En sortant des vestiaires, je pose ma bouteille d'eau à côté de moi avant de commencer à m'échauffer. La salle est plutôt fréquentée ce soir, ce qui ne me met pas spécialement en joie. Et comme toujours, pas une seule fille à l'horizon.
« Axelle ! »
Enfin, presque pas une seule. Lorelei s'avance vers moi en faisant de grands signes. Je me redresse pour lui serrer la main.
« Salut, Lo'
-Comment tu vas ?
-La forme. Et toi ? »
Elle m'adresse un sourire. Comme à chaque fois que je la vois, ses cheveux courts sont en pétards et elle a l'air béat d'une fille amoureuse. Mais je sais que c'est l'endroit qui la rend si heureuse. Lorelei s'occupe de la salle avec son meilleur ami, Viktor, depuis des années déjà et elle doit être la seule personne dans tout New York qui aime toujours son travail comme au premier jour.
« Comme d'hab ! »
Elle s'accroupit près de moi alors que je reprends mon échauffement.
« Je vais peut-être faire un match retransmis à la télé dans un mois. »
J'ouvre des yeux ronds.
« Non !
-Si !
-Oh putain, Lo', c'est génial ! »
Elle ne peut se retenir de me serrer dans ses bras et je l'accueille avec plaisir. Cette fille a dédié sa vie à la boxe, et je suis vraiment heureuse que ses efforts finissent par payer.
« Bon, je dois encore passer quelques tests et faire un combat éliminatoire mais...
-Tu vas gérer. J'en suis sûre. »
Elle hoche la tête.
« Pour fêter ça, on va boire un verre avec Viktor demain. Tu te joins à nous ? »
Je dois admettre que sans Lorelei et Viktor, ma vie se résumerait à travailler-manger-boxer-dormir. C'est eux qui me traînent sans arrêt dans des sorties en ville qui les mettent très en joie, mais qui ne sont en général pas ma tasse de thé. J'esquisse un sourire.
« Ouais, carrément ! »
Je peux bien faire un effort pour mon amie. Et puis, je la connais, elle ne m'aurait pas laissé le choix. Me sentant bien échauffée, j'attrape mes bandages
« On se fait un petit combat ? »
Ma proposition la ravit. Cette fille m'adore depuis que j'ai passé les portes de la salle, elle était bien trop contente d'enfin voir une fille dans cet univers « masculino-machiste de merde » comme elle le dit. Nous montons toutes les deux sur le ring, sous quelques regards intéressés. Bien sûr, deux nanas en tenues de sport qui se battent dans un ring...Je lève les yeux au ciel. Lo' se met en garde.
« Prête ? »
Je l'imite avant de hocher la tête. Lorelei est une vraie guerrière qui passe des heures à se muscler pour être capable de mettre n'importe qui au tapis. A côté, je fais un peu crevette. Mais dès mon arrivée, elle m'a prise sous son aile et je pense avoir fait plus de progrès avec elle qu'avec n'importe lequel de mes profs. Nous commençons par échanger quelques coups légers, comme pour prolonger l'échauffement avant de passer aux choses sérieuses. Lorsque le pied de ma prof m'arrive en plein dans les côtes, je pousse un cri et vacille pour me retrouver dans les cordes. Elle se précipite sur moi.
« Axelle ! Désolée, ça va ? »
Je hoche la tête en grimaçant. A force de se battre en pro et d'affronter tous les mecs de la salle juste pour le kif, Lorelei finit par avoir du mal à retenir ses coups. Je me relève.
« Je croyais que c'était un entraînement, fais-je en rigolant. »
Elle m'adresse un sourire contrit.
« Désolée.
-T'inquiète. »
Au bout de quelques échanges, je parviens enfin à envoyer mon poing dans son visage. Elle valse et atterrit dans les cordes en soufflant bruyamment.
