~~~~~ Veronica White ~~~~~Le jour se lève. Melrick est toujours couché à côté de moi. Je l’observe en silence, le menton posé sur mes genoux. Il dort profondément, une main posée nonchalamment sur le drap froissé. Je me lève lentement et j'enfile une de ses chemises. Le parquet est froid sous mes pieds mais je ne sens rien. Mon esprit, lui, est ailleurs, déjà en train de penser à ce que je dois faire pour qu’il ne reparte pas. Il a beau m’avoir aimée cette nuit, ou du moins m’avoir possédée, mais je sais que ça ne suffira pas. Je dois lui donner une raison de rester. Une vraie. Lorsqu’il ouvre enfin les yeux, un peu plus tard, je suis déjà assise face à lui, un café à la main. Il me fixe sans parler, comme s’il tentait de remettre de l’ordre dans ses pensées. _ Tu as mal dormi, je demande, d’un ton doux. _ J’ai mal vécu, rétorque-t-il avec amertume. Je ne me vexe pas. Je souris légèrement, puis je dépose ma tasse. _ Je veux te proposer quelque chose, Rick. Il fro
Bon… jusqu’ici, vous pensiez peut-être avoir tout compris ?Eh bien, détrompez-vous.La vraie partie commence maintenant. Les rebondissements vont pleuvoir, les vérités vont claquer comme des gifles, et certains personnages… vont vous surprendre (voire vous trahir, oops).Préparez vos nerfs, votre popcorn et éventuellement un petit coussin pour hurler dedans parce que ce qui arrive va chauffer sévère.Spoiler sans spoiler : personne n’est prêt. Même pas moi.Bonne lecture… et bon courage.
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Cela fait déjà plusieurs minutes que je suis installée dans la limousine. Le regard perdu dans les lumières de Newark, j’ajuste doucement la manche de ma robe élégante mais sans extravagance. J’ai pourtant insisté. J’ai expressément demandé que cette fête ne soit pas grandiose. Je n’aime pas les projecteurs, encore moins les feux d’artifice sociaux qu’on lance pour célébrer des noms et des succès. Et pourtant. Je soupire en observant à travers la vitre teintée les flashes au loin, les silhouettes qui se pressent déjà à l’entrée. Il ne fait jamais les choses à moitié. Et c’est justement pour ça que je n’ai accepté son invitation que deux jours plus tôt. J’ai espéré, naïvement peut-être, qu’il comprendrait cette fois. Peut-être. Mais j’ai sous-estimé Greg. Un sourire tendre, entre l’agacement et l’affection, s’étire doucement sur mes lèvres. Ce fou a fait de cette soirée un événement. Et moi… je suis l’invitée spéciale. Je pince les lèvre
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~Je penche légèrement la tête sur le côté, comme si j’essayais de me souvenir d’un nom oublié. _ Vous êtes ? Sa surprise est visible. Elle fronce les sourcils et bat les cils. Elle ne s’attendait pas à ça. _ C’est moi, Veronica… fait-elle, presque blessée. Tu ne me reconnais pas ? Je laisse échapper un petit rire, sec, presque moqueur. _ Veronica ? Non, ça ne me dit rien. Je détourne brièvement les yeux, comme si la conversation m’ennuyait déjà. Je détourne brièvement les yeux, comme si la conversation m’ennuyait déjà. _ Il faut croire que ce nom ne m’évoque rien d’important, ajouté-je. Je vois son regard changer. Elle tente de garder son calme, mais elle n’est pas aussi douée que moi pour masquer le trouble. Son masque se fissure un instant, mais elle le recolle vite. _ Tu n’as pas changé, murmure-t-elle. Toujours aussi fière. _ Non, dis-je, en la fixant cette fois droit dans les yeux. J’ai changé. La différence, c’est que
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis assise à un coin du podium. Le fauteuil qu’on m’a attribué est large, confortable, bien mis en valeur… trop mis en valeur à mon goût. Un discret projecteur me survole comme pour rappeler à tout le monde que je suis « l’invitée d’honneur ». Je croise les jambes lentement, sans émotion apparente, mais mon regard, lui, ne tient pas en place. Il balaie la salle, effleure les tables garnies, les visages inconnus et trop maquillés, les coupes de champagne levées avec ostentation… puis se fige. Là. Ils sont là. Veronica ne cesse de me fixer. À côté d'elle : Melrick. Costume trois pièces, barbe parfaitement taillée, regard toujours aussi perçant. Mon cœur tressaille, malgré moi. Je détourne immédiatement les yeux. Qu’ils ne s’imaginent pas que je les considère encore. Je suis là pour Greg. Pour cette fête. Pour ce que je suis devenue. Pas pour eux. Greg est maintenant sur le podium. Il ajuste son micro, sourit, puis commence son discours avec
