IvyJe ne me reconnais plus.Ou peut-être que si.Peut-être que cette fièvre qui me consume a toujours été là, cachée sous la surface, attendant simplement d’être réveillée.Et ils l’ont réveillée.Lyam, Kael, Soren.Leurs présences m’enveloppent, me serrent, m’aspirent vers un point de non-retour.Je devrais encore lutter. Opposer un dernier sursaut de résistance.Mais mes muscles refusent de bouger. Mon souffle s’accélère, incontrôlable.— Ivy…La voix de Lyam me parvient comme un écho lointain.Je lève les yeux vers lui, piégée dans l’intensité de son regard.— Laisse-toi aller.Un frisson me traverse.Kael effleure ma hanche du bout des doigts, joue avec la barrière invisible que j’ai tenté d’ériger entre nous.— Pourquoi t’obstiner ?Son souffle caresse ma nuque. Je ferme les yeux, incapable d’échapper à cette tension qui s’accroît, qui s’étire entre nous comme un fil prêt à se rompre.Soren, silencieux, m’observe. Il n’a pas besoin de parler. Ses gestes sont plus éloquents que n
IvyJe tombe.Je ne sais plus si c’est vers eux ou en moi-même.Tout ce que je sais, c’est que je ne peux plus lutter. Plus maintenant.Le poids de leurs regards, de leurs mains, de leurs souffles me cloue sur place, me consume, me réduit à l’état d’une créature fébrile et affamée.Je voulais résister. Leur montrer que je pouvais garder le contrôle.Mais il n’y a plus de contrôle.Il n’y a qu’eux.Lyam approche, son regard noir ancré dans le mien.— Dis-le, Ivy. Dis que tu nous veux.Ma gorge se serre. Le mot brûle contre mes lèvres. Mais il est là. Prêt à éclater.Kael glisse ses doigts sur ma nuque, remonte lentement jusqu’à ma mâchoire.— Cesse de lutter… Avoue-le.Soren ne dit rien. Il se contente de m’observer. Implacable. Silencieux. Mais je le sens. Je sens sa volonté peser contre la mienne, écrasante.Je ferme les yeux.Et je chute.— Je vous veux…Un souffle. Un murmure.Mais c’est suffisant.---LyamLe mot tombe, fragile, incertain.Et pourtant, il résonne en moi comme une
IvyLa nuit tombe sur la ville comme un linceul.Et avec elle, mes démons se réveillent.Je me glisse dans mes draps en espérant, une fois encore, trouver un peu de répit. Mais je le sais déjà.Le sommeil ne m’apportera rien d’autre que cette brûlure familière, ce besoin animal que je ne sais pas nommer.Je ferme les yeux. Et tout de suite, ils apparaissent.Des silhouettes. Des ombres mouvantes, sans visages.Trois. Toujours trois.Je les sens avant de les voir.Leur présence m’écrase, m’enveloppe.Je suis nue, vulnérable, perdue au milieu d’une forêt sans fin.La brume danse autour de moi. L’air est saturé d’un parfum enivrant que je ne reconnais pas, mais qui me fait tourner la tête. Un mélange de cuir, de musc, de terre humide et de danger.Je frissonne, mais pas de froid.Ils sont là.Je les sens approcher.Le premier surgit de l’ombre. Grand, massif, des yeux brûlants comme l’ambre, rivés sur moi.Il ne parle pas.Il me regarde juste.Et je comprends.Lui, c’est la force brute.