« Pas de bobo ? »
C'est un peu un rituel en entraînement de vérifier à chaque coup que l'adversaire n'est pas sérieusement blessé. Lorelei secoue la tête.
« Joli enchaînement, jeune padawan. »
Je souris. Même après un direct du droit, elle arrive à faire de l'humour. Au bout de plusieurs minutes de coups, elle finit par lever les poings.
« Okey ! Ça ira pour ce soir. »
Nos souffles sont court, nos corps baignés de sueur. Je hoche la tête en dégageant quelques cheveux collés à mon front. Bon sang, ça fait du bien. Lorelei me tend ses gants que je frappe des miens. Elle en profite pour me chuchoter :
« Au fait, à 60° sur ta droite, assis sur le banc, y a un gars plutôt canon qui te regarde depuis le début de l'entraînement. »
Je hausse un sourcil. Ce n'est pas la première fois qu'elle me fait le coup. Son obsession depuis quelques temps est de me trouver quelqu'un à tout prix, même quitte à brader ses propres potes (à qui j'ai souvent fait passer des mauvaises soirées). Elle s'éloigne et hoche la tête en souriant.
« J'ai encore des gars à entraîner. Je te tiens au courant pour demain ! »
Et là dessus, elle descend du ring. Je me retourne, très peu subtilement et croise un regard noir braqué sur moi. En effet, il me regarde carrément. Et en effet, il est plutôt mignon. Il a des cheveux d'un brun sombre en pagaille, genre saut du lit, les pommettes hautes, une barbe naissante. Et d'après ce que je vois d'ici, le corps n'est pas en reste. Je descends du ring, encore essoufflée, me débarrasse de mes gants et récupère ma bouteille d'eau avant de m'approcher de lui. Il ne me quitte pas des yeux.
« Salut, dis-je.
-Salut. »
Sa voix est genre...super grave, un peu rocailleuse. Méga sexy.
« T'as aimé le combat ? »
Il hoche la tête.
« Tu te débrouilles bien.
-Merci. »
Je bois un peu d'eau avant de m'asseoir par terre, en face de lui.
« Ça fait longtemps que tu boxes ? »
Je hoche la tête et compte rapidement dans ma tête avant de répondre.
« Environ 6 ans. Avant j'ai fait du judo et de la krav maga. »
J'avais également envisagé le free-fight mais aucun moyen de trouver une salle qui donne des cours près de chez moi. Je m'étais donc rabattue sur la boxe thai avant de tomber amoureuse de ce sport.
« Et toi ? Je t'ai jamais vu ici. »
Il hoche la tête.
« J'en fais depuis que je suis gamin. Mais la salle où j'allais a fermé. C'est la première fois que je viens là. »
Il me décoche un clin d'œil.
« Et c'est pas la dernière. »
Okey, donc le mec me mate pendant tout le combat puis me fait comprendre qu'il va revenir à l'endroit où je m'entraîne, et conclut sur un clin d'œil. L'ego est présent.
« Si tu veux, je te présenterai Lorelei, c'est une super prof. »
T'emballes pas trop mon gars.
« Je préférerais que ça soit toi qui m'entraîne. »
Raaaatééééé !
J'essaie désespérément de ne pas rougir, sans succès et laisse échapper un rire nerveux.
« Désolée, j'entraîne pas, moi. »
Ce rire était totalement un gloussement, je meurs de honte. En même temps, c'est pas souvent qu'un gars me fait des avances. Surtout un gars comme lui ! Dans ces cas là, je regrette vraiment de ne pas être une femme fatale sûre d'elle comme on voit dans les films. D'autant que le mec doit enchaîner les nanas sans aucune difficulté. Et à voir son sourire, il a très bien compris ma gêne. Je préfère me lever histoire d'arrêter le massacre.
« Au fait, je m'appelle Daryl. »
Il me tend la main. J'hésite une seconde avant de la serrer.
