-JENNAH !
Je fais un tour sur moi-même m'arrachant presque les cheveux. Je cries dans la rue en sachant très bien que ma petite fleur ne se montrera pas.-Jennah ! m'écriais-je en pleurantMon cœur se serre dans ma poitrine, le vent vient balayer mes cheveux et les emmêlent. La folie atteint mon cerveau. Les passants me regardent comme si j'étais une malade. Je suis tellement paniquée pour ma fille que le regard des gens sur moi m'importe peu."Jade ne te maries pas avec lui, tu finiras par regretter."J'ai entendu cette phrase une bonne vingtaine de fois sans pour autant changer d'avis. Tout le monde m'avait prévenu que cette relation serait une infinité de drames mais j'en ai fais qu'à ma tête, comme à mon habitude. Et voilà où j'en suis aujourd'hui, ils avaient tous raison..J'ai rencontré Hassan par le biais d'un ami qu'on avait en commun. Je suis tombé éperdument amoureuse de ses belles phrases et ses promesses.Quelques mois après, alors que je n'avais que dix-huit ans, il me passe la bague au doigt sans pour autant avoir la bénédiction de mes parents. Je suis issu d'une famille très religieuse. Je suis française, il est arabe. J'étais chrétienne, il est musulman.Je me suis alors mise à doucement m'intéresser à l'Islam et après un long moment de réflexion, je me suis convertie. Je m'efforçais de fermer les yeux sur tout ce que disait les médias. Pour moi, l'Islam n'est pas une religion meurtrière mais de paix. Mais le plus important dans tout ça, c'est savoir accepter toutes les religions.J'ai rompu tout contact avec ma famille, mise à part ma grande soeur, Elsa qui m'a soutenu dans mes décisions malgré son désaccord concernant mon couple. Je me suis rendu compte que bien trop tard de mon erreur. J'ai renié ma famille pour lui mais je l'aimais tellement, un amour aveugle, un amour destructeur.Rapidement, il a voulu faire des enfants. On a donc eu Jennah, âgée aujourd'hui de cinq ans. Jennah qui signifie Paradis, en arabe . Mais voilà, depuis quelques semaines, il a soudainement commencé à avoir un comportement assez mystérieux voir dangereux.Alors qu'on était en pleine rue, il se mettait à traiter une femme sur la manière dont elle s'habillait. Par la suite il a voulu m'obliger à porter le voile puis a tenu des propos comme "ils ne méritent pas de vivre". Je n'ai jamais vraiment su de qui il parlait.Je me rend compte aujourd'hui que mon mari était tout simplement sur le point de se radicaliser. Et puis un jour, il m'a fait une proposition qui a été une sorte d'éléctrochoc pour moi."Et si on allait en Syrie ? On pourrait combattre comme le veut notre Seigneur et on ira au Paradis ensemble. Ils ont même des écoles pour apprendre aux enfants."Sa manière de penser à changé. J'ai immédiatement refusé, en sachant que de tuer de pauvres innocents, sous prétexte qu'ils sont non-musulmans ne me fera pas être une meilleure musulmane. Bien au contraire.Malheureusement il était aveuglé par tout ça, par de mauvaises fréquentations et de mauvaises croyances. Ce n'était plus une question de religion, c'était tout simplement de la folie. Tout ce en quoi il croyait, ce n'est pas ça le vrai Islam mais une version que de mauvaises personnes se donnent et qui reflètent par la suite un mauvais aspect de tout ça.Il avait tout contre lui, tout qui aurait dû me faire fuir, tout qui me montrait qu'il devenait un danger pour moi, pour ma fille. Mais je l'aimais et je l'aime encore à l'heure actuelle. Il a su enjoliver son mauvais côté, j'ai pas pu me résoudre à l'idée qu'il était mauvais, dans ma tête c'était inconcevable."-Hassan !-Ouais ? me dit-il en arrivant derrière moi-Tu va chercher la petite à l'école ? Je suis un peu occupé là.-T'es sur de toi Jade ?-De quoi ?-Tu ne veux toujours pas me suivre pour combattre ?-Hassan s'il te plait, on en a déjà parlé.Je m'approche de lui et pose mes mains sur ses joues. Il me lance un regard noir et retire mes mains.-Alors tu fais partis des ignorants.-Hassan dit pas n'importe quoi...-Qui sont en perdition, dit-il pour conclure sa phrase"Il m'a dit cela et est partit chercher Jennah à l'école. Depuis ce jour-là, je ne l'ai plus vu, depuis ce jour je n'ai plus jamais vu ma fille. Tout me fait croire que Hassan puisse être partit avec elle.Il m'a arraché mon enfant. Il a séparé une mère de sa fille. Qui sait ce que subit Jennah depuis ces huit derniers jours. J'ai la peur au ventre depuis plus d'une semaine. Je ne sais pas ce qu'ils font endurer à ma fille. Je pleure ma peine depuis sa disparition. J'ai tellement peur pour elle, je sais même pas si elle est en vie ou si elle va bien.Et dire que j'en suis encore amoureuse. Je l'aime autant que je le détèste. Il a laissé ma fille entre les mains de ces monstres. Elle sera sûrement traumatisée suite à tout ce qu'elle a subit..si elle est encore en vie.Mes larmes ne cessent de couler sur mon visage. Je tombe au sol et prend ma tête entre mes mains. J'ai amené ma fille à la morgue. Voilà ce que je me répète en boucle depuis plus d'une semaine, j'ai amené ma fille à la morgue.