CHAPITRE .04

                                    

                                          

     Alyssa

                      

Je reste là, interdite tout en fixant les nombreuses infirmières qui se chargent de transporter Zack dans une civière de toute urgence. La foule semble agitée mais je ne peux m'empêcher de rester complètement ailleurs, perdue. Ce n'est que lorsque je sens quelqu'un se saisir de ma main que je réagis enfin. Ma main s'élève brutalement afin de me défaire de cette emprise.

                      

«Du calme Alyssa. Ce n'est que moi. Il faut partir d'ici d'autres combats vont commencer et je dois te soigner.»

                      

Mes yeux observent pendant quelques secondes la Naïade devant moi. Un peu plus et je l'aurais frappé de sang-froid. Sentant encore le poids dans mon dos, j'hoche mon visage faiblement et laisse mes ailes se ranger docilement à leur place. La douleur que je croyais éteinte au niveau de ma cheville vient à me saisir brutalement et je m'entend grogner de douleur. Rapidement, j'aperçois Benjamin et Keith s'approcher de moi. Ni une ni deux, les deux me saisissent chacun d'un côté et me sortent du terrain avec précaution. Je fais au mieux pour ignorer tout ces regards sur nous.

                      

Quelques pas plus loin, je suis assise sur un petit banc à l'écart. La grimace est toujours présente sur mon visage et je n'ose pas vraiment regarder l'état de ma blessure. Rien qu'à la sensation qu'elle me procure, je sais d'avance que le résultat doit être horrible. A mon contraire, Lindsay n'hésite pas une seule seconde pour s'abaisser et constater les dégâts. J'ignore comment elle fait pour ne pas tourner de l'œil. 

                      

«Ce n'est pas joli du tout. Il ne t'a pas loupé.»

                      

«Je crois qu'ils sont quittes à ce sujet Lindsay. Alyssa a su lui rendre la pareille.»

                      

La remarque de Keith me fait quelque peu froncer les sourcils avant que mon expression ne s'accentue en sentant des doigts sur ma plaie. Mes ongles s'enfoncent immédiatement dans le bois du banc. Comme si je venais de la foudroyer du regard, ma soigneuse m'accorde un faible sourire désolé avant de reprendre son auscultation. Je soupire longuement en m'étendant un peu plus sur le dossier du banc tandis que Benjamin me tend une bouteille d'eau. Je le remercie au passage.

                      

«Où est Mélina ?»

                      

«Elle est repartie voir Nelly pour voir si elle allait un peu mieux comparé à tout à l'heure.»

                      

«Hm je vois.»

                      

Je décide de ne rien ajouter pour le moment et ferme mes paupières quelques instants pour oublier la douleur. J'ai besoin de réfléchir à propos de tout ce qui vient de se passer. C'est étrange. Bien que mon combat soit terminé et que j'en sois sortie vainqueur, un goût amer me reste en bouche. Pourquoi ne suis-je pas aussi satisfaite que je devrais l'être ? Non. Il y a un problème dans tout ça. J'en ai l'intime conviction. Zack aurait dû gagner. Il n'était pas encore dans toute sa puissance. Je l'ai bien senti. Mais alors, pourquoi ?

                      

«J'ai besoin que tu me soignes ça rapidement Lindsay.»

                      

«Je fais comme je peux Alyssa. La plaie va cicatriser plus rapidement que chez les humains mais il va falloir rester prudente alors sois patiente.»

                      

«Je ne peux pas. Il faut que j'aille le voir. Je dois parler à Zack de quelque chose. Il est le seul à pouvoir m'apporter des réponses.»

                      

Ma remarque semble faire peser un silence pendant quelques secondes et je ne peux m'empêcher de relever mes yeux en direction de mes trois camarades. Ceux-ci m'observent, interdis. Ai-je dis quelque chose de mal ? Visiblement oui. Dans tout les cas, ce ne sera certainement pas la première fois qu'une telle chose m'arrive. Je suis finalement attirée vers Keith qui vient de déposer une main contre mon épaule. 

                      

«Je crois que c'est une mauvaise idée Alyssa. Sois raisonnable pour cette fois je te pris.»

                      

«Je ne vois pas en quoi cela poserait problème. J'ai le droit d'avoir des réponses à mes questions Keith.» Fis-je remarquer, confuse.