« Axelle. »
Je rêve où il tient ma main un peu trop longtemps ? Et est-ce qu'il arrive à sentir mon pouls qui pulse à un rythme bien trop effréné ? Je récupère ma main, troublée.
« Oï, Axelle ! »
La porte du fond s'ouvre d'une manière théâtrale sur un géant à la barbe fournie portant un tee shirt de metal qui m'adresse un sourire radieux avant de foncer sur moi.
« Viktor ! »
Je n'ai pas le temps de réagir que mon ami me décolle littéralement de terre et commence à me faire tournoyer en l'air, comme si j'étais un brin de paille. C'est sa manière de me dire bonjour, qui d'habitude me fait mourir de rire, mais qui là me donne juste envie de mourir tout court. Puis les yeux bleus du fier guerrier teuton se pose sur Daryl qui ne s'est même pas levé. Il nous regarde en souriant d'un air énigmatique.
« Aaaah, tu es nouveau toi ! Il faut que je te prenne en main, mon garçon, regarde-toi, t'es maigre comme un clou !! Tu manges rien où quoi ?? Ma chère Mutter elle disait toujours... »
Et voilà, on est parti pour un grand monologue de Viktor et un grand moment de solitude pour moi !! D'autant que mon charmant ami n'a toujours pas daigné me reposer et ne semble même pas s'en apercevoir ! Je jette un coup d'œil gêné à Daryl qui me sourit toujours. Est-ce qu'il écoute au moins ce dont lui parle Viktor ? Je gigote un peu.
« Viktor, pose-moi ! »
Celui-ci s'interrompt en pleine phrase et me regarde comme si je venais de dire la plus grosse stupidité du monde. Puis il me repose par terre, comme si de rien n'était. J'ai envie de disparaître sous terre. Faute de mieux, je lance un regard noir à mon ami. Non, mais en voilà des manières! Celui-ci lève les mains en l'air, comme pour se rendre.
« Allez, un petit combat pour me faire pardonner ma toute belle !
-C'est gentil mais je viens d'en faire un avec Lorelei... »
Et même si elle est plutôt tranquille, je sens encore certains de ses coups ! Pas sûr que je puisse enchaîner avec un combat contre le colosse. Il soupire puis se tourne vers Daryl.
« Ça, c'est une excuse parce qu'elle a peur de perdre. »
J'interviens immédiatement.
« Hey ! Tu veux que je te rappelle qui a gagné la dernière fois ?
-Et tu veux que je te rappelle le score ? »
Je grimace. Évidemment, le score n'est pas vraiment en ma faveur. Mais pour ma défense, Viktor doit faire deux fois mon poids et il fait de la boxe thai depuis plus longtemps ! Sans compter son expérience en lutte et en judo !
« Pas la peine, merci.
-19 à 14, c'est bien ça ? »
Je lève les yeux au ciel.
« J'avais dit pas la peine... »
Pour la peine, j'envoie une bourrade dans l'épaule de mon ami qui bouge à peine et éclate de rire. En tournant la tête, je vois que Daryl pouffe également.
Ah, tu veux te moquer ?
Je me retourne vers Viktor en souriant.
« Pourquoi tu ne ferais pas plutôt un vrai match avec Daryl ? Histoire de voir ce qu'il vaut ? »
L'interpellé se tourne vers moi, sans se départir de son sourire. Bizarrement, il a l'air plutôt emballé. Viktor éclate de nouveau de rire et me met un petit coup dans l'épaule.
« Alors toi ! Non seulement tu refuses un combat avec moi mais en plus tu m'utilises pour casser du nouveau ! »
Je secoue innocemment la tête.
« Oh mais je ne force personne. »
Mes yeux se plantent dans ceux de Daryl. Je ne force personne, vraiment ? Je suis sûre qu'il ne pourra pas résister à ce défi. Il se lève.
« Moi, ça me botte. »
Mon ami le regarde avec des yeux ronds. C'est en effet assez rare que quelqu'un accepte de l'affronter, comme ça, sans hésiter. Il m'adresse un sourire.
