mardi 15 novembre 2107Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Un goût de sang me monte à la bouche et de violentes nausées m’assaillent. Je passe une main sous mon t-shirt pour palper la fine cicatrice.—Ça va Xalyah?Nedj! Assis en face de moi, son sac entre les jambes, il me regarde d’un air bizarre. Prestement, je retire ma main et me lève en m’ébouriffant les cheveux.—Oui, oui, ça va. Merci.La plupart des membres du groupe sont déjà debout, certains rassemblent leurs affaires, d’autres déjeunent devant le réchaud dans la pièce principale. Mais personne ne parle. L’atmosphère est pesante, si bien que je me hâte à mon tour de me préparer. Je pioche un abricot sec dans mon sac, que j’avale presque tout rond avec une gorgée d’eau, avant de filer dans la salle d’eau. Après une rapide toilette, un brossage de dents expéditif et un coup de peigne dans les cheveux, je ressors de la pièce, mon sac sur le
mercredi 16 novembre 2107Où en étais-je? Il était question de perruche, de pop-rock et… ah oui, les petits-enfants. J’y suis…Tous les samedis, leurs petits-enfants viendraient leur rendre visite. Elle, elle préparerait des cookies à la vanille. Lui s’amuserait à leur raconter l’histoire de la famille. Ou plutôt non, l’Histoire. Car il aurait été un professeur excellant dans ce domaine et enseignant dans l’une des meilleures facultés de Paris. Et tous les dimanches, ils sonneraient chez leur voisin…Tiens, elle fait un drôle de bruit la sonnette… Et pourquoi sonneraient-ils avec autant d’insistance? Et pourquoi j’ai l’impression d’entendre mon nom de l’autre côté de la porte? Elle ne s’appellerait pas comme moi, par hasard?—Xalyah! Bouge tes fesses, on décolle!J’ouvre un œil et d’un coup la cacophonie de mon rêve prend tout son sens. Ça s’agite. Ça court. Ça crie. C’est quoi tout ce foin? Qu’es
jeudi 17 novembre 2107Une douce odeur sucrée me sort du sommeil agité dans lequel j’étais plongée. En entrouvrant les paupières, je reconnais la silhouette de Jeremy penchée sur le feu, en train de touiller dans la conserve en fer de la veille.—Salut! déclare-t-il d’un ton enjoué, derrière son écharpe. Bien dormi?Je pousse un grognement en guise de réponse et me redresse sur les coudes.—Qu’est-ce que tu fais?Il se tourne vers moi avec une lueur malicieuse aux coins des yeux.—Ma spécialité! De l’eau au sucre avec des feuilles de menthe séchées. Tu vas voir, c’est super bon!—J’ai l’impression que cette nuit de sommeil t’a fait du bien, non?Le rouge lui monte aux joues et c’est en baissant les yeux qu’il déclare:—Je ne vois pas de quoi tu parles. Je vais très bien.—C’est sérieux Jeremy! le sermonné-je. Une commotion céré
vendredi 18 novembre 2107Un coup donné au niveau de mes chaussures me réveille en sursaut. J’ouvre les yeux et m’étire de tout mon long. Tim fait le tour des derniers endormis et avec une délicatesse propre à lui, les sort du sommeil, un à un.—Allez, debout là-dedans! s’époumone-t-il.Il me faut plusieurs minutes avant d’émerger totalement et de me lever. J’ai les muscles endoloris par l’effort fourni la veille. Faire du vélo, ce n’est pas tout à fait la même chose que marcher ou courir. D’ailleurs cela a réveillé la douleur de ma plaie à la cuisse. Celle-ci cicatrise bien, mais je dois encore protéger les points de suture jusqu’à ce qu’ils s’en aillent tout seul, d’ici quelques jours.De mon sac, je sors de quoi me faire un nouveau bandage et range l’ancien que je devrais laver si je veux le réutiliser. J’en profite pour vérifier mon matériel, notamment mes armes, et faire l’inventaire. Pour l’instant, j’ai de quoi tenir un petit moment
