AleksandrJe descends les marches comme on descend aux enfers.Pas de bruit. Pas un mot.Juste le martèlement lent de mes bottes contre la pierre.À chaque pas, mon monde bascule.Le froid n’a plus de prise sur moi.La douleur ne perce plus.Il n’y a que la rage.Silencieuse. Absolue.Elle se distille en moi avec la patience d’un poison ancien.Elle épouse chaque battement de mon cœur.Elle est en moi, et je ne veux plus qu’elle parte.Ils ont tout pris.Pas ce corps que j’ai déshabillé mille fois.Pas ce regard que j’ai vu s’éteindre et renaître sous mes doigts.Pas même sa voix qui chuchotait mon nom dans l’obscurité.Non.Ils ont pris ce que j’avais bâti.Ce que j’avais enfermé.Ce que j’avais sculpté, à coups de silence, de serments, de veilles à veiller l’impossible.Ils l’ont regardée, et elle s’est offerte.Pas comme une trahison.Pire.Comme une délivrance.Comme si je n’étais plus la réponse.AleksandrLa porte du salon privé claque contre le mur.Un valet sursaute et dispara
YviJe ne dors pas.Je ne respire plus.Je suis un gouffre. Une faille. Une onde prête à éclater sous la moindre pression.L’air est vicié, tendu, suspendu à un nom. Aleksandr.Il est partout.Dans chaque ombre. Dans chaque battement de cœur trop rapide.Dans les murs de cette chambre. Dans les reflets noirs de la nuit.Dans le silence pesant que même Kael ne brise plus.Dans les gestes brusques de Soren, dans les cernes profondes de Lyam.Partout. Même là où je croyais qu’il n’existerait plus.Je m’assieds au bord du lit, les pieds nus sur le parquet glacé.Le froid me traverse, mord mes os.Mes orteils se crispent, mon souffle tremble.Mes mains... elles me trahissent.Elles tremblent. Faiblement, mais assez pour que je le ressente dans tout mon corps.Je les frotte avec rage. Comme si je pouvais gratter sa présence.Comme si je pouvais effacer ce qu’il a tatoué dans ma chair.Des souvenirs me reviennent.Sa voix. Son regard.Le silence juste après ses mots.Le vide, immense, qu’il
IvyLa forêt respire. Un frisson traverse l’air, chargé d’un parfum de terre humide, de résine, de mystère. Je me faufile à travers le sentier, mes pas feutrés, le souffle court. La nuit est chaude, oppressante, comme si l’univers entier retenait son souffle.Je n’aurais pas dû venir ici.Je le sens, au plus profond de mes os.Quelque chose me suit.Mes doigts se crispent contre le tissu de ma robe. Mon cœur cogne violemment dans ma poitrine. Je ne vois rien, mais je sais. Une présence rôde. Invisible. Puissante.Soudain, un bruissement dans les feuillages. Un craquement.Je me fige.L’obscurité semble s’épaissir autour de moi. Ma gorge se serre. Je veux reculer, courir, fuir… Mais mon corps refuse de bouger.Alors, je les vois.Trois paires d’yeux.D’abord, des ombres mouvantes, glissant entre les troncs comme des prédateurs tapis dans la pénombre. Puis, lentement, ils émergent du néant.Trois hommes.Non. Trois bêtes.La lune éclaire leurs silhouettes. Hauts. Massifs. Irréels. Leur
IvyJe voudrais protester. Hurler. Fuir. Mais ma peau est trop chaude, mon souffle trop court. Ils sont trop proches.KaelJe glisse derrière elle, mon torse frôlant son dos. Je sens chaque frisson qui traverse son corps. Elle lutte. Je le vois à la façon dont ses épaules se crispent, dont ses doigts se serrent contre le tissu de sa robe.Mais elle ne nous repousse pas.— Tu veux lutter, Ivy ?Ma voix est un murmure contre sa nuque. Son souffle s’accélère.— Alors lutte.Mais comment lutter contre soi-même ?LyamElle est magnifique, prise au piège entre nous, son corps frémissant sous l’onde qui la traverse.Je le vois. Je le sens.Elle ne comprend pas encore. Mais son âme nous appelle.— Regarde-moi.Je prends son menton entre mes doigts. Elle frissonne.Ses yeux rencontrent les miens. Un orage y gronde.Elle est en train de céder.IvyMes jambes tremblent. Je n’arrive plus à penser clairement.— Qu’est-ce… qu’est-ce que vous m’avez fait ? murmuré-je.SorenJe m’avance enfin.Je ne