« Dans ce cas...tes désirs sont des ordres, Axelle ! »
Il se détourne pour aller chercher son matériel. Je m'apprête à le suivre quand une voix m'interpelle.
« 19 à 14 alors ? »
Je me tourne vers Daryl qui enroule ses bandages autour de ses mains. Il a un sourire narquois.
« Si tu penses faire mieux...
-La vraie question c'est qu'est-ce que j'y gagne ? »
J'hésite. Je ferais mieux de faire attention à ma réponse. Je suis sûre que mon ami va gagner mais Daryl a l'air particulièrement sûr de lui.
« Certainement le respect de tout le monde ici. Personne n'a jamais battu Viktor du premier coup. »
Il hausse les épaules.
« Qui va arbitrer ?
-Probablement Lorelei. »
Et je pense même qu'elle va rameuter toute la salle pour voir le spectacle. Mais elle est impartiale, même quand il s'agit de son meilleur ami. Daryl enlève soudainement son tee shirt.
Oh putain.
Je détourne rapidement les yeux. Mais pas assez vite pour ne pas avoir vu son corps littéralement sculpté. Chaque muscle semble avoir été dessiné dans sa peau. Je le pensais athlétique mais pas à ce point !
Okey, on se calme et on respire. C'est un mec, il a un beau corps, et alors ? C'est pas le seul que t'aies vu dans ta vie !
Je prends une grande inspiration. Il ne doit surtout pas voir que je suis impressionnée. Un sourire aux lèvres, il enfile rapidement ses gants. Dans la salle, un grand brouhaha se fait entendre. La plupart des combattants se sont rassemblés autour du ring, curieux de voir ce qu'il va se passer. A l'intérieur, Viktor est déjà prêt et je vois Lorelei s'approcher de nous. Elle n'a pas l'air très rassurée.
« Heu...on va faire un combat classique en cinq reprises. Je serais juge avec deux autres gars de la salle. Ça te convient ? »
Elle fixe Daryl, l'interrogeant du regard. Elle doit se demander s'il ne regrette pas déjà sa décision. Mais Daryl hoche la tête, sans ciller. Lorelei jette un œil dans ma direction. Si Viktor lui a dit que l'idée venait de moi, elle doit se demander à quoi je joue. Je préfère me détourner et me rendre aux abords du ring où je me glisse entre deux jeunes qui ont l'air surexcités. Apparemment, ils n'ont jamais vu Viktor se battre. Personnellement, je sais qu'il n'est pas très tendre dans ses coups...et il a encore moins de raisons de l'être avec son adversaire du soir. Daryl monte calmement sur le ring. Il a toujours un sourire aux lèvres. Je remarque un tatouage qui couvre tout le haut de son dos. Plutôt classe.
« Peut-être qu'en fait il est taré...marmonne un des garçons à côté de moi. »
Je ne relève pas. En tout cas, même s'il n'est pas taré, il est étrangement confiant ! Les juges s'installent un peu à l'écart pour avoir une meilleure vue. Lorelei monte également sur le ring et annonce les règles avant de reculer d'un pas.
« Vous êtes prêts ? »
Les adversaires tapent leurs gants les uns contre les autres avant de reculer et d'acquiescer.
« Alors c'est parti ! »
J'entends immédiatement la foule se mettre à hurler comme si le signal leur était destiné. Le plus drôle est qu'aucun d'entre eux ne connaît le prénom de Daryl et l'encourage donc comme « le nouveau ». Les combattants commencent par se tourner autour, comme deux fauves. Viktor a un sourire aux lèvres, très sûr de lui. Il attaque le premier. Son poing glisse sur le flanc de Daryl qui l'évite habilement. Je me souviens qu'il pratique la boxe thai depuis son enfance. Viktor ne devrait pas le prendre pour un débutant. Celui-ci se remet en garde.
