Gabriel de Montreuil— Mais une question me hantait encore.— Avais-je vraiment perdu ?L'Heure de Vérité— Aux premières lueurs du jour, le bruit des bottes retentit dans le couloir.— La clé grinça dans la serrure.— Deux gardes pénétrèrent dans la cellule, armés de mousquets et de baïonnettes.— Debout, ordonna l’un d’eux d’une voix sèche.— Je me redressai lentement, mes muscles endoloris protestant à chaque mouvement.— Ils me saisirent par les bras et me traînèrent hors de la prison.— Dehors, la ville était silencieuse.— Un tribunal militaire m’attendait.— Un simulacre de justice avant l’exécution.Le Tribunal du Sang— La salle était bondée.— Officiers français, colons, soldats et citoyens s’étaient rassemblés pour assister à mon jugement.— Au centre, un homme en uniforme bleu se leva lentement.— Le capitaine Rochefort.— Il posa sur moi un regard froid, calculateur.— Gabriel de Montreuil, commença-t-il d’une voix forte.— Vous êtes accusé de haute trahison, de sédition,
Gabriel de MontreuilLa Révolte en Pleine Mer— Un éclair déchira le ciel, illuminant le pont.— Nous passâmes à l’action.— Samuel se jeta sur le premier garde, l’étranglant avec ses chaînes.— Diego arracha une dague à un marin et l’enfonça dans son ventre.— Je m’emparai d’un mousquet et fis feu sur un officier.— Le chaos était total.— Aïda bondit vers la cabine du capitaine.— Elle savait que s’emparer du gouvernail était notre seule chance.— Duval émergea, l’épée à la main.— Tu es encore plus stupide que je ne le pensais, Montreuil !— Il attaqua, sa lame sifflant à quelques centimètres de mon cou.— J’esquivai de justesse, ripostant avec un crochet du droit qui l’envoya valser contre la rambarde.— Il grogna, essuyant du sang sur ses lèvres.— Tu crois que tu peux prendre ce navire ?— Je répondis en lui envoyant un coup de pied dans la poitrine.— Il bascula par-dessus bord.— Sa silhouette disparut dans la mer enragée.Maîtres de Notre Destin— Nous avions gagné.— Le navi
Gabriel de Montreuil— Il nous regarda longuement, puis lança un ordre en langue indigène.— Aussitôt, les villageois commencèrent à se disperser, rassemblant leurs affaires.— Nous ne resterons pas ici pour voir ce qu’ils veulent.— Vous allez fuir ? demandai-je.— Nous avons appris à survivre. La survie, c’est savoir quand disparaître.☾☾☾Les Premiers Coups de Canon— L’après-midi, alors que le soleil était au plus haut, les premiers coups de canon retentirent.— Une explosion secoua la plage en contrebas.— Ils tiraient sur la forêt, au hasard, pour effrayer les habitants.— Samuel jura.— Ils savent qu’il y a du monde ici.— Je pris une profonde inspiration.— Alors nous devons agir vite.— Nous courûmes jusqu’au rivage.— Une chaloupe se détachait déjà du plus grand navire, avançant dans notre direction.— Six hommes armés.— Ils ne venaient pas négocier.— Diego me lança un regard.— On les intercepte ?— Je hochai la tête.— Pas question de les laisser atteindre le village.☾☾
Gabriel de Montreuil— La mer s’étendait à perte de vue, calme et trompeuse.— Le navire capturé avançait lentement, porté par un vent paresseux.— Nous étions libres. Mais pour combien de temps ?— Tahu avait raison. D’autres viendraient.— Et ils ne feraient pas l’erreur de nous sous-estimer une seconde fois.Les Premiers Signes— Trois jours passèrent sans incident.— Diego et Aïda avaient pris le commandement du navire, organisant les tours de garde.— Samuel inspectait la cale, cherchant des ressources utiles.— M’bala soignait les blessés, réduisant le nombre de ceux qui ne pouvaient se battre.— Quant à moi, je restais sur le pont, scrutant l’horizon.— L’inquiétude ne me quittait pas.— Puis, au quatrième jour, elle se justifia.— À l’aube, une silhouette apparut à l’horizon.— Un navire.— Non… Deux.— Aïda serra la mâchoire en les voyant.— Ils nous avaient retrouvés.L’Évasion Impossible— Diego jura en attrapant une longue-vue.— Ce sont des frégates. Ils sont plus rapides