samedi 19 novembre 2107La nuit a été courte, mais elle a été bonne. Je me sens mieux qu’hier, prête à cavaler toute la journée s’il le faut. Et j’ai l’impression qu’il en va de même pour le reste du groupe.Ce matin il y a comme un parfum de bonne humeur qui flotte dans l’air. Est-ce dû à la partie de cartes partagée hier? À la bonne nuit de sommeil que nous avons tous passé? Peu importe, malgré le silence qui règne au-dessus de nos têtes alors que le jour n’est pas encore levé, les visages sont plus détendus.La matinée déroule son lot de villages que nous traversons d’un pas cadencé. Plus nous progressons, plus leur taille augmente. Et à chaque fois, nous observons les mêmes scènes; les habitants des lieux se replient chez eux, fermant portes et volets dès qu’ils nous aperçoivent. Je ne peux que les comprendre. Vus de l’extérieur, nous sommes un groupe armé jusqu’aux dents, l’air pas commode et déterminé. De quoi donner quelques sueurs f
«La pièce est plongée dans la pénombre. Un mince filet de lumière filtre sous la porte de fer, seul témoin d’une autre présence humaine dans les parages. Ils ont donc fini par me ramener dans ma cellule…Jusque-là allongée sur le côté, je me contorsionne pour me mettre sur le dos. La douleur est insupportable. Je réprime un gémissement de douleur, tentant par la même occasion de chasser les images qui polluent mon esprit.J’ai perdu beaucoup de sang aujourd’hui et l’espoir avec… Non! me reprends-je. Il faut y croire, il le faut, je n’ai pas le choix! D’une main incertaine, je tâte la blessure que je porte au ventre. Le sang ne coule plus, mais je sens les chairs encore à vif. Ces pourritures me le paieront un jour. Pour le moment je suis condamnée à subir, mais un jour j’aurai ma revanche. Et ce jour-là je n’aimerais pas me retrouver face à moi. Cette rage qui brûle en moi est la seule flamme de l’espoir que je dois conserver pour survivre.Je
dimanche 20 novembre 2107Je me réveille avec une migraine épouvantable, ce cauchemar ne cessera donc jamais de me harceler? Constamment je reverrai ces souvenirs que je préférerais oublier. Je m’assieds sur le lit grinçant et passe une main dans mes cheveux qui retombent en cascade sur mes épaules.L’aube est sur le point de se lever et déjà les femmes autour de moi s’agitent près des feux. Certaines s’occupent des tâches domestiques: ranger, faire à manger, laver… d’autres nettoient les munitions, vérifient les chargeurs, font l’inventaire de tout un tas de caisses remplies de matériels militaires. De l’autre côté, j’aperçois les hommes rassemblés autour d’une table bancale, jonchée d’appareils électroniques et de cartes en tout genre. Et au milieu, les enfants s’amusent d’un rien, ignorant toute cette agitation. Quel cliché!Mon attention est attirée par un petit garçon et une petite fille qui jouent à quelques mètres de moi; à l’a
mardi 22 novembre 2107Doucement, je m’éveille pour laisser percer une faible lueur jaunâtre à travers mes cils. Les cheveux collés par la sueur, je réalise que mon corps tremble sans que je puisse l’en empêcher. Khenzo dort à côté de moi, un bras posé sur ma hanche. Sa respiration est paisible. Je referme les yeux et me concentre sur son souffle pour m’apaiser. J’avais déjà le sommeil dérangé et avec les récents évènements les choses n’iront pas en s’arrangeant.Près de nous, le feu crépite toujours dans la cheminée, répandant une chaleur réconfortante dans la pièce. L’espace d’un instant, j’arrive à faire le vide dans mon esprit, à mettre de côté les images qui ont hanté mes rêves cette nuit.Mon compagnon finit par bouger dans son sommeil; je profite de l’occasion pour me dégager des couvertures. Me lever me demande plus de ressources que ce que j’aurais imaginé. Une fois debout, je m’inspecte devant les flammes rougeoyantes. J’a
mardi 22 novembre 2107Doucement, je m’éveille pour laisser percer une faible lueur jaunâtre à travers mes cils. Les cheveux collés par la sueur, je réalise que mon corps tremble sans que je puisse l’en empêcher. Khenzo dort à côté de moi, un bras posé sur ma hanche. Sa respiration est paisible. Je referme les yeux et me concentre sur son souffle pour m’apaiser. J’avais déjà le sommeil dérangé et avec les récents évènements les choses n’iront pas en s’arrangeant.Près de nous, le feu crépite toujours dans la cheminée, répandant une chaleur réconfortante dans la pièce. L’espace d’un instant, j’arrive à faire le vide dans mon esprit, à mettre de côté les images qui ont hanté mes rêves cette nuit.Mon compagnon finit par bouger dans son sommeil; je profite de l’occasion pour me dégager des couvertures. Me lever me demande plus de ressources que ce que j’aurais imaginé. Une fois debout, je m’inspecte devant les flammes rougeoyantes. J’a