« T'as l'air de savoir ce que tu fais, mon grand, déclare-t-il.
-T'en fais pas pour moi. »
Malgré leurs politesse, je sens bien qu'aucun des deux n'a envie de perdre. Viktor ne peut pas se le permettre pour sa réputation. Et Daryl...eh bien, il a accepté le combat. En perdant, il passerait pour un crétin.
Ou alors il veut t'impressionner...
Je chasse cette pensée d'un mouvement de tête. Ce serait vraiment stupide de sa part. Et je ne vois pas pourquoi il ferait ça. Viktor envoie un nouveau coup de poing, un formidable crochet du droit. Daryl l'esquive sans plus de problème que le premier et réplique avec un direct dans la poitrine. J'entends le volume des cris diminuer, petit à petit. Tout le monde est concentré, comme s'ils se voyaient à la place des combattants. Viktor ne chancelle même pas. Il en faut plus pour le faire vaciller. Il intercepte un coup de poing, en dévie un autre et enchaîne avec un coup de pied magistral dans le ventre. Malgré les apparences, il est formidablement agile. Daryl recule de quelques pas avec une grimace de douleur. Contrairement à l'usage, son opposant ne demande pas si tout va bien. Son visage est tendu, concentré. L'entraînement ne semble déjà plus en être un. Cette fois, c'est Daryl qui attaque. Il esquisse un direct pour feinter son adversaire et le cueillir d'un uppercut en plein visage avant d'envoyer son coude en plein dans le torse de Viktor et de terminer avec un coup de genou dans le ventre. Son adversaire tombe sur le ring et Lorelei s'interpose immédiatement. Fin de la première reprise, les combattants ont droit à une pause. Daryl vient se poser dans le coin à côté de moi. Hasard ou non ? Il me jette un regard amusé et je me prends à penser qu'il est encore plus sexy comme ça. Un gars lui tend une bouteille d'eau qu'il boit avec avidité.
« Tu tiens le coup ? »
Je tente de donner à ma voix un ton moqueur mais je ne peux m'empêcher d'être un peu inquiète. Il hausse les épaules et bois une nouvelle gorgée d'eau. Je regarde Viktor, de l'autre côté du ring. Le dernier enchaînement l'a clairement sonné.
« Si je gagne, tu me passes ton numéro, Axelle ? »
Je me fige. Est-ce que j'ai bien entendu ? Mon regard passe lentement sur Daryl qui me fixe, son éternel sourire aux lèvres. Non, j'ai du me tromper.
« Quoi ?
-Ton numéro. Si je gagne, tu me le donnes. Ça rajoute du piquant quand il y a un enjeu. »
Oui, enfin la vraie question c'est est-ce que j'ai envie de lui donner mon numéro ? Parce qu'au vu du combat, je ne suis plus aussi sûre quant au vainqueur. Je baisse les yeux pour ne plus avoir à soutenir ce regard particulièrement intense.
« Ok. »
Euh...c'est moi qui ait dit ça ?
Les mots semblent avoir traversé mes lèvres sans que je le leur ordonne. Daryl m'adresse un clin d'œil avant de rendre la bouteille à son propriétaire et de se retourner. Bon, après tout, rien ne dit qu'il va gagner. Sauf que maintenant que je sais qu'il veut mon contact, je ne suis pas sûre qu'il lâche l'affaire si facilement. Est-ce que j'aurais pas fait une connerie ?
Pourquoi ? C'est cool un beau mec qui te fait du charme non ?
