J’ai sorti ma valise rose de la voiture en faisant la moue. Je n’avais aucune envie d’être là.
— Bon, les enfants, prenez soin de vous. Ne faites pas la tête, je suis sûr que vous vous plairez, ici.
Mon père se trompait complètement. Je n’allais pas me plaire, dans ce camp de vacances. Le seul endroit où j’allais me plaire, c’était Bachertown. Sauf que lui et ma mère avaient détruit mon rêve sans aucune vergogne.
— Edène, ma chérie, je sais que tu nous en veux, a fait ma mère en m’enlaçant.
Quelle perspicacité, dites-moi !
— Je ne devrais pas être ici. Pourquoi est-ce que vous m’avez fait ça ? Mes vacances étaient déjà assurées.
— Nous savons que tu aurais adoré passer toutes tes vacances avec Kristen. Mais nous connaissons aussi les bienfaits des camps de vacances. On fait des rencontres très intéressantes, on s’épanouit. Et, puisque nous avons inscrit tes frères, nous avons considéré que te séparer de ton jumeau était cruel. Tu ne penses pas ?
Se moquait-elle de moi ? Si c’était le cas, ça ne me faisait absolument pas rire. J’aurais largement tenu plus d’un mois sans mon jumeau. Et m’épanouir à Bachertown m’aurait amplement suffi.
— Allez rejoindre les autres. On se dit à dans trois semaines.
— À dans trois semaines, avons-nous répondu en chœur, Dylan, Stan et moi.
Nos parents ont rejoint la voiture, nous ont fait un signe de la main et sont partis.
J’ai regardé autour de moi, quand même un peu émerveillée. L’endroit était immense. Il y avait un grand bâtiment principal où était inscrit en lettres de bois géantes : « CLEAR SUNLIGHT ». Deux autres bâtisses énormes nous faisaient aussi face. À ma gauche, il y avait cinq petites maisons et quatre à ma droite. Nous étions entourés de verdure.
— C’est super beau, quand même ! s’est écrié Dylan pendant que nous marchions vers l’une des deux bâtisses où tout le monde se dirigeait.
C’était un immense gymnase avec terrain de basket et tout le toutim. Les gradins étaient pratiquement pleins. C’était fou le monde qu’il y avait.
— On ne s’entend pas réfléchir, a râlé mon jumeau.
Je l’entendais à peine, avec le brouhaha qui s’élevait.
Un homme est arrivé avec un micro, accompagné d’une dizaine d’adultes, voire plus, qui se sont postés à côté de lui.
Le silence a peu à peu fait place au vacarme.
— Bonjour à tous, a déclaré l’homme avec le micro. Je suis William Rocades, le responsable de ce camp. Je vais vous expliquer rapidement son fonctionnement, mais vos responsables de groupe vous parleront plus en détail.
Le gymnase était à présent très silencieux.
William Rocades avait l’air d’être un quadragénaire dynamique et sympathique.
— Le camp de vacances Clear Sunlight accueille, cette année, cent vingt-cinq adolescents d’une tranche d’âge de quatorze à dix-sept ans. Donc, j’imagine que vous vous entendrez bien.
Cent vingt-cinq ! Énorme.
— Les chambres pour filles sont à droite du bâtiment principal et celles pour garçons sont à gauche. Le séjour va s’étendre sur trois semaines. Vous trouvez peut-être que c’est long, mais je peux vous assurer que ça passe à une vitesse folle, quand on s’amuse.
Allais-je m’amuser, en sachant que j’aurais pu être sur la route de Bachertown, en compagnie de ma bien-aimée meilleure amie et de son nouveau béguin, Andrew Greyns ?
— Vos responsables de groupe vous feront passer une fiche pour que vous cochiez les activités auxquelles vous voulez vous inscrire. Une fois l’inscription faite, vous devrez les suivre régulièrement. Un emploi du temps sera affiché devant le bâtiment principal, avec chacun des noms des membres de chaque groupe et les activités qu’il a choisies.
Donc, il fallait être prudent quant au choix des activités. Je ne savais même pas lesquelles ils proposaient.
— Un jogging d’une demi-heure est prévu tous les matins au réveil à 10 heures. Le premier groupe en sera exempt cette semaine, le chanceux !
Quoi ! ? Déjà que je n’aimais pas le sport, il fallait en plus que j’en fasse pendant les vacances !
