Le désert s’étendait devant eux comme une mer de sable sans fin. Le vent nocturne sifflait doucement à leurs oreilles, soulevant des grains dorés qui scintillaient sous la lumière de la lune. Aïcha et Malik avançaient en silence, leurs pas crissant à peine dans le sol meuble.Aïcha était fatiguée. Chaque muscle de son corps la suppliait d’arrêter, mais une force intérieure plus puissante la poussait à continuer.Elle savait qu’ils étaient proches.Elle le sentait.Le masque, attaché à sa ceinture dans son sac, émettait une présence qu’elle ne pouvait ignorer. Il semblait résonner avec l’air autour d’eux, vibrer faiblement, comme s’il était excité par l’idée d’atteindre enfin sa destination.Malik, lui, jetait régulièrement des regards derrière eux.Il savait qu’ils étaient suivis.— On va bientôt devoir faire face à eux, murmura-t-il.Aïcha hocha lentement la tête.— Je sais.— Ils ne nous laisseront pas atteindre Nemtaba sans nous arrêter.Elle prit une profonde inspiration.— Alors
Le silence dans la salle souterraine était oppressant. Seule la lumière bleutée émanant des symboles gravés sur la porte et du masque d’ivoire illuminait les lieux.Aïcha serrait le masque contre sa poitrine, son cœur battant à tout rompre.D’un côté, le chef de la Confrérie lui ordonnait de ne pas ouvrir la porte, évoquant un danger ancestral qu’ils avaient scellé depuis des siècles.De l’autre, Malik, qui l’avait protégée jusqu’ici, persuadé que la Confrérie ne voulait qu’une chose : garder ce secret pour eux.Aïcha sentit la sueur perler sur sa tempe. Elle devait choisir.Elle leva lentement les yeux vers la porte.Elle la fascinait autant qu’elle l’effrayait.Elle savait que ce n’était pas une simple entrée vers un tombeau oublié.C’était quelque chose de bien plus grand.Le chef de la Confrérie fit un pas de plus vers elle, ses yeux brûlant d’intensité.— Tu ne comprends pas ce que tu t’apprêtes à faire. Ce n’est pas un secret que nous protégeons, c’est une malédiction que nous a
Tout était noir.Aïcha se sentait flotter dans un vide infini, suspendue entre le passé et le présent, la vie et quelque chose d’autre.Des voix murmurantes l’entouraient, en écho dans un gouffre sans fond.Elle ne voyait plus la salle du tombeau.Elle ne voyait plus Malik.Seulement des images qui défilaient dans son esprit, brutales et puissantes.Elle vit une cité majestueuse, autrefois resplendissante, des tours dorées s’élevant vers le ciel. Des rues pavées d’onyx et de marbre blanc, des hommes et des femmes parés de bijoux aussi scintillants que les étoiles.Puis… le chaos.Des flammes, des cris.Des soldats vêtus d’or, massacrant tout sur leur passage.Au sommet d’un palais, un homme en armure étincelante levait les bras, et l’univers semblait trembler à sa volonté.C’était lui.Le roi qu’elle avait réveillé.Le dernier souverain de Nemtaba.Un être d’une puissance inimaginable.Un dieu vivant, adoré et craint.Puis, dans un dernier instant, elle vit quelque chose d’encore pire
Une lumière aveuglante.Une chaleur enveloppante, ni brûlante ni douloureuse, mais puissante , comme si son corps flottait dans un océan d'énergie pure.Aïcha tenta de crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Elle tombe… ou bien elle s'élève. Impossible de savoir.Son cœur battait à une vitesse effrayante.Puis, soudain, tout s'arrête.Elle ouvre les yeux.Et elle n'était plus dans le tombeau.Autour d'elle, un palais immense , baigné d'une lumière dorée, se dressait sous un ciel aux teintes irréelles, oscillant entre le bleu profond et le pourpre mystique.Les murs étaient ornés de fresques animées, comme si elles racontaient une histoire vivante. , des images mouvantes illustrant des batailles, des cérémonies, des rituels oubliés.Des colonnes gigantesques s'élevaient jusqu'à un plafond scintillant de milliers d'étoiles en suspension, comme un fragment du cosmos enfermé dans une pièce.Elle inspire profondément, mais l'air ici était différent. Plus dense, plus chargé.Elle revi