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~Je n’avais pas ça vu venir. Il annonce à tout le monde qu’il veut me nommer PDG de l’un des plus grands groupes médicaux du pays ? Cette offre, je la connais. Elle ressemble à toutes les propositions qu’on m’a faites ces dernières années, mais celle-ci a un goût amer. Un goût de pression. Si j’accepte, il n’y a plus de place pour moi. Pour moi et mes moments de tranquillité, pour mes personnes préférées, pour tout ce que je me suis construit en dehors de cette vie professionnelle trop exigeante. Je déteste ça. À la fin de son discours, alors que l’applaudissement s’éteint lentement, je le vois se diriger vers moi. Je sais ce qu’il attend. Il attend de moi que j’accepte. Il attend que je sois flattée, que je tombe dans le piège de l’ambition. Mais je ne suis pas comme ça. Je n’ai pas besoin de tout ça. Et surtout, je n’ai pas besoin de cette position de pouvoir pour prouver quoi que ce soit à quiconque. Je me lève calmement et m’éloigne de la foule
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ C’est irréel. Je la regarde, assise sur cette scène, et j’ai du mal à croire ce que je vois. Cassandra. Ma Cassandra. Celle qui n’avait que des rêves flous, qui vivait de peu, de choses simples. Celle que je tenais contre moi quand le monde devenait trop bruyant. Elle est là maintenant, au centre de toutes les attentions, sous les projecteurs, applaudie par une foule de visages inconnus. Greg la présente comme une légende. Une muse. Une déesse, presque. Et moi, je me demande : qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? Elle a changé. Bien sûr qu’elle a changé. Mais c’est plus que ça. Elle s’est transformée. Tout en elle est devenu tranchant, précis, comme s’il ne restait plus une seule faille. Son port de tête, son regard, sa façon de marcher… Chaque geste semble calculé, contrôlé. Une femme que rien n’atteint. Et pourtant, je la connais. Enfin… je crois. Je n’arrive pas à détacher mes yeux d’elle. Elle est sublime. Intouchable. Sa robe, son allure… tout est p
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je marche au bras de Greg, le sourire posé sur mes lèvres comme un bijou soigneusement choisi. Tout ici est savamment orchestré. Cette réception a été pensée dans les moindres détails. Greg aime ce genre d’ambiance. Il s’y épanouit, comme un poisson dans l’eau. À ses côtés, il semble rayonner davantage à chaque minute, fier de sa place, fier de moi. Quant à moi, je joue mon rôle à la perfection. J’ai accepté d’être présente. Juste pour ce soir. Dès que nous pénétrons dans la grande salle de réception, je sens les regards converger vers nous. L’attention est palpable. Les murmures naissent et s’éteignent rapidement. Pourtant, je n’y accorde que peu d’importance. J’ai appris à évoluer dans ce genre d’environnement, à apprivoiser les regards et à maîtriser les apparences. Si je suis ici, ce n’est que par loyauté envers Greg. Il me l’a demandé, et j’ai consenti à le suivre, uniquement pour lui. Cependant, alors que tout semblait sous contrôle, m
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je sors de son bureau et je referme doucement la porte derrière moi, mais dans mon cœur, c’est un fracas. Je serre la mâchoire et je me sens brûler de l’intérieur, consumé par la colère et le désir. Je traverse le couloir de l’hôpital en m'efforçant de ne pas laisser transparaître mon trouble, mais bordel... elle a failli craquer, je l'ai vu dans ses yeux. Elle ment. Elle me hait peut-être, mais elle ne m'a pas oublié. Je quitte le bâtiment sans ralentir et je respire enfin plus librement en sentant l'air vif sur mon visage. Je m'arrête sur le trottoir et passe une main dans mes cheveux, frustré. Ce n'était pas le bon moment. Cassandra est sur la défensive, elle est encore blessée... et méfiante. Je devrais le savoir mieux que quiconque : la forcer n’amènera rien. Je prends une profonde inspiration. J'ai attendu six ans alors je peux attendre encore un peu. Je fouille dans la poche intérieure de ma veste et je sors mon téléphone. J’ai