                                  

              

                    

«De toi à moi, nous savons très bien que cette idée est complètement stupide. Au vu de l'issue de votre combat, je doute qu'il ne se réveille de suite. Les séquelles vont le laisser endormi pour quelques temps le temps qu'il se rétablisse entièrement. Quant à Hugo, il ne voudra sûrement pas te répondre pour ce que tu as fais à son frère jumeau. Gardien ou non. Tu as toi-même affirmé que tu t'alliais désormais aux Anges. Désormais, les choses vont changé. Ne t'attends pas à retrouver ton ancien quotidien. Réfléchis-y sérieusement.»

Les paroles du jeune Sylphe tournent quelques secondes dans mon esprit. Je dois l'avouer, il est loin d'avoir tort. Mon comportement lors de ce combat me fera sûrement défaut à l'avenir. Autant de mon côté que celui de mes nouveaux ennemis. Toutefois, dans un sens, je ne peux pas regretter ce dénouement. Cette colère vis-à-vis du passé de Nelly et Mélina ne m'a pas laissé indifférente. Ces Démons, non ces monstres, ont tout détruit de leur vie. Ils ne méritent pas de s'en tirer de la sorte. Pas comme ça. Pourtant, d'un autre côté, cette lumière singulière qui s'est émanée de la pierre de mon père ne me laisse pas insensible. Ai-je vraiment fais les bons choix ?

Qu'importe. Je ne peux plus reculer de toute manière désormais.

«J'en suis bien consciente mais au final... Qui ne tente rien n'a rien comme on dit si bien. Vous savez tout autant que moi que ma curiosité reprendra toujours le dessus. Peu importe les efforts que j'essaye de fournir. Zack, ou du moins Hugo pour le moment, sont les seuls à pouvoir m'apporter des réponses.»

«Je pense qu'il serait inutile d'essayer de te faire à nouveau changer d'avis têtue comme tu es, n'est-ce pas ?» Soupire Keith.

«Exactement. Tu me connais bien. Maintenant Lindsay, soignes-moi s'il te plaît. Il faut que j'y aille.»

La Naïade m'observe quelques secondes sans rien faire. Hésitante, je la vois croiser le regard de Keith et de Benjamin comme si elle attendait une réponse de leur part. Néanmoins, les deux hommes restent silencieux et se contentent de nous regarder. Après quelques instants, je finis par entendre un faible soupire de sa part avant qu'elle ne baisse les yeux. Une douce sensation envahit alors ma jambe et j'observe la chose. Ma blessure est entrain de se soigner peu à peu et je vois mes tissues de chaire de refermer lentement mais pas entièrement. Suite à cela, Lindsay dépose un pansement sur ma cheville.

«C'est tout ce que je peux faire pour le moment. Ça se soignera plus vite que la normale mais tu dois quand même rester vigilante à ce sujet. Alors ne force pas trop quand tu marches et interdiction formelle de courir. C'est compris ?»

«Oui ne t'en fait pas pour ça. Je ne suis pas encore assez suicidaire pour une telle chose.»

«Honnêtement, je n'en suis pas si sûre mais passons. Contente-toi de revenir immédiatement nous voir une fois que ce sera fait. Et ne fais rien d'insensé.»

«Pour un peu tu ressemblerais presque à une mère tu sais.» Riais-je faiblement.

«Je lui ai promis de te protéger. Je n'ai pas su bien réussir les premières fois mais je tiens à faire de mon possible désormais.»

Mon sourire s'estompe peu à peu de mes lèvres à l'entente de ces mots. Je ne veux pas penser à eux pour le moment. L'important est qu'ils se portent bien. Maman comme Steve. Sans oublier Vanessa. Il serait peut-être temps que je lui donne de mes nouvelles d'ailleurs.

Hochant faiblement mon visage, je me redresse doucement de ma place en veillant bien à ne pas faire de mauvais gestes. J'inspire longuement puis déclare dans un geste de la main :

«On se revoit tout à l'heure dans ce cas.» 

Je suis désormais tenue devant la porte de l'infirmerie, mes béquilles à la main. Il semblerait que Benjamin n'ait pas vraiment accepté le fait de me laisser marcher sans aucune assistance. Voilà pourquoi je me balade désormais avec cela comme appui. Voilà cinq bonnes minutes que je suis ici à regarder comme une idiote devant moi. Étonnement, tout mon courage vient de s'estomper en seulement quelques secondes. Pourtant, je ne me laisse pas abattre.

