Isolde ValentyneDante rit doucement, et je sens ses lèvres effleurer ma gorge, déposant une traînée brûlante de baisers le long de ma peau.— Elle est déjà perdue.Raphaël sourit, un éclat dangereux dans le regard.— Elle l’a toujours été.Puis enfin, il me prend.Son baiser est brutal, affamé, sans concession. Il n’y a pas de douceur, pas de patience. Il me vole tout, mon souffle, ma volonté, ma raison. Ses lèvres sont exigeantes, féroces, et je me perds totalement dans cette tempête qu’il déchaîne en moi.Dante ne reste pas en retrait. Ses mains se referment sur ma taille, m’attirant contre lui alors que sa bouche s’attarde sur ma clavicule, sa langue traçant un sillon brûlant contre ma peau.Je gémis, incapable de retenir cette vague de sensations qui me submerge.Raphaël sourit contre mes lèvres, triomphant.— Elle cède.Dante murmure à mon oreille, sa voix un murmure sensuel.— Elle nous appartient.Et quand leurs mains et leurs baisers s’emmêlent, me privant de tout sauf de leu
Isolde ValentyneIl m’attire contre lui, son torse brûlant contre ma peau glacée.— Et si tu arrêtais de penser, juste une fois ?Je ferme les yeux, prise au piège entre eux.Le point de non-retour est déjà loin derrière moi.La mer est déchaînée. Ses vagues s’écrasent contre la falaise, furieuses, implacables. Le vent s’engouffre dans ma robe, gifle ma peau, et pourtant, je reste là, immobile, les pieds ancrés dans la terre comme si cela pouvait me retenir, comme si cela pouvait empêcher ma chute.Derrière moi, le manoir se dresse, imposant, un monstre de pierre et d’ombre. J’entends des pas. Une démarche assurée, lente. Je sais qui c’est avant même qu’il ne parle.Raphaël — Tu comptes sauter, Isolde ?Je ne réponds pas. Mon regard reste fixé sur l’horizon, là où l’eau et le ciel se confondent dans un tumulte indéchiffrable.Il rit doucement, et je sens sa main glisser sur ma hanche, un contact brûlant malgré le froid mordant.— Ce serait dommage, murmure-t-il. Après tout ce qu’on a
Isolde ValentyneLe manoir respire le danger. Chaque mur, chaque ombre semble murmurer un avertissement, une menace silencieuse. La mer continue de gronder derrière moi, mais le vent ne suffit pas à effacer l’odeur du tabac et du sang séché qui flotte dans l’air.Dante et Raphaël sont là, de chaque côté, comme les deux faces d’une même malédiction.Raphaël — Tu as toujours eu le choix, Isolde. Tu as simplement pris la mauvaise décision.Son ton est calme, presque doux. C’est toujours ainsi avec lui. Le venin se glisse sous la caresse.Dante — Elle n’a pas choisi. On lui a imposé un piège doré.Dante s’appuie contre le bureau, son regard braqué sur moi, sombre, impénétrable. Ses phalanges sont encore rougies par la violence. Son corps tendu comme une lame prête à trancher.Je suis prise entre eux. Je le sais. Ils le savent.Raphaël — Regarde-la, Orsini. Regarde-la bien. Elle ne sait plus où elle en est.Je serre les poings. Ma respiration est saccadée. Il y a trop de choses dans cette
Dante OrsiniJe suis à un battement de cœur de l’implosion.Chaque muscle de mon corps est tendu, prêt à frapper, à détruire, à réduire cet homme en cendres.Raphaël Son nom est un poison sur ma langue.Il me regarde avec ce foutu sourire, ce mépris à peine voilé, comme s’il détenait toutes les cartes, comme s’il savait déjà comment cette partie allait se terminer. Il croit qu’il a gagné. Que je vais reculer. Que je vais la lui laisser.Mais il ne comprend rien.Isolde n’est pas une possession. Elle n’est pas une pièce sur son échiquier.Elle est la tempête.Et elle est à moi.Elle tremble entre nous, son regard oscillant de l’un à l’autre. La mer rugit en arrière-plan, le vent s’engouffre dans ses cheveux, fouettant son visage. Elle est magnifique, même au bord du précipice. Surtout au bord du précipice.— Je t’avais prévenue, Isolde, murmure Raphaël, sa voix basse, presque douce.Son bras effleure sa taille.Une fraction de seconde.Une erreur fatale.Je bouge avant même d’y penser
