SashaJe suis là, debout au milieu de la bataille, les mains tremblantes de fatigue et de sang, observant les derniers vestiges de ce qui était autrefois un champ de guerre. Autour de moi, le silence est lourd, oppressant. Les derniers échos des hurlements, des cliquetis d’armures et des griffes s’effondrent dans un calme sinistre. Le sol est jonché de corps, à la fois loups et vampires, certains encore entiers, d’autres brisés, comme des marionnettes sans fils. Le vent souffle lentement, dispersant la poussière et le parfum métallique du sang sur l’air froid de la nuit.Je regarde mes mains, toujours couvertes de rouge. Il est étrange, cette sensation de vide qui m’envahit. Je devrais me sentir soulagée, apaisée, mais ce n’est pas le cas. Non. Au contraire, il y a une lourdeur dans mon cœur, un poids que je n’arrive pas à identifier, une émotion que je n’avais pas anticipée. La guerre est finie, mais le prix est bien plus grand que je ne l’avais imaginé.C’est fini. La voix d’Adrian
SashaLa lumière du jour perce enfin les nuages, baignant la terre de sa chaleur douce, mais ce n’est pas la chaleur de la victoire qui réchauffe mon cœur. C’est une chaleur étrange, une qui se mêle à la douleur persistante et à l’incertitude qui m’habite. Chaque pas que je fais sur cette terre maculée de sang et de poussière me rappelle à quel point le monde a changé. Pas seulement parce que nous avons gagné, mais parce que nous avons sacrifié. Et ce sacrifice a laissé des cicatrices invisibles, qui nous suivront à chaque souffle que nous prendrons.Les trois d’entre nous marchons côte à côte, sans parler, nos esprits occupés par des pensées lourdes, trop lourdes pour être dites à voix haute. Dante semble plus taciturne que d’habitude, son regard perdu dans l’horizon comme s’il cherchait une réponse que personne ne pourrait lui donner. Adrian, quant à lui, est plus calme, son visage impassible comme s’il avait accepté la réalité de ce que nous avons traversé. Mais moi, je ne suis pas
SashaLe silence dans la salle devient presque insoutenable, chaque seconde s’étirant comme une éternité. Le souffle lourd qui s’élève dans l’obscurité est presque palpable, comme si l’air lui-même devenait plus dense, plus oppressant. Mes sens sont en alerte, mes instincts de louve me crient de fuir, mais une force plus grande, plus irrésistible, me retient sur place. Je n’ai pas le droit de reculer maintenant. Pas alors que la vérité, aussi tordue et douloureuse soit-elle, se trouve à portée de main.Sasha… La voix d’Adrian, grave et teintée de confusion, m’atteint à peine. Il semble presque comme moi, prisonnier d’une énergie invisible qui nous empêche de bouger. Ses yeux cherchent les miens dans l’obscurité, mais je les évite, concentrée sur ce qui se cache dans les ombres. Il y a quelque chose, là, dans cette obscurité. Quelque chose que je reconnais. Quelque chose que je ne voulais pas affronter.Une lueur rougeâtre éclaire soudainement la salle, projetant des ombres étranges et
SashaLe sol tremble sous nos pieds. Le bruit des griffes frappant le sol, des corps se déplaçant avec rapidité, fait écho dans la salle alors que l’intensité du combat éclate dans un éclat d’énergie pure. Mon cœur bat la chamade, chaque battement résonnant dans ma poitrine avec la violence d’un coup de marteau. Les murs autour de nous semblent se refermer, et l’air est chargé de tension, d’électricité, comme si l’issue de ce combat allait sceller nos destins à jamais.Adrian et Dante se battent côte à côte, leurs mouvements synchronisés, comme si leurs vies dépendaient d’une compréhension mutuelle parfaite. Lucas, lui, semble surgir de nulle part, sa présence fantomatique, traçant des lignes invisibles d'énergie vampirique dans l’air. Et moi, je reste là, prête à tout, à affronter ce qui doit l’être, à écraser ce qui se tient devant moi, ce monstre que j’ai un jour cru connaître.Tu n’auras jamais ce que tu veux, je crache à l’intention de l’homme qui se tient devant moi, tout en évi
