MaximeMarc me fixe, son regard oscillant entre défiance et calcul. Il tente de masquer sa nervosité, mais je perçois les micro-expressions qui trahissent son incertitude. Il sait qui je suis, ou du moins, il a entendu parler de moi. Et si mon nom seul ne suffit pas à l’effrayer, l’arme sous la serviette sur la table devrait suffire à lui rappeler qu’il joue sur un terrain dangereux.Léa, de son côté, ne bouge pas. Elle serre sa tasse de thé entre ses doigts, les jointures blanches. Je sens sa tension, sa peur, mais aussi quelque chose d’autre. Une lueur de détermination. Elle ne veut plus être une victime.Marc se détend légèrement et affiche un sourire en coin.— C’est charmant, cette mise en scène, mais tu sais aussi bien que moi que tu ne peux pas me tuer ici.Je hausse un sourcil.— Qui parle de te tuer ?Son sourire se fige.— Tu crois que je vais jouer à ton jeu, Valence ?— Ce n’est pas un jeu, Marc. C’est un avertissement.Je me penche légèrement en avant, mon regard transper
MaximeIl sursaute, mais c’est trop tard. Mon bras se referme autour de sa gorge. Il essaie de se débattre, mais je resserre ma prise. Quelques secondes plus tard, son corps s’affaisse contre moi.Je le dépose doucement au sol et m’assure qu’il est inconscient avant de me diriger vers la voiture.Le type à l’intérieur ne m’a pas encore vu. Il est trop occupé à fixer son téléphone.J’ouvre brusquement la portière et attrape le col de son manteau. Il lâche un cri étouffé alors que je le traîne hors du véhicule.— Surprise.Il tente de me frapper, mais je lui écrase le poignet contre la carrosserie. Il pousse un gémissement de douleur.— Qui t’a envoyé ? je demande calmement.Il serre les dents, essayant de garder son air dur.— Va te faire—Je frappe. Un coup sec dans l’estomac. Il se plie en deux, toussant violemment.— Répète ?— C’est… c’est Marc ! crache-t-il.Je souris.— Voilà qui est mieux.Je sors mon téléphone et compose un numéro.— Hugo ? J’ai un colis pour toi.---La Ripost
MaximeLa tension est palpable. Chaque seconde qui passe me rapproche du moment où tout va basculer. Marc pense avoir le contrôle, mais il ne réalise pas qu’il danse sur une corde raide. Je ne suis pas le genre d’homme à jouer aux échecs sans prévoir plusieurs coups d’avance.Léa est silencieuse, assise sur le canapé du salon, les jambes repliées sous elle. Elle me fixe sans rien dire, mais je vois bien l’orage dans ses yeux.— Tu ne dors toujours pas, murmure-t-elle.— J’ai trop de choses en tête.Elle se redresse et s’approche de moi, posant une main légère sur mon bras.— Je ne vais pas te demander de tout m’expliquer, mais… tu es sûr que tu sais ce que tu fais ?Je lui attrape doucement la main, la serre légèrement.— Oui.Elle n’a pas l’air convaincue, mais elle ne me contredit pas.— Alors fais attention, souffle-t-elle avant de se détourner.Je la regarde s’éloigner vers la chambre, puis je me lève et récupère mon téléphone. Il est temps de lancer la dernière phase du plan.---
MaximeLe calme est une illusion. Une accalmie avant la prochaine tempête.Marc est hors jeu, mais ça ne signifie pas que tout est terminé. Loin de là. Ses alliés, ses contacts, ses dettes… tout ça ne disparaît pas en une nuit.Je le sais. Léa aussi.Elle est là, assise sur le rebord du lit, une tasse de café entre les mains, fixant un point invisible devant elle.— Tu n’arrêtes pas de réfléchir, je murmure.Elle sursaute légèrement, comme si elle ne m’avait pas entendu arriver.— Difficile de faire autrement.Elle pose la tasse sur la table de chevet et se tourne vers moi.— Tu crois que c’est vraiment fini ?Je ne lui mens pas.— Non. Mais on a pris une sacrée avance.Elle laisse échapper un petit rire sans joie.— Alors quoi ? On attend qu’un autre Marc vienne frapper à la porte ?Je me passe une main dans les cheveux.— Non. Cette fois, on anticipe.Léa arque un sourcil.— Et comment tu comptes faire ça ?Je souris, mais il n’y a rien de léger dans mon expression.— On va aller ch
L’Approche du LoupLe problème avec Moretti, c’est qu’il est intouchable.Il ne sort jamais sans une armée autour de lui. Il ne fait confiance qu’à un cercle restreint de fidèles.Mais chaque homme a une faille.La sienne s’appelle Luciano Greco, un homme de main qui gère ses opérations en France. Lui, je peux l’atteindre.Hugo a mis la main sur son agenda. Ce soir, il dîne dans un restaurant chic du centre-ville. Un lieu neutre, parfait pour une rencontre… ou un piège.J’arrive en avance. Costume sombre, démarche calme. Je prends place à une table dans l’angle, suffisamment loin pour ne pas attirer l’attention, mais assez proche pour entendre.Luciano arrive pile à l’heure, entouré de deux gorilles en costume. Il s’installe, commande une bouteille de vin hors de prix et commence à parler affaires avec son interlocuteur, un homme que je ne reconnais pas.Je les observe. J’écoute.Des bribes de phrases me parviennent. Livraison… nouvelles recrues… Moretti veut une confirmation.Ils par