Le sol vibra sous leurs pieds, voyant une onde de choc à travers la vaste salle du tombeau. Des fissures couraient le long des murs , des pierres massives se détachaient du plafond, tombant lourdement dans un fracas assourdissant.Aïcha, encore à genoux, tentait de reprendre ses esprits. Son corps tout entier était secoué par une force inconnue qui pulsait en elle. Elle n'était plus la même.Elle leva les yeux vers le roi, toujours assis sur son trône d'or, mais quelque chose avait changé . Il la regardait différemment. Comme si… il le savait.Malik la saisit brusquement par l'épaule.— Aïcha, on doit partir, maintenant !Le chef de la Confrérie, toujours agenouillé près d'eux, se relève, son visage décomposé par la stupeur.— Elle a été marquée, murmura-t-il, presque terrifié.Aïcha fixa ses mains, ses doigts tremblants. Elle le sentait.Quelqu'un a choisi en elle avait changé.Son regard revint vers le roi.— Qu'est-ce que vous m'avez fait ?Il esquissa un sourire serein.— Je t'ai
Le désert s’étendait devant eux, une mer infinie de sable et de silence. Mais derrière eux, l’obscurité se mouvait, chargée de torches vacillantes et de voix grondantes.Aïcha ne pouvait pas détourner le regard.Ils arrivaient.Des dizaines de silhouettes avançaient lentement à travers les dunes, comme une ombre ancienne réveillée par son erreur.Elle ne pouvait plus bouger. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son souffle se bloquait. L’armée qui approchait savait.Ils savaient ce qu’elle avait fait.Ils savaient qu’elle portait en elle une part du roi.Malik l’attrapa violemment par le bras, la forçant à détourner les yeux.— On bouge. Maintenant.Le ton de sa voix ne laissait aucune place à la discussion.Le chef de la Confrérie, toujours couvert de poussière et de sueur, regardait l’horizon avec un mélange de résignation et de crainte.— Ils ne s’arrêteront pas. Pas tant qu’ils ne t’auront pas entre leurs mains.Aïcha sentait son estomac se tordre.— Qui sont-ils ? demanda-t-el
La porte s’ouvrit dans un grondement sourd, soulevant un vent chaud qui s’échappa des profondeurs. Aïcha sentit immédiatement une onde d’énergie la traverser, son corps vibrant d’une force qu’elle ne comprenait pas encore.Derrière elle, Malik et le chef de la Confrérie restaient figés, tiraillés entre la peur et la fascination.Aïcha, elle, était incapable de détourner les yeux.Elle connaissait cet endroit.Elle l’avait vu dans ses visions.Elle savait ce qui l’attendait de l’autre côté.Mais elle savait aussi qu’une fois entrée, il n’y aurait plus de retour en arrière.Malik posa une main sur son épaule.— Tu es sûre de vouloir faire ça ?Elle inspira profondément, fixant le gouffre sombre qui s’étendait devant elle.— Non.Puis elle fit un pas en avant.L’intérieur du temple souterrain était immense, un espace sculpté à même la roche, préservé du temps et du regard des hommes.D’immenses piliers soutenaient la structure, ornés de symboles anciens et de fresques illustrant l’histoi
Le silence dans le temple souterrain était pesant. L’air vibrait encore de l’énergie des révélations qu’Aïcha venait de recevoir. Elle savait maintenant.Elle était plus qu’une simple héritière.Elle était celle qui avait condamné le roi autrefois.Et aujourd’hui… elle l’avait libéré.Un écho de peur se propagea en elle. Malik et le chef de la Confrérie l’observaient, attendant qu’elle parle, qu’elle dise quelque chose. Mais comment pouvait-elle mettre des mots sur l’horreur qu’elle venait de comprendre ?Puis, un bruit retentit derrière eux.L’armée était là.Des pas résonnèrent dans le corridor de pierre, suivis par le frémissement des torches et le cliquetis métallique des armes. Ils étaient nombreux.Malik se tendit instantanément, prêt à se battre.— Aïcha, qu’est-ce qu’on fait ? demanda-t-il, les mâchoires serrées.Elle ferma les yeux un instant, inspirant profondément.Que devait-elle faire ?Le roi était enfermé pour une raison. Une bonne raison.Mais si la Confrérie l’avait e