dimanche 20 novembre 2107Je me réveille avec une migraine épouvantable, ce cauchemar ne cessera donc jamais de me harceler? Constamment je reverrai ces souvenirs que je préférerais oublier. Je m’assieds sur le lit grinçant et passe une main dans mes cheveux qui retombent en cascade sur mes épaules.L’aube est sur le point de se lever et déjà les femmes autour de moi s’agitent près des feux. Certaines s’occupent des tâches domestiques: ranger, faire à manger, laver… d’autres nettoient les munitions, vérifient les chargeurs, font l’inventaire de tout un tas de caisses remplies de matériels militaires. De l’autre côté, j’aperçois les hommes rassemblés autour d’une table bancale, jonchée d’appareils électroniques et de cartes en tout genre. Et au milieu, les enfants s’amusent d’un rien, ignorant toute cette agitation. Quel cliché!Mon attention est attirée par un petit garçon et une petite fille qui jouent à quelques mètres de moi; à l’a
«La pièce est plongée dans la pénombre. Un mince filet de lumière filtre sous la porte de fer, seul témoin d’une autre présence humaine dans les parages. Ils ont donc fini par me ramener dans ma cellule…Jusque-là allongée sur le côté, je me contorsionne pour me mettre sur le dos. La douleur est insupportable. Je réprime un gémissement de douleur, tentant par la même occasion de chasser les images qui polluent mon esprit.J’ai perdu beaucoup de sang aujourd’hui et l’espoir avec… Non! me reprends-je. Il faut y croire, il le faut, je n’ai pas le choix! D’une main incertaine, je tâte la blessure que je porte au ventre. Le sang ne coule plus, mais je sens les chairs encore à vif. Ces pourritures me le paieront un jour. Pour le moment je suis condamnée à subir, mais un jour j’aurai ma revanche. Et ce jour-là je n’aimerais pas me retrouver face à moi. Cette rage qui brûle en moi est la seule flamme de l’espoir que je dois conserver pour survivre.Je
samedi 19 novembre 2107La nuit a été courte, mais elle a été bonne. Je me sens mieux qu’hier, prête à cavaler toute la journée s’il le faut. Et j’ai l’impression qu’il en va de même pour le reste du groupe.Ce matin il y a comme un parfum de bonne humeur qui flotte dans l’air. Est-ce dû à la partie de cartes partagée hier? À la bonne nuit de sommeil que nous avons tous passé? Peu importe, malgré le silence qui règne au-dessus de nos têtes alors que le jour n’est pas encore levé, les visages sont plus détendus.La matinée déroule son lot de villages que nous traversons d’un pas cadencé. Plus nous progressons, plus leur taille augmente. Et à chaque fois, nous observons les mêmes scènes; les habitants des lieux se replient chez eux, fermant portes et volets dès qu’ils nous aperçoivent. Je ne peux que les comprendre. Vus de l’extérieur, nous sommes un groupe armé jusqu’aux dents, l’air pas commode et déterminé. De quoi donner quelques sueurs f
vendredi 18 novembre 2107Un coup donné au niveau de mes chaussures me réveille en sursaut. J’ouvre les yeux et m’étire de tout mon long. Tim fait le tour des derniers endormis et avec une délicatesse propre à lui, les sort du sommeil, un à un.—Allez, debout là-dedans! s’époumone-t-il.Il me faut plusieurs minutes avant d’émerger totalement et de me lever. J’ai les muscles endoloris par l’effort fourni la veille. Faire du vélo, ce n’est pas tout à fait la même chose que marcher ou courir. D’ailleurs cela a réveillé la douleur de ma plaie à la cuisse. Celle-ci cicatrise bien, mais je dois encore protéger les points de suture jusqu’à ce qu’ils s’en aillent tout seul, d’ici quelques jours.De mon sac, je sors de quoi me faire un nouveau bandage et range l’ancien que je devrais laver si je veux le réutiliser. J’en profite pour vérifier mon matériel, notamment mes armes, et faire l’inventaire. Pour l’instant, j’ai de quoi tenir un petit moment
