Chapitre 4 – Le Baptême du Feu

Léo

Léa tremble contre moi. Je la soutiens d’un bras alors qu’on avance lentement dans le couloir désert. Ses pas sont hésitants, son souffle court. Chaque gémissement qu’elle lâche me fait serrer les dents.

La violence, je connais. Je l’ai vue. J’y ai goûté. Mais ce que je vois sur elle… ça me fout en rage.

— Elles t’ont fait quoi exactement ?

Elle hésite, baisse les yeux.

— Elles voulaient… t’atteindre. Elles savent que tu veux te faire une place ici. Alors elles ont voulu t’envoyer un message.

Je me fige.

— Elles t’ont frappée juste pour me faire comprendre que je suis une cible ?

Elle hoche la tête, et sa mâchoire se contracte.

Samira.

Son nom tourne en boucle dans ma tête. Je n’ai jamais eu l’intention de rester passif dans cette prison, mais maintenant, c’est personnel.

On atteint enfin l’infirmerie. Je frappe. Personne ne répond. Évidemment.

Je pousse la porte. Le bureau est vide, mais l’odeur de désinfectant flotte dans l’air. J’aide Léa à s’asseoir sur une des chaises en plastique et commence à fouiller.

— Ils laissent vraiment la porte ouverte comme ça ?

Elle esquisse un sourire faible.

— Les gardiens s’en foutent. Et les détenues ont leur propre système. L’infirmerie, c’est une zone neutre. Du moins… en théorie.

Je trouve enfin du coton et un désinfectant. Je m’accroupis devant elle et commence à nettoyer doucement les plaies sur son visage. Elle grimace mais ne bronche pas.

— Pourquoi t’es venue me prévenir ?

Elle détourne le regard.

— Parce que t’es pas comme elles.

Son ton est sans appel. Et ça me frappe. Je suis ici depuis quoi, quelques jours ? Pourtant, certaines ont déjà décidé de me cataloguer.

Pas comme elles.

Et si ça, c’était encore plus dangereux que le reste ?

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Le Réveil des Louves

La nuit est courte.

Au matin, le bloc entier semble en effervescence. Les rumeurs ont couru vite. Tout le monde sait ce qui est arrivé à Léa. Tout le monde sait que c’est Samira qui a donné l’ordre.

Je sens les regards se poser sur moi quand je sors de ma cellule. Certains attendent ma réaction. D’autres espèrent me voir me faire écraser.

Et puis il y a Mira.

Elle est appuyée contre un mur, les bras croisés, un sourire en coin. Elle m’attend.

— Alors, le nouveau ? Tu vas encaisser ou répliquer ?

Elle parle assez fort pour que d’autres entendent. Elle veut voir jusqu’où je suis prêt à aller.

Je m’approche d’elle et la fixe.

— Je vais rendre la monnaie de leur pièce.

Son sourire s’élargit.

— Bonne réponse.

Elle se redresse et commence à marcher lentement à mes côtés.

— Mais tu sais… ici, rien ne se fait sans alliances. Si tu veux vraiment faire tomber Samira, tu vas avoir besoin d’un coup de main.

Je plisse les yeux.

— Et tu serais prête à me l’offrir ?

Elle hausse les épaules, l’air faussement détaché.

— Disons que j’aime voir le jeu évoluer. Et puis, Samira commence à trop se croire intouchable. Une chute lui ferait du bien.

Elle s’arrête et me regarde droit dans les yeux.

— Mais si tu veux mon aide, va falloir prouver que t’en vaux la peine.

Son regard est un défi.

— Et comment je fais ça ?

Elle sourit.

— Ce soir. Après l’extinction des feux. Cours du bloc B. Sois là.

Elle tourne les talons et disparaît dans la foule.

Test numéro deux.

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Le Duel

La nuit tombe.

Je me faufile discrètement vers le bloc B. Mira a choisi son endroit : un espace caché, où les gardiens ne passent presque jamais. Parfait pour un règlement de comptes.

Quand j’arrive, plusieurs détenues sont déjà là. L’atmosphère est lourde, électrique.

Mira est au centre, entourée de ses plus proches. Mais mon attention est attirée par une autre silhouette.

Samira.

Elle est là, assise sur un muret, un sourire suffisant sur le visage. Elle me regarde comme si elle savait déjà comment tout ça allait se finir.

Mira s’avance vers moi.

— C’est simple, Morgan. Tu veux ta place ici ? Tu dois la prendre.

Elle se tourne et désigne une femme dans la foule. Rasée. Celle qui avait essayé de me tester le premier jour.

Elle s’avance lentement, ses muscles tendus.

— Toi contre elle. Pas de couteaux, pas d’armes. Juste les poings.

Je la fixe. Je sais ce qu’elle essaie de faire.

Elle veut voir si je peux tenir tête à une vraie combattante.

Je fais craquer mes phalanges et me mets en position.

— Allons-y.

Le cercle se resserre autour de nous. Les murmures cessent. L’air vibre d’adrénaline.

Premier vrai combat. Premier test décisif.

Rasée attaque la première. Un crochet du gauche, rapide. J’esquive de justesse et recule d’un pas. Elle est rapide.

Elle ne me laisse pas le temps de souffler et enchaîne. Uppercut. Coup de pied. Je bloque, mais la force de ses attaques me fait reculer.

— Allez, Morgan ! crie quelqu’un dans la foule.

Elle tente un direct du droit. Cette fois, j’anticipe. Je me décale et frappe.

Mon poing s’écrase contre sa mâchoire. Son visage se tord sous l’impact, mais elle ne tombe pas.

Elle essuie le sang qui perle à sa lèvre et sourit.

— Pas mal.

Elle revient à la charge, plus agressive. J’encaisse un coup dans les côtes, puis un autre à l’épaule. La douleur explose, mais je tiens bon.

Et puis, je vois une ouverture.

Elle a levé son bras trop haut. Une fraction de seconde d’hésitation.

J’en profite.

Mon poing part en plein dans son ventre. L’air quitte ses poumons dans un râle étouffé.

Elle vacille. J’avance. Un dernier coup, cette fois au menton.

Elle s’effondre.

Le silence tombe. Puis, un bruit.

Des applaudissements.

Mira sourit.

— Bienvenue dans la

cour des grandes, Morgan.

Samira, elle, ne sourit plus du tout.

Je viens de faire mon premier vrai pas dans cette prison.

Mais je le sais déjà.

Le plus dur reste à venir.