MaximeLa nuit est lourde, oppressante. J’ai l’impression que l’air est plus épais, comme si le poids de la décision qui m’attend l’alourdissait.Je suis assis dans ma voiture, stationnée à quelques rues de mon appartement. Le dossier d’Anton De Luca repose sur le siège passager, comme une malédiction silencieuse.Ils veulent que je le tue.Je ne suis pas un saint. J’ai fait des choses dont je ne suis pas fier. J’ai volé, manipulé, menacé. Mais je n’ai jamais pris une vie de sang-froid.Et aujourd’hui, Moretti exige que je franchisse cette ligne.Je sors mon téléphone et compose un numéro.— Hugo.Sa voix est tendue, comme s’il devinait déjà ce que j’allais lui dire.— Ouais ?— On doit parler. Tout de suite.---Le Poids du SangHugo me rejoint dans un bar discret, un endroit où personne ne pose de questions. Il s’installe face à moi et commande un whisky.— Vas-y, crache le morceau.Je pousse le dossier vers lui. Il l’ouvre, parcourt rapidement les pages, et siffle entre ses dents.
MaximeLa Femme en Rouge22 h pile.Le club de Moretti est un joyau de luxe dissimulé derrière une façade anodine. Sélection stricte, clientèle triée sur le volet, champagne à flots et discussions dangereuses.Je franchis les portes et suis immédiatement accueilli par une ambiance feutrée, tamisée par des lumières rouges et dorées.Des hommes en costards impeccables échangent des regards complices, des alliances se forment dans l’ombre. Je ressens les regards sur moi.— Maxime.Luciano Moretti se lève d’un fauteuil en cuir, un verre de whisky à la main. Il est accompagné de plusieurs hommes influents, mais c’est la femme à sa droite qui attire mon attention.Rousse, robe fendue, lèvres écarlates.Son regard est un mélange de défi et d’amusement.— Je te présente Mila.Elle me tend une main délicate, que je serre avec précaution.— Enchantée, Maxime. J’ai beaucoup entendu parler de toi.Sa voix est une caresse dangereuse.Je ne réponds rien, me contentant d’un léger sourire.Moretti po
MilaElle hausse les épaules.— Je suis là depuis longtemps. J’ai appris à survivre.Elle se penche légèrement, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.— Sois prudent demain.Puis elle recule et disparaît dans la nuit.Je reste immobile un instant, analysant ce qu’elle vient de faire.Une alliée ?Ou une manipulatrice de plus dans ce nid de vipères ?La Livraison2 h du matin.Le hangar 47 est plongé dans l’obscurité.Je m’avance, les sens en alerte.Marco Conti est là, accompagné de plusieurs hommes. Une dizaine de caisses sont alignées sur le sol.— Tu vérifies la marchandise.J’ouvre une caisse.Des armes.Je m’y attendais.Mais un détail attire mon attention : certaines sont marquées d’un sceau officiel.De la marchandise volée à la police ou à l’armée.Je referme lentement la caisse.— Tout est en ordre.Conti me fixe, cherchant une faille dans mon comportement.Puis il se tourne vers un de ses hommes.— Chargez tout.Les minutes s’écoulent, et bientôt les camions sont ple
LéaLe jardin était redevenu silencieux.Comme s’il reprenait son souffle après tant de cœurs battants, de mots chuchotés et de souvenirs réveillés.Camille était partie.Son ombre s’était effacée lentement dans le halo doré de la nuit, et son sourire tremblant restait encore dans l’air, comme une dernière note tenue.Elle m’avait serrée fort. Pas pour me dire adieu, non. Pour dire qu’elle comprenait. Qu’elle me rendait ma place.Qu’elle m’aimait.Mon père aussi.Il avait le regard un peu perdu, comme s’il cherchait la petite fille que j’étais encore quelques instants plus tôt. Il ne m’avait pas parlé — il n’en avait pas besoin. Ses bras autour de moi avaient suffi.Et j’avais senti son front contre mes cheveux, son souffle sur ma tempe, ce soupir qu’il n’avait pas retenu.Puis Maxime avait tout doucement éteint les guirlandes.Une à une, les lumières avaient cligné, vacillé, puis rendu l’âme, comme des lucioles fatiguées.Il avait soufflé les bougies sans bruit, ramassé les verres, l