IvyJe cours.L’air nocturne fouette mon visage, mais je n’arrive pas à échapper à leur présence.Ils sont là.Partout.Dans mon souffle erratique, dans la chaleur qui refuse de quitter ma peau, dans le frisson qui me parcourt encore.Ils m’ont marquée.Et ça me terrifie.Je m’enfonce dans la forêt, la pénombre avalant mes pas précipités. Mon cœur cogne si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser.— Fuis autant que tu veux.La voix de Kael s’élève, proche. Trop proche.Je me retourne, mais il n’y a personne.Juste l’obscurité mouvante et le silence oppressant.Un ricanement résonne à ma gauche.— Tu le ressens, n’est-ce pas ?Cette fois, c’est Lyam.Je serre les dents.— Sortez de ma tête !— Nous n’y sommes pas, murmure Soren, sa voix un souffle dans mon dos.Je me fige.Ils sont là.Leur présence m’enveloppe comme une ombre vivante.Je ferme les yeux une fraction de seconde, cherchant à reprendre le contrôle. Mais quand je les rouvre, Lyam est devant moi.Aucun bruit. Aucune ale
IvyLyam me fixe, ses yeux dorés enflammés d’une intensité qui me cloue sur place. Il avance, lentement, avec cette assurance écrasante qui me donne envie de reculer… mais aussi de me jeter contre lui.— Regarde-moi, murmure-t-il.Je ne veux pas.Je veux fuir.Mais mes yeux se lèvent, trouvent les siens, et c’est fini.Je tombe.Dans ce gouffre incandescent qu’il m’ouvre sans un mot.Dans ce lien invisible qui s’enroule autour de moi, qui m’étrangle et m’embrase en même temps.Il sourit, presque satisfait.— Voilà…Une chaleur se presse contre mon dos.Kael.Sa présence est un poison, un piège. Il n’a même pas besoin de me toucher pour que je sente la tension dans l’air, pour que ma peau frémisse à son simple souffle.— Tu es si réactive, Ivy…Sa voix est un murmure caressant, un frisson qui court le long de ma nuque.Je ferme les yeux, la respiration erratique.— Je ne…— Ne mens pas, coupe Soren, sa voix grave transperçant le silence.Il s’avance à son tour. Plus lentement. Plus mes
---IvyMon souffle est court. Ma peau brûle sous leurs regards.Ils sont là, tout autour de moi, comme une meute qui attend patiemment que sa proie cède.Je ne suis pas une proie.Je refuse de l’être.Et pourtant, mon corps me trahit.Lyam, Kael, Soren.Leur simple présence fait vibrer quelque chose en moi que je ne comprends pas. Quelque chose d’instinctif, de brut, de sauvage.Quelque chose qui me terrifie.— Arrêtez, soufflé-je, la voix brisée.Kael rit doucement, un rire bas, rauque, qui fait trembler mon ventre.— Arrêter quoi, Ivy ?Il est derrière moi, son torse brûlant contre mon dos.Sa main glisse lentement le long de mon bras, jusqu’à mes doigts, et les emprisonne dans sa paume.— Arrêter de te toucher ?Ses lèvres frôlent mon oreille.— Arrêter de te donner ce que tu désires ?Je me raidis, prise entre l’envie de fuir et celle de m’abandonner.Mais Soren brise la tension d’une voix implacable.— Elle lutte encore.Son regard capte le mien.Il est sombre. Perçant.— Pourqu
---IvyJe ne peux plus respirer.Leur chaleur m’enveloppe.Leur présence m’écrase.Et pourtant, au lieu de fuir, mon corps cherche le leur.C’est insensé. Dangereux.Mais c’est là.Dans mon sang. Dans mes os.— Arrêtez… soufflé-je, la voix tremblante.Lyam m’observe, un sourire amusé au coin des lèvres.— Arrêter quoi, Ivy ?Kael se penche à mon oreille, sa voix un murmure brûlant.— Dis-nous ce que tu ressens.Je ferme les yeux, secouant la tête.Non. Je ne peux pas.Je ne dois pas.Mais alors Soren avance, et son regard m’anéantit.— Ce n’est pas une question de choix, murmure-t-il.Il tend la main, ses doigts frôlent ma joue.Un choc traverse ma peau, se répand dans mon être.Je sursaute, le souffle coupé.— C’est une certitude.Le sol semble se dérober sous moi.Leurs regards me consument.Et dans ma poitrine, quelque chose se brise.---LyamElle lutte encore.Mais elle sait.Son corps nous reconnaît. Son âme nous appelle.Je tends la main et effleure son cou du bout des doigts.
