« Axelle...
Je lève les yeux vers le lit d'hôpital. Allongée dessus, une femme tend la main et caresse mon visage avec douceur. Elle essuie les quelques larmes qui coulent sur mes joues. Elle a l'air si fragile...Son corps est décharné, un bandeau entoure son crâne chauve, ses yeux sont enfoncés dans leur orbite. Ils ont l'air vide. Je ne peux pas la regarde
« Maman...
Je saisis sa main. Je ne veux pas qu'elle parte. Je ne veux pas qu'elle me laisse. Je sens un nouveau sanglot monter dans ma gorge. Maman.
« Je t'aime, tu sais.
Les larmes coulent de nouveau sur mes joues. Je suis si impuissante. Si fragile. Je hoche la têt
« Moi aussi.
Ma mère ferme un instant les yeux. Je vois une larme glisser sur son visage. Je ne veux pas qu'elle pleure... Une main ferme se pose sur mon épaul
« Axelle...on devrait sortir.
Je secoue frénétiquement la tête. Si je sors, maman va mourir. J'en suis sûre. Tant que je reste, elle reste aussi. Ça semble tellement logique...Pourquoi mon père ne le comprend-il pas ? Sa main se crispe sur mon épaul
« Viens.
Je secoue de nouveau la tête et m'approche de ma mèr
« Maman...
Je veux me blottir dans ses bras, je veux qu'elle me rassure comme elle seule sait le faire, qu'elle caresse mes cheveux et me chante une chanson, comme quand j'étais petite. Je ne veux pas qu'elle parte. Mon père m'attrape par le bra
« Axelle, s'il te plait.
Non...Je ne dois pas sortir. Je dois rester pour garder maman en vi
« Axelle
-Non !
Les sanglots m'étouffent de nouveau. Ma vue se brouille. Je ne sens que la main de maman dans la mienn
« Je t'aime, Axelle...chuchote-t-elle.
Je n'arrive pas à répondre. Mon père me tire vers lui. Il m'éloigne de mama
« Non !!
Je ne peux pas résister. Mes jambes me soutiennent à peine. Si faible, Axelle, si faible...Tu ne peux pas sauver ta mère. Je me débats comme une diablesse mais mon père me soulève par les aisselles pour m'entraîner avec lu
« Je t'aime Axelle ! Je t'aime, je t'aime
-MAMAN !!
Mon père me serre contre lui. Je ne vois plus maman. Je frappe, gigote, hurle. Si je sors, maman va mouri
« MAMAN !!!
Le bruit d'une porte qui s'ouvre. Puis nous nous retrouvons dans le couloir de l'hôpital. Papa me serre contre lui en essayant de me calmer mais je hurle encor
« Maman.
-Je sais, Axelle...je sais.
09
» .. e. » r. » ! i. » n. » e. » ! e. » s. » e. » e. » e. » e. » .. » r. »
« Maman...
-Je sais, Axelle...je sais. »
09 ans plus tard
Je me redresse subitement en poussant un cri d'horreur. Un cauchemar. C'était un cauchemar. Autour de moi, tout est calme. Ma chambre universitaire est plongée dans l'obscurité et le silence, seulement brisé par le rythme de ma respiration haletante. Putain... J'ai cru que ça recommençait...Encore.
Je ramène mes jambes vers moi et les entoure de mes bras. Mon ventre se tord douloureusement. Je crois que je vais vomir. Pour me calmer, je me mets à me balancer d'avant en arrière. Je ne sais pas pourquoi ce geste m'apaise, mais c'est ce que j'ai toujours fait. Les images s'entremêlent dans mon esprit. L'appartement des mes voisins. Le papier peint mauve pâle. Le bruit de la serrure quand il fermait la porte de la chambre à clef. Son sourire lorsqu'il m'a dit qu'il allait « m'apprendre des choses ». Ses moqueries, susurrées à mon oreille sur le fait que j'étais qu'une gamine et que je devais lui obéir parce que lui était un adulte. L'odeur de son après-rasage. Son visage... Son putain de visage de salopard. Son clin d'œil lorsqu'il m'a vue le regarder charger les cartons dans le camion des déménageurs. Et sa voix qui me hante toujours, plus de 12 ans plus tard.