Dans un sens, oui. Dans un autre...Je soupire. De nous deux, je ne serais probablement pas la plus déçue. Je lève le nez alors que Lorelei fait débuter la seconde reprise. Et tout se passe soudain très vite. Viktor tente un uppercut mais manque son coup et se laisse emporter par son élan. Daryl ne lui laisse pas le temps de corriger sa position. Son poing vient s'écraser dans les côtes de son adversaire, puis dans son ventre et alors que Viktor se courbe, par réflexe, un genou vient lui exploser la face. Il tombe de nouveau, les bras en croix. Lorelei se précipite. Le combat est fini. Elle vérifie rapidement que Viktor va bien avant de déclarer Daryl vainqueur. Je reste bouche bée. Il a sérieusement battu mon ami en deux rounds ? Comme ça ? Les spectateurs explosent en applaudissements. Je suis sous le choc. Daryl lève un bras victorieux.
Mais...c'est pas possible !
Je me glisse dans la foule pour m'approcher de Lorelei avant de l'interpeller.
« Lo' ! »
Celle ci, agenouillée auprès de son meilleur ami, semble aussi étonnée que moi. Je désigne Viktor d'un signe de tête.
« Il va bien ? »
Elle acquiesce.
« T'inquiète. J'aurais jamais deviné ça ! »
Ouais, moi non plus. Les combattants s'agglutinent autour de Daryl qui a soudainement l'air d'une rock-star en pleine séance de dédicace. J'en profite pour me glisser sur le ring et tapoter l'épaule de Viktor. Il est conscient, mais salement atteint. Du sang coule de son nez. Il n'a pas l'air en état d'articuler une phrase cohérente. Le laissant à mes bons soins, Lorelei se lève et tape des mains pour avoir l'attention de tout le monde.
« Okay les gars, au vu de la situation on va fermer. Viktor a besoin de se reposer. Récupérez vos affaires et on se voit demain pour ceux qui viennent ! »
Ses prunelles se plantent ensuite dans celles de Daryl. Lui en veut-elle ? Sa voix paraît sourde.
« Bien joué, mec. »
Petit à petit, les gens obéissent. Lo' et moi aidons Viktor à se relever. Il est encore sonné. Je ne peux m'empêcher de pouffer en le voyant loucher légèrement. Mon amie m'adresse un sourire complice et me désigne les abords du ring. En me retournant, j'aperçois Daryl qui nous regarde en souriant. Il veut nous aider ? Je me tourne vers Lo' qui me sort un sourire taquin.
« Je crois que ton chevalier t'attend. »
Je lui jette un regard de dépit.
« C'est pas mon chevalier...
-N'empêche qu'il t'attend. »
Elle a raison... Le stress m'envahit. Je ne sais même pas pourquoi.
« Ça va aller pour lui ? »
Je désigne Viktor d'un signe de tête. Lo' rit et acquiesce.
« Il va s'en remettre. Dans deux minutes il est sur pieds. »
Un peu rassurée, je me résigne à lâcher le bras de mon ami et à descendre du ring. Daryl m'adresse un sourire ravageur.
« Alors ? »
Alors...
Surtout, ne pas avoir l'air trop choquée. Après tout, moi aussi j'ai déjà battu Viktor, non ? Je me contente d'un hochement de tête appréciateur.
« Pas mal. »
Il rit. Il ne semblait pas attendre une autre réponse.
« Je crois que j'ai gagné quelque chose... »
Son ton devient moins moqueur et plus...je ne sais quoi. Je baisse les yeux pour ne pas rougir. Il était sérieux alors ?
« Ouais... »
Je me racle la gorge.
« Mon téléphone est dans les vestiaires. »
C'est la pure vérité. Et je n'arrive pas à savoir si elle m'arrange ou non.
« Ok. Alors je t'attends dehors. »
Ah ouais, il le veut vraiment en fait ! Je hoche la tête.
« Pas de problème. J'en ai pas pour longtemps. »
Bon, pour le coup, je ne sais pas trop si c'est vrai. Tout dépend de Lorelei. Si Viktor n'est pas en état de l'aider à fermer la salle, elle va probablement me demander mon aide. En tout cas, Daryl acquiesce et tourne les talons pour récupérer ses affaires et se rendre aux vestiaires. Lorsque je me retourne, j'assiste au spectacle d'un géant teuton louchant appuyé sur les cordes pendant que sa meilleure amie me regarde avec un grand sourire. Parfaitement improbable.