            

              

                    

Après avoir pris une large inspiration, je frappe à la porte et entre sans attendre de réponse.

La première chose que j'aperçois est Zack. Il est étendu sur un lit, inconscient avec un tuyau relié à ses narines et plusieurs bandages sur le corps. Comme me l'avait affirmé Keith, mes attaques ont su le mettre dans un état plus que déplorable. J'ai encore du mal à me rendre réellement compte qu'il s'agit de moi qui ait fait ça. Un certain sentiment d'inconfort m'envahit.

«Qu'est-ce que tu fais-là toi ?»

La voix de Selena me ramène finalement sur Terre. La vampire est tenue à côté de son jumeau ainsi que de Hugo et Maxence autour du lit du loup inconscient. Devant tant de regards, je soupire puis me permet d'approcher en marchant comme je peux.

«Je suis venue voir comment il allait et pour avoir certaines réponses.»

«Des réponses ? Tu plaisantes j'espère ? Tu es bien gonflée. Ne t'attends pas à avoir de réponses de lui pour le moment ni même après. Il me semble que c'est assez voyant qu'il est inconscient.»

Pour l'occasion, je ne trouve rien à redire des paroles de Selena. Je suis bien consciente du fait qu'elle ne m'ait jamais porté dans son cœur et cette idée ne me dérange pas vraiment. Du moins, plus maintenant. Sans lui prêter la moindre attention, je porte mon regard sur Hugo et constate qu'il me fixe durement.

«Vas-t-en d'ici Alyssa. Je ne veux pas te voir.»

«Hugo, ne m'en veux pas. Tu savais très bien quelle serait l'issue de ce combat. J'aurais tout aussi bien pu me retrouver à sa place.»

«Sauf qu'à l'heure actuelle c'est mon frère qui se retrouve dans un tel état. Par ta faute et uniquement par la tienne.»

Je retiens un faible soupire. Difficile de contredire une fois de plus de tels propos. Je sens très bien que ma présence est loin d'être souhaité ici. Jetant à nouveau un bref coup d'œil à Zack, je me décide à capituler pour le moment.

«Très bien. Je n'insisterais pas pour le moment dans ce cas mais je reviendrais. Zack me cache des choses et je vous soupçonne aussi d'en savoir plus que vous ne voulez laisser le paraître.»

«Tu es plutôt perspicace tu le sais.»

Mon attention est rapidement amené vers cet autre invité. Tapis dans l'autre avec les bras croisés contre son torse, je reconnaîtrais ce sourire moqueur entre mille. Je roule des yeux tout en tentant de faire abstraction de sa remarque inutile.

«Je vois que tu commences à me connaître un minimum cher cousin. Ravie de te revoir d'ailleurs. Moi qui te croyait mort avec tout ce temps. Tu es finalement sorti de ton trou depuis notre affrontement.»

J'ignore si je fais réellement preuve d'intelligence à ce moment-même en agissant de la sorte mais cela m'importe peu. Maxence fait également parti de la longue liste des personnes avec qui je dois régler mes comptes. Je décide ainsi de faire abstraction des regards de ses compagnons pour me focaliser uniquement sur sa personne.

Un faible rictus moqueur vient de se dessiner sur ses lèvres. Il se décolle finalement du mur et enfouie ses mains dans ses poches. Sa démarche se fait silencieuse mais dangereuse tandis qu'il approche de moi pour se stopper à seulement quelques centimètres.

«Ton entraînement t'a renforcé le caractère à ce que je peux constater. C'est intéressant et de mieux en mieux. Tu commences à devenir un minimum intéressante finalement.»

«Comme je suis ravie de susciter ton intérêt.» Soufflais-je, ironique. 

«Plutôt que de rester ici, que dirais-tu de venir avec moi discuter un peu ? Seul à seul. En famille comme on dirait si bien, non ?»

            

              

                    

«Je croyais que tu refusais de me considérer comme membre à part entière de ta famille.» 

«Beaucoup de choses changent Ange. En plus de cela, tu devrais savoir tout autant que moi que ta présence n'est pas la bienvenue ici.»

Face à ses remarques plus ou moins vraies, je ne tarde pas à capituler. Un faible grognement s'échappe de mes lèvres tandis que je lui fais signe de sortir avec moi. Visiblement fier de lui, le Démon fait signe à ses acolytes avant de me suivre à l'extérieur. Une fois la porte refermée derrière nous, je me décide à me planter face à lui en le fixant. Quant à Maxence, la même expression trône sur son visage.