YviJe ne dors pas.Je ne respire plus.Je suis un gouffre. Une faille. Une onde prête à éclater sous la moindre pression.L’air est vicié, tendu, suspendu à un nom. Aleksandr.Il est partout.Dans chaque ombre. Dans chaque battement de cœur trop rapide.Dans les murs de cette chambre. Dans les reflets noirs de la nuit.Dans le silence pesant que même Kael ne brise plus.Dans les gestes brusques de Soren, dans les cernes profondes de Lyam.Partout. Même là où je croyais qu’il n’existerait plus.Je m’assieds au bord du lit, les pieds nus sur le parquet glacé.Le froid me traverse, mord mes os.Mes orteils se crispent, mon souffle tremble.Mes mains... elles me trahissent.Elles tremblent. Faiblement, mais assez pour que je le ressente dans tout mon corps.Je les frotte avec rage. Comme si je pouvais gratter sa présence.Comme si je pouvais effacer ce qu’il a tatoué dans ma chair.Des souvenirs me reviennent.Sa voix. Son regard.Le silence juste après ses mots.Le vide, immense, qu’il
AleksandrJe descends les marches comme on descend aux enfers.Pas de bruit. Pas un mot.Juste le martèlement lent de mes bottes contre la pierre.À chaque pas, mon monde bascule.Le froid n’a plus de prise sur moi.La douleur ne perce plus.Il n’y a que la rage.Silencieuse. Absolue.Elle se distille en moi avec la patience d’un poison ancien.Elle épouse chaque battement de mon cœur.Elle est en moi, et je ne veux plus qu’elle parte.Ils ont tout pris.Pas ce corps que j’ai déshabillé mille fois.Pas ce regard que j’ai vu s’éteindre et renaître sous mes doigts.Pas même sa voix qui chuchotait mon nom dans l’obscurité.Non.Ils ont pris ce que j’avais bâti.Ce que j’avais enfermé.Ce que j’avais sculpté, à coups de silence, de serments, de veilles à veiller l’impossible.Ils l’ont regardée, et elle s’est offerte.Pas comme une trahison.Pire.Comme une délivrance.Comme si je n’étais plus la réponse.AleksandrLa porte du salon privé claque contre le mur.Un valet sursaute et dispara
Personnages : Yvi, Aleksandr, Kael, Soren, LyamYviJe me réveille dans la lumière pâle du matin.Le drap sur ma peau est encore chaud de leurs corps.Kael, une main posée sur mon ventre, respire lentement, comme s’il rêvait encore. Soren, la tête appuyée contre ma hanche, le front plissé même dans le sommeil. Lyam, le souffle calme, le bras autour de mes jambes nues, comme s’il voulait me garder ici.Je les regarde. Un à un.Et mon cœur hurle sans un bruit.Ils m’ont donné plus qu’un refuge.Ils m’ont offert un monde où je peux être désirée… sans être possédée.Mais ce monde est un incendie.Et je suis l’étincelle.YviJe me lève doucement. Chaque mouvement est une trahison. Un adieu qui ne dit pas son nom.Le parquet gémit sous mes pas nus. Mon corps est douloureux. Pas à cause d’eux. À cause de ce que je vais affronter.Je me rhabille dans le silence, rassemblant les fragments de moi-même. Mon collier tremble entre mes doigts.Mais quelque chose reste là-bas. Dans ces draps froissé
YviLa nuit est tombée sur l’aile ouest. Une nuit lourde, saturée de silence et de désirs tus. Le vent glisse le long des couloirs comme un soupir ancien. Les murs suintent la mémoire, les pierres vibrent sous mes pas. Elles ont vu naître des serments et mourir des rois.Mais ce soir, elles verront autre chose.Je monte l’escalier sans bruit, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. Mes doigts effleurent la rampe. J’ai l’impression d’avancer vers une frontière invisible. Une ligne que je m’étais jurée de ne jamais franchir.Et pourtant…Je pousse la porte de leur chambre. Mon souffle se suspend. Ils sont là. Tous les trois. Kael debout, Soren assis sur le rebord du lit, Lyam adossé à la fenêtre, les bras croisés, les yeux dans le vide.Trois flammes dans la pénombre. Trois vérités qui m’attendent.Je ne devrais pas être là. Aleksandr pourrait le savoir. Il sent tout, il voit tout. Mais ce soir, il n’est rien.Ce soir, je suis à eux.Ce soir, j’abats mes murailles.KaelElle
AleksandrJe marche en silence dans les couloirs de pierre, le bruit de leurs pas résonne derrière moi. Trois battements de cœur enragés, retenus à grande peine. Je pourrais les enfermer. Je pourrais les briser maintenant. Mais non. Ce serait trop simple. Trop définitif. Trop prévisible.Je m’arrête devant une double porte de bois noir. L’aile ouest. L’ancienne aile royale, délaissée depuis des décennies. J’y sens encore l’odeur du passé, le poids des serments oubliés. La poussière elle-même semble avoir fait vœu de silence.Aleksandr« Voici vos quartiers. Vous avez carte blanche. Nourriture. Serviteurs. Bibliothèque. Rien ne vous est interdit… sauf elle. »Je les regarde, un par un. Kael, tendu comme une lame, chaque muscle prêt à se rompre. Lyam, à deux doigts d’exploser, une lueur sauvage dans les yeux. Soren, le regard fixe, mais tremblant à l’intérieur comme un fil d’or sur le point de se rompre.Aleksandr« Vous êtes ici par ma volonté. Ne la défiez pas. Ne testez pas mes limit