IvyJe ne sais pas combien de temps je marche.Le monde autour de moi n’a plus de contours.La forêt s’étire à l’infini, peuplée d’ombres mouvantes, de murmures à peine audibles.L’homme – ou la bête, je ne sais plus – m’entraîne sans un mot. Sa main enserre la mienne avec une force tranquille. Inflexible. Irréelle.Je devrais me débattre. Fuir. Hurler.Mais je le suis.Je le suis comme si toute ma vie n’avait été qu’un long chemin vers ce moment-là.Le vent glisse dans mes cheveux. L’odeur de la terre humide, des feuilles mortes, du sang séché me soulève le cœur.Et pourtant, mon corps réclame plus.Plus de lui. Plus de cette présence qui m’enveloppe, me dévore.— Où m’emmènes-tu ? je murmure.Sa voix claque dans la nuit.— Chez nous.Un frisson me parcourt.— Qui êtes-vous… vraiment ?Il se tourne vers moi. Son visage est beau. Terriblement beau. Mais inhumain.Sa peau semble vibrer d’un éclat fiévreux. Ses yeux… ces yeux d’or me consument.— Nous sommes ceux qui t’attendaient. Ceux
IvyLe moteur gronde tandis que la voiture s’engage sur la longue route bordée d’arbres centenaires. L’atmosphère change. L’air semble plus dense, plus chargé.Je regarde par la fenêtre, le cœur au bord des lèvres.— Où est-ce qu’on va ? ma voix tremble.Lyam me jette un coup d’œil par le rétroviseur, un sourire en coin.— Chez nous.Kael, à ma droite, se contente de fixer l’horizon, un rictus satisfait aux lèvres.— Tu vas enfin voir qui nous sommes vraiment, Ivy.Soren ne dit rien. Son regard d’acier ne me quitte pas une seconde.La voiture s’arrête devant d’immenses grilles forgées aux armoiries d’un loup.Deux silhouettes apparaissent aussitôt. De grands hommes, massifs, qui s’inclinent dès qu’ils aperçoivent les triplés.— Alphas, murmure l’un d’eux. Bienvenue à la maison.Un frisson me parcourt.Ils sortent de la voiture, moi derrière eux, hésitante.Les grilles s’ouvrent dans un grincement lourd.Et je découvre l’étendue de leur territoire.Un immense domaine s’étire devant moi
IvyLe soleil descend lentement, baignant le domaine d’une lumière dorée. Je marche en silence, entre eux. Mes jambes tremblent encore de cette visite, de ces regards qui se posaient sur moi comme s’ils m’appartenaient déjà.Arrivés devant l’immense bâtisse, Kael pousse les lourdes portes en bois sculpté. L’intérieur est encore plus impressionnant : murs de pierre claire, lustres de fer forgé, peaux de bêtes jetées au sol. Tout respire la richesse… et la puissance.— Viens.Lyam m’attrape doucement par la main et m’entraîne à l’étage.— Tu dois voir ta chambre.Ma chambre. Ces mots résonnent étrangement.Soren suit en silence, son regard lourd sur ma nuque.Ils s’arrêtent devant une porte massive. Kael me sourit, moqueur.— Prête à découvrir ton nouveau monde, Reine ?Je déglutis et hoche la tête.La porte s’ouvre.Je reste figée.La pièce est immense. Des tentures sombres tombent des murs jusqu’au sol. Une baie vitrée donne sur la forêt. Mais c’est ce lit qui me coupe le souffle : la
IvyLa nuit est tombée sur la ville. Une nuit lourde, dense, presque palpable.Je marche entre eux. Lyam, Kael, Soren. Leur prestance me coupe le souffle, et la foule qui se dresse devant nous m’oppresse. Des dizaines, non… des centaines de regards braqués sur moi.Tous des loups. Tous leurs sujets.Elenna et Myra m’ont parée comme une reine. La robe blanche glisse sur ma peau, fine, presque irréelle. Mes cheveux, détachés, retombent en cascade dans mon dos.La place centrale est immense, pavée de pierre claire. Un trône sculpté y trône, ancien, majestueux.Lyam me prend la main, fermement.— Reste près de nous. Ne doute pas. Ce soir, tu deviens l’une des nôtres.Je déglutis.— Et si je ne suis pas prête ?Kael sourit, insolent.— Trop tard pour ça, ma belle. Tu es déjà à nous.Soren ne dit rien. Mais son regard me traverse, brûlant, possessif.Ils m’entraînent au centre, face à leur peuple. Je tremble. Le murmure qui s’élève me donne le vertige. Certains me détaillent avec curiosité.
IvyLa lumière perce doucement à travers les immenses fenêtres de la chambre. Mon corps endolori me rappelle chaque instant de la nuit. Le parfum mêlé de leurs peaux, de leur désir… Tout est encore là, gravé dans ma chair.Je sens des bras autour de moi. Des corps contre le mien.Lyam dort à ma gauche, son visage apaisé. Kael ronronne presque contre ma nuque, possessif même dans son sommeil. Soren est là, en retrait, mais ses doigts effleurent distraitement ma hanche, comme s’il vérifiait que je n’avais pas fui.Je n’ose pas bouger. C’est irréel. Hier encore, je n’étais qu’une humaine ordinaire… Et me voilà maintenant, allongée dans leur lit, marquée, liée.LyamJe me réveille le premier, habitué à l’aube.Elle est là. Encore là.Je souris contre ses cheveux. Sa respiration est légère, tremblante. Elle a peur. Et elle a raison. Mais il n’est plus question qu’elle parte. Plus maintenant.Je dépose un baiser sur son épaule nue. Sa peau porte encore les traces de ma morsure. De notre uni