Je mets quelques secondes à m'apercevoir que je pleure, ce qui ne fait que décupler ma colère. Comment ose-t-il me faire encore peur après tout ce temps ? Après tout ce qu'il m'a fait...J'ai l'impression qu'il ne me laissera jamais en paix. Je me sens faible. Seule. J'attrape mon téléphone sur la table de nuit. Il n'est même pas minuit...Une nouvelle nuit d'insomnie en perspective. En faisant défiler le menu, j'aperçois que mon père a essayé de m'appeler, moins d'une heure plus tôt. Il a probablement encore un souci avec sa télé et veut que je l'aide. Sans réfléchir, j'appuie sur la touche « appeler » et porte le téléphone à mon oreille. Une sonnerie. Deux...Trois. Puis mon père décroche.
« Allô ?
-Papa...C'est moi. »
J'entends dans sa voix qu'il sourit.
« Axelle ! Je suis content que tu me rappelles, j'ai un souci avec...
-Papa. »
Je l'interromps. Mon cauchemar me semble encore si présent. Il m'étouffe. Je sens ma gorge se serrer et les sanglots comprimer mon estomac. Est-ce que je m'apprête vraiment à faire ça ?
« Axelle ? Tout va bien ?
-Non. Papa, il faut que je te parle. »
En sortant des vestiaires, je pose ma bouteille d'eau à côté de moi avant de commencer à m'échauffer. La salle est plutôt fréquentée ce soir, ce qui ne me met pas spécialement en joie. Et comme toujours, pas une seule fille à l'horizon. « Axelle ! »
En sortant des vestiaires, je passe brièvement devant le miroir. Évidemment, celui ci ne pouvant pas faire de miracle, je me trouve absolument pathétique. Mes cheveux sont en fouillis, mes yeux fatigués et je dois puer la transpiration. Le sex-appeal incarné. Enfin, avec un peu de chance, la rue sera assez sombre pour que Daryl ne remarque pas ces détails gênants. Il n'aura que la transpiration... Je pousse la porte de la salle et me fait imm&ea
En rentrant à l'appartement, Lazslo et moi nous écroulons littéralement sur le canapé. Il me faut déployer un effort surhumain pour aller prendre une douche et enfiler un tee shirt et des sous-vêtements propres. Le coin était en effet très sympa. Mais la côte m'a complètement explosé les cuisses. Je déballe avec envie le fast food que j'ai acheté en revenant et allume la tél&ea
Le lendemain, j'arrive à la salle d'excellente humeur. J'adore venir ici le dimanche parce qu'il y a toujours moins de monde. Cela nous est arrivé, à Viktor, Lo' et moi de passer l'après-midi là-bas avec la salle pour nous seuls. Mais je sais que ce ne sera pas le cas aujourd'hui. La tablette de chocolat est dans mon sac, emballée dans du papier blanc sur lequel j'ai moi-même dessiné des motifs. Pour le ruban, j'y ai
Est-ce que j'ai déjà mentionné le fait que je hais le premier lundi du mois ? Dans mon agenda, ce jour est surligné au feutre rouge et j'y ajoute toujours un petit dessin de tête de mort, pour le fun. Le premier lundi du mois, je dois aller voir mon psychiatre. Une véritable épreuve. Je suis suivie psychologiquement depuis la mort de ma mère, plus où moins intensément suivant mon état mental. Lorsque j'ai emménagé ici, Sharon s'est sentie obligée de contacter un nouveau psy « pou
Lorsque le mercredi arrive, j'ai l'impression que ma journée passe à toute vitesse. En rentrant chez moi, je décide d'aller faire un jogging, avec Lazslo. Courir me fait du bien, et c'est un parfait moyen de me détendre lorsque je lui stressée. Pourquoi je suis stressée, en fait ?