AleksandrJe les regarde, chaque muscle de mon corps tendu, prêt à réagir à la moindre tentative de leur part. Je sais ce qu’ils veulent, je sais ce qu’ils espèrent. Mais Yvi est mienne. Elle l’a toujours été, et ils devront faire face à cette réalité. Ils peuvent tenter de m’arracher ce que je tiens, mais ils découvriront qu’ils sont à des années-lumière de comprendre le lien que j’ai forgé avec elle.Je la garde contre moi, mon regard défiant, ne laissant aucun doute sur mes intentions. Ils peuvent essayer de récupérer ce qui leur appartient selon leurs règles. Mais moi, je joue selon les miennes.AleksandrJe les vois entrer, et je sais qu’ils savent. Ce n’est pas un simple changement d’humeur, c’est une métamorphose. Une lueur nouvelle dans leur regard. De la terreur ? Non. De la rage. De la perte. De la conscience que quelque chose leur échappe définitivement.Leur démarche n’a plus rien des anciens seigneurs conquérants. Ils sont venus pour elle. Pas pour une guerre. Pas pour un
YviJe n'entends pas le bruit de la porte s'ouvrant. Je ne vois pas les ombres qui passent devant moi. Tout ce que je ressens, tout ce que je perçois, c’est la chaleur d’Aleksandr, ses mains qui me marquent, me contrôlent. J'ai l'impression que le monde extérieur n'existe plus, que rien ne compte hormis cette présence dévorante, ce lien que j’ai avec lui, aussi toxique soit-il. Le poids de son corps contre le mien est une ancre qui m’empêche de fuir, un poids que je ne veux pas enlever. Mais, au fond de moi, quelque chose gronde, un éclat de réalité qui brise le rêve que j'ai tissé autour de lui.Des voix. Des pas précipités. Un changement dans l’air, une tension nouvelle. Je sens Aleksandr se tendre, ses bras se raidissant autour de moi, son regard perçant cherchant à percer cette intrusion qui dérange notre moment. Il serre davantage, me rapprochant de lui comme pour me protéger. Mais je sens la présence de quelque chose... de quelqu’un d’autre.AleksandrJe n’entends pas les triplé
YviJe me réveille lentement, comme si le monde entier était flou, noyé dans une brume chaude et pesante. J'ai l'impression que le temps lui-même hésite à reprendre son cours, que tout se suspend autour de moi. Chaque souffle que je prends est lourd, chaque mouvement me coûte un effort insurmontable. Je me sens brisée, éparpillée, comme si chaque partie de moi-même était en train de se remettre en place, mais de façon désordonnée, confuse.Je tourne lentement la tête, mes yeux se posent sur lui. Aleksandr. Il est là, à mes côtés, son regard toujours aussi intense, même dans le silence. Et c'est ce silence qui me paralyse. C'est dans ce calme presque effrayant que je ressens la profondeur de ce qui s'est passé. Il n'a pas besoin de dire un mot, je le sais déjà. Je suis mienne, et je suis à lui. Le monde peut bien brûler autour de nous, rien n'a changé. Je suis perdue, mais j'y trouve un étrange réconfort.Je ferme les yeux, mais l'image de ses bras autour de moi, de son corps contre le
YviJe suis en train de m'effondrer, lentement, inexorablement. Le monde autour de moi disparaît peu à peu, tout ce que je suis se rétrécit, se concentre sur lui. Lui, l'homme qui a pris racine dans mon esprit, qui étreint mon cœur avec une force que je n’arrive plus à définir. Chaque souffle que j’inspire, chaque battement de mon cœur résonne avec sa présence. Il est là, toujours là, dans chaque recoin de mon être, dévorant, insatiable.Je sens le désir m'envahir à chaque contact. Ses mains, brûlantes, m'effleurent et me consument, comme des flammes mangeant un bois sec. Chaque baiser qu’il dépose sur ma peau est un acte de possession, un marquage invisible, mais inaltérable. Il me dévore de l’intérieur, mais je ne peux pas m’arrêter. Parce que, paradoxalement, je veux qu’il le fasse. Parce que je suis perdue. Et plus je lutte, plus il enflamme cette guerre entre ce que je veux être et ce que je suis devenue.Mon corps répond à ses caresses avant même que ma volonté ne puisse y réagi