[...]-*Oui allô bonjour, centre enfant disparu j'écoute.*-*Oui bonjour, je vous ai appelez il y a quelques jours concernant la disparition de ma fille.*-*Votre prénom s'il vous plait.*-*Jade, Jade Ben Alia.*-*Ne quittez pas.*-...-*Effectivement oui, vous avez fait une déposition concernant sa disparition.*-*Oui.*-*Si elle a réellement quitté le territoire on ne peut rien faire.*-*Mais...vous comprenez pas, ça fait huit jours que je ne ferme plus l'oeil de la nuit. Je vous dis que ma fille est en danger.*-*Je comprend madame et je suis navré mais ce n'est pas notre centre qui peut vous apporter de l'aide.*Je raccroche, énervée et balance mon téléphone sur la table. Je soupire fortement et me lève brusquement faisant tomber ma chaise au sol.Faut pas que je craque encore une fois. Mes larmes ne rameneront pas ma fille. Il ne suffit pas d'être triste, il faut agir. J'ai assez pleuré ces derniers jours, à m'en donner mal au crâne. Faut que je me bouges si je veux la revoir.Alors que je préparais un plat de pâte à la bolognaise, la sonnerie provenant de la porte d'entrée se fit entendre dans toute la maison. J'ouvre la porte et tombe sur ma soeur.-Coucou, me dit-elle-Salut, dis-je d'une petite voixElle retire sa veste et ses chaussures et me suit de près jusqu'au salon. Je nous sers deux assiettes de pâtes et prend place à ses côtés.-Alors ? dit-elle en enroulant ses pâtes autour de sa fourchette-Alors quoi ?-Tes recherches avancent ?-Non toujours rien.-T'inquiète pas, ça fait que huit jours, ils finiront par la retrouver.-J'espère.-Hassan en tout cas c'est un vrai...connard.-C'est trop gentil connard, c'est bien plus que ça.-Mais t'es vraiment persuadée qu'il est là-bas ?-Comment ça ? Tu me prend aussi pour une folle ?-Mais non...-Écoute Elsa, tu l'a pas vu comme moi je l'ai vu, tu n'a pas entendu ses propos, tu ne sais rien de ce qui se passait dans cette maison. Je suis pas folle, je sais qu'il est là-bas.-Ça va calme toi Jade, c'était juste une question.-Garde les tes questions.-...- en soupirant, Pardon...je...je me suis emporté mais comprend que c'est pas facile comme situation.-T'inquiète il n'y a pas de mal.-Je pense à un truc depuis quelques temps..-Dis moi.-Je pense que je vais y aller.-Quoi ! T'es complètement folle ou quoi !-Il s'agit de ma fille.-Il est hors de question que tu aille là-bas, c'est des fous.-Je ne sais pas ce qu'ils lui font subir, ça m'angoisse. J'en ai marre de vivre en attendant son retour.-Mais moi je sais ce qu'ils te feront là-bas, je te laisserais pas faire alors chasse toi vite cette idée de la tête. C'est pas en se jettant dans la gueule du loup que ta fille reviendra.-Je vais prier.Je pose ma fourchette et me dirige vers la salle de bain. J'effectue mes ablutions, pose un voile sur ma tête et enfile une longue robe pour camoufler mon corps. Je met le tapis au sol et prie.C'est la seule chose à laquelle je peux m'accrocher pour rester sur pieds. Je suis à deux doigts de flancher pourtant mais je ne désespère pas. Je retrouverais ma fille.Et si ce n'est pas eux qui m'aide à l
Je le savais, j'étais persuadée que Hassan était partit en Syrie mais aujourd'hui j'en ai la confirmation. Reste à savoir maintenant ce qu'en est de Jennah. Il faut absolument que je fasse de mon possible pour l'avoir auprès de moi.Je retourne chez moi, ma tête est sur le point d'exploser, j'en peux plus. Toutes ces histoires perturbent mon moral et l'absence de ma fille me consume.Hassan, cet homme pour qui j'aurais décroché la Lune, je lui ai tout donné et lui ce qui m'a rendu en échange ce n'est que de la peine.Je décide de ranger la maison, cette fois-ci je n'eus pas la force d'ouvrir la porte qui protège la chambre de Jennah. Ma main se posa sur la poignet mais je me rétracta rapidement et continua mon ménage.Je me sens horriblement seule dans cette maison qui parraît maintenant immense. Les cris de Jennah ne se font plus entendre, le bonh
