais loin d’elle pour se préparer pour la rentrée, alors aucune activité ne semblait être assez satisfaisante pour tuer le temps. Elle reprenait de temps à autre le dessin, toujours focalisée sur cette ombre en pleine nuit, mais ses pensées restaient en permanence centrées sur le pendentif qu’elle avait trouvé dans le parc. Et ses questionnements également.De maintes et maintes fois, elle avait effectué des infructueuses recherches à son sujet, mais elle ne trouva rien de très intéressant, la plupart des liens sur Google la dirigeant sans cesse vers des sites de bijouteries. Elle l’a
Rosalie descendit du véhicule, encore sonnée par son rêve particulièrement déroutant. Ses yeux foncés se mirent à louvoyer entre les différents bâtiments qui faisaient partie du décor externe. L’architecture était très ancienne, grise, un peu moyenâgeuse en raison de leur toit et de leurs petites fenêtres, mais c’était ce qui faisait le charme de l’université. Certaines bâtisses étaient à juste titre des sites où se déroulaient la plupart des cours magistraux et des travaux pratiques, d’autres étaient tout simplement des endroits pour s’y loger. Les édifices n’étaient pas aussi gigantesques que les gratte-ciels à New-York, néanmoins ils n’étaient pas moins imposants et nombreux.La rouquine ne savait plus où regarder. A droite, à gauche ou
Les deux colocataires passèrent toute l’après-midi à discuter de tout et de rien après avoir ordonné leurs affaires et installé quelques jolies décorations à leur goût, tels que des posters de leurs groupes de musique favoris placardés sur les murs, ou encore des petites figurines exposées sur la table de nuit et sur le bureau. C’était avec une immense joie qu’elles se trouvèrent énormément de point en commun. Emma avait le même âge qu’elle, elle avait passé le plus clair de son enfance au Canada puisqu’elle en était originaire, mais elle habitait à Boston avec sa mère. Rosalie apprit également que les parents de cette dernière étaient divorcés, mais elle lui avait confiée que c’était mieux ainsi puisqu’ils ne cessaient de se disputer lorsqu’ils étaient à deux. C’était de son propre chef qu’elle avait décidé d’étudier loin de sa ville et loin d’eux pour prendre sa vie en main; surtout après lui avoir avouée noir sur blanc qu’elle échappait plus précisément son ex-petit-ami, ma
Il était sept heures du matin lorsque Rosalie ouvrit les yeux, réveillée grâce à la lumière du jour qui resplendissait dans la pièce, tel un embrasement presque aveuglant. Elle se frotta les paupières douloureuses avant d’étouffer un bâillement contre son poing, puis elle posa son regard vers le visage endormi d’Emma. Un sourire étira ses lèvres rondes, elle était soulagée d’être tombée sur une jeune fille aussi paisible et agréable. Il était vrai qu’il était encore trop tôt pour se prononcer à propos de son véritable tempérament, mais il y avait quelque chose en elle qui plaisait beaucoup à la rouquine. Peut-être parce qu’elle lui rappelait énormément sa meilleure amie. Certes, Sarah était irremplaçable, néanmoins Rose semblait avoir trouvé une
Septembre 2015Rosalie se promenait tranquillement dans une forêt. Elle sentait la fraîcheur du vent lui transpercer la peau et fouetter son visage. Elle sourit en fermant les yeux, c’était tellement bien de se trouver dans les bois.Toujours les paupières closes, elle écoutait attentivement les bruits qui l’entouraient: le chant des oiseaux, l’eau qui s’écoulait dans la rivière, le vent qui rugissait autour d’elle, les feuilles mortes qui tombaient délicatement sur l’herbe. Elle arrivait à distinguer tout cela en même temps, rien ne lui semblait étrange. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle découvrit de nombreux arbres qui l’encerclaient, quelques champignons ronds sur le sol et des fleurs poussant à l’état sauvage. Elle déambula en parcourant la forêt du regard. C’&eac
