LénaJe frémis, mes sens en alerte.— Le pouvoir vient du sang. De la douleur.Il s’avance, réduisant la distance entre nous.— Mais avant tout, il vient de l’acceptation.Ses doigts se posent sur mon poignet.Son contact est glacial.Un frisson me parcourt.— Tu veux comprendre mon monde ? murmure-t-il.Je hoche la tête.Sa main remonte lentement sur mon bras, puis jusqu’à mon cou.Un geste à la fois doux et menaçant.Mon cœur bat trop vite.Je sens sa présence m’envelopper, me happer.— Alors donne-moi ton souffle.Je n’ai pas le temps de comprendre.Ses lèvres frôlent les miennes.Pas un baiser.Un vol.Il m’aspire.Une vague de froid me transperce, et je me fige.Tout mon être est suspendu entre deux réalités.L’instant est infini.Mon corps me semble étranger, comme s’il se dissolvait.Mais je ne lutte pas.Je me laisse couler.Je veux savoir.Je veux sentir ce qu’il ressent.Je veux être son égale.Alexios recule légèrement, brisant le contact.Je titube, désorientée.L’air me s
LénaMon souffle est court, saccadé.Mes membres sont engourdis, comme si mon propre corps ne m’appartenait plus.Les images continuent de tourbillonner dans mon esprit, imprégnant chaque fibre de mon être d’une douleur ancienne, lointaine… mais pourtant si familière.J’ai vu des choses qui ne devraient pas m’appartenir.J’ai ressenti une terreur qui n’était pas la mienne.Et pourtant, une partie de moi sait.Ce n’est pas la première fois.— Qu’est-ce que c’était ?Ma voix tremble, mais Alexios ne détourne pas le regard.Il est toujours là, accroupi devant moi, sa main toujours posée sur ma joue, glaciale et brûlante à la fois.— Un souvenir.Un silence s’installe.Je secoue la tête, prise de vertige.— Ce n’était pas mon souvenir.Il sourit légèrement.— Non, pas cette fois.Ses mots font naître un frisson le long de mon échine.Je déglutis difficilement.— Ça veut dire que… j’en ai d’autres ?Son regard devient plus sombre, plus perçant.— Tu crois vraiment que tout commence ici, Lé
LénaIl rit doucement, mais ce n’est pas un rire amusé.C’est un rire chargé de quelque chose d’autre.Quelque chose de dangereux.— Alors tu es encore plus perdue que je ne le pensais.Il se lève et me tend la main.J’hésite.Mon corps est encore secoué par les souvenirs de ce baiser, par la faim qui s’est réveillée en moi.Mais je l’attrape.Ses doigts serrent les miens juste assez pour me faire frissonner.Et il m’attire à lui.Je manque de trébucher, mais son bras entoure ma taille, me maintenant contre lui.Sa bouche effleure mon oreille.— Prépare-toi.— À quoi ?Il se détache sans répondre.Mais son regard en dit long.Il y a quelque chose qui arrive.Et je vais devoir y faire face.La nuit est tombée depuis longtemps quand il me conduit dans une autre pièce.Elle est vaste, éclairée par des chandeliers vacillants.Au centre, une table en bois massif.Et sur cette table, un objet que je reconnais aussitôt.Un poignard.Sa lame brille sous la lumière tremblante.Un mauvais press
LénaLes jours suivants sont un flou.Je sens la différence à chaque instant.Il est toujours là.Même quand il ne l’est pas.Son ombre me suit.Je ressens ses émotions comme si elles vibraient dans mon propre corps.Sa faim, sa frustration, ses ténèbres.Et lui…Je sais qu’il me sent aussi.Chaque fois que je suis près de lui, il se tend imperceptiblement.Ses pupilles se dilatent.Son souffle devient plus court.Il me regarde comme un homme affamé qui sait qu’il ne doit pas toucher.Mais qui lutte contre l’envie.Je devrais avoir peur.Mais ce n’est pas ce que je ressens.C’est pire.C’est un désir insidieux, brûlant.Et chaque jour, il grandit un peu plus.La nuit tombe.Je suis dans mes appartements quand une brise glaciale traverse la pièce.Je me fige.Puis, lentement, je me retourne.Alexios est là.Silencieux.Immobile.Son regard est noir de désir, d’ombre et de douleur mêlée.Il ne parle pas.Il s’avance juste.Jusqu’à ce qu’il soit si près que je puisse sentir la chaleur de