jeudi 17 novembre 2107Une douce odeur sucrée me sort du sommeil agité dans lequel j’étais plongée. En entrouvrant les paupières, je reconnais la silhouette de Jeremy penchée sur le feu, en train de touiller dans la conserve en fer de la veille.—Salut! déclare-t-il d’un ton enjoué, derrière son écharpe. Bien dormi?Je pousse un grognement en guise de réponse et me redresse sur les coudes.—Qu’est-ce que tu fais?Il se tourne vers moi avec une lueur malicieuse aux coins des yeux.—Ma spécialité! De l’eau au sucre avec des feuilles de menthe séchées. Tu vas voir, c’est super bon!—J’ai l’impression que cette nuit de sommeil t’a fait du bien, non?Le rouge lui monte aux joues et c’est en baissant les yeux qu’il déclare:—Je ne vois pas de quoi tu parles. Je vais très bien.—C’est sérieux Jeremy! le sermonné-je. Une commotion céré
mercredi 16 novembre 2107Où en étais-je? Il était question de perruche, de pop-rock et… ah oui, les petits-enfants. J’y suis…Tous les samedis, leurs petits-enfants viendraient leur rendre visite. Elle, elle préparerait des cookies à la vanille. Lui s’amuserait à leur raconter l’histoire de la famille. Ou plutôt non, l’Histoire. Car il aurait été un professeur excellant dans ce domaine et enseignant dans l’une des meilleures facultés de Paris. Et tous les dimanches, ils sonneraient chez leur voisin…Tiens, elle fait un drôle de bruit la sonnette… Et pourquoi sonneraient-ils avec autant d’insistance? Et pourquoi j’ai l’impression d’entendre mon nom de l’autre côté de la porte? Elle ne s’appellerait pas comme moi, par hasard?—Xalyah! Bouge tes fesses, on décolle!J’ouvre un œil et d’un coup la cacophonie de mon rêve prend tout son sens. Ça s’agite. Ça court. Ça crie. C’est quoi tout ce foin? Qu’es
mardi 15 novembre 2107Je me réveille en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Un goût de sang me monte à la bouche et de violentes nausées m’assaillent. Je passe une main sous mon t-shirt pour palper la fine cicatrice.—Ça va Xalyah?Nedj! Assis en face de moi, son sac entre les jambes, il me regarde d’un air bizarre. Prestement, je retire ma main et me lève en m’ébouriffant les cheveux.—Oui, oui, ça va. Merci.La plupart des membres du groupe sont déjà debout, certains rassemblent leurs affaires, d’autres déjeunent devant le réchaud dans la pièce principale. Mais personne ne parle. L’atmosphère est pesante, si bien que je me hâte à mon tour de me préparer. Je pioche un abricot sec dans mon sac, que j’avale presque tout rond avec une gorgée d’eau, avant de filer dans la salle d’eau. Après une rapide toilette, un brossage de dents expéditif et un coup de peigne dans les cheveux, je ressors de la pièce, mon sac sur le
«Ma tête me fait un mal de chien. Comme si quelqu’un s’amusait à jouer de la batterie avec. Je roule sur le côté en poussant un grognement de douleur, avant d’ouvrir les yeux. Une faible lueur, émanant de sous la porte, éclaire la petite pièce sombre où je me trouve. Une fois à genoux, je tâte avec précaution mon arcade sourcilière. Un liquide poisseux macule aussitôt mes doigts et une odeur de fer emplit mes narines. Pourquoi ne m’ont-ils pas tuée?Je baisse les yeux sur ma poitrine. Mon débardeur blanc est maculé de sang et mon pantalon déchiré. Je n’ai plus ni mon foulard, ni mes chaussures, ni ma ceinture. Encore moins mon sac et mes armes. Ils m’ont tout pris et me voilà enfermée dans cette putain de pièce! Abattue par ma situation, j’observe mes mains couvertes de sueur et de taches rougeâtres séchées. Elles font pitié à voir. Je me palpe les côtes en esquissant une grimace. Ces enfoirés ne m’ont pas loupée. Je suis dans un sale état.Je rampe v