La montagne s’éloignait dans leur dos.Devant eux, une plaine sans fin.Pas un arbre.Pas une colline.Juste une étendue pâle, poussiéreuse, que le vent peinait à traverser.Le sol était dur, craquelé.Mais l’air, lui, était étrange.Chargé d’un parfum que les enfants ne reconnaissaient pas.— On dirait le sable, mais plus doux, murmura Komi.— On dirait…
Ils avaient quitté la plaine depuis deux jours.Devant eux, la terre montait.Pas abruptement.Mais avec lenteur.Comme si le sol lui-même leur murmurait : Prenez le temps d’arriver.La montagne s’appelait N’dari.Un nom peu connu.Elle ne figurait sur aucune carte récente.Mais les anciens la désignaient parfois à demi-mots, comme la montagne aux soupi
La terre changea encore.Sous leurs pieds, elle devint grise.Pas poussiéreuse.Pas sèche.Grise. Comme frottée d’un feu ancien.Le paysage était plat, sans relief. Les arbres y étaient rares, tordus, leurs branches comme des doigts recroquevillés vers le ciel.— Il y a eu un feu, dit Komi.— Mais pas un feu de forêt, murmura Isma. Un feu de mémoire.Ils marchèrent en silence, plus lents.
Le vent changea encore de direction.Il devint plus doux, presque timide.Comme s’il savait qu’il approchait d’un lieu où ses murmures ne seraient pas entendus.Après huit jours de marche, les enfants virent surgir à l’horizon un village étrange.Tout y était en mouvement.Mais rien n’y faisait de bruit.Pas de rires.Pas de disputes.Pas même les coqs.Un silence si profond qu’il semblait sculpté
Ils marchaient depuis six jours.Pas d’un pas rapide.Pas d’un pas calculé.Un pas d’écoute.Parfois, ils s’arrêtaient sans raison.Parfois, ils faisaient demi-tour sans explication.Mais chacun de leurs gestes semblait s’accorder à quelque chose d’invisible.Un matin, alors que le vent venait du sud et portait avec lui des odeurs de bois brûlé et de millet, ils atteignirent un village au bord d’un plateau rocheux. Le sol y était sec, les arbres r
Ils arrivèrent un par unSans signal.Sans tambour.Sans cri.Juste un pas après l’autre.Comme des graines portées par le vent.Le premier venait du sud, peau claire comme l’écorce d’un baobab pelé. Il s’appelait Yëlé. Son village était tombé dans le silence après une guerre de frontières. On disait que chez lui, même les bébés naissaient muets depuis trois générations.Mais lui fredonnait.
Il arriva sans prévenir.Pas à pied.Pas en charrette.Il arriva dans le silence, comme un souvenir mal rangé.On l’aperçut à l’entrée du village, vêtu de coton noir, un long bâton noué de perles rouges à la main. Il n’était ni courbé par l’âge ni affaibli par les années. Mais son visage portait les traits d’un temps rigide.Certains le reconnurent.— C’est Ma&ici
Le village s’appelait Djino.Un nom court, coupé, comme un souvenir mal cicatrisé. Il ne figurait plus sur les cartes. Il n’était relié à aucune route. Même les voyageurs l’évitaient, non par peur, mais par oubli.Djino était là sans être là.Et ses habitants avaient désappris le chant.Pas seulement les mélodies. Les rythmes. Les mots.Non.Ils avaient désappris le réflexe du c
Il avançait depuis des jours.Le vent avait changé de texture. Il n’était plus cette caresse invisible qui le portait. Il était devenu plus lourd, plus chaud, chargé de murmures indéchiffrables. Comme si le monde parlait dans une langue que seuls les arbres comprenaient.Lamine ne ralentit pas.Il suivait une chose plus profonde que la direction.Une fréquence.Chaque pas s’accordait à un battement plus ancien que lui.Et lorsque le ciel vira au cuivre et que le sol se couvrit de racines entrelacées, il sut.