Gabriel de Montreuil— Nous n’avions ni or, ni marchandises précieuses.— Mais nous avions quelque chose de plus dangereux.— Des informations.— Je pris la parole.— Nous savons que la marine prépare une offensive contre Saint-Georges.— Rhys arqua un sourcil.— Prouve-le.— Je tendis les lettres que mon père m’avait données avant mon arrestation.— Des documents prouvant que la France voulait mettre fin aux révoltes… par la force.— Les yeux du pirate s’illuminèrent.— Il éclata de rire.— Bien. Alors vous êtes les bienvenus… tant que vous êtes utiles.Une Alliée Inattendue— Malgré la méfiance ambiante, une personne semblait nous observer avec intérêt.— Une femme, aux longs cheveux sombres et aux vêtements d’homme.— Isadora Valverde.— Bras droit de Rhys, et, selon les rumeurs, bien plus dangereuse que lui.— Elle m’aborda le soir même, un sourire énigmatique sur les lèvres.— Vous jouez un jeu risqué, Montreuil.— J’haussai un sourcil.— C’est ma spécialité.— Elle rit doucement
Gabriel de MontreuilL’Assaut de Vertières— À l’aube, nous avons attaqué.— Les premiers coups de canon ont ouvert la bataille.— Les insurgés ont avancé en rangs serrés, sous une pluie de balles.— Aïda a mené une charge féroce sur le flanc droit.— Diego a pris la tête d’un assaut sur les remparts.— Moi, j’ai combattu au cœur du chaos, l’épée à la main.— Chaque coup porté était une revanche.— Chaque vie prise était une dette payée.— Mais la bataille était loin d’être gagnée.Un Ennemi Inattendu— Alors que nous pensions prendre l’avantage, une rumeur s’est propagée.— Des renforts arrivaient.— Pas n’importe qui.— La Légion Noire, une unité d’élite envoyée par Napoléon lui-même.— Des hommes entraînés pour écraser les révoltes.— Leur chef ?— Charles Beauregard.— L’homme que j’avais tué à Bellefontaine.— Ou du moins, c’est ce que je croyais.Le Duel Recommence— Il est apparu à cheval, en armure, un sourire cruel sur les lèvres.— Surpris de me voir vivant, Montreuil ?— J’a
Gabriel de MontreuilLe Choc de la Trahison– Le monde s’est effondré autour de moi.– Mon père, l’homme qui m’avait élevé.– Celui qui m’avait fait croire à une possible rédemption.– Était l’architecte de cet enfer.– Diego a posé une main sur mon épaule.– Gabriel… qu’est-ce qu’on fait ?– J’ai levé les yeux vers la forteresse.– Mon cœur battait à tout rompre.– Il ne s’agissait plus seulement de vengeance.– Il s’agissait d’éradiquer la racine du mal.– Nous allions frapper au cœur de la bête.L’Heure de la Révolte– Nous avons rassemblé nos forces dans la jungle.– Des esclaves enchaînés avaient entendu parler de nous.– Beaucoup avaient déjà pris les armes.– Ils attendaient une étincelle.– Et nous allions la leur offrir.– À la tombée de la nuit, nous avons attaqué.– Le port a explosé dans un chaos de flammes et de cris.– La forteresse a tremblé sous l’assaut.– Auguste de Montreuil est apparu sur les remparts.– Son regard a croisé le mien.– Un mélange de stupeur et de co
Gabriel de MontreuilLe Dernier Face-à-Face– Le palais du gouverneur était un bastion de luxe et de corruption.– Nous avons été escortés à travers ses couloirs dorés.– Jusqu’à une salle d’audience où trônait un homme que je croyais mort.– Mon père.– Il avait survécu à la chute de l’île.– Il avait survécu à la ruine de son empire.– Et il était toujours aussi puissant.– Gabriel, a-t-il dit en me voyant.– Son ton était calme, presque chaleureux.– J’ai vu la rage dans les yeux d’Aïda, le mépris dans ceux de Diego.– Moi, je me suis contenté de croiser les bras.– Qu’est-ce que tu veux ?– Il a souri légèrement.– Je veux te proposer un marché.L’Offre du Diable– Il a sorti un parchemin, le posant devant moi.– Un décret royal.– L’abolition de l’esclavage en Louisiane.– J’ai plissé les yeux.– Pourquoi me montrer ça ?– Parce que le roi a compris que le temps du changement est venu.– Parce que la révolution gronde.– Et parce qu’ils ont besoin d’un symbole.– J’ai compris à c
Gabriel de MontreuilLe pont du San Telmo grince sous mes pas.Le bois est ancien, pourtant il semble respirer. Les voiles noires frémissent comme la peau d’une créature vivante. Un murmure serpente à travers l’air, une prière oubliée, un avertissement peut-être. Mais il est trop tard pour reculer.Je sens la présence de mes compagnons derrière moi. Diego inspecte le gréement, les traits tendus. M’Bala, silencieux, recharge son fusil, prêt à affronter l’inconnu. Aïda garde le médaillon serré dans sa main, son regard brillant d’une inquiétude qu’elle ne dissimule plus.Puis la Gardienne parle.— Le navire t’appartient, Gabriel de Montreuil. Il est le dernier témoin de ton sang, l’ultime vestige de ce qui fut et de ce qui doit être.Je tourne les yeux vers elle. Son voile d’or scintille sous la lueur irréelle qui baigne le vaisseau.— Où nous mènera-t-il ?Elle incline légèrement la tête.— Là où le pacte l’exige.Un frisson court le long de mon échine. Ce pacte… Je l’ai scellé sans en