IsoldeJe me retourne lentement.Elle serre ce foutu papier dans ses mains, les jointures blanchies par la pression.Je pourrais lui mentir.Je pourrais lui dire ce qu’elle veut entendre.Mais je ne suis pas cet homme-là.— Qui te l’a donné ? demandé-je, ma voix basse, contenue.— Tu le sais déjà.Bien sûr.— Et tu le crois, lui ?Son regard oscille.— Je veux te croire, murmure-t-elle.Je m’approche d’elle, chaque pas mesuré, chaque mouvement chargé d’un poids invisible.— Alors fais-le.Elle secoue la tête.— Dis-moi pourquoi ton nom est sur cette liste, Dante.Mon silence est une réponse.Elle recule.Une douleur vive me traverse la poitrine.— Dis quelque chose… supplie-t-elle.Je la regarde, vraiment.Son souffle court. Ses yeux brillants.Et je sais.Je sais que si je parle, si je prononce les mots qu’elle redoute, je vais la perdre.Mais je ne peux pas lui donner une illusion.— Je ne peux pas, Isolde.Un éclat passe dans ses prunelles.— Ça veut dire que c’est vrai.Je la lais
IsoldeLa nuit m’avale.Je marche sans savoir où je vais. Le froid mord ma peau, mais c’est à l’intérieur que tout gèle.Dante.Son regard me hante.Ses mots résonnent encore : Si tu pars maintenant, ne reviens pas.Il me savait capable de partir. Il savait que c’était ma nature.Et pourtant, je veux hurler.Il aurait dû me retenir.Mais il ne l’a pas fait.---Je me réfugie dans un hôtel minable, loin du centre, loin de lui.À peine entrée, je me laisse tomber sur le lit. Mes mains tremblent encore, mon souffle est irrégulier. J’ai l’impression qu’on m’a arraché un morceau.Je ferme les yeux, mais tout ce que je vois, c’est lui.Dante.Ses silences. Ses ombres. Ses choix qui nous ont tout pris.Je pourrais lui en vouloir.Je pourrais le haïr.Mais au fond, je sais…Je sais que moi aussi, j’ai détruit quelque chose ce soir.---Le matin arrive trop vite.Le sommeil a été un mirage, un gouffre d’insomnie où chaque seconde s’étirait en une torture.J’attrape mon téléphone.Aucun message
IsoldeNos souffles s’entremêlent, erratiques.Puis il s’arrête.Sa main glisse le long de ma joue.Ses yeux cherchent les miens.Et je lis ce qu’il ne dit pas.Il ne compte pas changer d’avis.La colère refait surface, décuplée par l’angoisse.Isolde – Si tu me laisses derrière, Dante…Je le menace du regard, mais il ne cille pas.Dante – Tu feras quoi, Isolde ?Sa voix est basse, provocante.Je le fixe, le souffle court.Puis je lâche la seule vérité qui compte.Isolde – Je ne survivrai pas à ta mort.Son regard vacille.L’espace d’une seconde.Puis il ferme les yeux, prend une inspiration tremblante.Dante – Putain, Isolde…Il passe une main sur son visage, comme s’il luttait contre lui-même.Je saisis cette faille.Je l’attrape par le col, le force à me regarder.Isolde – Si tu me laisses derrière, je trouverai un moyen de te suivre.Il serre les dents.Sa mâchoire se contracte, ses mains se crispent.Puis il capitule.Dante – Bordel.Il m’attire contre lui, enfouit son visage dan
IsoldeL’air brûle mes poumons. Mon cœur bat si fort qu’il en devient douloureux.Dante serre le volant, les phares illuminant la route qui défile à une vitesse affolante. Derrière nous, la dernière voiture ennemie ne lâche pas prise.Ils sont là. Ils ne reculeront pas.Moi non plus.Dante m’adresse un regard rapide, intense.Dante – Prends le fusil sous ton siège.Je me fige une fraction de seconde avant d’obéir. Sous mon siège, mes doigts rencontrent l’acier froid de l’arme. Je l’attrape, l’adrénaline me rendant insensible à son poids.Dante – Quand je te le dis, tu tires.Je déglutis et hoche la tête.Puis, d’un geste précis, il braque violemment à droite.Les pneus crissent sur l’asphalte, la voiture se balance dangereusement, mais Dante maîtrise la trajectoire.Derrière nous, l’ennemi réagit trop tard.Ils tentent de nous suivre mais mordent légèrement le bas-côté.Une seconde d’hésitation.C’est tout ce dont j’ai besoin.Je me redresse par la fenêtre, le fusil fermement calé con
IsoldeLe silence dans la pièce est lourd de promesses et d’émotions retenues. Chaque souffle, chaque mouvement semble résonner avec une force qui dépasse l’ordinaire. Je me tiens toujours près de la fenêtre, regardant la lumière déclinante du crépuscule, ses teintes or et rose se fondant sur l'horizon. Une lumière douce, presque irréelle, envahit la pièce et enveloppe tout autour de moi dans un halo chaleureux. Mais, au-delà de cette scène tranquille, c’est la présence de Dante qui me marque, me hante, me nourrit.Je n’ai pas à me tourner pour savoir qu’il est là, derrière moi. Il est la constante qui me définit, la force invisible qui me retient à cet endroit, à ce moment précis. Je le sens, presque avant de le voir. Il n’a pas besoin de parler pour que je le ressente. Sa présence est une pression douce, familière, réconfortante. Il est tout ce que je cherchais, tout ce dont j’avais besoin et bien plus.Je ferme les yeux un instant, m’immergeant dans l’instant, dans cette sensation
