Il m’aimait, oui, mais il était immortel.Quel avenir avions-nous ensemble ? J’allais vieillir et lui jamais ! Nous ne pourrions jamais être heureux comme les autres couples, mais je préférais profiter du moment présent, vivre chaque minute intensément sans penser à demain. Lorsque je m’éveillais le lendemain, Guillaume avait disparu, il avait déposé un petit mot sur l’oreiller de sa belle écriture: « je suis sorti courir tôt ce matin, tu dormais comme une princesse, je n’ai pas voulu te réveiller… on se voit plus tard ma belle damoiselle. Archambault. »Il avait signé de son véritable prénom, cela faisait bizarre, même si je préférais. Je pris mon petit déjeuner seule dans la salle à manger monumentale, assise à une table immense de plus de quinze mètres de long, sur un air de musique de Lully. Le personnel était aux petits soins, je n’avais pas l’habitude de tant d’attention à mon égard. Ensuite, j’eus envie de me promener dans le parc et pro
Guillaume resta dans une sorte de coma pendant près d’une semaine.Nous nous étions installés dans le château de Souvigny: l’endroit était idéal pour reprendre des forces, je passais la majorité de mon temps dans sa chambre, attendant le moment de son réveil. Il avait été placé trois jours dans le sarcophage que j’avais vu le premier jour de mon arrivée au vieux château. À l’intérieur, Adrien m’avait expliqué qu’une géode d’améthystes avait le pouvoir de le régénérer. Je prenais mes repas seule dans la salle à manger, sur des airs de musique du compositeur Lully, un des préférés d’Archambault selon Gabriel, un des valets de chambre. Les soirs, je m’installais dans la cuisine parmi les gens de maison,écoutant leurs anecdotes sur la vie de Guillaume, le tombeur de ses dames. Tous étaient au courant de son état spécial, mais ils étaient tenus au secret. Quand je le rejoignais dans ses appartements, je lui lisais des sonnets de Shakesp
« Il est des blessures immortelles, celles du cœur, on n'en peut ni guérir, ni mourir ».Adolphe d'Houdetot, Dix épines pour une fleur (1853).PrologueBourbon l’Archambault, an de grâce1115…— Sire Aymon, il est temps de saisir l’héritage d’Archambault, celui-ci est une menace pour vouset votre famille ! — Certes, Gaspard, tu as fort raison ! Mais sa mère s’est remariée au puissant seigneur de la Roche, il m’a déjà cherché querelle, il y a quelques années.— Justement, nous avons appris la mort du seigneur de Culant, hier ! Le pupille n’a donc plus de Protecteur !— Ah oui ? Dans ces conditions, cela change tout !— Il faut en profiter maintenant, il est vulnérable, nous l’avons fait suivre et nous avons découvert qu’il s’est épris d’une jeune paysanne du village ! — Cet acte peut causer sa perte, répandons la rumeu
Montluçon de nos jours…J’étais de retour dans ma bonne vieille ville de Montluçon. On était entre ville et campagne et le département de l’Allier regorgeait de magnifiques châteaux de toutes les époques. Ce que j’aimais en arrivant, c’était observer les vaches charolaises paître dans les prés et la fameuse cuvette au fond de laquelle la ville de Montluçon était comme posée. Chaque fois que je revenais dans ma ville natale, un souvenir douloureux de ma vie refaisait surface. L’année de mes dix-huit ans, mes parents avaient perdu la vie dans un accident de voiture dans les côtes de Châtelard. C’était une épreuve de les traverser, cela continuait de me bouleverser. J’étais la seule survivante de ce tragique évènement. J’ai longtemps culpabilisé d’être encore de ce monde, sans eux.Après l’accident, j’avais quitté la ville et tous mes amis d’enfance pour monter à la capitale, en fac d’Histoire et tenter d’oublier... Nous étions en juin, début de l’été