— Chaque soir, un feu de camp sera organisé. Les groupes se succéderont jour après jour. Par exemple, ce soir, ce sera le groupe 1 qui fera le feu de camp, demain le groupe 2, etc.
Un feu de camp par groupe ? Pas mal. Ça permettait de mieux faire connaissance avec les autres membres.
— Je vous demanderais d’être respectueux envers le matériel, l’environnement et, bien sûr, les adultes qui vous encadreront.
Ça allait de soi. Mais bon, il avait raison de le rappeler.
— Je vais faire l’appel du premier groupe. Les adolescents dont je vais prononcer le nom devront se placer derrière André et Willis, leurs deux responsables.
Ni mes frères ni moi n’étions dans le groupe 1. Ça allait. Les gradins ont commencé à se vider lentement.
Je n’étais pas dans le groupe 2 non plus. J’ai regardé autour de moi. À vue d’œil, il restait plus de filles que de garçons.
Le groupe 3 s’est rempli lui aussi sans moi. J’ai remarqué que, dans les trois groupes, il y avait vingt-cinq adolescents.
L’appel du groupe 4 a commencé, pendant que je reprenais doucement espoir. Peut-être que mon inscription et celle de mes frères n’avaient pas été prises en compte. Peut-être qu’il n’était pas trop tard pour que je prenne le prochain train en direction de Bachertown.
Oui, c’était ce que j’allais faire. Rejoindre Kristen chez sa cousine et me pavaner en bikini avec elle, sur la plage. Peut-être aussi l’aider à séduire Andrew. Mais rien n’était moins sûr. J’aimais trop Kristen pour la précipiter dans les abîmes de la déprime. Il ne fallait pas qu’elle vive la même chose que moi.
— Sawling Dylan.
Oh, oh. L’inscription de Dylan avait été enregistrée ! Je le sentais mal.
Mon frère s’est levé en me faisant un clin d’œil.
— Sawling Edène.
Non, non, non ! Pourquoi mon inscription avait-elle été validée ? Je n’avais aucune envie d’être là, moi ! J’étais tombée dans le piège machiavéliquement orchestré par mes parents.
— Sawling Stanley.
Mon petit frère est venu nous rejoindre en faisant la moue.
— C’est trop nul, que je sois avec vous !
— Quoi ? me suis-je indignée. Et pourquoi ça ?
— Au moins, je n’allais pas te voir pendant six semaines. J’allais pouvoir profiter pleinement de ton jumeau sans t’avoir sur le dos. Mais maintenant, je sais qu’il n’en aura que pour toi.
— Ça ne m’aurait pas plu, a fait Dylan en haussant les épaules d’un air provocateur.
— Enflure ! Pour ta gouverne, mon garçon, mon jumeau n’en a toujours que pour toi. Oui, il considère qu’en ta qualité de garçon, tu es celui à qui il doit accorder la plus grande importance.
— Attends, Edène, je n’ai jamais dit ça !
— N’aie pas honte de tes convictions, Dylan ! Tu as raison, quand tu penses que je vaux mieux qu’une minuscule paire de tétons. Toi et moi, mec, les testostérones en force !
J’ai pris un air outré en le frappant au crâne. L’effet était moyen, étant donné qu’il était plus grand que moi. Lui et Dylan ont explosé de rire, tandis que je grommelais.
Le mec qui était à ma diagonale s’est retourné vers nous, l’air amusé. De toute évidence, il n’avait pas raté grand-chose de l’échange.
Seigneur ! J’ai été électrisée par son grand sourire lumineux. Mais il n’y avait pas que son sourire, qui était lumineux. Toute sa personne semblait briller, de ses cheveux couleur de jais à son corps apparemment bien bâti, en passant par ses yeux gris foncé et son visage fin et séduisant.
Bon sang, ces vacances débutaient mal. Je ne devais pas commencer à regarder les beaux mecs. Je devais m’en tenir à mes résolutions.
Une fois l’appel du groupe 5 terminé, les gradins étaient vides, alors chaque groupe est sorti du gymnase en suivant les animateurs responsables.
Notre groupe s’est dirigé vers le bâtiment principal. L’un des responsables, Josh, nous a ordonné de prendre une chaise et de nous asseoir en cercle. Nous l’avons fait en traînant un peu des pieds.