SashaL’air est dense, oppressant, chaque respiration semble plus difficile que la précédente. Le silence qui suit l’éclat de lumière est lourd, comme un manteau de plomb posé sur nos épaules. La pièce est sombre, seulement éclairée par des éclats de lumière qui traversent les fissures du plafond. Je suis seule, ou du moins, je crois l’être. La brume noire, témoin de l’attaque de l’homme qui se trouve à présent en ruine, se dissipe lentement, mais l’ambiance ne s’éclaircit pas pour autant. Chaque centimètre de cette pièce semble avoir été marqué par la peur, l’agonie, les traces de l’affrontement. Et pourtant, c’est dans ce chaos que l'ultime épreuve doit se jouer.Je ferme les yeux un instant, sentant la magie dans l’air, celle des loups, celle des vampires. Des souvenirs d’autres vies, d’autres guerres, m’envahissent. Les murmures de mes ancêtres me parviennent, l’appel du sang, la chaleur de la lune. Ce n’est pas juste un combat physique, c’est un combat de volonté, de pouvoirs anc
SashaL’air est lourd, comme si le monde autour de moi avait perdu sa gravité. Tout semble se suspendre dans l'attente, figé dans une pause qui dure une éternité. Le silence, après la tempête, est écrasant. Les murs du bâtiment sont fissurés, le sol tremblant sous l’onde de choc laissée par notre combat. Mais plus rien ne bouge. Il n’y a plus de hurlements, plus de magie noire. Il n’y a plus que moi et le vide.Je reste là, à genoux, les mains posées sur le sol froid, mon corps fatigué, marbré de blessures. Ma respiration est haletante, chaque souffle m’arraché comme si j’avais couru un marathon. Mais au fond de moi, une étrange sensation naît. Ce n’est pas la victoire que je ressens, ni même la libération que j’aurais imaginée. C’est… un vide. Un vide qui se creuse lentement, engloutissant tout, chaque pensée, chaque émotion.Je ferme les yeux, tentant de comprendre ce qui se passe. Le combat est terminé. Mais il y a quelque chose qui manque. Quelque chose de fondamental.Sasha.La v
SashaLes jours suivants sont flous, marqués par des moments de calme après la tempête. Le monde semble avoir ralenti autour de nous, comme si le ciel lui-même retenait son souffle en attendant de voir si nous allions survivre à ce cataclysme. Mais, à chaque instant, une certitude s'impose en moi : cette guerre n’a pas seulement marqué la fin de la bataille. Elle a marqué un tournant dans nos vies.Je me trouve souvent à observer Adrian, parfois à le scruter dans l’ombre, cherchant à comprendre cette nouvelle dynamique entre nous. Avant, il y avait toujours eu de la tension, une fragilité palpable entre nos corps, entre nos âmes. Maintenant, il y a quelque chose de différent. Une sorte de compréhension tacite, comme si tout ce que nous avions traversé ensemble nous avait transformés. Nous ne nous disons rien de plus, mais nous savons. Nous savons que nous sommes différents.Je ferme les yeux un instant, posant ma main contre la vitre froide de la fenêtre. L’air de la nuit, frais et em
SashaLe matin arrive comme une promesse incertaine, brisant le silence de la nuit. Un rayon de lumière passe à travers les rideaux, caressant mon visage. Je m'étire lentement, les muscles encore endoloris par la bataille et les nuits sans sommeil. Il est tôt, beaucoup trop tôt pour être pleinement réveillée, mais l’inquiétude me pousse à ouvrir les yeux. Il y a quelque chose dans l’air, une vibration que je n’arrive pas à identifier.Je regarde Adrian, allongé à mes côtés, son souffle calme et régulier. Il semble paisible, mais je sais que cette paix est fragile. Il a tout perdu, et dans une certaine mesure, je crois que lui et moi, nous partageons cette même blessure. Les fantômes du passé nous poursuivent encore, mais ce matin, ils semblent plus distants, comme si l’aube apportait un semblant de répit.Je me redresse, silencieuse, évitant de le réveiller. Le silence de la maison est presque oppressant. J’enfile une robe légère et je me dirige vers la cuisine, mes pas résonnant douc