Le samedi matin, Rosalie se réveilla de bonne heure, certainement en raison de son horloge interne qui commençait tout juste à s’acclimater de nouveau mode de vie. Emma, quant à elle, dormait toujours profondément pendant que sa colocataire se hâtait pour un petit jogging bien matinal. La petite rousse enfila une tenue de sport et attacha ses cheveux en un gros chignon. Elle n’était pas spécialement fan de la course à pied, mais elle avait trouvé un prétexte pour se balader dans le campus, de plus qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même une envie de se défouler. Elle sortit de la résidence, humant l’air toujours aussi chaud malgré la fin de l’été, puis elle se mit en route en direction de la cafétéria, à proximité de l’université.Ses yeux papillonnèrent tandis qu’e
La douleur la frappait dès son réveil. C’en était absolument saisissant. Son front pulsait en même temps que son cœur, sa bouche, elle, semblait si desséchée qu’elle avait la sensation d’avoir été privée d’eau durant plus de trois jours. Mais ce n’était pas le pire…ça non…elle n’avait plus de souvenir de la veille et cela l’alarmait énormément, puisqu’aucune réponse à ses innombrables questions n’étaient plausibles. Blackout total, un noir inquiétant de cette soirée dont elle se rappelait vaguement les débuts. La forêt, la musique, ses amis…et Arno. Elle se remémorait juste qu’elle le dévisageait, là où elle se trouvait, et que parfois il la prenait sur le fait, se moquant gentiment de sa personne.Expirant un sombre râle
Au cœur de la pénombre, Rosalie avait énormément de mal à distinguer la silhouette d’Arno. Tout ce qu’elle voyait n’était que ses tremblements incontrôlables, et par-dessus tout ses yeux terriblement glacials. Il était énervé, c’était évident, mais le coup qu’elle avait reçu à la tête la rendait indolente. La jeune fille se redressa difficilement tout en se massant l’arrière de son crâne. La douleur pulsait incroyablement, la souffrance était intolérable, quelques vertiges la prenaient, bien qu’elle demeurât encore assise. Elle avait un mal fou à récupérer, de plus que ses repères étaient profondément chamboulés.Les questions inondaient incessamment son esprit et celle qui resta au plus profond de son être était bien évidemment la ra
Les basses des hauts parleurs retentissaient jusque dans leur poitrine. Rosalie sentait son cœur battre en même temps que les percussions dans le fond, mais il remuait tout aussi bien d’une certaine émotion. Il palpitait à mesure qu’elle s’introduisait dans la forêt, l’appréhension était de taille, mais cette nouvelle expérience la mettait de bonne humeur, elle était excitée d’en apprendre plus et de vivre les meilleurs instants de son existence. Ce sentiment s’accentua dans son être lorsqu’elle examina toutes les décorations dans la clairière. Ethan avait raison: ils avaient accroché des enceintes sur les arbres pour qu’ils résonnent tel un écho, les fils tous reliés à une multiprise. La jeune fille marcha sans faire exprès sur ces derniers, seulement elle n’était très certainement
Le samedi matin, Rosalie se réveilla de bonne heure, certainement en raison de son horloge interne qui commençait tout juste à s’acclimater de nouveau mode de vie. Emma, quant à elle, dormait toujours profondément pendant que sa colocataire se hâtait pour un petit jogging bien matinal. La petite rousse enfila une tenue de sport et attacha ses cheveux en un gros chignon. Elle n’était pas spécialement fan de la course à pied, mais elle avait trouvé un prétexte pour se balader dans le campus, de plus qu’elle ressentait au plus profond d’elle-même une envie de se défouler. Elle sortit de la résidence, humant l’air toujours aussi chaud malgré la fin de l’été, puis elle se mit en route en direction de la cafétéria, à proximité de l’université.Ses yeux papillonnèrent tandis qu’e