Je me suis retrouvée à côté d’une fille aux cheveux auburn et… juste en face du fameux beau gosse ! Je pouvais l’admirer à loisir.
— Salut à tous. Comme vous le savez, je suis Josh. Et voici Amélie, ma collègue. Nous sommes vos responsables de groupe, vous êtes donc sous notre responsabilité.
Josh était plutôt beau mec. Il devait avoir la vingtaine, pas plus.
— Nous allons vous expliquer comment vont se dérouler les trois prochaines semaines.
J’ai regardé tous les membres de mon groupe. À part le beau gosse en face de moi, mes frères et un ou deux autres garçons, il n’y avait pas vraiment de beaux spécimens.
— Amélie tient la liste dont parlait M. Rocades, celle où vous allez cocher les activités auxquelles vous vous engagez à participer régulièrement. Il y a aussi d’autres activités libres auxquelles vous pourrez participer n’importe quand. Par exemple, le tennis, le tir à l’arc, le baseball, ou encore le football international.
Le football international. Il voulait donc dire, pas le football américain.
— Il y a aussi les activités intergroupes : une chasse au trésor, l’élection de Miss et Mister Sunlight et, la dernière semaine, la présentation de chaque activité.
Miss et Mister Sunlight ! Ça me plaisait déjà.
Je sentais que le garçon en face de moi allait être élu Mister Sunlight. Il était tellement beau.
— Je vous fais passer la fiche d’inscription.
La fiche a mis deux ou trois minutes à arriver à ma place. Elle se présentait sous forme de tableau à double entrée. À gauche, la première colonne regroupait les noms de famille, tandis que la première ligne regroupait les activités. En fonction de notre nom de famille, on devait simplement cocher ce qu’on voulait faire. J’avais le choix entre activités manuelles, basket-ball, cuisine, danse, escalade, football américain, musique, natation, surf et volley-ball.
J’ai choisi la cuisine, la danse et l’escalade, puis j’ai passé la feuille et le sous-main à Dylan.
Tout de suite après, il a coché basket-ball à ma place.
— Hé ! ai-je protesté en chuchotant.
— Ne t’inquiète pas, sœurette, je suis sûr que tu aimeras.
— Je suis nulle, en basket !
Il m’a rassurée en m’affirmant que lui et Stan allaient m’apprendre.
Sauf que je n’avais aucune envie de suivre des leçons avec eux.
Lui, pour sa part, a coché basket-ball, escalade et surf. Je me suis étonnée qu’il n’ait pas choisi le football américain, mais il m’a répondu qu’il voulait faire une pause.
Quand j’ai tourné la tête, mon regard est tombé sur le beau gosse. Je me demandais comment il s’appelait. Il devait avoir un nom qui avait du style – ou pas. Quand la fiche est arrivée à lui, je n’ai pas pu m’empêcher de l’observer pendant qu’il la remplissait. Il avait l’air passablement concentré sur la feuille. Il ne voulait certainement pas cocher n’importe quoi et être embarqué dans des activités qu’il n’avait pas envie de pratiquer.
Après qu’il a passé la feuille à sa voisine, il m’a regardée. J’ai vite détourné les yeux. Il me troublait profondément.
Je devais me calmer. Ce garçon était certainement un Sportif, vu qu’il était branché. Il n’avait pas l’air méchant, mais me méfier des Sportifs était ma première devise. Donc, il valait mieux que j’arrête de le regarder, que j’arrête de penser à lui, que j’en oublie même jusqu’à son existence. Ce ne serait pas très difficile.
— Les filles, suivez-moi, je vais vous montrer vos chambres, a dit Amélie en nous faisant signe.
Josh a fait la même chose pour les garçons.
Nous sommes donc sortis de la salle avec nos valises. Amélie nous a conduites jusqu’aux maisonnettes à droite du bâtiment. Il y avait quatorze lits séparés les uns des autres par une table de chevet et répartis en deux rangées opposées. Le mur de la chambre était peint en bleu turquoise. Ce n’était pas mal.
— Vous aurez chacune votre espace, s’étendant de votre lit à votre table de chevet. Vous pouvez accrocher au mur des posters, des photos, ce que vous voulez, à condition de tout enlever le jour du départ.
— Je n’ai pas de scotch, a soudain déclaré une fille.