LénaLes minutes s’égrènent, mais je reste figée contre le mur, le souffle court.Alexios m’a fuie.Pas par manque d’envie.Non.Il brûle tout autant que moi.Mais il se refuse à céder.Et je ne sais pas si cela me frustre ou si cela me fascine.Je ferme les yeux un instant, tentant de calmer mon cœur affolé.Puis je prends une décision.Je ne reculerai pas.Je ne suis pas du genre à baisser les bras.Et surtout, je ne suis pas du genre à ignorer ce que je ressens.Alors cette fois, c’est moi qui vais le pousser à bout.Le lendemain, tout est normal en apparence.Le château est silencieux.L’atmosphère est lourde, chargée d’une tension invisible.Je traverse les couloirs d’un pas lent, savourant l’ombre et le calme.Mais je le sens.Il est là.Je ne sais pas où, mais je ressens sa présence.Une chaleur qui s’infiltre dans l’air.Un frisson qui me parcourt l’échine.Il m’observe.Il me guette.Et pourtant, il ne se montre pas.Alors je continue mon jeu.J’effleure les murs du bout des
LénaSes cheveux en désordre, comme si elle s’était tournée et retournée dans son lit.Ses lèvres encore marquées par notre baiser.Ses yeux, pleins d’une détermination indomptable.— Tu joues à un jeu dangereux, Léna.Elle se lève lentement, s’approche de moi avec cette grâce naturelle qui m’envoûte.Elle est si proche que je pourrais sentir la chaleur de sa peau.Mais je ne bouge pas.C’est elle qui me met à l’épreuve.— Et si j’aime ça ?Ses doigts effleurent mon poignet.Une étincelle.Un incendie.Je saisis son poignet avant qu’elle ne puisse aller plus loin, serrant juste assez pour lui rappeler qui je suis.Elle ne frissonne pas.Elle ne recule pas.Elle défie.Toujours.— Je ne suis pas un homme, Léna.— Je sais.— Je ne ressens pas comme eux.— Je sais.— Alors pourquoi es-tu ici ?Elle sourit.Et c’est ce sourire qui me détruit.— Parce que toi, tu ressens comme moi.Ma patience explose.En un battement de cil, elle est plaquée contre le mur.Mes doigts encerclent sa gorge,
LénaLucian lève les mains en signe d’innocence.— Je voulais juste voir ce qui te rend si fou, mon ami.— Elle n’est pas à toi.— Oh, mais n’est-ce pas à elle de décider ?Lucian se penche vers moi.— Après tout, pourquoi se contenter d’un seul vampire… quand on peut avoir le pouvoir de choisir ?Un frisson glacial me traverse.Je comprends alors.Ce monde n’est pas qu’une cour royale.C’est une arène.Et je suis la proie.Lucian.Son nom s’accroche à mon esprit comme une menace silencieuse.Alexios a beau se tenir près de moi, une tension sourde s’installe dans l’air, pesante, oppressante.Les autres vampires observent la scène, fascinés.Ils attendent.Mais quoi ?Un dérapage ? Un affrontement ?Moi ?Je sens le piège se refermer lentement autour de moi.— Pourquoi suis-je ici ? je répète, ma voix plus ferme cette fois.Alexios ne répond toujours pas.C’est Lucian qui s’approche, un sourire amusé aux lèvres.— Parce que tu es devenue une distraction bien trop intéressante.Il s’arr
LénaLe silence après la tempête.Je suis allongée sur le lit, le corps en feu, l’esprit troublé.Alexios est là, juste à côté. Trop près.Il me regarde, sans un mot. Son regard est une lame effilée, tranchante, perçante.Je devrais parler. Dire quelque chose. Mais la chaleur de sa peau contre la mienne m’empêche de penser.— Tu regrettes ?Sa voix est basse, rauque.Je tourne la tête vers lui.— Non.Un éclat traverse ses yeux. Une satisfaction sombre.— Alors pourquoi ce silence ?Je n’ai pas la réponse. Peut-être parce que je sens que tout a changé.Je le sens dans la manière dont il me regarde.Dans la manière dont son pouvoir danse sur sa peau, vibrant, incontrôlable.Alexios n’est pas un homme ordinaire.Il n’est pas même un simple vampire.Et je commence à comprendre que je viens de franchir une frontière dont je ne pourrai plus jamais revenir.La nuit est tombée depuis longtemps quand je me décide enfin à me lever.Je glisse hors du lit, sentant son regard peser sur moi.— Tu
AlexioLa nuit est lourde. Chargée d’électricité.Chaque ombre semble nous observer, chaque souffle du vent murmure un avertissement.Léna marche à mes côtés, mais je ressens sa fébrilité. Elle lutte contre le pacte. Contre ce feu dévorant qui pulse entre nous.Et moi aussi.Nous avons quitté Joran sans un mot de plus. Son sourire narquois nous hante encore, ses paroles résonnant dans mon esprit."Un pacte de sang doit être nourri, sinon il vous dévorera."Je n’arrive pas à m’en défaire.Parce que je ressens déjà cette faim.Un besoin primitif, viscéral.Pas seulement de sang.Pas seulement de pouvoir.Mais d’elle.Et c’est ce qui me terrifie le plus.— On doit trouver un endroit sûr, murmure Léna.Je hoche la tête, les mâchoires serrées.Nous avançons dans les ruelles sombres, nos pas silencieux sur les pavés humides. La ville dort, inconsciente de la tempête qui gronde dans nos veines.Léna vacille légèrement.Je la rattrape avant qu’elle ne tombe.Son corps est brûlant sous mes doi