SashaJe me retourne juste à temps pour voir une lame fondre sur moi. Mon instinct prend le dessus. J’esquive d’un bond et pare l’attaque avec ma propre arme. Le vampire en face de moi, un colosse à la peau d’un gris mortuaire, me fixe avec un sourire carnassier.— La petite louve enragée… Tu vaux mieux que cette bande de chiens errants.Je ne réponds pas. Je me contente d’attaquer. Nos lames s’entrechoquent dans un fracas d’acier, chaque mouvement dicté par une rage froide et une détermination sans faille.Derrière moi, Dante se bat comme un démon, ses coups d’une brutalité terrifiante. Adrian, lui, est une ombre mortelle, ses gestes précis et calculés.Et moi ?Je suis leur équilibre.Mon adversaire tente un coup traître, mais je le devine à l’avance. Je pivote sur moi-même et plante ma lame dans sa poitrine avant d’enfoncer mes griffes dans son cou. Il s’effondre sans un bruit.Puis, soudain, un cri transperce la nuit.Un cri de douleur.Je me retourne violemment.Adrian est au sol
SashaJe tourne la tête vers lui. En effet, Adrian vient de lever une main, et ses vampires se mettent en position d’attaque. Je serre les dents.— Alors on y va.Je lève mon propre bras, et mes loups avancent d’un même mouvement, leur discipline forgée dans les batailles passées.La nuit s’illumine d’éclats d’argent et de rouge lorsque les deux forces entrent en collision.Le premier cri de douleur retentit, suivi d’un autre. Puis, la mêlée devient un chaos total.AdrianLes premières secondes du combat sont toujours les plus décisives.Je me fraye un chemin à travers la mêlée, mon épée traçant des arcs de lumière cruelle sous la lueur de la lune. Chaque coup porté est calculé, chaque mouvement précis. Autour de moi, mes guerriers se battent avec une fureur née de siècles de guerre.Mais mon regard ne cherche qu’une seule personne.Sasha.Je la repère enfin, son corps en mouvement rapide, sa lame tranchant la nuit comme une ombre mortelle.Et c’est là que je le vois.Dante.Il s’appr
SashaLe plan est en place. Chaque détail a été étudié, chaque mouvement calculé. Pourtant, une tension sourde s’accroche à mon esprit.Assise sur le balcon de ma chambre, je contemple la forêt qui borde le domaine Morvan. Le vent glisse sur ma peau, chargé des odeurs de la nuit.Derrière moi, une présence familière se fait sentir.— Tu n’arrives pas à dormir, murmure Adrian.Sa voix grave me caresse autant qu’elle me trouble.Je secoue la tête sans me retourner.— Non.Il s’approche et pose une main sur mon épaule nue. Son contact est froid, presque brûlant.— Tu doutes de ton plan ?Je tourne enfin la tête vers lui. Ses yeux rouges brillent dans l’obscurité, empreints d’une intensité qui me coupe le souffle.— Pas du plan. Mais de ce qui arrivera après.Il fronce légèrement les sourcils, intrigué.— Après ?Je soutiens son regard.— Quand tout sera fini… est-ce qu’il restera quelque chose de nous ?Son expression se ferme, comme si la question réveillait en lui une peur qu’il refuse
DanteJ’essaie de sourire, mais j’en suis incapable.— Tu m’aimes trop pour me laisser crever ?Un éclair traverse son regard, mais elle ne répond pas.Au lieu de ça, elle serre ma main.Forte.Déterminée.— On va leur faire payer.Une promesse.Une certitude.Et pour la première fois depuis longtemps, je me surprends à y croire.AdrianLa guerre approche.Chaque souffle que nous prenons, chaque seconde qui passe nous rapproche de l’inévitable.Dans la grande salle de réunion du manoir des Morvan, l’atmosphère est lourde, étouffante. Sasha est assise à la tête de la table, le dos droit, l’expression dure. Dante, malgré sa faiblesse, est installé à sa droite, une main bandée posée sur son genou.Moi, je suis à sa gauche.Ensemble, nous représentons l’alliance improbable qui tient encore debout face aux forces ennemies.— Les espions confirment que les Vassili ont renforcé leurs positions aux frontières du territoire.L’homme qui parle est l’un des lieutenants de Dante. Son visage est m
SashaLe poids de Dante sur mes épaules est un rappel cruel de tout ce que nous avons perdu ce soir. Mon corps hurle sous l’effort, mes jambes tremblent, mais je refuse de flancher. Je refuse de le laisser derrière.— Tiens bon, Dante.Il grogne faiblement, mais je sens son souffle ralentir. Un frisson de panique me traverse.— On doit se presser.Adrian marche à mes côtés, silencieux, son regard rivé sur moi. L’odeur du sang l’enveloppe, un appel auquel même lui doit lutter pour ne pas succomber. Pourtant, il ne dit rien. Il avance, prêt à frapper s’il le faut.Chaque pas résonne dans la nuit.L’ennemi rôde encore.Nous n’avons pas le luxe de la faiblesse.AdrianSasha chancelle. Son dos est raide, son souffle saccadé, mais elle s’obstine. Je pourrais porter Dante. D’un seul bras, sans effort. Pourtant, je n’ose pas insister.C’est sa fierté, son combat.Je respecte cela.Mais je ne peux pas ignorer son état.— On est presque arrivés, dis-je doucement.Elle hoche la tête, les mâchoir
