SashaLe silence qui suivit le départ de Dante était plus assourdissant que les tirs qui avaient résonné quelques instants plus tôt. Mon cœur battait encore à un rythme effréné, mes muscles tendus par l’adrénaline. J’avais envie de hurler, de courir après ce fils de chien et de lui arracher la gorge, mais Adrian m’attrapa le bras avant que je ne fasse quoi que ce soit d’idiot.— Ne joue pas son jeu, Sasha.Sa voix était rauque, marquée par la douleur. La blessure à son épaule saignait abondamment, et malgré son air impassible, je sentais qu’il souffrait.— Laisse-moi voir ça, murmurai-je.Il grogna mais ne recula pas lorsque je déchirai un morceau de ma chemise pour bander la plaie. Le contact de ma peau contre la sienne m’électrisa. Son sang, si riche et puissant, appelait mon loup d’une manière dérangeante.— On doit bouger, dit-il en serrant les dents.Je hochai la tête, mes sens en alerte. On n’était pas en sécurité ici. Dante ne nous avait pas simplement tendu un piège, il avait
SashaL’odeur du sang me collait à la peau, plus forte encore que l’adrénaline qui martelait mon cœur.L’entrepôt n’était plus qu’un champ de cadavres. Adrian et moi avions avancé sans relâche, fauchant tout sur notre passage.Je me tenais au milieu du carnage, mes mains tremblantes, non pas de peur, mais d’une rage froide et maîtrisée. Dante allait comprendre que je n’étais plus une louve qu’il pouvait dompter.Adrian s’approcha, essuyant la lame de son couteau sur le pantalon d’un des hommes morts à ses pieds.— On doit partir.Je hochai la tête.Nous avions fait ce que nous étions venus faire. Maintenant, il fallait disparaître avant que Dante ne puisse riposter.Mais alors que nous tournions les talons, un son retentit derrière nous. Un gémissement.Mon regard tomba sur un des hommes encore en vie, rampant dans son propre sang. Ses lèvres tremblaient, sa main tendue vers un pistolet qu’il n’atteindrait jamais.Il haletait, son souffle saccadé.— Pitié… murmura-t-il.Je m’agenouill
AdrienNous passâmes les heures suivantes à élaborer notre plan. Chaque détail comptait. Nous devions frapper juste, sans laisser le moindre espace à l’erreur.Quand l’aube commença à poindre, je me levai et étirai mes muscles fatigués.— On devrait dormir un peu.Sasha acquiesça.— Où est ta chambre ?Je la fixai un instant avant de désigner un couloir sur la droite.— Au bout du couloir. Mais tu peux prendre la chambre d’ami si tu veux.Elle ne répondit pas tout de suite. Ses prunelles sombres restèrent accrochées aux miennes.Puis, lentement, elle s’approcha.— Je préfère dormir près de mon allié.Un frisson d’excitation parcourut mon échine.— Très bien.Nous nous dirigâmes vers ma chambre, où une tension invisible flottait entre nous. Il n’était plus seulement question de guerre.Il était question de nous.Et cette nuit, avant d’affronter Dante, nous allions explorer cette frontière qui nous séparait encore.SashaLe silence du manoir était presque oppressant. Un luxe austère, un
SashaAdrian me regarda longuement avant de ranger son arme.— Alors, qu’est-ce que tu proposes ?Je me tournai vers Valerio, qui attendait non loin, les bras croisés.— Emmenez-le. Enfermez-le sous la villa. Qu’il voit son empire lui échapper jour après jour.Le vampire eut un sourire satisfait.— Une prison dorée ? J’aime l’idée.Dante ne broncha pas, mais je vis une lueur d’angoisse traverser son regard. La mort est une fin. L’humiliation est un supplice sans fin.Quand ils l’emmenèrent, je poussai un soupir, sentant enfin la tension me quitter.Mais à cet instant, Adrian m’attrapa par le poignet.— Pourquoi tu as fait ça ?Je le regardai droit dans les yeux.— Parce que tuer un homme, c’est simple. Mais briser un roi, c’est un art.Un sourire passa sur son visage.— Je savais que tu étais cruelle, mais je ne pensais pas que tu l’étais autant.— Et ça te dérange ?Son regard glissa sur moi, lentement, brûlant.— Non. Ça me plaît.Un frisson me parcourut.Il lâcha mon poignet et fit
SashaL’adrénaline coulait encore dans mes veines.J’avais gagné.Mais à quel prix ?Je déambulais dans le couloir, loin des regards, loin des voix qui résonnaient encore dans la salle du conseil. J’avais imposé mon autorité, éliminé mes ennemis et rassemblé mes loups sous ma bannière. Pourtant, une ombre continuait de peser sur mon esprit.Dante.Sa trahison brûlait en moi comme un poison lent. Il n’avait pas seulement défié mon autorité. Il avait détruit une partie de moi.Il m’avait abandonnée.Et je ne pouvais pas le lui pardonner.Un bruit derrière moi me fit tressaillir.Je n’eus même pas besoin de me retourner.— Adrian.— Tu es tendue.Je poussai un soupir et continuai d’avancer, sans lui accorder un regard.— Je suis en train de consolider mon pouvoir, pas de me détendre dans un bain chaud.Il lâcha un rire grave.— Et c’est bien là le problème. Tu crois que tu peux tout porter seule.Je m’arrêtai net et lui fis face.— Parce que ce n’est pas le cas ?Son regard s’assombrit.