Gabriel de MontreuilM’BalaJe plante mon coutelas dans la poitrine d’un des spectres.Il ne bronche pas.Ses mains se referment sur mon cou.Je suffoque.Puis, soudain, une lumière jaillit derrière moi.Je tombe à genoux, haletant.Le médaillon.Aïda s’est levée.Son regard est brûlant.Et le médaillon brille d’une lueur qui n’a rien de naturel.Les morts s’arrêtent.L’ombre, elle, avance.Gabriel de MontreuilLa jungle se déchire dans un rugissement de vent et de cendres.La silhouette cachée dans l’ombre révèle enfin son visage.Un visage que je connais.Mon père.Ou du moins, ce qu’il est devenu.Son regard est froid, inhumain.— Tu aurais dû rester en mer, Gabriel.Sa voix est un murmure de tempête, un écho de mille âmes perdues.Je serre les poings.— Pourquoi es-tu encore là ?Un sourire tordu se dessine sur son visage.— Parce que j’ai échoué.Un silence s’abat sur nous.Puis il lève la main.Et la terre tremble sous nos pieds.DiegoLe sol s’ouvre en un fracas assourdissant.
Gabriel de MontreuilMon père me regarde, ou du moins… ce qui reste de lui.Son visage n’est qu’une ombre du souvenir que j’en avais, ses traits mangés par le temps et la mort. Pourtant, dans ses yeux vides, quelque chose brûle encore. Une lueur. Un avertissement.Le médaillon que j’ai ramassé pulse dans ma main, sa surface froide vibrant contre ma peau.Et derrière lui, la jungle change.Les arbres semblent se courber, leurs racines noires s’étirent comme des griffes prêtes à m’engloutir. Le sol lui-même palpite sous mes pieds. Quelque chose… non, quelqu’un m’observe.— Gabriel…La voix de mon père est un murmure brisé, un souffle venu d’un autre monde.Je serre les dents.— Tu es mort.Il incline lentement la tête, et un rictus tord ses lèvres décomposées.— Oui.Un frisson glacé parcourt mon échine.Puis il lève un doigt décharné et pointe mon cœur.— Mais toi… tu es en train de suivre mon chemin.Le médaillon pulse plus fort.Autour de moi, la jungle se resserre.Et soudain, une v
Gabriel de MontreuilLa mer s’est tue.Les derniers vestiges des galions espagnols dérivent entre les vagues, des planches brisées, des voiles déchirées, et des cadavres flottants que la mer n’a pas encore engloutis. L’odeur du sel et du sang se mélange dans l’air. Le Pavillon Noir est toujours debout, mais il tangue, meurtri par la bataille et les fureurs des eaux maudites.Je serre la barre à m’en blanchir les jointures, le regard fixé sur l’horizon voilé d’une brume épaisse.Derrière moi, Diego s’appuie contre le bastingage, la main sur ses côtes blessées. M’Bala surveille le pont d’un œil attentif, prêt à bondir à la moindre menace.Et Aïda…Aïda respire encore.À chaque inspiration laborieuse qui s’échappe de ses lèvres, je sens une étincelle de rage et d’espoir s’allumer en moi.— Terre en vue !Le cri vient du nid de pie.Je lève les yeux.Devant nous, une masse sombre se découpe lentement dans la brume.Une île.Notre seule chance de survie.Mais aussi notre plus grande menace
Gabriel de MontreuilAïda s’accroche à la vie.Elle respire difficilement, allongée sur le pont du Pavillon Noir, son sang s’infiltrant entre les planches de bois comme une promesse maudite. Ses yeux sont mi-clos, sa peau, plus pâle que je ne l’ai jamais vue.Je presse ma main contre la plaie, ignorant le chaos qui nous entoure.— Tiens bon, Aïda. Tu m’entends ?Sa main tremble, se referme sur mon bras.— Gabriel…Sa voix est un souffle. Faible. Trop faible.M’Bala s’agenouille à côté de moi, son visage d’ordinaire impassible déformé par l’angoisse.— Il faut la descendre à la cabine. Vite.J’acquiesce, incapable de parler.Je la soulève avec précaution. Son corps est léger contre le mien, mais je sens la chaleur de son sang qui s’imprègne dans ma chemise. Je descends d’un pas rapide l’escalier menant à ma cabine, Diego à mes trousses, son bras toujours serré contre ses côtes blessées.À peine la pose-t-on sur la couchette qu’un cri résonne sur le pont.— L’ennemi revient !Je me fige