— Ce n’est pas un problème. Vous savez, le bâtiment principal où on était est énorme. On y trouve la salle des activités manuelles, celle de musique, le studio de danse… Bref, vous ne manquerez de rien. Pas de scotch, en tout cas.
Ça avait dû coûter une fortune, de construire un endroit aussi grand.
— Bon, il faut que vous choisissiez vos lits. En connaisseuse, je vous conseillerais la dernière chambre, la numéro 5. Il n’y a que douze lits, c’est un peu plus tranquille. J’espère simplement que d’autres groupes ne sont pas venus avant nous.
Ni une ni deux, nous nous sommes précipitées vers la dernière maisonnette.
Il n’y avait pas de valise ! Super. Je me suis installée sur le premier lit à gauche. La fille qui était à côté de moi dans la salle principale s’est installée sur le lit à côté du mien. La chambre s’est remplie à une vitesse folle. Deux filles ont même dû chercher une place ailleurs.
J’ai posé ma valise sur mon lit en soupirant. Je me demandais où étaient Kristen et Andrew. Ils allaient sans doute atteindre Bachertown bientôt.
— Salut, comment tu t’appelles ?
Je me suis retournée vers la fille qui se tenait à côté de moi et qui venait de poser sa main sur mon épaule.
— Edène. Et toi ?
— Kayla. J’adore ton prénom.
— Merci. Le tien n’est pas mal non plus.
Elle avait l’air sympa. Mais je me demandais si elle était pom-pom girl. Si c’était le cas, sa gentillesse n’était qu’une feinte.
— Edène, je te présente Keiko, Maïlys et Alana, mes meilleures amies.
J’ai salué les trois filles qui complétaient notre rangée de gauche. Keiko était asiatique, certainement japonaise, Maïlys était métisse et Alana était noire. Elles étaient toutes les trois, avec Kayla, super jolies. Je m’en sentais presque mal à l’aise. Elles avaient plus de chances d’être élues Miss Sunlight que moi. Surtout Kayla et Alana, à vrai dire.
Mais dans la chambre, celle qui avait le plus de chances d’être élue était une blonde pulpeuse aux yeux bleus et au look très glamour. À tous les coups, elle était pom-pom girl. Je savais les reconnaître entre mille.
Amélie était devant la porte et nous demandait de nous rassembler devant les chambres.
— Les filles, puisque vous n’êtes inscrites à aucune activité aujourd’hui, nous vous proposons d’aller à la plage. Il y aura, bien sûr, tous les autres groupes. Prenez vos maillots et vos crèmes solaires, vous en aurez besoin.
Super ! J’allais quand même être sur une plage, en bikini. Mais sans Kristen, malheureusement. Ça m’enlevait un peu de plaisir.
Quand je suis sortie en bikini et paréo et ma crème solaire dans les mains, j’ai vu mes frères, de l’autre côté, en train de discuter avec… le beau gosse ! J’en ai été interloquée.
— Hé, Kayla, est-ce que tu connais le mec, là-bas ? ai-je demandé à la brunette qui marchait près de moi.
— Bien sûr, il est dans mon lycée. Il s’appelle Jonson Forwise. Jonson sans h.
Waouh. Son prénom lui allait à la perfection.
— Il est très…
— Très beau et très bien foutu ? Je sais. Il est le plus populaire d’Adam Parkson. Toutes les filles sont à ses pieds. Il est magnifique, gentil, humble. Il est différent des autres Sportifs.
Et voilà. Je m’en doutais. C’était un Sportif. Dès que je l’avais vu, j’avais su. Il ne pouvait qu’être un Sportif.
— Je parie que c’est faux. Les Sportifs n’ont rien de bien, à part la beauté.
— Lui, si. Il semblerait qu’il soit parfait.
Or, la perfection n’était pas de ce monde. Donc, il n’était pas parfait. Il était juste… beau. Ce qui, en y réfléchissant, n’était pas si mauvais.
— Waouh, c’est qui, le blond qui l’accompagne ?
— Il s’appelle Dylan. C’est mon frère jumeau.
— Eh bien ! Il est superbe, dis-moi !
— Je sais, ai-je renchéri avec un sourire fier.
Haha ! J’étais pressée d’apprendre à Dylan qu’une fille de notre groupe le trouvait beau. Ce qui, cela dit, était logique (et pas très original). Mais bon, ça fait toujours plaisir !