SashaL'air était saturé de tension.L'entrepôt se dressait devant moi, une silhouette massive dans la nuit. L'endroit semblait désert, mais je savais que c'était un leurre. Dante ne se laisserait pas prendre aussi facilement.Je me retournai vers mes hommes. Ils attendaient mon signal. Des loups loyaux, prêts à me suivre jusqu'en enfer. Adrian était à mes côtés, son regard écarlate brillant dans l'obscurité.— On ne fait pas d'erreurs, soufflai-je. Dante nous attend. Soyez rapides, frappez fort. Ne laissez personne s’échapper.Un murmure d’assentiment parcourut mes rangs.Adrian, lui, ne disait rien. Il observait l'entrepôt, son expression impénétrable.— Tu as un mauvais pressentiment ? lui demandai-je.— Toujours, quand il s'agit de toi.Je levai un sourcil.— Tu insinues quoi ?— Que tu fonces toujours dans les pièges tête baissée, répondit-il avec un sourire en coin. Et que ça me plaît.Je grognai, mais je n'avais pas le temps de me disputer avec lui.Un simple signe de la main,
SashaJe crus que mon cœur allait éclater.Je regardai Adrian partir sans un mot de plus.Sans un regard en arrière.Un vide immense s’ouvrit en moi.Dante posa une main sur mon bras, son étreinte possessive.— Il ne te méritait pas, murmura-t-il.Je relevai la tête vers lui.Et ce que je vis me figea.Ce n’était pas de l’amour.C’était la victoire.Dante n’avait jamais voulu mon cœur.Seulement le plaisir de me posséder.Je reculai brusquement, arrachant mon bras à son emprise.— Non.Son sourire s’effaça.— Quoi ?Je pris une profonde inspiration.— Je n’ai jamais été un trophée.Il fronça les sourcils.— Sasha…— Tu m’aimes, Dante ? lui demandai-je, la voix tremblante.Il ouvrit la bouche.Mais cette fois, ce fut lui qui resta silencieux.Mon cœur se serra encore plus.J’avais enfin ma réponse.Je fis un pas en arrière.Puis un autre.Et enfin, je courus.Loin de Dante.Loin de cet entrepôt en feu.Loin de tout.La nuit était glaciale.Je courais à perdre haleine, mes jambes me por
SashaMon esprit dérive vers des images floues : le visage d’Adrian, le sourire ironique de Dante, la chaleur écrasante de cette nuit où j’ai dû choisir. J’ai choisi… mais à quel prix ? La solitude qui m’envahit me fait ressentir le poids de chaque décision, chaque sacrifice que j’ai consenti. J’entends encore dans un écho l’avertissement du Gardien, ces mots qui disaient que le destin se forgeait dans le feu des choix impossibles.Une voix, faible et étouffée, se fait entendre dans le corridor. Je sursaute. Mon cœur bat la chamade alors que j’avance prudemment. Dans une petite salle, éclairée par la lueur vacillante d’une bougie, je découvre un vieil album photo posé sur une table poussiéreuse. Les images d’une Sasha que je ne reconnais plus – une enfant aux yeux brillants, une adolescente pleine d’espoir – me renvoient à un passé que j’ai tenté de fuir. Mon regard se perd dans ces clichés, et je réalise que, malgré tout, je porte en moi l’empreinte de ce que j’étais. Peut-être est-c
SashaJe me retourne juste à temps pour voir une lame fondre sur moi. Mon instinct prend le dessus. J’esquive d’un bond et pare l’attaque avec ma propre arme. Le vampire en face de moi, un colosse à la peau d’un gris mortuaire, me fixe avec un sourire carnassier.— La petite louve enragée… Tu vaux mieux que cette bande de chiens errants.Je ne réponds pas. Je me contente d’attaquer. Nos lames s’entrechoquent dans un fracas d’acier, chaque mouvement dicté par une rage froide et une détermination sans faille.Derrière moi, Dante se bat comme un démon, ses coups d’une brutalité terrifiante. Adrian, lui, est une ombre mortelle, ses gestes précis et calculés.Et moi ?Je suis leur équilibre.Mon adversaire tente un coup traître, mais je le devine à l’avance. Je pivote sur moi-même et plante ma lame dans sa poitrine avant d’enfoncer mes griffes dans son cou. Il s’effondre sans un bruit.Puis, soudain, un cri transperce la nuit.Un cri de douleur.Je me retourne violemment.Adrian est au sol