« Il a dit quoi ? »
Lo' me scrute, folle de joie. Je hausse les épaules.
« Je...je lui ai promis mon numéro s'il gagnait. Il m'attend dehors pour que je lui donne. »
Aussitôt, mon amie se met à sautiller et à taper dans ses mains. On dirait une adolescente.
Pourquoi elle a l'air plus heureuse que moi...
« Alors qu'est-ce que t'attend ? Me demande-t-elle finalement, vas-y !
-Mais...tu veux pas de l'aide pour fermer ?
-Tu rigoles ? Faut bien que ce gros tas de muscle serve à quelque chose, à défaut de gagner des matchs ! »
Viktor grogne. C'est bon signe, ça veut dire qu'il récupère. Avec un peu de chance, d'ici 20 minutes il aura retrouvé l'usage de la parole et avant la fin de la soirée il aura inventé le feu. Lorelei me fait signe de partir.
« Allez, dégage ! Tu me raconteras demain soir. »
Je lui adresse un sourire.
« A demain, Lo'.
-Sois sage cette nuit ! »
Cette dernière remarque, lancée alors que je tourne les talons, ne manque pas de me faire soupirer d'un air triste. Lo' m'imagine déjà en train de ramener mon « chevalier » chez moi pour jouer aux infirmières avant une nuit débridée. Comme quoi on peut être ami avec quelqu'un sans vraiment le connaître.
En sortant des vestiaires, je passe brièvement devant le miroir. Évidemment, celui ci ne pouvant pas faire de miracle, je me trouve absolument pathétique. Mes cheveux sont en fouillis, mes yeux fatigués et je dois puer la transpiration. Le sex-appeal incarné. Enfin, avec un peu de chance, la rue sera assez sombre pour que Daryl ne remarque pas ces détails gênants. Il n'aura que la transpiration... Je pousse la porte de la salle et me fait imm&ea
En rentrant à l'appartement, Lazslo et moi nous écroulons littéralement sur le canapé. Il me faut déployer un effort surhumain pour aller prendre une douche et enfiler un tee shirt et des sous-vêtements propres. Le coin était en effet très sympa. Mais la côte m'a complètement explosé les cuisses. Je déballe avec envie le fast food que j'ai acheté en revenant et allume la tél&ea
Le lendemain, j'arrive à la salle d'excellente humeur. J'adore venir ici le dimanche parce qu'il y a toujours moins de monde. Cela nous est arrivé, à Viktor, Lo' et moi de passer l'après-midi là-bas avec la salle pour nous seuls. Mais je sais que ce ne sera pas le cas aujourd'hui. La tablette de chocolat est dans mon sac, emballée dans du papier blanc sur lequel j'ai moi-même dessiné des motifs. Pour le ruban, j'y ai
Est-ce que j'ai déjà mentionné le fait que je hais le premier lundi du mois ? Dans mon agenda, ce jour est surligné au feutre rouge et j'y ajoute toujours un petit dessin de tête de mort, pour le fun. Le premier lundi du mois, je dois aller voir mon psychiatre. Une véritable épreuve. Je suis suivie psychologiquement depuis la mort de ma mère, plus où moins intensément suivant mon état mental. Lorsque j'ai emménagé ici, Sharon s'est sentie obligée de contacter un nouveau psy « pou
Lorsque le mercredi arrive, j'ai l'impression que ma journée passe à toute vitesse. En rentrant chez moi, je décide d'aller faire un jogging, avec Lazslo. Courir me fait du bien, et c'est un parfait moyen de me détendre lorsque je lui stressée. Pourquoi je suis stressée, en fait ?