MaximeJe l’ai regardée s’éloigner vers la salle de bains, ses hanches ondulant avec cette aisance que j’avais vu revenir peu à peu, depuis qu’on était ici.Elle se reconstruisait.Et moi, je me reconstruisais avec elle.Quand j’ai entendu l’eau commencer à couler, longtemps, sans précipitation, j’ai pris mon téléphone.Deux appels. Pas plus.Mais deux essentiels.Son père.Et Camille.Je ne leur ai pas expliqué. Il n’y avait pas besoin.J’ai juste dit que j’avais besoin d’eux ce soir. Que c’était important. Que ça devait être simple. Vrai. Doux.Comme elle.Camille a eu mille réactions en une seconde.Elle a d’abord cru à une mauvaise nouvelle. Puis à une fête surprise. Puis à une demande en mariage.Et elle m’a balancé dans la même phrase : « T’as intérêt à pas faire ça à l’arrache, Maxime, je te jure. »Je lui ai dit de me faire confiance.Son père, lui, a été d’un calme qui m’a traversé comme un souffle.« Dis-moi l’heure. »Rien d’autre.Je crois qu’il savait.Ce type sent tout.
LéaLe matin est tombé sur la maison comme un voile de soie.Je me suis réveillée avant lui.Ou plutôt : je me suis laissée réveiller par la lumière.Elle entrait à flots, douce et dorée, comme si elle savait que c’était notre premier matin ici. Qu’il ne fallait rien brusquer. Rien forcer.Tout était encore en suspens.Des cartons posés contre les murs, des vêtements sans place, des objets silencieux sur les étagères vides.Mais dans le lit, ce matin-là, il y avait nous.Je suis restée allongée un moment, à l’écouter respirer derrière moi.Son torse effleurait mon dos.Son bras, en travers de mes hanches, me gardait là, ancrée.Ce n’était pas une étreinte possessive.Plutôt un fil invisible.Un attachement muet.J’avais envie de bouger, de me retourner. De le regarder dormir.Et puis non.Je voulais juste être là, dans cette lenteur neuve.Dans ce presque rien.Il y avait une paix dans ce lit qu’on avait déplacé la veille au soir, à la hâte, au milieu des rires fatigués et des draps f
LéaLe carton glisse entre mes doigts.Il n’est pas lourd. Pas vraiment. Mais mes bras tremblent un peu.Ce n’est pas la fatigue.C’est autre chose. Une onde invisible qui parcourt mon corps, entre la peur et l’excitation.Je suis debout au seuil de la maison.Notre maison.Maxime ouvre la porte devant moi, avec ce geste calme et précis qu’il a toujours eu, comme s’il savait exactement ce qu’il faisait — alors que je vois bien dans ses yeux qu’il est aussi bouleversé que moi.Le bois craque légèrement sous nos pas.L’air est un peu plus frais à l’intérieur. Et il y a cette odeur particulière — mélange de peinture, de poussière fine et de promesses.Il pose la main sur le chambranle, puis se tourne vers moi.« Bienvenue chez toi. »Je ne réponds pas.Je ne peux pas.Je regarde autour de moi, les murs nus, les fenêtres immenses, les éclats de lumière qui se posent déjà au sol comme des présences.C’est réel.Et irréel.Je pose le carton dans l’entrée.Et j’avance.---MaximeElle marche
LéaLa nuit avançait.À petits pas feutrés, comme si elle avait peur de troubler l’équilibre fragile qui s’était instauré entre nous.Je croyais que les émotions s’étaient déjà toutes exprimées.Que le cœur avait tout dit.Mais Maxime gardait encore quelque chose.Je le sentais dans sa respiration.Dans cette tension infime, nichée au creux de son silence.Il m’avait parlé d’amour.Il avait posé ses mains sur mon ventre, sur ce petit être à venir.Et moi, je m’étais laissée envelopper.Pas tout à fait rassurée.Mais un peu plus vivante.Et pourtant…Il y avait autre chose.Un éclat au fond de ses yeux.Une hésitation qui n’avait rien à voir avec le doute.Plutôt cette forme d’appréhension qu’on ressent juste avant de faire un pas important.Un saut.Il s’est redressé légèrement, sans me lâcher du regard.Comme s’il se préparait à me confier une vérité encore plus fragile.Et j’ai su.Qu’on allait franchir une autre frontière.« Il y a encore une chose que je dois te dire… »Sa voix ét
LéaIl était presque vingt-trois heures.La nuit avait recouvert la ville d’un silence dense, ponctué de quelques sirènes lointaines et du clapotis discret de la pluie contre les vitres.J’étais dans mon lit, mais pas vraiment là. Mon corps reposait, figé, alors que mon esprit flottait quelque part entre le regret, l’attente et la fatigue.Je ne pleurais plus.Je ne pensais plus pleurer.Mais chaque battement de cœur était une tension muette, un fil tendu à craquer.Je croyais qu’il ne viendrait pas.Je croyais que c’était fini.Qu’il n’y avait plus rien à dire.Et pourtant… quelque chose en moi résistait.Pas l’espoir — non. Plus ça.Mais un instinct, peut-être. Une mémoire.Et puis, la sonnette.Un son net, étrangement doux dans cette nuit suspendue.Mon cœur a cessé de battre pendant une seconde.Puis il est reparti, en désordre.Je suis restée figée.Quelques secondes à peine.Mais assez pour sentir ce qu’un simple « ding » pouvait réveiller.La peur. L’élan. La colère. Le manque.