SashaJe prends son menton entre mes doigts et la force à me regarder.— Non, Sasha. C’est notre choix.Elle ferme les yeux un instant, comme si elle luttait contre ses propres démons.Puis elle se hisse sur la pointe des pieds et presse ses lèvres contre les miennes.Un baiser chargé d’émotions, de douleur, de passion et d’un futur incertain.Le pacte fragile entre loups et vampires est en train de se briser.Et rien ne pourra l’arrêter.L’air est lourd, chargé d’une tension que même la nuit ne parvient pas à apaiser. Depuis des heures, je marche sans but dans les rues de la ville, mes pensées enchevêtrées dans un tourbillon de doutes et de certitudes contraires.Dante. Adrian.Les deux hommes qui incarnent tout ce que je suis et tout ce que je crains.Dante, le guerrier loyal, celui qui a toujours été là, prêt à mourir pour moi. Son amour est un refuge, une promesse de stabilité dans un monde ravagé par le sang et les trahisons.Adrian, le vampire dont le simple regard me consume. A
SashaL’air est plus lourd quand je quitte la chambre d’Adrian.Je ressens encore le poids de ses mains sur moi, la brûlure de ses lèvres sur ma peau. Chaque pas que je fais pour m’éloigner est une lutte. Une lutte contre lui. Contre moi-même.J’ai cédé.Je suis tombée dans le piège du vampire, et le pire ?Je n’ai pas envie d’en sortir.Je traverse les couloirs du manoir Morvan, ma tête en ébullition. Le jour commence à se lever, projetant des ombres mouvantes sur les murs de pierre. Chaque bruit me fait sursauter. Je suis à cran.Quand j’arrive enfin dans ma chambre, je claque la porte derrière moi et m’appuie contre le bois massif.Respire, Sasha.Je ferme les yeux, mais l’image d’Adrian s’impose à moi. Son regard perçant, sa voix rauque, la façon dont il a murmuré mon nom comme une promesse.Je secoue la tête violemment.Je ne peux pas.Je suis une louve.Lui, un vampire.Nos mondes sont en guerre.Et pourtant…Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je tourne la tête juste à tem
SashaQuand je rouvre les yeux, le monde a basculé.Adrian est toujours là, sa main posée sur ma taille, son regard brûlant ancré au mien. Mon souffle est court, mon cœur bat à un rythme effréné, comme s’il cherchait à s’échapper de ma poitrine.Ce baiser…Il n’avait rien d’innocent.Il avait le goût du danger, du pouvoir et de cette attirance irrépressible qui nous pousse l’un vers l’autre, encore et encore, malgré les interdits.— Tu trembles, murmure Adrian en caressant ma joue du bout des doigts.Je frissonne.Je n’arrive pas à parler.Je n’arrive pas à bouger.Tout en moi hurle de s’éloigner… et pourtant, je reste figée, incapable de résister à son emprise.— Tu veux fuir ?Je ferme les yeux.Oui.Non.Je ne sais plus.Mais quand il m’attire contre lui, je me laisse faire, comme si mon corps ne m’appartenait plus.— C’est trop tard, Sasha, souffle-t-il à mon oreille. On a franchi la ligne.Ses lèvres effleurent mon cou, et je me tends.— Je…— Tu es à moi.Mon cœur loupe un batte
DanteJe reste figé, les muscles tendus, incapable de croire ce que je vois.— Élias ?Mon frère sourit, un rictus narquois que je reconnaîtrais entre mille.— T’as l’air surpris.La lune éclaire son visage. Il est exactement comme dans mes souvenirs. Même regard perçant. Même arrogance inscrite dans chaque trait de son visage.Mais il ne devrait pas être là.Il est mort.Je l’ai vu.Je l’ai enterré.Je plisse les yeux, méfiant.— Comment ?Élias croise les bras, prenant son temps, savourant ma confusion.— Tu devrais savoir que dans notre monde, la mort n’est pas toujours définitive.Un frisson me parcourt l’échine.Je me méfie des miracles.— Tu étais dans un cercueil, putain.Il rit, un son grave et dénué de chaleur.— Et pourtant, me voilà.Ma mâchoire se serre.— Si t’es vivant, pourquoi ne pas être revenu plus tôt ? Pourquoi avoir laissé croire que tu étais mort ?Son sourire s’efface.— Parce qu’il fallait que vous le croyiez. Parce que rester dans l’ombre était la seule soluti