SashaJe tourne la tête vers lui. En effet, Adrian vient de lever une main, et ses vampires se mettent en position d’attaque. Je serre les dents.— Alors on y va.Je lève mon propre bras, et mes loups avancent d’un même mouvement, leur discipline forgée dans les batailles passées.La nuit s’illumine d’éclats d’argent et de rouge lorsque les deux forces entrent en collision.Le premier cri de douleur retentit, suivi d’un autre. Puis, la mêlée devient un chaos total.AdrianLes premières secondes du combat sont toujours les plus décisives.Je me fraye un chemin à travers la mêlée, mon épée traçant des arcs de lumière cruelle sous la lueur de la lune. Chaque coup porté est calculé, chaque mouvement précis. Autour de moi, mes guerriers se battent avec une fureur née de siècles de guerre.Mais mon regard ne cherche qu’une seule personne.Sasha.Je la repère enfin, son corps en mouvement rapide, sa lame tranchant la nuit comme une ombre mortelle.Et c’est là que je le vois.Dante.Il s’appr
SashaLe plan est en place. Chaque détail a été étudié, chaque mouvement calculé. Pourtant, une tension sourde s’accroche à mon esprit.Assise sur le balcon de ma chambre, je contemple la forêt qui borde le domaine Morvan. Le vent glisse sur ma peau, chargé des odeurs de la nuit.Derrière moi, une présence familière se fait sentir.— Tu n’arrives pas à dormir, murmure Adrian.Sa voix grave me caresse autant qu’elle me trouble.Je secoue la tête sans me retourner.— Non.Il s’approche et pose une main sur mon épaule nue. Son contact est froid, presque brûlant.— Tu doutes de ton plan ?Je tourne enfin la tête vers lui. Ses yeux rouges brillent dans l’obscurité, empreints d’une intensité qui me coupe le souffle.— Pas du plan. Mais de ce qui arrivera après.Il fronce légèrement les sourcils, intrigué.— Après ?Je soutiens son regard.— Quand tout sera fini… est-ce qu’il restera quelque chose de nous ?Son expression se ferme, comme si la question réveillait en lui une peur qu’il refuse
DanteJ’essaie de sourire, mais j’en suis incapable.— Tu m’aimes trop pour me laisser crever ?Un éclair traverse son regard, mais elle ne répond pas.Au lieu de ça, elle serre ma main.Forte.Déterminée.— On va leur faire payer.Une promesse.Une certitude.Et pour la première fois depuis longtemps, je me surprends à y croire.AdrianLa guerre approche.Chaque souffle que nous prenons, chaque seconde qui passe nous rapproche de l’inévitable.Dans la grande salle de réunion du manoir des Morvan, l’atmosphère est lourde, étouffante. Sasha est assise à la tête de la table, le dos droit, l’expression dure. Dante, malgré sa faiblesse, est installé à sa droite, une main bandée posée sur son genou.Moi, je suis à sa gauche.Ensemble, nous représentons l’alliance improbable qui tient encore debout face aux forces ennemies.— Les espions confirment que les Vassili ont renforcé leurs positions aux frontières du territoire.L’homme qui parle est l’un des lieutenants de Dante. Son visage est m
SashaLe poids de Dante sur mes épaules est un rappel cruel de tout ce que nous avons perdu ce soir. Mon corps hurle sous l’effort, mes jambes tremblent, mais je refuse de flancher. Je refuse de le laisser derrière.— Tiens bon, Dante.Il grogne faiblement, mais je sens son souffle ralentir. Un frisson de panique me traverse.— On doit se presser.Adrian marche à mes côtés, silencieux, son regard rivé sur moi. L’odeur du sang l’enveloppe, un appel auquel même lui doit lutter pour ne pas succomber. Pourtant, il ne dit rien. Il avance, prêt à frapper s’il le faut.Chaque pas résonne dans la nuit.L’ennemi rôde encore.Nous n’avons pas le luxe de la faiblesse.AdrianSasha chancelle. Son dos est raide, son souffle saccadé, mais elle s’obstine. Je pourrais porter Dante. D’un seul bras, sans effort. Pourtant, je n’ose pas insister.C’est sa fierté, son combat.Je respecte cela.Mais je ne peux pas ignorer son état.— On est presque arrivés, dis-je doucement.Elle hoche la tête, les mâchoir