La plage n’était pas loin du camp. Peut-être à cinq minutes à pied. Elle était énorme et s’étendait sur des kilomètres entiers, puisque c’était la plage loudienne. — Ça te dérange, si on se met à côté de toi? m’a demandé Kayla pendant que je posais ma serviette par terre. — Non, pas du tout, allez-y. Pendant que je m’installais, Dylan est passé devant moi avec le beau gosse. Ils se sont arrêtés et mon frère a fait les présentations: — Jonson, je te présente Edène, ma jumelle. J’ai arrêté de bouger et ai dévisagé mon frère. Pourquoi faisait-il les présentations? Est-ce qu’il pensait que j’allais craquer pour le beau Jonson? Il se trompait complètement. Je n’allais plus prendre le risque d’aimer un Sportif. Jonson a souri en s’approchant de moi. J’ai automatiquement eu un mouvement de recul. Qu’est-ce qu’il comptait faire, si près? Il a baissé la tête vers moi et a embrassé ma joue droite. J’ai pu se
Sous le soleil luisant de Loudyland, la beauté de Jonson Forwise était plus qu’aveuglante. C’était horriblement perturbant. — J’arrête de jouer, a déclaré Dylan pendant un instant de silence. — Pourquoi? lui a demandé Myndie. — Parce que ça fait des heures qu’on est là et qu’on joue, et mon estomac crie famine. — Moi aussi, j’arrête, a décrété Jonson. Mais jouez entre vous, les filles. Maintenant que les deux capitaines étaient partis, plus aucune fille n’avait envie de jouer, c’était clair. Josh et Amélie, sur la plage, essayaient de nous rassembler. Quand on les a rejoints, ils nous ont appris que c’était l’heure de manger. Chaque groupe est arrivé un à un devant le bâtiment principal. Ça faisait beaucoup de monde, franchement. — Pour la cafétéria, c’est très simple, a commencé Josh quand il a réussi à obtenir le calme de notre groupe. Il y a un premier service pour les quatorze-quinze ans, et ensuite un second
J’ai soupiré en allant chercher la flèche que j’avais encore une fois plantée dans le tronc d’un arbre. Je n’étais décidément pas douée, en tir à l’arc. Stan et Dylan, eux, se débrouillaient très bien. Je ne comprenais pas. J’ai cherché un animateur des yeux. Ils étaient tous très occupés. — Tu as l’air désespérée. J’ai rapidement tourné la tête. Waouh. Jonson était superbe. Il portait un tee-shirt bleu foncé décoré de l’expression «KISS ME» écrite en lettres blanches. Avec ça, il arborait un bermuda blanc et des tongs. — Oh, salut. Quel joli tee-shirt! Le message est très porteur. Il a ri en se passant une main dans les cheveux. J’ai suivi sa main des yeux, subjuguée par ce geste d’une innocence si flagrante mais ô combien sexy. — Ah oui? — Oui. Enfin, ça fait le mec qui a super confiance en lui et qui ne doute pas de son sex-appeal. — Je ne peux pas te laisser croire une chose pareille,
L’atelier surf était super, quoiqu’assez effrayant. Il n’était constitué que de beaux gosses. Je n’avais rien à faire de mon après-midi, du coup j’étais allée à la plage pour assister à l’activité surf. Il y avait Dylan, Stan, Gregory, Jonson et quatre autres gars. Tous beaux. Le rêve parfait pour n’importe quelle fille normalement constituée, même pour une fille non intéressée par les garçons beaux, comme moi. Gregory a tourné la tête vers moi, mais a refait face à son entraîneur de surf quand il a vu que je l’observais aussi. C’était bizarre, non? Qu’il détourne le regard comme ça. Ou peut-être que je me faisais des idées pour rien. Peut-être que ce n’était même pas moi, qu’il avait regardée. Peut-être qu’il avait entendu un bruit, et qu’il s’était retourné pour voir de quoi il était question. Oui, ce devait être ça. J’ai ouvert le livre que j’avais emprunté. Je n’en avais lu que trois pages. Tout ça à cause de Maïlys, qui m’avait coupée dans