LéaLe soir est tombé sans que je m’en aperçoive.Je suis restée longtemps dehors, après le départ de Clara.Assise sur ce banc, les mains dans les poches, le regard perdu entre les branches nues d’un arbre et les fenêtres allumées des appartements.Je ne savais pas encore quoi faire de ce moment.Ce qu’il représentait.Cette paix silencieuse qu’elle m’avait offerte. Ce renoncement sans violence.Comme un cadeau involontaire.Ou un adieu muet.J’étais rentrée lentement. Les jambes lourdes, le cœur en apnée.L’appartement était resté tel que je l’avais laissé : vide, tiède, immobile.Et cette fois, ce n’était pas seulement le silence…C’était l’absence.---Je me suis glissée dans le lit sans allumer la lumière.Je voulais rester dans l’ombre, là où mes pensées pouvaient flotter sans être jugées.Je crois que c’est là que j’ai pleuré.Pas bruyamment. Pas comme dans les films.Mais ces larmes muettes, longues, chaudes, qui coulent sans même secouer les épaules.Celles qui lavent ce qu’o
LéaJe suis restée seule, assise sur le canapé, longtemps après son départ.Le silence s’était refermé comme une chape sur la pièce. Trop dense. Trop lourd. Trop vrai.Tout semblait suspendu. Comme si le temps lui-même retenait son souffle.Il n’y avait plus de cris, plus de battements furieux, plus d’illusions. Seulement cette vérité brute qui tenait encore dans l’air, comme un résidu amer sur la langue.J’ai posé une main sur mon ventre, par réflexe.Comme pour me rappeler ce que je portais.Comme pour lui dire, à ce petit être à peine perceptible : Je suis là. Je tiens. Je ne bouge pas. Même si tout autour vacille.Je ne savais pas si j’étais soulagée ou anéantie.C’était sans doute un mélange des deux.Un étrange vertige entre lucidité et douleur.Il avait été honnête. Brutalement honnête. Et ça faisait mal.Mais j’en avais besoin. Parce qu’il fallait ça, cette clarté, même tranchante.Je ne voulais plus être celle à qui l’on cache. Celle à qui l’on ment pour “la protéger”.J’étai
LéaEt je ne voulais pas qu’elle nous rattrape plus tard, comme un poison lent. Je ne voulais pas faire semblant. Plus maintenant. J’avais trop vécu dans les demi-mots, les silences chargés, les zones grises. J’avais trop laissé les autres écrire les lignes de ma vie.Alors je me suis reculée. Juste assez pour qu’il comprenne que ce que j’allais dire comptait. Que ce n’était pas un caprice. Que c’était important. Inévitable.« Et Clara ? »Il a figé.Un battement de paupières. Un silence dense. J’ai senti quelque chose se tendre sous sa peau, comme un fil qui menace de rompre.Je l’ai regardé droit dans les yeux. Sans colère. Sans hargne. Juste avec cette force calme qu’on apprend quand on n’a plus rien à perdre. Quand on a déjà tout perdu une fois.« Elle est aussi enceinte de toi. Qu’est-ce que tu comptes faire ? »---MaximeJ’aurais voulu qu’elle ne le sache pas. Mais bien sûr qu’elle savait.Léa a toujours su voir au-delà des mots. Au-delà des silences. Elle sent les failles, mê