SashaJe prends son menton entre mes doigts et la force à me regarder.— Non, Sasha. C’est notre choix.Elle ferme les yeux un instant, comme si elle luttait contre ses propres démons.Puis elle se hisse sur la pointe des pieds et presse ses lèvres contre les miennes.Un baiser chargé d’émotions, de douleur, de passion et d’un futur incertain.Le pacte fragile entre loups et vampires est en train de se briser.Et rien ne pourra l’arrêter.L’air est lourd, chargé d’une tension que même la nuit ne parvient pas à apaiser. Depuis des heures, je marche sans but dans les rues de la ville, mes pensées enchevêtrées dans un tourbillon de doutes et de certitudes contraires.Dante. Adrian.Les deux hommes qui incarnent tout ce que je suis et tout ce que je crains.Dante, le guerrier loyal, celui qui a toujours été là, prêt à mourir pour moi. Son amour est un refuge, une promesse de stabilité dans un monde ravagé par le sang et les trahisons.Adrian, le vampire dont le simple regard me consume. A
SashaL’air est plus lourd quand je quitte la chambre d’Adrian.Je ressens encore le poids de ses mains sur moi, la brûlure de ses lèvres sur ma peau. Chaque pas que je fais pour m’éloigner est une lutte. Une lutte contre lui. Contre moi-même.J’ai cédé.Je suis tombée dans le piège du vampire, et le pire ?Je n’ai pas envie d’en sortir.Je traverse les couloirs du manoir Morvan, ma tête en ébullition. Le jour commence à se lever, projetant des ombres mouvantes sur les murs de pierre. Chaque bruit me fait sursauter. Je suis à cran.Quand j’arrive enfin dans ma chambre, je claque la porte derrière moi et m’appuie contre le bois massif.Respire, Sasha.Je ferme les yeux, mais l’image d’Adrian s’impose à moi. Son regard perçant, sa voix rauque, la façon dont il a murmuré mon nom comme une promesse.Je secoue la tête violemment.Je ne peux pas.Je suis une louve.Lui, un vampire.Nos mondes sont en guerre.Et pourtant…Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je tourne la tête juste à tem
SashaQuand je rouvre les yeux, le monde a basculé.Adrian est toujours là, sa main posée sur ma taille, son regard brûlant ancré au mien. Mon souffle est court, mon cœur bat à un rythme effréné, comme s’il cherchait à s’échapper de ma poitrine.Ce baiser…Il n’avait rien d’innocent.Il avait le goût du danger, du pouvoir et de cette attirance irrépressible qui nous pousse l’un vers l’autre, encore et encore, malgré les interdits.— Tu trembles, murmure Adrian en caressant ma joue du bout des doigts.Je frissonne.Je n’arrive pas à parler.Je n’arrive pas à bouger.Tout en moi hurle de s’éloigner… et pourtant, je reste figée, incapable de résister à son emprise.— Tu veux fuir ?Je ferme les yeux.Oui.Non.Je ne sais plus.Mais quand il m’attire contre lui, je me laisse faire, comme si mon corps ne m’appartenait plus.— C’est trop tard, Sasha, souffle-t-il à mon oreille. On a franchi la ligne.Ses lèvres effleurent mon cou, et je me tends.— Je…— Tu es à moi.Mon cœur loupe un batte
DanteJe reste figé, les muscles tendus, incapable de croire ce que je vois.— Élias ?Mon frère sourit, un rictus narquois que je reconnaîtrais entre mille.— T’as l’air surpris.La lune éclaire son visage. Il est exactement comme dans mes souvenirs. Même regard perçant. Même arrogance inscrite dans chaque trait de son visage.Mais il ne devrait pas être là.Il est mort.Je l’ai vu.Je l’ai enterré.Je plisse les yeux, méfiant.— Comment ?Élias croise les bras, prenant son temps, savourant ma confusion.— Tu devrais savoir que dans notre monde, la mort n’est pas toujours définitive.Un frisson me parcourt l’échine.Je me méfie des miracles.— Tu étais dans un cercueil, putain.Il rit, un son grave et dénué de chaleur.— Et pourtant, me voilà.Ma mâchoire se serre.— Si t’es vivant, pourquoi ne pas être revenu plus tôt ? Pourquoi avoir laissé croire que tu étais mort ?Son sourire s’efface.— Parce qu’il fallait que vous le croyiez. Parce que rester dans l’ombre était la seule soluti