LénaLes flammes des bougies vacillent, projetant des ombres mouvantes sur les murs délabrés du manoir.Tout mon corps tremble sous l’intensité du lien.C’est comme si chaque cellule de mon être s’ouvrait à lui. Comme si je percevais ses pensées, ses émotions, ses désirs avec une acuité terrifiante.Et ce que je ressens en ce moment…C’est vertigineux.Alexio est une tempête sous contrôle, un prédateur aux abois. Il lutte contre lui-même, contre moi, contre cette chose qui nous lie désormais.Joran s’écarte légèrement, nous laissant seuls dans le cercle d’incantation.— Il va falloir que vous alliez au bout du processus.Sa voix est basse, presque amusée.— Ou alors, tout ça n’aura servi à rien.Je l’ignore.Mon regard est rivé sur Alexio.Il est tendu. Son torse se soulève rapidement, ses prunelles sont noires d’un désir qu’il s’efforce de contenir.Et pourtant, je ne ressens aucune peur.Seulement cette attraction dévorante qui pulse entre nous.— Léna… Sa voix est rauque, comme un
AlexioL’air à l’intérieur du manoir est épais, chargé de poussière et d’un silence inquiétant. Les murs sont tapissés de vieilles bibliothèques, les meubles recouverts de draps jaunis. Le temps semble s’être figé ici, comme si aucun souffle de vie n’avait traversé ces pièces depuis des siècles.Joran referme la porte derrière nous.Un verrou claque.Léna sursaute légèrement, et son regard se pose sur moi. Elle attend. Mais moi, je scrute l’homme devant nous. Joran n’a pas changé. Toujours cette même posture décontractée, cette même lueur cynique dans les yeux. Pourtant, quelque chose est différent. Une tension sous-jacente.— Tu es plus imprudent que dans mes souvenirs, Alexio.Il se laisse tomber dans un fauteuil de velours élimé et croise les jambes.— Ramener une humaine ici… c’est suicidaire.Léna serre les poings, mais je l’arrête d’un regard.— J’ai besoin de ton aide.Joran ricane.— Je me doutais bien que tu n’étais pas venu pour le plaisir de revoir un vieil ami.— On nous t
AlexioLa porte explose dans un fracas assourdissant.Une rafale d’air glacial envahit la pièce.Ils sont trois.Trois vampires aux yeux d’un rouge incandescent.Le premier est grand, élancé, un sourire carnassier aux lèvres.Le second est plus massif, son visage marqué par des cicatrices anciennes.Le troisième…Je me fige.Le troisième, je le connais.— Raphaël.Son sourire s’élargit.— Alexio. Ça faisait longtemps.Léna frissonne contre moi.Raphaël…L’un des plus anciens vampires que j’aie jamais connus.Un monstre parmi les monstres.Et il est ici pour elle.— Tu as fait une erreur, Alexio. Son ton est presque affectueux. Tu sais ce que ça signifie, n’est-ce pas ?Je serre les dents.— Laisse-la partir.Raphaël éclate de rire.— Partir ? Oh, mais non. Il s’approche, lentement. Tu l’as réclamée. Nous venons voir si elle en vaut la peine.Je m’interpose immédiatement entre lui et Léna.— Elle n’est pas un jouet.— Non. Mais elle est à toi. Et ça, mon frère, c’est bien pire.Il fait
AlexioJe la contemple, immobile, le goût de son sang encore brûlant sur ma langue.Léna ne bouge pas.Elle ne fuit pas.Elle me regarde comme si rien n’avait changé.Mais tout a changé.Son souffle est plus court, son cœur bat un peu plus vite. Elle est à moi, maintenant. Ce lien, je ne peux plus le briser.Et elle ne le pourra jamais.— Tu ne devrais pas être si calme.Elle passe ses doigts sur la morsure encore fraîche à sa gorge.— Je savais ce que je faisais.Je serre les poings.— Non, Léna. Tu crois comprendre, mais tu es loin du compte.Elle fronce les sourcils, défiante.— Alors explique-moi.Je me lève brusquement, l’obscurité de la pièce me paraissant soudain trop lourde, trop étouffante.— Tu sens ? Je ferme les yeux, inspirant profondément. Ton sang pulse en moi. Je ressens chaque battement de ton cœur comme si c’était le mien. Tu as franchi une limite qu’aucun humain ne devrait franchir.Elle ne détourne pas le regard.— Et qu’est-ce que ça change, Alexio ?Je ricane, am