YviJe ne dors pas.Je ne respire plus.Je suis un gouffre. Une faille. Une onde prête à éclater sous la moindre pression.L’air est vicié, tendu, suspendu à un nom. Aleksandr.Il est partout.Dans chaque ombre. Dans chaque battement de cœur trop rapide.Dans les murs de cette chambre. Dans les reflets noirs de la nuit.Dans le silence pesant que même Kael ne brise plus.Dans les gestes brusques de Soren, dans les cernes profondes de Lyam.Partout. Même là où je croyais qu’il n’existerait plus.Je m’assieds au bord du lit, les pieds nus sur le parquet glacé.Le froid me traverse, mord mes os.Mes orteils se crispent, mon souffle tremble.Mes mains... elles me trahissent.Elles tremblent. Faiblement, mais assez pour que je le ressente dans tout mon corps.Je les frotte avec rage. Comme si je pouvais gratter sa présence.Comme si je pouvais effacer ce qu’il a tatoué dans ma chair.Des souvenirs me reviennent.Sa voix. Son regard.Le silence juste après ses mots.Le vide, immense, qu’il
AleksandrJe descends les marches comme on descend aux enfers.Pas de bruit. Pas un mot.Juste le martèlement lent de mes bottes contre la pierre.À chaque pas, mon monde bascule.Le froid n’a plus de prise sur moi.La douleur ne perce plus.Il n’y a que la rage.Silencieuse. Absolue.Elle se distille en moi avec la patience d’un poison ancien.Elle épouse chaque battement de mon cœur.Elle est en moi, et je ne veux plus qu’elle parte.Ils ont tout pris.Pas ce corps que j’ai déshabillé mille fois.Pas ce regard que j’ai vu s’éteindre et renaître sous mes doigts.Pas même sa voix qui chuchotait mon nom dans l’obscurité.Non.Ils ont pris ce que j’avais bâti.Ce que j’avais enfermé.Ce que j’avais sculpté, à coups de silence, de serments, de veilles à veiller l’impossible.Ils l’ont regardée, et elle s’est offerte.Pas comme une trahison.Pire.Comme une délivrance.Comme si je n’étais plus la réponse.AleksandrLa porte du salon privé claque contre le mur.Un valet sursaute et dispara
Personnages : Yvi, Aleksandr, Kael, Soren, LyamYviJe me réveille dans la lumière pâle du matin.Le drap sur ma peau est encore chaud de leurs corps.Kael, une main posée sur mon ventre, respire lentement, comme s’il rêvait encore. Soren, la tête appuyée contre ma hanche, le front plissé même dans le sommeil. Lyam, le souffle calme, le bras autour de mes jambes nues, comme s’il voulait me garder ici.Je les regarde. Un à un.Et mon cœur hurle sans un bruit.Ils m’ont donné plus qu’un refuge.Ils m’ont offert un monde où je peux être désirée… sans être possédée.Mais ce monde est un incendie.Et je suis l’étincelle.YviJe me lève doucement. Chaque mouvement est une trahison. Un adieu qui ne dit pas son nom.Le parquet gémit sous mes pas nus. Mon corps est douloureux. Pas à cause d’eux. À cause de ce que je vais affronter.Je me rhabille dans le silence, rassemblant les fragments de moi-même. Mon collier tremble entre mes doigts.Mais quelque chose reste là-bas. Dans ces draps froissé
YviLa nuit est tombée sur l’aile ouest. Une nuit lourde, saturée de silence et de désirs tus. Le vent glisse le long des couloirs comme un soupir ancien. Les murs suintent la mémoire, les pierres vibrent sous mes pas. Elles ont vu naître des serments et mourir des rois.Mais ce soir, elles verront autre chose.Je monte l’escalier sans bruit, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. Mes doigts effleurent la rampe. J’ai l’impression d’avancer vers une frontière invisible. Une ligne que je m’étais jurée de ne jamais franchir.Et pourtant…Je pousse la porte de leur chambre. Mon souffle se suspend. Ils sont là. Tous les trois. Kael debout, Soren assis sur le rebord du lit, Lyam adossé à la fenêtre, les bras croisés, les yeux dans le vide.Trois flammes dans la pénombre. Trois vérités qui m’attendent.Je ne devrais pas être là. Aleksandr pourrait le savoir. Il sent tout, il voit tout. Mais ce soir, il n’est rien.Ce soir, je suis à eux.Ce soir, j’abats mes murailles.KaelElle