«De quoi veux-tu me parler ? Je t'écoute. Et cessons cette comédie je te pris.» Demandais-je.

«De quelle comédie me parles-tu ?» Lance-t-il d'un air tout à fait innocent.

«Ne joues pas à ça avec moi s'il te plaît. Nous savons très bien l'un comme l'autre que l'on a du mal à se supporter depuis quelques temps. Moi parce que tu dénigres mes parents et toi parce que je suis un Ange tout simplement.»

Suite à mes paroles, je peux apercevoir ses lèvres se défaire lentement de son sourire sarcastique. Une expression bien plus hautaine traîne désormais sur son visage tandis qu'il plonge une main dans sa crinière pour la plaquer en arrière. Nullement surprise, je l'observe attentivement en attendant d'avantage d'explications.

«Tu as bien raison. Ce genre de petit jeu ne nous correspond absolument pas. Jamais je ne pourrais te considérer ne serait-ce comme digne de porter le même sang que moi.» Crache-t-il en me regardant de haut.

«Voilà enfin notre bon vieux Maxence. Tu révèles à nouveau ton vrai visage à ce que je vois.»

«Ne joues pas trop avec moi. Combien de gens t'ont dit que tu finirais par te brûler les ailes à force de jouer ainsi ? Tu as eu une sacré chance que ce pendentif te vienne en aide tout à l'heure. Je me demande bien ce qu'il renferme...»

Pendant quelques secondes d'inattention, je vois sa main s'approcher lentement de mon cou où se situe la pierre. Immédiatement, je le repousse sans prendre le temps de réfléchir à mon acte avant d'englober le bijoux de ma main.

«N'y touches pas.» Grognais-je.

«C'est bizarre. J'ai l'impression d'avoir déjà vu ce collier sur quelques photos. Il me semble que mon oncle la gardait souvent sur lui. Dis-moi, ce ne serait pas à lui par hasard ?» Me lance-t-il d'un air subitement intéressé.

«Je ne vois pas en quoi cela te regarde. Et même si c'était réellement le cas, qu'est-ce que ça t'apporterait ?»

«Allons allons. Tu devrais savoir que dans notre monde, toutes sortes d'objets ont leur importance. Les Démons comme les Anges aiment imposer un pouvoir à des objets. Autant pour se protéger que pour protéger ceux qui leur sont chers. Alors je me demandais si ton père n'avait pas mis justement de ce pouvoir en cette pierre.»

Je me met soudainement à réfléchir. Maxence est peut-être quelqu'un à qui je ne peux faire confiance, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il a peut-être raison pour ce coup-là. Méfiante, je resserre mon emprise sur cette pierre dans ma main.

«Après tout, elle t'a tout de même protégé lorsque Zack était sur le point de te battre. Je me posais la question. Ce n'est pas tout les jours que l'on voit ce genre d'objet agir. Sauf quand la personne a suffisamment d'importance pour son propriétaire.»

«Tu te trompes.» Mentis-je.

«Oh vraiment ? J'ai pourtant l'impression que ce que je dis est vrai vu ta réaction. Autrement, pourquoi est-ce que tu te mettrais à tenir ce bijoux de la sorte. Tu pourrais très bien me laisser le regarder à ma guise s'il n'est rien de tout ce que je dis.»

            

              

                    

«Il en est hors de question je te dis. C'est à moi.»

Néanmoins, le Démon ne semble n'en faire qu'à sa tête et continue d'approcher sa main lentement. J'aimerais pouvoir le repousser de toutes mes forces mais ma position et cette foutue blessure ne me mettent pas dans les meilleures conditions possibles. Grinçant des dents, je le défie ouvertement du regard. Il semble ricaner quelques instants tout en poursuivant, nullement impressionnée. Comme si c'était étonnant tiens.

«Ça suffit.»

La voix grave de l'Ange me fait finalement détourné le regard. Je suis premièrement étonnée puis finalement soulagée de voir que Lucas ait eu la bonne idée de traîner dans les couloirs à un tel moment. L'expression peu commode, mon délégué s'approche calmement en notre direction tout en fixant son ennemi de toujours.

«Tiens tiens mais regardez qui nous avons là. Tu es toujours là au bon moment décidément. Un peu plus et on pourrait croire que tu la suis comme son ombre.» Ricane le Démon.