Gabriel de MontreuilJe serre la sphère dans ma main. Elle pulse, chaude contre ma paume, comme un cœur qui bat au rythme de la tempête à venir.— Au bateau ! crié-je.Aïda passe devant, Diego s’appuie sur M’Bala, les mâchoires crispées sous la douleur, mais il ne ralentit pas. Il sait que s’arrêter, c’est mourir.Nous dévalons la pente rocailleuse qui mène à la crique où nous avons laissé nos canots. Derrière nous, les premiers coups de semonce retentissent.— Ils tirent du large ! hurle Aïda.Je lève les yeux .Une lueur s’élève dans le ciel nocturne.Un boulet enflammé.Il fend l’air avec un sifflement sinistre avant de s’écraser sur la plage, soulevant une gerbe de sable et de roche.Trop près. Beaucoup trop près.— Plus vite !Nos canots sont là, amarrés sous les hautes falaises, bercés par une mer agitée. Nos hommes nous attendent, armes en main. Lorsque nous bondissons à bord, les rames plongent immédiatement dans l’eau noire, propulsant nos frêles esquifs vers la haute mer.Et
Gabriel de MontreuilLe coup de feu éclate.Le commandant espagnol, toujours posté à l’entrée de la crypte, nous observe avec un sourire cruel. Autour de lui, ses hommes s’engouffrent dans la salle, fusils braqués.— Fin de la route, capitaine Montreuil.Il recharge calmement son pistolet, sûr de lui, sûr de sa victoire.Mais il ignore une chose.Nous avons la sphère.Et ce temple est vivant.Je serre l’orbe dans ma main, et dès que mes doigts effleurent les symboles gravés sur sa surface, une onde étrange pulse à travers mes veines.Les murs vibrent.Les fresques illuminées par la lueur des torches s’animent, comme si les figures sculptées s’éveillaient d’un long sommeil.Puis, dans un grondement sourd, la pierre sous nos pieds commence à se fissurer.L’instant d’après, une explosion d’énergie jaillit du cœur de la sphère.Un vent violent balaye la crypte, projetant poussière et éclats de pierre dans toutes les directions.Le commandant espagnol recule d’un pas, pris de court.— Que
Gabriel de MontreuilIls sont là.Aïda, Diego et M’Bala se placent à mes côtés, leurs armes prêtes. Nous échangeons un regard. Il n’y a pas besoin de mots. Nous savons tous ce qui nous attend.Puis la première silhouette émerge de l’obscurité.Un soldat espagnol, fusil en main, la cuirasse poussiéreuse mais l’œil alerte.Derrière lui, d’autres apparaissent, une colonne disciplinée, armée jusqu’aux dents.Et au milieu d’eux, une silhouette plus imposante, drapée dans un manteau noir.Le commandant en charge.Il fait un pas en avant, nous observant comme un prédateur jaugeant ses proies.Puis il sourit.— Gabriel de Montreuil…Sa voix est calme, posée, et pourtant, elle me glace le sang.— L’Empire sait qui tu es. Nous suivons tes traces depuis longtemps. Et aujourd’hui, nous mettons enfin la main sur ce que tu cherchais.Je serre les dents, mon sabre fermement tenu dans ma main.— Si vous êtes venus chercher un trésor, vous vous êtes trompés d’endroit, lancé-je d’une voix glaciale.L’h
Gabriel de MontreuilJe m’approche à mon tour. Les motifs aztèques s’entrelacent avec des inscriptions en espagnol, comme si deux mondes s’étaient affrontés ici. Je lis à voix basse :"Là où dorment les rois, seule la clé ouvrira le passage."Je serre le médaillon dans ma main. Mon père a suivi ces mêmes indices. Il a tenu ce même médaillon. Mais lui… n’est jamais revenu.— On continue, dis-je en avançant.Le couloir s’enfonce dans les entrailles du temple, serpentant entre des colonnes massives et des alcôves remplies de statues de guerriers figés dans la pierre.Puis nous arrivons devant une immense porte de pierre, barrée par une barre de métal rongée par le temps.Je m’approche et examine le centre de la porte.Là, gravé en relief, se trouve le même œil que sur mon médaillon.Je prends une profonde inspiration et pose le bijou contre l’empreinte.Un grondement sourd résonne dans le temple.La pierre tremble.Puis la porte s’ouvre lentement, révélant une salle gigantesque.---Aïda