Hassan et moi on se conaissait grâce à Hichem, un ami que nous avions en commun. On parlait de temps en temps et nous voilà à notre troisième sortie. Il avait ce côté mystérieux qui m'attirait tel un aimant. Il est plutôt bel homme en plus.Nous étions sagement entrain de discuter sur la terasse duParadis du fruit. Le soleil était également au rendez-vous en ce mois de juin. Je retira mes lunettes de soleil et posa mon coude sur la table ainsi que ma main sur ma machoire. J'approche mon visage du sien, le sourire aux lèvres et bat des cils.-Alors dit moi ce que tu vois.-Hassan : Je vois de très jolis yeux.- rire-Hassan : Je vois une femme, pleine de joie qui sort d'une douloureuse relation, je vois un petit coeur brisé.Ses paroles venaient de toucher mon ego. Je n'étais pas du genre à sauter sur le premier venu mais Alex é
JadeJe relève tous les meubles qui étaient à terre. J'esquive les bouts de verre en remettant en ordre ma maison. Je suis à bout de nerfs, je suis à deux doigts de débouler chez elle et de la planter.Je suis sûre que c'est elle, qui ça peut être de toute façon ? J'ai des objets de valeurs ici mais aucun a disparu, rien est volé, rien sauf mon passeport. Je sais que c'est elle, je ne suis pas non plus débile. Sachant qu'elle le cherchait la dernière fois où elle est venu à la maison.Une tonne de problèmes me tombe dessus depuis que Hassan s'est en allé. Cinq mois que je n'ai pas vu ma fille et personne ne semble vouloir m'aider.Après avoir remis ma maison telle que je l'avais laissé auparavant, je pars rapidement prendre une douche. J'enfile des sous-vêtements ainsi que mes habits et sors de chez moi après avoir
[Quelques jours plus tard...]Mon téléphone posé sur mon ventre ne cesse de vibrer. J'ouvre délicatement les yeux et découvre que c'est un numéro masqué. Je le jette de l'autre coté de lit en croyant que ce n'était qu'un canular, bien trop fatiguée pour cela.Je me lève soudainement en sursaut, me rappelant que cet appel était peut-être de Hassan et le moment où je saisis mon téléphone, l'appel se termine.-Merde ! Putain ! dis-je en comprenant mon erreurEt si c'était Hassan ? Quelle conne bordel, je viens peut-être de passer devant l'opportunité de m'expliquer avec lui.Je prend mon téléphone en main avant de balayer la couverture d'un geste brusque. Je sors de mon lit et abaisse mon short.Je me dirige vers la salle de bain, mon téléphone bien à côté de moi et me brosse les
JadeJe franchis le seuil de la porte d'entrée en boitant. J'appuie fort sur ma blessure pour éviter de perdre plus de sang, ça me dégoute. Je lève les yeux pour m'empêcher de regarder la plaie, je pourrais réellement en vomir.Je me réfugie dans la salle de bain et m'assois sur le bord de la baignoire. Je retire mon jogging et prend un gantmouillé pour débarasser ma cuisse de tout ce sang.Je me désinfecte et prend une compresse que je fixe sur ma blessure. Une fois soignée, j'ouvre le robinet et applique de l'eau sur mon visage. Ça va c'était pas très profond, je trouvais pas nécessaire d'aller à l'hôpital. Je relève la tête et m'observe dans le miroir.-Qu'est-ce que tu as foutu Jade ? me demandais-jeQu'est-ce que j'ai foutu ? Bonne question, moi-même je ne peux pas y répondre. De jour e
Ça y'est j'y suis, je ne peux plus reculer. Pendant une durée indeterminée, je vais me faire passer pour ce que je ne suis pas, au milieu de criminels. Je vais devoir me cacher de Hassan mais aussi de ses amies. Mais surtout, chercher le moyen de retrouver ma fille.Plus facile à dire qu'à faire.Nous montons à bord des camions qui nous conduirons jusqu'au camp. Le silence est maître dans mon esprit. J'essaye simplement de faire le vide et de me mettre en condition. Je suis totalement paniqué et y'a de quoi. J'ignore comment va être ma vie à présent et je ne partage pas du tout les mêmes convictions, ça va être dur de le cacher.Le camion s'arrête finalement au bout de quelques heures. Nous sommes au beau milieu du désert, le décor me donne des frissons. Pas parce qu'il est laid, loin de là mais pour la simple et bonne raison que tous ces camps cach
Jade9h00Aujourd'hui, nous sommes samedi, c'est mon premier jour de repos et j'avoue que me lever à neuf heures me fait du bien. Il n'y a aucun programme les week-ends donc je vais profiter de ces deux jours pour reprendre des forces. Heureusement d'ailleurs parce que j'en pouvais plus.Je remarque que la moitié des femmes est déjà partit. Je pars prendre une douche et me réfugie dans le réféctoire des femmes.-Hanima ?Je me tourne et découvre l'un des responsables, au même grade que Ismael. Il se pose à côté de moi après m'avoir dit un "salam aleykûm" auquel j'ai répondu.-Vous allez où avec Ismael aujourd'hui ?-Je sais pas, il ne m'a pas dit.-Je pense que vous allez aller dans un autre camp, pas dans le désert.-Ce serait cool.Ouais super cool, je vais voir des fous qui ont pour seul but de tuer la mo