«Tais-toi Maxence et éloignes-toi d'elle. Tu n'as pas le droit de t'approcher de l'un de nous.»

«Oh vraiment ? Jusqu'à preuve du contraire, elle est ma cousine donc je suppose que l'on peut faire une impasse sur cela quand il s'agit de la famille, non ?»

«Ce n'est pas toi qui déclarait quelques minutes plus tôt que nous n'étions pas de la même famille à tes yeux ?» Intervins-je.

«Crois-moi tu ferais mieux de garder ta bouche fermée pour le moment. Il vaudrait mieux cela pour toi. C'est un conseil.»

Le regard que m'envoya le Démon me fit immédiatement comprendre que j'avais plutôt sérieusement intérêt à suivre son ordre. Et ce, bien que j'aurais préféré intervenir à mon tour. Grommelant intérieurement devant la situation, j'observais silencieusement les deux hommes s'observer dans le blanc des yeux.

«Je peux savoir ce que tu faisais-là à essayer de toucher l'une de mes élèves ?»

«Si ça peut te rassurer je n'essayais pas de faire quelque chose de vicieux à ta petite protégée. On a bien le droit d'avoir des petits secrets ici entre élèves, non ?»

«Pas quand cela te concerne. Je pense que tu as déjà bien assez de choses à cacher ici, non ?»

«Je sais m'occuper autrement qu'avec des papiers administratifs contrairement à toi. C'est bien pour ça que l'on vous considère comme des gens ennuyants les Anges. Toujours à suivre les ordres.»

«C'est bien ce qui fait de nous des Êtres aussi puissants contrairement à vous. Nous savons nous organiser et travailler ensemble.»

«Laisses-moi rire. Tu connais tout autant que moi le nombre d'Anges Déchus qui ont rejoins nos rangs. Tout n'est qu'illusion chez vous. Vous essayez de vous en convaincre mais vous n'êtes pas moins pires que nous.»

La tension monte progressivement entre les deux jeunes hommes et je peux sentir que leur aura se fait ressentir un peu plus fort à chaque nouvelle parole. A première vue, je me serais faite un plaisir de les laisser se disputer de la sorte mais je n'en ai pas envie. Je ne suis pas assez immature pour laisser une telle chose se produire. Prenant mon courage à deux mains, je m'interpose entre les deux hommes en posant respectivement une main sur leur torse.

«Ça suffit. Vous aurez tout le temps de vous défouler sur le terrain tout à l'heure. Gardez vos forces pour cela.»

Les deux délégués baissent simultanément le regard vers moi et je me demande soudainement si j'ai eu la bonne idée d'agir de la sorte. Leurs corps sont encore un peu tendus et je redoute que mon intervention soit vaine. Pourtant, ce n'est que lorsque j'entends un soupire et leurs muscles se détendre que je me rassure de ma soit disant erreur.

            

              

                    

«J'ai d'autant plus hâte de me retrouver maintenant sur ce terrain. L'envie de te refaire le portrait commençait à me démanger la main je dois bien l'avouer.»

Je ne peux m'empêcher de rouler des yeux en l'air en entendant les menaces de Maxence. Il ne s'arrêtera décidément jamais. Toujours à provoquer. Lucas ne répond rien et se contente de reculer de quelques pas pour me faire comprendre qu'il préfère s'en arrêter pour là pour aujourd'hui.

Quant au Démon, alors que je m'attendais à le voir reculer à son tour, je suis surprise de voir son visage s'approcher lentement du miens. Ses lèvres effleurent mon oreille et je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils en l'entendant murmurer.

«Crois-moi, je n'en ai pas encore fini avec toi. Tu caches bien plus de surprise que tu ne le laisses paraître. Je finirais par découvrir ton petit secret. Crois-moi.»

Ses mots me figent au sol tandis qu'il s'éloigne progressivement de moi avec un petit sourire vainqueur aux lèvres. J'entends un bruit de porte m'indiquant qu'il a dû sûrement rejoindre ses camarades dans la chambre de Zack.

«Tout va bien ?» Déclare Lucas en me fixant.

«Oui, je vais bien. Disons que, tu es plus ou moins arrivé au bon moment. Merci.»

«Ne me remercie pas pour une telle chose. J'ai eu de la chance de passer par le coin. Vos voix ont attiré mon attention.»