IsoldeLa nuit qui tombe sur la demeure de Dante est une couverture silencieuse, un voile opaque qui m’isole de tout ce que j’ai pu connaître. La pièce autour de nous semble se rétrécir, comme si le monde entier s’effondrait pour ne laisser que lui et moi, pris dans l’étreinte glaciale de son pouvoir. Son regard est fixé sur moi, une lueur triomphante qui éclaire ses traits avec une certitude glacée.Je le sens, cette emprise de plus en plus forte, cette force qui me presse de tous côtés. Il n’y a plus de répit, plus de fuite possible. Je suis là, dans cet espace où ses mots sont des chaînes et ses gestes des ordres que je me sens incapable de contester.— Tu as peur de ce qui se passe, n'est-ce pas ? me dit-il, sa voix basse et douce, mais l'ombre d’un sourire pervers se dessine sur ses lèvres.Je le fixe en silence, mes lèvres serrées, une partie de moi hurle de s’échapper, mais une autre, plus profonde, plus enfouie, accepte cette réalité avec une amertume douce. Je sais que je sui
IsoldeIl me libère enfin de son emprise, mais le monde autour de moi semble vaciller. Ses mains, maintenant froides, s’éloignent de ma peau, me laissant un vide que je peine à combler. Il recule d’un pas, me dévisageant avec une intensité qui me transperce. Ses yeux, d’un bleu glacé, sont comme deux océans dans lesquels je pourrais me noyer, noyée dans ses mensonges et ses vérités cruelles.— Tu as peur, n’est-ce pas ? me demande-t-il, la voix basse, presque murmurée, comme une caresse meurtrière.J’aspire à la fuite. J’ai envie de courir, de m’échapper de cette pièce étouffante, mais mes jambes sont figées, mes pensées emprisonnées par un enchevêtrement de désir et de terreur. Je sais que je ne peux pas fuir. Pas cette fois.— Peur ? Non, je ne ressens rien, Dante. Rien du tout, lâche-je d’une voix brisée, mais le déni ne me protège plus.Il sourit alors, un sourire à la fois cruel et satisfait, comme s’il venait de découvrir un secret que même moi, je ne connaissais pas.— Mentir n
IsoldeL’aube, timide, peine à se lever. Les premiers rayons hésitent à effleurer les toits de la ville, tandis que Dante, silencieux et sombre, s’avance dans la pénombre, me tirant presque à sa suite. Sa main se ferme autour de mon poignet avec une douceur glacée, une douceur qui trahit pourtant l’intensité de ses pensées. Je n’ose m’opposer à lui. Mes jambes, lourdes de fatigue, m’emprisonnent dans une inertie silencieuse.Nous avançons ainsi, sans un mot. Ses pas sont assurés, rapides, comme si un urgent besoin le poussait à fuir tout ce qui pourrait le retenir. Je le suis, sans réfléchir. Peut-être par crainte. Peut-être parce que, malgré ma volonté de m’échapper, il est celui qui m’enserre encore.Après un long chemin à travers des rues désertées, nous atteignons une demeure imposante, dissimulée dans l’ombre d’arbres centenaires. La silhouette de la bâtisse se découpe dans la brume matinale. Elle est majestueuse, mais froide, presque intimidante dans sa grandeur.— C’est ici, di
IsoldeLe soleil grimpe lentement dans un ciel d’une pureté indécente. Tout autour de moi, la ville s’éveille sans savoir qu’elle marche sur les cendres d’un amour en ruines. Je marche longtemps, sans but, le cœur étranglé par cette scène qui se répète en boucle dans mon esprit. Le regard de Dante. Les larmes de Raphaël. Et moi… incapable de choisir. Incapable de sauver qui que ce soit.Le poids de la solitude me brise les épaules. Mes pas me ramènent là où tout a commencé : ce vieux parc oublié au bord du fleuve, où Dante m’a prise dans ses bras pour la première fois, où Raphaël m’a fait rire quand plus rien n’existait. Le vent soulève mes cheveux, caresse ma peau gelée. Et tout me semble dérisoire.Le bruit de pas derrière moi me fait sursauter. Raphaël. Évidemment. Son visage est ravagé, ses yeux rougis par la colère et la douleur.— Tu fuis encore, Isolde ?Je ne réponds pas. Je n’ai plus la force. Je m’assieds sur ce vieux banc qui menace de s’effondrer et je fixe l’eau trouble d