Flashback Je prends une grande inspiration avant de frapper à la porte des Wilson. Je ne sais pas vraiment à quel accueil m'attendre...Jack n'a pas manqué de me prévenir que ses parents ne me portaient pas dans leur cœur. C'est pour ça que j'ai tant hésité à venir jusqu'ici. Mais mon ami était absent t
« Allez, les filles, 10 de plus ! » Je marmonne un juron. J'ai l'impression que mes abdos vont se déchirer à tout moment. À côté de moi, Lorelei pousse un gémissement. « T'avais dit 30, Vi
Bam, bam bam Je me réveille en sursaut. Je suis où ? Il me faut un instant pour faire l
A chaque fois que je pénètre dans le sous-sol du Blue Cross, l'agitation qui y règne me fait vaciller. L'odeur de sueur et de sang, les cris bestiaux de la foule, le bruit sourd des corps qui s'entrechoquent. Comme si l'humain n'avait pas sa place ici. Comme si on revenait à la non-civilisation. Ici, on vient pour se battre. Je prends une profonde inspiration.
Quelque part, il y a une justice inhérente à la vie. J'en veux pour preuve qu'après s'être copieusement foutu de ma gueule à cause de mon inaptitude à me maquiller, Daryl a trouvé une jolie petite amende sur sa voiture qui, même si elle n'était pas en double-file, était très mal garée. Nous avons donc pu passer un accord : il ne se fout pas de ma gueule et je ne raconte à personne qu'
Le lendemain, je commence ma journée par un bon footing. Rien de tel pour évacuer la tension et oublier la soirée catastrophique d'hier. Heureusement, après la pluie, le soleil semble enfin décider à montrer le bout de son nez. Si je croyais aux signes, je pourrais l'interpréter comme un bon présage... Sauf que les signes, c'est pas trop mon délire. Au moins, le beau temps a le mérite de faire plaisir &
D : Hey. A : Hey. D : Tu vas à la salle aujourd'hui ? A : Oui.
Je prends une grande inspiration en réalisant que je suis en apnée. Bon dieu, c'était quoi, ça ? Je pose délicatement mes doigts sur ma joue, juste à l'endroit où il m'a embrassée. Est-ce que
A : Daryl, qu'est-ce que tu fous ? Pourquoi tu réponds pas ? J'ai un très mauvais pressentiment sur ce coup-là... On est mercredi soir, il est presque 21h et Daryl devait venir chez moi pour qu'on regarde ensemble le match de Lorelei à la télé. Sauf que depuis presque une heure, il ne répond plus.&nb
Bon, ce n'est pas la première fois que je mets les pieds dans un milieu « plein de morts de faim » ! Franchement, entre le garage où j'entretiens ma moto, la salle de boxe et, il y a quelques années, mon travail dans un garage, j'ai rapidement compris comment me comporter dans ces cas là. Tout sourire, Daryl m'entraîne vers le groupe posé près de la sono et se met à serrer des mains et tchecker à tout va en me présentant au passage. Je n'ai pas une très bonne mémoire des visages et des noms, donc j'oublie rapidement la plupart des gens rencontrés mais je m'en fiche. Ils sont tous très accueillants et désireux de me mettre à l'aise. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve avec une bière à la main, assise en tailleur par terre en train de parler moto avec Esteban. Daryl reste à côté de moi tout en discutant
Lorsque le taxi s'arrête devant le Blue Cross, je sens le regard interloqué du chauffeur se poser sur moi. Il doit se demander si je lui ai bien donné la bonne adresse. Quelle tarée irait passer son samedi soir dans un boui-boui aussi crasseux ? Je ne sais toujours pas quelle mouche m'a piqué. Pourquoi je suis là ? Pour comprendre. &nb
Remercions le ciel, ma journée au Meridian n'a pour une fois pas été un calvaire. Sans dire qu'elle est passée vite, je n'ai pas tant regardé l'horloge que ça, Sam était malade (donc absent) et aucun client trop chiant ne s'est présenté. Le pied. Ce qui m'a laissé du temps pour réfléchir à deux choses. &nbs