«J'aurais pourtant tendance à croire que tu me suis comme le disait Maxence.»

Idiote. J'aimerais me frapper tant ce que je viens de dire me paraît imbécile. Soudainement silencieuse, je me mord la lippe en regrettant mes paroles. Pourtant, le regard que Lucas me porte désormais me fait bien comprendre qu'il a bien entendu mes paroles. Le malaise plane bel et bien dans l'air maintenant. Bravo.

«Je... Je ne voulais pas dire ça comme ça. Désolé c'était idiot comme remarque. Je n'aurais pas dû.»

«Oublions ça dans ce cas.»

Le sang-froid dont il fait preuve face à mes mots me prend un peu de court et je répond immédiatement d'un hochement de tête. J'aurais pensé qu'il réagirait d'une toute autre façon mais je me suis trompée il semblerait. A croire que sa façon de me montrer qu'il m'apprécie plus qu'il ne le devrait a subitement évolué.

Le silence retombe et je ne sais plus vraiment quoi ajouter face à cela. Mal à l'aise de ma bêtise, je porte Je suis rapidement prise de peu lorsque mes yeux croise à nouveau son regard. Bon sang, comment est-il possible d'avoir un regard assez intense pour que je puisse m'y perdre à la moindre occasion ? Cet homme est un Sorcier. Il n'y a pas d'autres solutions. 

Soudain, l'image d'événements passés me reviennent en mémoire.

     FLASH-BACK

«Tiens-toi un peu plus droite. Le dos bien droit et le corps légèrement pivoté sur le côté. Oui, n'hésites pas à basculer un peu le buste sans le faire avec ton bassin. Comme ça.»

J'aimerais pouvoir rester calme. Réellement. Seul problème : la proximité qu'entretient Lucas avec moi me met dans un certain état de concentration impossible. Le regard rivé sur la cible placée à une dizaine de mètres devant moi, ma main reste brandit en l'air. Les mains de Lucas sont quant à elles posées sur mes hanches tandis que ses lèvres se trouvent à une limite considérablement trop proche à mon goût.

Je suis bien consciente de la chance que je possède à l'avoir comme instructeur personnel mais il n'est pas la meilleure personne pour m'aider à me concentrer convenablement.

«Parfait. Vises et tires maintenant.»

J'inspire longuement afin de me donner contenance. Sa voix me parvient encore jusqu'au creux de mes oreilles tandis qu'il me donne les instructions à suivre. Guidée, je l'écoute sans réfléchir. Au bout de cela, une quantité de flammes similaire à la forme d'une flèche s'élance hors de mon corps avant de s'élancer. Lorsque je rouvre les yeux, je suis agréablement surprise de constater qu'un trou empli de flammes orne désormais le centre de la cible. Instinctivement, un sourire satisfait se dessine sur mes lippes. 

«Si tu continues comme ça, tu pourras bientôt passer à des cibles en mouvement. Il ne sera plus qu'une question de temps avant que tu ne sois une viseuse hors pair.»

«Merci.» M'exclamais-je.

Ce même sourire scotché aux lèvres, je n'hésite pas pour tourner brusquement mon visage afin de le remercier dignement. Toutefois, je regrette bien assez vite mon geste en me rendant compte de mon idiotie. La proximité, que je trouvais déjà bien trop forte, vient à nouveau de passer un cap. Figée, je reste là à l'observer tandis qu'il en fait de même.

     FIN FLASH-BACK

«Alyssa ?»

Mes paupières clignent quelques secondes avant que je comprenne que j'étais là à rêvasser bêtement. Secouant mon visage, je prétexte qu'il ne s'agit que d'une simple fatigue passagère en m'appuyant un peu plus sur mes béquilles.

«Oui ?» Demandais-je comme si de rien n'était.

«Keith et Lindsay t'attendent depuis tout à l'heure il me semble. Je dois te laisser pour ma part. Je dois aller me préparer pour tout à l'heure.»

«Je comprend. Je vais te laisser dans ce cas. Fais attention à toi Lucas pour ton combat. Bien que je sais que tu t'en sortiras au final.»

Je décide de m'incliner doucement par simple réflexe avant de prendre le chemin de la sortie. Lui accordant un dernier sourire, je me retourne pour lui faire. Je suis déjà quelques pas de la sortie que j'entends sa voix se profiler jusqu'à mon ouïe fine.

«Merci Alyssa.»

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