AlexioLa nuit est tombée depuis longtemps, mais je ne ressens pas la fatigue. Seule la faim demeure.Pas celle du sang.Pas celle qui me déchire habituellement le ventre, celle qui me pousse à traquer, à tuer.Celle-ci est différente. Plus sourde, plus insidieuse.C’est la faim d’elle.De Léna.De sa peau brûlante sous mes doigts.De ses lèvres contre les miennes.De ce qu’elle m’offre sans même s’en rendre compte : une place dans sa lumière.Mais cette lumière, je vais l’éteindre si je la garde près de moi.— Tu ne devrais pas rester ici.Ma voix est rauque, plus dure que je ne l’aurais voulu.Elle ne recule pas.Ses yeux s’accrochent aux miens, brûlants d’une détermination que je connais trop bien.— Et si je décide de rester ?Son souffle effleure ma peau. Une tentation.Un supplice.Je ferme les yeux une seconde.Me battre contre elle, c’est comme tenter de résister à l’appel du sang après des siècles de famine.C’est inutile.C’est douloureux.— Léna…Je tends la main, frôle son
LénaJe ne peux plus bouger.Je le regarde, les yeux écarquillés, incapable d’inspirer, incapable d’accepter ce que je vois.Alexio, couvert de sang, immobile devant moi.Le vampire qu’il vient de tuer gît sur le sol, le corps brisé.Il n’y a plus rien d’humain en lui.Il n’a pas juste combattu.Il l’a détruit.Et maintenant, il se tourne vers moi.Ses prunelles sont encore sombres, sauvages, habitées par cette rage qu’il n’a pas complètement éteinte.Un frisson glacé me traverse.Il tend une main vers moi.— Léna…Ma respiration se bloque.Je devrais fuir.Je devrais m’éloigner de lui.Mais mes jambes ne répondent plus.Je me sens piégée, acculée entre lui et ce monde dont je ne fais pas partie.Et pourtant, quand il fait un pas de plus, quand son regard s’adoucit malgré la violence qui l’habite encore…Je vacille.— Tu as peur de moi.Ce n’est pas une question.C’est une évidence.Une douleur invisible traverse son regard, aussi brève qu’un éclair.Je le vois.Mais je ne peux pas lu
AlexioJe suis à un fil de la rupture.Mon cœur, ma raison, mon désir…Tout se fracasse en elle.Elle ne bouge pas.Elle me défie du regard, refusant de fuir.Mais elle ne comprend pas.Je ne suis pas un homme.Je suis un vampire.Et elle est trop proche de la seule chose qui peut me faire basculer.Je grogne.Je recule, me forçant à mettre de la distance entre nous.Mais elle me suit.Son courage est aussi admirable que suicidaire.— Je ne partirai pas.Son murmure est une promesse.Une menace.Mon souffle s’accélère.Puis, sans prévenir, je disparais dans la nuit.Avant de faire ce que je regretterais à jamais.---LénaIl est parti.Me laissant seule, bouleversée, et avec mille questions brûlant en moi.Mais une seule chose m’obsède :Il lutte pour me protéger.Mais combien de temps avant qu’il ne cède ?LénaL’obscurité l’a englouti.Il a disparu dans la nuit, me laissant seule avec mon souffle court, mes pensées éparpillées et cette brûlure encore présente sur mes lèvres.Alexio.
AlexioSofia.Elle n’aurait pas dû être là.Pas maintenant.Son regard fouille mon âme, cherchant des fissures, des failles où planter ses griffes.Je serre les dents.— Que veux-tu ?Elle cligne lentement des yeux, un air faussement innocent sur le visage.— Moi ? Seulement parler. Après tout, nous avons tant à nous dire…Son regard se pose sur Léna.— Mais peut-être devrions-nous être seuls pour cela ?— Non.Le mot fuse, tranchant.Elle rit, amusée.— Comme tu voudras.Puis elle s’avance encore.Trop près.Elle lève la main.Et avant que je puisse réagir, ses doigts froids effleurent mon visage.Un frisson me parcourt.— Tu es toujours aussi beau… murmure-t-elle.Je repousse sa main violemment.— Ne joue pas à ça avec moi, Sofia.Son sourire s’élargit.— Comme tu es devenu sérieux…Mais ses yeux brillent d’autre chose.D’un savoir qu’elle ne partage pas encore.Puis, sans prévenir, elle murmure :— Tu crois que tu peux la protéger ?Mon corps se tend.Sofia penche légèrement la têt