IsoldeQuand j’arrive enfin, Dante est là. Assis sur le capot de sa voiture, une clope au bec. L’air plus mort que vivant.Il ne dit rien. Il attend.Je m’arrête face à lui. Silence.— Tu savais que je viendrais.Un sourire amer déforme sa bouche.— Ouais. Mais je préfère te l’entendre dire.Je déglutis.— Je suis là.Il écrase sa clope, se lève. Me jauge comme si j’étais déjà à genoux devant lui.— Pourquoi ?— Parce qu’il y a plus rien d’autre. Parce que même si je pars, je crève pareil.Dante hoche la tête. Son regard me brûle.— Je voulais pas que ça finisse comme ça.— Moi non plus.Il s’approche. Son souffle caresse mon visage.— Dis-moi, Isolde. Si je le bute… tu m’en voudras ?Mes lèvres tremblent.— Oui. Mais tu le feras quand même.Un silence terrible. Puis sa main se lève et effleure ma joue.— Il t’a prise, hein ?Je ferme les yeux. La honte me dévore.— Je t’aime encore. Malgré ça.Je suffoque. Je voudrais hurler. Lui dire d’arrêter. Mais je reste là. Parce que je suis dé
IsoldeLa nuit est longue. Sale. Et je ne dors pas. Pas vraiment.Raphaël conduit sans un mot jusqu’à son repaire, une villa planquée au sommet de la ville, là où personne n’ose grimper sans invitation. Les souvenirs me frappent à chaque virage, à chaque pierre. Je connais cet endroit. Je l’ai aimé. J’y ai souffert. Et maintenant, je reviens. Comme une traîtresse. Comme une amante en fuite.Il me pousse à l’intérieur sans douceur, claque la porte derrière lui et me plaque contre le mur. Son souffle est court. Ses yeux noirs de désir et de rage.— Dis-moi que tu es là parce que tu veux de moi. Pas pour lui briser le cœur. Dis-le, Isolde.Je ne dis rien. Parce que je ne sais plus. Parce que je me déteste autant que je le désire.Ses lèvres s’abattent sur les miennes. C’est brutal, violent. C’est Raphaël. Pas d’amour, pas de promesses. Juste le feu. Le besoin de posséder, d’effacer Dante de ma peau, de mes veines.— Tu es à moi ce soir, murmure-t-il contre ma gorge. Et je te jure que dem
IsoldeUn bruit de porte claque derrière moi. Je me fige. Dante. Il est là. Dans l’ombre. Le regard noir. Figé comme une statue.Raphaël se redresse, sûr de lui, arrogant.— Tiens, voilà le roi déchu.Dante ne parle pas. Mais sa main glisse lentement sous sa veste. Il est prêt à tuer. Je le sens. Et Raphaël aussi.— Arrête, Dante. Pas ici. Pas maintenant.Raphaël rit doucement.— Tu croyais quoi, Dante ? Qu’elle t’appartenait ? T’es qu’un passage, un foutu refuge. Mais moi, je suis son chaos. Je suis son mal.Je serre les poings.— Ferme-la, Raphaël.Il se tourne vers moi.— Non. Tu m’écoutes. Tu as deux options, Isolde. Tu restes là à crever à petit feu, ou tu me suis. On se barre. On crame ce monde et on recommence ailleurs. Juste toi et moi.Dante gronde, prêt à exploser. Mais je lève la main.— Pas un mot.Le silence tombe. Le vent hurle. Le choix me déchire.— Et si je refuse ?Raphaël sourit. Lentement.— Tu refuseras pas. Parce que tu n'as jamais su me dire non.Il m’embrasse.
IsoldeIl n’y a plus de roi.Plus d’ennemi à abattre. Plus de guerre à mener.Le silence est une malédiction.On s’est terrés dans la maison au bord de la mer. Celle que Dante ne regardait jamais vraiment, planquée entre les falaises. Il disait que c’était leur tombe, qu’ils y finiraient quand tout serait fini. J’ai ri la première fois. Maintenant, j’y suis. Et je ne ris plus.Dante ne parle pas.Il se lève tôt. Disparaît des heures. Revient les mains sales, le regard vide. Parfois, il me regarde dormir comme s’il n’était plus sûr de qui je suis, de ce que nous sommes sans la guerre, sans la rage.Moi, je compte les heures.Je regarde la mer et j’attends.— On est morts, hein ?Ma voix brise le silence. Il lève à peine les yeux.— Non.Mais il ment. Je le vois. Je le sens. On est morts ce soir-là, dans l’entrepôt. Ce qui reste, c’est juste deux corps qui respirent par habitude.Je me lève. J’enfile un vieux sweat à lui, trop grand, troué. Et je sors. Pieds nus dans le sable froid. La