AleksandrJe marche en silence dans les couloirs de pierre, le bruit de leurs pas résonne derrière moi. Trois battements de cœur enragés, retenus à grande peine. Je pourrais les enfermer. Je pourrais les briser maintenant. Mais non. Ce serait trop simple. Trop définitif. Trop prévisible.Je m’arrête devant une double porte de bois noir. L’aile ouest. L’ancienne aile royale, délaissée depuis des décennies. J’y sens encore l’odeur du passé, le poids des serments oubliés. La poussière elle-même semble avoir fait vœu de silence.Aleksandr« Voici vos quartiers. Vous avez carte blanche. Nourriture. Serviteurs. Bibliothèque. Rien ne vous est interdit… sauf elle. »Je les regarde, un par un. Kael, tendu comme une lame, chaque muscle prêt à se rompre. Lyam, à deux doigts d’exploser, une lueur sauvage dans les yeux. Soren, le regard fixe, mais tremblant à l’intérieur comme un fil d’or sur le point de se rompre.Aleksandr« Vous êtes ici par ma volonté. Ne la défiez pas. Ne testez pas mes limit
AleksandrJe les regarde, chaque muscle de mon corps tendu, prêt à réagir à la moindre tentative de leur part. Je sais ce qu’ils veulent, je sais ce qu’ils espèrent. Mais Yvi est mienne. Elle l’a toujours été, et ils devront faire face à cette réalité. Ils peuvent tenter de m’arracher ce que je tiens, mais ils découvriront qu’ils sont à des années-lumière de comprendre le lien que j’ai forgé avec elle.Je la garde contre moi, mon regard défiant, ne laissant aucun doute sur mes intentions. Ils peuvent essayer de récupérer ce qui leur appartient selon leurs règles. Mais moi, je joue selon les miennes.AleksandrJe les vois entrer, et je sais qu’ils savent. Ce n’est pas un simple changement d’humeur, c’est une métamorphose. Une lueur nouvelle dans leur regard. De la terreur ? Non. De la rage. De la perte. De la conscience que quelque chose leur échappe définitivement.Leur démarche n’a plus rien des anciens seigneurs conquérants. Ils sont venus pour elle. Pas pour une guerre. Pas pour un
YviJe n'entends pas le bruit de la porte s'ouvrant. Je ne vois pas les ombres qui passent devant moi. Tout ce que je ressens, tout ce que je perçois, c’est la chaleur d’Aleksandr, ses mains qui me marquent, me contrôlent. J'ai l'impression que le monde extérieur n'existe plus, que rien ne compte hormis cette présence dévorante, ce lien que j’ai avec lui, aussi toxique soit-il. Le poids de son corps contre le mien est une ancre qui m’empêche de fuir, un poids que je ne veux pas enlever. Mais, au fond de moi, quelque chose gronde, un éclat de réalité qui brise le rêve que j'ai tissé autour de lui.Des voix. Des pas précipités. Un changement dans l’air, une tension nouvelle. Je sens Aleksandr se tendre, ses bras se raidissant autour de moi, son regard perçant cherchant à percer cette intrusion qui dérange notre moment. Il serre davantage, me rapprochant de lui comme pour me protéger. Mais je sens la présence de quelque chose... de quelqu’un d’autre.AleksandrJe n’entends pas les triplé
YviJe me réveille lentement, comme si le monde entier était flou, noyé dans une brume chaude et pesante. J'ai l'impression que le temps lui-même hésite à reprendre son cours, que tout se suspend autour de moi. Chaque souffle que je prends est lourd, chaque mouvement me coûte un effort insurmontable. Je me sens brisée, éparpillée, comme si chaque partie de moi-même était en train de se remettre en place, mais de façon désordonnée, confuse.Je tourne lentement la tête, mes yeux se posent sur lui. Aleksandr. Il est là, à mes côtés, son regard toujours aussi intense, même dans le silence. Et c'est ce silence qui me paralyse. C'est dans ce calme presque effrayant que je ressens la profondeur de ce qui s'est passé. Il n'a pas besoin de dire un mot, je le sais déjà. Je suis mienne, et je suis à lui. Le monde peut bien brûler autour de nous, rien n'a changé. Je suis perdue, mais j'y trouve un étrange réconfort.Je ferme les yeux, mais l'image de ses bras autour de moi, de son corps contre le
YviJe suis en train de m'effondrer, lentement, inexorablement. Le monde autour de moi disparaît peu à peu, tout ce que je suis se rétrécit, se concentre sur lui. Lui, l'homme qui a pris racine dans mon esprit, qui étreint mon cœur avec une force que je n’arrive plus à définir. Chaque souffle que j’inspire, chaque battement de mon cœur résonne avec sa présence. Il est là, toujours là, dans chaque recoin de mon être, dévorant, insatiable.Je sens le désir m'envahir à chaque contact. Ses mains, brûlantes, m'effleurent et me consument, comme des flammes mangeant un bois sec. Chaque baiser qu’il dépose sur ma peau est un acte de possession, un marquage invisible, mais inaltérable. Il me dévore de l’intérieur, mais je ne peux pas m’arrêter. Parce que, paradoxalement, je veux qu’il le fasse. Parce que je suis perdue. Et plus je lutte, plus il enflamme cette guerre entre ce que je veux être et ce que je suis devenue.Mon corps répond à ses caresses avant même que ma volonté ne puisse y réagi