Flashback Je prends une grande inspiration avant de frapper à la porte des Wilson. Je ne sais pas vraiment à quel accueil m'attendre...Jack n'a pas manqué de me prévenir que ses parents ne me portaient pas dans leur cœur. C'est pour ça que j'ai tant hésité à venir jusqu'ici. Mais mon ami était absent t
« Allez, les filles, 10 de plus ! » Je marmonne un juron. J'ai l'impression que mes abdos vont se déchirer à tout moment. À côté de moi, Lorelei pousse un gémissement. « T'avais dit 30, Vi
A chaque fois que je pénètre dans le sous-sol du Blue Cross, l'agitation qui y règne me fait vaciller. L'odeur de sueur et de sang, les cris bestiaux de la foule, le bruit sourd des corps qui s'entrechoquent. Comme si l'humain n'avait pas sa place ici. Comme si on revenait à la non-civilisation. Ici, on vient pour se battre. Je prends une profonde inspiration.
Quelque part, il y a une justice inhérente à la vie. J'en veux pour preuve qu'après s'être copieusement foutu de ma gueule à cause de mon inaptitude à me maquiller, Daryl a trouvé une jolie petite amende sur sa voiture qui, même si elle n'était pas en double-file, était très mal garée. Nous avons donc pu passer un accord : il ne se fout pas de ma gueule et je ne raconte à personne qu'
Le lendemain, je commence ma journée par un bon footing. Rien de tel pour évacuer la tension et oublier la soirée catastrophique d'hier. Heureusement, après la pluie, le soleil semble enfin décider à montrer le bout de son nez. Si je croyais aux signes, je pourrais l'interpréter comme un bon présage... Sauf que les signes, c'est pas trop mon délire. Au moins, le beau temps a le mérite de faire plaisir &
D : Hey. A : Hey. D : Tu vas à la salle aujourd'hui ? A : Oui.
Je prends une grande inspiration en réalisant que je suis en apnée. Bon dieu, c'était quoi, ça ? Je pose délicatement mes doigts sur ma joue, juste à l'endroit où il m'a embrassée. Est-ce que
A : Daryl, qu'est-ce que tu fous ? Pourquoi tu réponds pas ? J'ai un très mauvais pressentiment sur ce coup-là... On est mercredi soir, il est presque 21h et Daryl devait venir chez moi pour qu'on regarde ensemble le match de Lorelei à la télé. Sauf que depuis presque une heure, il ne répond plus.&nb
Bon, ce n'est pas la première fois que je mets les pieds dans un milieu « plein de morts de faim » ! Franchement, entre le garage où j'entretiens ma moto, la salle de boxe et, il y a quelques années, mon travail dans un garage, j'ai rapidement compris comment me comporter dans ces cas là. Tout sourire, Daryl m'entraîne vers le groupe posé près de la sono et se met à serrer des mains et tchecker à tout va en me présentant au passage. Je n'ai pas une très bonne mémoire des visages et des noms, donc j'oublie rapidement la plupart des gens rencontrés mais je m'en fiche. Ils sont tous très accueillants et désireux de me mettre à l'aise. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve avec une bière à la main, assise en tailleur par terre en train de parler moto avec Esteban. Daryl reste à côté de moi tout en discutant
Lorsque le taxi s'arrête devant le Blue Cross, je sens le regard interloqué du chauffeur se poser sur moi. Il doit se demander si je lui ai bien donné la bonne adresse. Quelle tarée irait passer son samedi soir dans un boui-boui aussi crasseux ? Je ne sais toujours pas quelle mouche m'a piqué. Pourquoi je suis là ? Pour comprendre. &nb
Remercions le ciel, ma journée au Meridian n'a pour une fois pas été un calvaire. Sans dire qu'elle est passée vite, je n'ai pas tant regardé l'horloge que ça, Sam était malade (donc absent) et aucun client trop chiant ne s'est présenté. Le pied. Ce qui m'a laissé du temps pour réfléchir à deux choses. &nbs