— Allez, je t’en supplie, ma sœurette que j’adore plus que tout au monde! J’ai tourné la tête vers Stan, puis l’ai dévisagé en haussant les sourcils. — Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre…! — Elle est dans ton cours de danse. Tu lui glisses juste un mot ou deux. Et n’oublie pas de lui demander si elle est célibataire. C’est un point essentiel. J’ai roulé des yeux. N’importe quoi. — Fais-le toi-même. Tu as quinze ans, mon grand. Tu vas entrer au lycée dans deux mois. Sois courageux. J’ai cru que j’allais mourir sous les balles de son regard fusillant. Heureusement, j’avais un gilet pare-balles de la marque Dylan Sawling. Très efficace, j’en étais sûre. — Ce n’est pas que j’aie peur. J’ai dragué des filles un million de fois. Mais j’ai juste besoin d’un petit coup de pouce de la part de ma sœur aînée que je vénère depuis que je suis tout petit, que j’admire pour son intelligence, son courage, sa… — C’est bon,
— Hum, c’est… intéressant, ai-je soufflé devant un tel spectacle. Contre le mur était exposée une demi-douzaine de poupées vaudous transpercées d’aiguilles et entourées de sceaux de magie. — Bienvenue au pays de Merlin l’Enchanteur, a grincé Gregory en s’approchant de l’une des petites poupées. Au-dessus d’elle se trouvait une pancarte où il y avait écrit: «Plantez une aiguille ici». J’ai grimacé en mettant une main sur l’épaule de Gregory. — On ne va pas faire ça. C’est dégoûtant. — Edène, ce n’est qu’une poupée. — Et cette poupée représente une vie. Mon interlocuteur m’a dévisagée. Je me suis automatiquement mise sur la défensive, en lui demandant ce qu’il avait, à me regarder comme ça. — Tu as parlé de vie. Et l’énigme stipule qu’il faudra cueillir et planter la vie. Tu crois que ça a un rapport? — Aucune idée. Moi, en lisant ça, j’ai pensé à des fleurs. Mais je ne suis plus sû
Je me suis tout de suite relevée pendant que Jonson m’imitait avec beaucoup moins d’entrain. Alyssa me fixait d’un regard sévère, les mains crispées sur ses hanches. — Qu’est-ce que tu fais là? l’a interrogée Jonson. — Je te cherchais. Mais je vois que tu es en excellente compagnie. Super. Il ne te faut pas longtemps, à toi! — Tu rigoles! Ce n’est pas toi qui, tout à l’heure encore, draguais Cane Wenn? — Je ne le draguais pas. On sympathisait, nuance. — Tu n’as jamais calculé ce mec, au lycée. Tu ne vas pas me faire croire que, tout à coup, il t’a pris l’envie d’en faire ton ami! Je devais partir, non? Histoire de les laisser régler leurs comptes puis, bien sûr, se réconcilier. Mais la conversation était si croustillante. Je n’avais pas envie de rater ça. — Écoute, Jon, tu me saoules. La blonde m’a lancé un regard méprisant, avant de continuer: — Depuis que tu as
J’ai levé la tête vers lui. Son regard était baissé vers moi et il m’observait de ses yeux vert clair. — Ah, Greg, salut! Excuse-moi, il faut que j’y aille. J’ai voulu le contourner pour me carapater, mais le salaud m’a attrapé fermement le bras pour m’en empêcher. — On doit discuter, Edène. C’était certain. — Pas maintenant. Je suis en train d’aider tout ce beau monde à ranger les courses. — Ils n’ont pas besoin de toi, a-t-il décrété en me tirant par le bras. Mais où m’emmenait-il, d’ailleurs? Je ne voulais pas lui parler. Pas maintenant. Il s’est assis contre le premier arbre qui a croisé son regard. Après avoir pesté, je l’ai imité. Un long silence s’est alors installé. Je ne savais franchement pas quoi dire. — Ton frère t’a parlé du pari? — Oui. — Tu acceptes? Je me suis tournée vers lui. Il était vraiment beau. Trop, peut-être. — Je ne veux p