Après avoir emprunté un couloir sombre et froid puis traversé un dédale de salles décorées et meublées, j’arrivais enfin dans la chapelle qui était magnifiquement ornée. J’observais le plafond avec ses splendides moulures en forme de feuille de chêne, mais soudain, j’eus une impression étrange. Cela m’arrivait souvent, j’étais assez intuitive et là, je me rendis compte que je n’étais pas seule !Un homme se tenait devant l’autel, installé sur un prie-Dieu, en plein recueillement. Il était de dos, mais je pouvais deviner qu’il devait être de haute stature, il portait un pantalon bleu marine et une chemise blanche en soie. Il avait des cheveux châtain clair, épais, légèrement ondulés et coiffés en arrière. Un filet de lumière provenant des vitraux éclairait sa chevelure, faisant scintiller quelques mèches dorées. Il était doté de larges épaules et avait vraiment fière allure, c’était un de ces hommes qu’on devait remarquer en public. D’ordinaire, je trouvais tous les garçons d
Mon oncle m’avait recueilli chez lui de la mort de mes parents jusqu’à mon départ pour Paris et avait veillé sur mon maigre héritage en attendant mon retour. C’était le frère de mon père, on était très proche. Il avait la cinquantaine, toujours célibataire, ne s’étant jamais marié. Il s’entretenait physiquement et il était plutôt bel homme: brun, le teint légèrement hâlé, les yeux noisette. Il avait quelques cicatrices sur le torse, je n’ai jamais su comment il s’était fait cela. Je repensais à cette vision dans la chapelle… Ce n’était pas une hallucination, cet homme était bien là en chair et en os, devant moi ! J’étais bien décidée à mener mon enquête et découvrir le pourquoi du comment de cette rencontre surprenante…Nous déjeunâmes au restaurant des Douze Apôtres dans le vieux Montluçon, à deux pas du château. J’adorais cet endroit et le patron avait toujours le mot pour rire ! J’étais tout de même perturbée par cet homme: qui était-il ? Que
— Waouh ! Regarde-toi, tu es superbe, on dirait une vraie dame du Moyen Âge dans cette robe ! Tu vas faire des ravages ce soir ! commenta Justine.— Oh arrête ! Tu te moques de moi, je ne suis pas une bombe ! J’observais ma silhouette dans la psyché de ma chambre: j’avais de longs cheveux bruns avec quelques reflets auburn, un bandeau doré orné d’un bijou sur le front, de grands yeux gris vert en amande et la peau aussi pâle qu’une poupée de porcelaine. Je trouvais mes hanches trop larges, mais cette fois, cette robe bleu indigo en velours ourlée d’un liseré or les cachait à merveille ! J’avais un peu le trac de me rendre à ce bal organisé par la mairie de Montluçon, il n’y aurait que des notables de la ville et je me retrouverai plongée dans une pièce avec des inconnus… Tout ce que je détestais ! Heureusement, j’avais réussi à dégoter une invitation pour Justine, cela me rassurait de l’avoir à mes côtés.Le bal avait lieu au 1er étage du
Le lendemain matin, je me réveillais un peu endolorie. C’était certainement le résultat des évènements de la soirée au château et de mon baiser volé en haut du donjon par mon prince pas si charmant ! C’était plus fort que moi, je n’arrivais pas à oublier ce moment si intense… Pourtant, il le fallait, je devais l’oublier, il n’était pas pour moi. Mais les images que j’avais vues dans mon esprit m’avaient bouleversée… Je voulais les comprendre, je devais savoirà tout prix d’où elles venaient, ce qu’elles signifiaient. Et pourquoi elles m’étaient apparues… J’enfilais mon peignoir en soie par-dessus ma nuisette en dentelle rose et noire et je sortis de ma chambre. J’entrai dans la salle à manger de mon oncle et mis une main devant ma bouche, aucun son ne sortit tellement j’étais surprise de la vision qui s’offrait à moi…Il était là, Guillaume… L’homme sexy du bal, allongé sur le canapé, sa veste de costume et sachemise blanche posées su