Il attrape mon poignet si brusquement que je sursaute et il me bascule presque contre lui. Mon cœur s'emballe et mon souffle se bloque dans ma gorge. Ses yeux... Ses yeux me dévorent et pendant un court instant, je sens son pouce effleurer ma peau, et une vague de souvenirs me traverser comme une décharge. Je me ressaisis violemment. D'un geste sec, je me dégage et lui crache, le regard noir : _ COMMENT OSES-TU ME TOUCHER ? JE T'INTERDIS de refaire ce que tu viens de faire, SINON... Je me stoppe net. Il me fixe d'un air impassible avant de faire quelques pas vers moi. _ Sinon quoi ? demande-t-il d'une voix basse, presque provocante. Je recule d'un pas sans même m'en rendre compte. Ma main tremble légèrement, mais je la cache derrière mon dos. Il avance encore, le regard cloué au mien, et lâche, moqueur : _ Tu vas me gifler ? Sa voix est douce, presque moqueuse, mais je perçois l’amertume qui suinte derrière. Il s'arrête juste devant moi, si près que je pourrais
~~~~~ Cassandra Hurber ~~~~~ Je suis en train de parler à une patiente et je lui donne des conseils pour améliorer sa santé alors qu'on marché dans le couloir de l'hôpital. Mon cœur s'est allégé depuis que je suis à Boston et que je n'ai pas eu de signe de Melrick ni de Veronica. J'ose croire que ce n'est pas le calme avant la tempête. Peut-être m'ont-ils réellement oubliée. Peut-être ont-ils repris le cours de leur vie, celui qu'ils menaient sans moi depuis six ans. Je retiens un soupir, puis laisse échapper un léger souffle, presque un soupir de soulagement, en esquissant un sourire chaleureux à ma patiente. _ À très bientôt, lui dis-je doucement. Prenez soin de vous. Elle me remercie avec un sourire sincère avant de quitter la pièce. Je m'apprête à regagner mon bureau, lorsque j'aperçois un silhouette familière. Je regarde bien et... Mon cœur rate un battement. C'est Melrick. Et je comprends immédiatement qu'il m'a vue aussi, car il se lève, brusquement et se d
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Je traverse les couloirs de White Jewelry avec un sourire que je ne cherche même plus à dissimuler. Tous ceux que je croise me saluent avec politesse, certains s’attardent, intrigués par cette joie qui irradie de moi comme un soleil au zénith. Et comment leur en vouloir ? Je suis tout simplement épanouie. Rick… Mon Rick. Il a été parfait. Plus qu’un amant, plus qu’un partenaire. Cette semaine, il m’a rappelé pourquoi je me bats pour lui. Pourquoi il est à moi et pourquoi il restera à moi. Il m’a couverte de cadeaux, de tendresse, de baisers et de gestes fous. Il n’a même pas attendu que je le supplie. Il m’a fait l'amour comme s’il avait attendu des années pour ça. Chaque nuit, chaque matin. Et entre-temps ? Des mots doux, des caresses, des rires, des surprises… Il m’a regardée comme une déesse, comme si j'étais la seule. Il m’a même dit qu’il avait été idiot d’imaginer qu’une femme comme Cassandra pouvait être la bonne. Il m’a demandé pardon et m
~~~~~ Veronica White ~~~~~ Il me dit qu’il m’aime, que c'est moi et seulement moi qui gouverne son cœur. Il me dit que Cassandra est partie et qu’elle avait tourné la page. Il me dit qu'il regrette son comportement de ces derniers jours. Oh mon Dieu !! Dites-moi que ce n'est pas un rêve et que je ne vais pas me réveiller. Dites-moi que ce n'est pas une hallucination et que tout ça est vrai. Je jubile intérieurement alors qu'il me parle. Je me retiens de sourire trop fort, de crier victoire trop vite mais je veux savourer ce moment et l’enfermer dans un écrin. Mais je ne veux pas seulement des mots, je veux plus. Je veux son corpsw je veux l’acte qui confirme tout, celui qui efface Cassandra, Roy, Greg, Zurich, et toutes leurs conneries. Alors, je me lève lentement et m’approche de lui. Je m’assois sur ses genoux, sans le quitter des yeux. _ Si tu m’aimes vraiment, Rick… alors prouve-le-moi. Je dégrafe un bouton de sa chemise, doucement. Il ne dit rien et continue
Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je pousse la porte du salon et, comme je le pensais, Veronica est là, assise dans son fauteuil préféré, une coupe de vin rouge à la main, l’air fièrement tranquille. Je prends une profonde inspiration et m’avance vers elle et je m’assois lentement face à ell. Puis je pose mes coudes sur mes genoux et j'incline la tête, comme si j’étais accablé de regrets. _ Veronica… je suis désolé. Elle m’observe sans rien dire, elle a l'air méfiante mais je poursuis, la voix cassée volontairement. _ J’ai eu des nouvelles de Cassandra. Elle… elle a quitté le pays. Elles est à Zurich avec Roy et Greg. J’ai tout eu ce matin. Elle est partie sans même se retourner. Veronica cligne lentement des yeux. Elle tente de cacher sa réaction, mais je la vois se détendre légèrement. Je continue, posant ma main sur la sienne. _
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je redémarre la voiture en trombe. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, pas à cause de la colère, mais du mélange explosif d’humiliation et de trahison. On a voulu me faire passer pour un idiot. On a menti sur Cassandra. Sur Greg. Et peut-être sur Roy. Je ne peux pas laisser passer ça. Je m’arrête net devant l’immeuble miteux où le détective m’avait donné rendez-vous quelques jours plus tôt. Il est seul, dans ce bureau sans charme, avec ses dossiers empilés comme les mensonges qu’il me sert depuis le début. Je claque la porte derrière moi et j'entre sans frapper. Il sursaute en me voyant. _ Monsieur Hart ? Je m’avance lentement, les yeux braqués sur lui. Il essaie de masquer sa nervosité, mais son regard fuyant le trahit. _ Vous m’avez menti, lancé-je. Ma voix est posée, mais froide et tranchante. _ Pardon ? Je ne comprends pas. Je balance le dossier qu’il m’a remis sur son bureau. _ Zurich ? Greg ? Des conneries. Cassandra
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Il est déjà neuf heures. Je suis dans mon bureau, penché sur les dossiers que je tente de lire depuis une heure, mais rien ne rentre. L’image de Cassandra s’impose dans mon esprit. Et Roy... ce gamin, mon fils, que je n’ai pas vu grandir. Mes poings se serrent. J’ai raté tant d’années. Puis j'entends un léger coup à la porte. Marcy n’est plus là, évidemment. C’est moi qui ai viré mon assistante. C’est Félix, l’un des agents de sécurité, qui entre en silence. _ Il y a un homme pour vous. Il dit que c’est... personnel. Je sais déjà de qui il s’agit. Je lui fais signe de le faire entrer. Le détective privé, Oscar Menley, entre dans le bureau. Il semble hésiter, presque gêné. _ J’ai du nouveau, Monsieur Hart. Je me lève, l'air impatient. _ Parlez. Il sort un dossier qu’il pose sur mon bureau. _ La femme que vous cherchiez, Cassandra Hurber, a quitté Newark peu après votre passage à l’hôtel Eden Park. _ Où est-elle allée ? je demande c
~~~~~ Melrick Hart ~~~~~ Je ne sais plus exactement à quel moment je perds le contrôle. Peut-être quand ses doigts glissent sur ma peau avec cette précision cruelle que seuls les souvenirs savent ranimer. Peut-être quand elle murmure ces mots, ses mots d’autrefois. Ceux qu’elle prononçait les nuits où je croyais encore qu’on avait un avenir. _ Tu me voulais chaque nuit… Oui. Je l’ai voulue... follement, passionnément. J’ai cru que je l’aimais et j'ai cru qu’elle m’aimait. Mais aujourd’hui, ce n’est plus ça. Ce qu’on partage là, maintenant, c’est une erreur. Une échappatoire. Et pourtant… Son corps contre le mien, sa voix qui me supplie, sa peau qui brûle la mienne… Tout me ramène à ce passé que j’essaie d’enterrer depuis trop longtemps. Et moi, comme un idiot, je me noie dedans. Je m’accroche à cette illusion, à cette chaleur qui ne guérit rien mais qui masque tout, l’espace d’un instant. Je la prends avec rage, avec besoin, avec une frustration que je n’avais mê