Jonson était tout simplement fascinant. Mais comment faisait-il pour être aussi beau? Il portait un blaser noir sur une chemise blanche et un jean noir. Il était très élégant. — Ce mec, a soupiré Marianne. Bon sang, elle n’avait pas intérêt à fantasmer sur lui! Il était trop vieux pour elle, de toute façon. Dylan et Gregory n’étaient franchement pas mal non plus. Mais contre la beauté pure et sincère de Jonson, personne ne pouvait rien. — Tout d’abord, pour commencer, les gars, vous allez nous parler de vous, de vos hobbies, a lancé la voix grave de William Rocades dans le micro. Le premier à se présenter était Gregory, que je n’ai écouté que d’une oreille distraite. Le deuxième était un mec complètement insignifiant à qui je n’ai pas prêté grande attention. Quand Jonson a enfin pris le micro, le silence s’est intensifié. On était toutes pendues à ses lèvres. Il y avait aussi quelques mecs parmi le public, ceux qui ne s’éta
— Je suis sûre que c’est Jonson qui va gagner, a affirmé Marianne en se lissant les cheveux. — Ce n’est pas si sûr, a répliqué Anaëlle en sortant de son lit. Dylan et Gregory sont super beaux, eux aussi. Je pense que ce sera serré. — J’ai un penchant pour les blonds, a révélé Lisa. Je voterai pour Dylan. Il est sublime. — Je suis bien de ton avis, a renchéri Kayla. Sublime. J’ai haussé un sourcil en faisant mon lit. Depuis quelques minutes, les filles pariaient sur l’issue de l’élection Mister Sunlight. Je ne m’en mêlais pas, en sachant que j’avais un lien avec les trois favoris. — Je pense que ma voix ira aussi à l’intention du beau Dylan, a annoncé Alana. Il a quelque d’irrésistible, ce gars. Elle avait vu juste. Autrement, pourquoi avait-on l’habitude de le sortir du coin si rapidement? — Arrêtez de divaguer, est intervenue Alyssa d’une voix méprisante. Il faut voter pour Jonson, car il est le gars le plus beau, doux,
Je me suis arrêtée devant un superbe vase en poterie qui ne semblait même pas être la production d’un adolescent. — Qui a fabriqué cet objet? me suis-je enquise, en admirant les décorations du vase couleur cuivre. — C’est moi! J’ai tourné la tête vers Angelika. Un immense sourire illuminait son visage délicat. — Tu es douée, l’ai-je complimentée. Elle m’a remerciée en m’expliquant qu’elle n’avait fait que suivre les indications. Même avec les explications, jamais je n’aurais atteint un tel niveau. J’ai observé avec adoration le châle qu’Alana avait tricoté. Tant de talent. Le bonnet de Keiko n’était franchement pas mal non plus. Je savais tricoter. Mais pas aussi bien. Elles étaient vraiment douées. J’ai tourné la tête dans la direction de Jonson. Il était posté devant le dessin d’une fille, une très (trop) jolie représentation d’un parc. Il la félicitait, et elle le remerciait à l’aide d’un très grand souri
Que je lui laisse du temps! Ah, ça, c’était la meilleure! Comme si c’était moi qui lui avais sauté dessus, comme si je lui avais demandé quoi que ce soit! C’était lui, qui m’avait embrassée! Quel salaud! J’ai soupiré en m’asseyant contre un arbre. Voilà quatre jours que Jonson m’évitait résolument. Il passait tout son temps avec Alyssa. Il ne voulait même plus faire équipe avec moi, en escalade. Stanley avait pris le relais. Pourquoi faisait-il ça? Ne voyait-il pas que je me mourais d’amour pour lui, dans mon coin, pendant qu’il faisait l’amour à sa copine quelque part dans ce grand camp? Dans un endroit romantique, en plus. Il y en avait à la pelle, dans le coin. Je me surprenais même à vouloir être à la place d’Alyssa. Pourtant, j’avais le sexe en horreur! Mais l’idée de le faire avec Jonson ne me déplaisait pas. Pas trop. De toute façon, il fallait que j’arrête de fantasmer là-dessus. Jonson é
Je suis tombée des nues et ai préféré m’asseoir sur le sable pour encaisser cette information. — Alors, tu le connais? — Comment ne pas le connaître? C’est notre meilleur halfback. Mais comment est-ce possible, Alana? Quand es-tu sortie avec lui? — En Seconde. On s’est rencontrés à un concert où j’étais avec Keiko. Le coup de foudre. Je l’ai revu lors d’une rencontre entre les GreenFolks et les BlackTense. Il m’a parlé, et tout. On a sympathisé, et puis voilà. Horrible. — Et son meilleur ami? — Je ne l’ai vu que trois fois. Kenther, je crois qu’il s’appelle. Il est beau! Autant, si ce n’est plus, qu’Andrew. L’équipe de Hugh Hampson a vraiment de sublimes membres. Andrew, Kenther, Dylan… Nous, on a seulement Jonson. Il est magnifique, c’est sûr, mais se partager un mec pour huit cents filles, c’est plutôt galère. Mais ce qu’elle avait dit, je n’y croyais pas. — Tu m’as parlé d