Septembre 2015Rosalie se promenait tranquillement dans une forêt. Elle sentait la fraîcheur du vent lui transpercer la peau et fouetter son visage. Elle sourit en fermant les yeux, c’était tellement bien de se trouver dans les bois.Toujours les paupières closes, elle écoutait attentivement les bruits qui l’entouraient: le chant des oiseaux, l’eau qui s’écoulait dans la rivière, le vent qui rugissait autour d’elle, les feuilles mortes qui tombaient délicatement sur l’herbe. Elle arrivait à distinguer tout cela en même temps, rien ne lui semblait étrange. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle découvrit de nombreux arbres qui l’encerclaient, quelques champignons ronds sur le sol et des fleurs poussant à l’état sauvage. Elle déambula en parcourant la forêt du regard. C’&eac
Il était sept heures du matin lorsque Rosalie ouvrit les yeux, réveillée grâce à la lumière du jour qui resplendissait dans la pièce, tel un embrasement presque aveuglant. Elle se frotta les paupières douloureuses avant d’étouffer un bâillement contre son poing, puis elle posa son regard vers le visage endormi d’Emma. Un sourire étira ses lèvres rondes, elle était soulagée d’être tombée sur une jeune fille aussi paisible et agréable. Il était vrai qu’il était encore trop tôt pour se prononcer à propos de son véritable tempérament, mais il y avait quelque chose en elle qui plaisait beaucoup à la rouquine. Peut-être parce qu’elle lui rappelait énormément sa meilleure amie. Certes, Sarah était irremplaçable, néanmoins Rose semblait avoir trouvé une
Les deux colocataires passèrent toute l’après-midi à discuter de tout et de rien après avoir ordonné leurs affaires et installé quelques jolies décorations à leur goût, tels que des posters de leurs groupes de musique favoris placardés sur les murs, ou encore des petites figurines exposées sur la table de nuit et sur le bureau. C’était avec une immense joie qu’elles se trouvèrent énormément de point en commun. Emma avait le même âge qu’elle, elle avait passé le plus clair de son enfance au Canada puisqu’elle en était originaire, mais elle habitait à Boston avec sa mère. Rosalie apprit également que les parents de cette dernière étaient divorcés, mais elle lui avait confiée que c’était mieux ainsi puisqu’ils ne cessaient de se disputer lorsqu’ils étaient à deux. C’était de son propre chef qu’elle avait décidé d’étudier loin de sa ville et loin d’eux pour prendre sa vie en main; surtout après lui avoir avouée noir sur blanc qu’elle échappait plus précisément son ex-petit-ami, ma
Rosalie descendit du véhicule, encore sonnée par son rêve particulièrement déroutant. Ses yeux foncés se mirent à louvoyer entre les différents bâtiments qui faisaient partie du décor externe. L’architecture était très ancienne, grise, un peu moyenâgeuse en raison de leur toit et de leurs petites fenêtres, mais c’était ce qui faisait le charme de l’université. Certaines bâtisses étaient à juste titre des sites où se déroulaient la plupart des cours magistraux et des travaux pratiques, d’autres étaient tout simplement des endroits pour s’y loger. Les édifices n’étaient pas aussi gigantesques que les gratte-ciels à New-York, néanmoins ils n’étaient pas moins imposants et nombreux.La rouquine ne savait plus où regarder. A droite, à gauche ou
Deux semaines complètes s’étaient écoulées depuis sa fameuse découverte. Elles avaient passé à une vitesse folle, malgré le fait que Rosalie s’ennuyait quelquefois. Sa meilleure amie, Sarah, était désormais loin d’elle pour se préparer pour la rentrée, alors aucune activité ne semblait être assez satisfaisante pour tuer le temps. Elle reprenait de temps à autre le dessin, toujours focalisée sur cette ombre en pleine nuit, mais ses pensées restaient en permanence centrées sur le pendentif qu’elle avait trouvé dans le parc. Et ses questionnements également.De maintes et maintes fois, elle avait effectué des infructueuses recherches à son sujet, mais elle ne trouva rien de très intéressant, la plupart des liens sur Google la dirigeant sans cesse vers des sites de bijouteries. Elle l’a