— Félicitations! J’ai esquissé un sourire à l’intention de Gregory en levant mon pouce droit dans sa direction. — Félicitations à toi aussi. Nous venions d’avoir les résultats de la deuxième étape des élections de Miss et Mister Sunlight. J’étais la fille de seize ans qui représentait le groupe 4. J’avais battu Kayla. Quelle satisfaction! — Tu as voté pour moi? En ta qualité de petit ami, cela fait partie de ton devoir. — Ah, vraiment? Mais depuis quand, ma chère, suis-je ton petit ami? Je croyais que j’étais juste… (Il s’est rapproché de moi en baissant la tête. Son visage s’est retrouvé à quelques centimètres à peine du mien) un ami dévoué qui essayait gentiment de sauver la vie à ton frère. Je rougissais très certainement. Et mon cœur battait la chamade. Mais comprenez-moi. Il était si proche, et ses lèvres étaient si… Seigneur, j’allais craquer. C’était évident. — Eh bien, tu… enfin… c’
J’ai levé la tête vers lui. Son regard était baissé vers moi et il m’observait de ses yeux vert clair. — Ah, Greg, salut! Excuse-moi, il faut que j’y aille. J’ai voulu le contourner pour me carapater, mais le salaud m’a attrapé fermement le bras pour m’en empêcher. — On doit discuter, Edène. C’était certain. — Pas maintenant. Je suis en train d’aider tout ce beau monde à ranger les courses. — Ils n’ont pas besoin de toi, a-t-il décrété en me tirant par le bras. Mais où m’emmenait-il, d’ailleurs? Je ne voulais pas lui parler. Pas maintenant. Il s’est assis contre le premier arbre qui a croisé son regard. Après avoir pesté, je l’ai imité. Un long silence s’est alors installé. Je ne savais franchement pas quoi dire. — Ton frère t’a parlé du pari? — Oui. — Tu acceptes? Je me suis tournée vers lui. Il était vraiment beau. Trop, peut-être. — Je ne veux p
Je me suis tout de suite relevée pendant que Jonson m’imitait avec beaucoup moins d’entrain. Alyssa me fixait d’un regard sévère, les mains crispées sur ses hanches. — Qu’est-ce que tu fais là? l’a interrogée Jonson. — Je te cherchais. Mais je vois que tu es en excellente compagnie. Super. Il ne te faut pas longtemps, à toi! — Tu rigoles! Ce n’est pas toi qui, tout à l’heure encore, draguais Cane Wenn? — Je ne le draguais pas. On sympathisait, nuance. — Tu n’as jamais calculé ce mec, au lycée. Tu ne vas pas me faire croire que, tout à coup, il t’a pris l’envie d’en faire ton ami! Je devais partir, non? Histoire de les laisser régler leurs comptes puis, bien sûr, se réconcilier. Mais la conversation était si croustillante. Je n’avais pas envie de rater ça. — Écoute, Jon, tu me saoules. La blonde m’a lancé un regard méprisant, avant de continuer: — Depuis que tu as
— Hum, c’est… intéressant, ai-je soufflé devant un tel spectacle. Contre le mur était exposée une demi-douzaine de poupées vaudous transpercées d’aiguilles et entourées de sceaux de magie. — Bienvenue au pays de Merlin l’Enchanteur, a grincé Gregory en s’approchant de l’une des petites poupées. Au-dessus d’elle se trouvait une pancarte où il y avait écrit: «Plantez une aiguille ici». J’ai grimacé en mettant une main sur l’épaule de Gregory. — On ne va pas faire ça. C’est dégoûtant. — Edène, ce n’est qu’une poupée. — Et cette poupée représente une vie. Mon interlocuteur m’a dévisagée. Je me suis automatiquement mise sur la défensive, en lui demandant ce qu’il avait, à me regarder comme ça. — Tu as parlé de vie. Et l’énigme stipule qu’il faudra cueillir et planter la vie. Tu crois que ça a un rapport? — Aucune idée. Moi, en lisant ça, j’ai pensé à des fleurs. Mais je ne suis plus sû