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Author: Michelle Mbanzoulou
last update Last Updated: 2024-10-29 19:42:56

— C’est totalement injuste, a soupiré pour la troisième fois Kristen en s’affaissant sur la chaise où elle était assise.

— Je sais. Je ne comprends pas pourquoi ils ont décidé ça, tout à coup. Je n’ai pourtant rien fait de mal ! J’ai eu de bonnes notes tout au long de l’année, et voilà qu’ils m’empêchent d’aller en vacances. Alors ça !

J’ai léché ma glace en réfléchissant à ce que pouvaient bien me reprocher mes parents pour me punir de la sorte.

— Tu sais, en y réfléchissant, c’est peut-être une bonne chose. En camp, il y a souvent de belles rencontres à faire.

— Sauf que je ne veux pas faire de rencontres, moi ! Je veux simplement passer mes vacances chez ta cousine, avec toi.

— J’imagine qu’il faut faire avec. Vois le bon côté des choses : je suis sûre que ce sera excellent, même si ce n’est pas l’idée que tu te faisais de tes vacances. Moi non plus, d’ailleurs.

Qu’est-ce que ça pouvait m’énerver, quand Kristen prenait le parti de quelqu’un d’autre ! Elle se montrait raisonnable. Ce n’était pas son genre.

— Je dois égoïstement avouer que ça m’arrange, que tu ne sois pas là pendant le trajet. Je pourrai me rapprocher d’Andrew.

Ah, chassez le naturel, il revient au galop ! Kristen n’était pas raisonnable. Mais alors pas du tout. Sinon, comment expliquer le fait qu’elle craque pour Andrew Greyns ? Hélas, ce n’était vraiment pas une bonne chose. Il était le meilleur ami de Kenther Klayde, bon sang ! De fait, il était aussi mauvais et faux que lui.

— Tu sais déjà ce que j’en pense, ai-je soupiré.

— Oui, je sais. Et je sais aussi que tu as tort. Andrew est tellement sympa ! Je sais que ton expérience avec le plus beau mec du lycée t’a laissé un très mauvais souvenir. Mais tous les beaux gosses qui le fréquentent ne sont pas des ordures. Prenons ton frère. Il est footballeur, l’un des meilleurs, mais il ne prend personne de haut. Il reste humble.

Oui, d’accord, mon frère était humble. Mais pour combien de temps encore, au rythme où il fréquentait Kenther ?

— Ça m’inquiète, qu’il traîne avec eux. Il finira comme Kenther, obligatoirement.

— Non, car tu le remettras dans le droit chemin s’il tourne mal.

Elle me faisait rire. Je ne pouvais rien, moi, face à la tornade de sex-appeal K.K. Son influence était trop importante.

J’ai fini ma glace avec un soupir. Je n’allais pas tenir, en camp de vacances. J’étais sûre que j’allais m’ennuyer. Et puis, Kristen allait beaucoup trop me manquer.

— Ne couche pas avec Andrew, pendant les vacances, ai-je soudain conseillé mon amie. Ça ne t’attirera que des ennuis.

Dixit la fille la plus prude de Loudyland, qui n’y connaît absolument rien.

— Hé ! Ne me taquine pas sur ça, ce n’est pas drôle.

— Tu devrais plus t’ouvrir au sexe, Edène. Tu sais, ce n’est pas aussi terrible que tu le penses. Au contraire, c’est même tellement bon qu’on en devient très vite accro !

Je me suis raclé la gorge en jetant un coup d’œil à la fille de la table d’à côté. Elle était morte de rire.

— Je ne crois pas que ce soit l’endroit idéal pour en parler.

— Sauf qu’il faut en discuter, Dène. Quand sauteras-tu le pas ?

— Quand je serai prête. Et quand je tomberai sur un gars bien qui ne me quittera pas après avoir eu ce qu’il voulait. Eh oui, Kris, je crois encore qu’il faut de l’amour pour faire ce genre de choses.

Parler de sexe était certainement ce que je détestais le plus, après Kimberly Stones, la chef des pom-pom girls.

— Moi aussi, tu sais. J’aimais les gars avec qui j’ai couché. Enfin, d’une certaine façon.

J’ai soupiré en regardant par la fenêtre du Beautiful Peach, un café branché de la capitale.

Il y avait un tas de monde, en ville. Je pouvais voir notamment des touristes, qui déambulaient avec des caméras ou des appareils photo accrochés autour du cou.

La Maloudie était une superbe destination de vacances estivales, ou même hivernales – grâce aux montagnes enneigées. Il fallait dire que les Rois maloudiens, avec l’aide de leurs Premiers ministres, avaient fait de cette île un lieu classe et adoré de toutes les catégories de population. Du commerçant le plus lambda à la plus grande star de cinéma.

— Dène, ma chérie, ne te retourne surtout pas, m’a avertie Kristen.

Mais comment voulait-elle, après m’avoir dit ça ? Je me suis retournée avec curiosité. Derrière moi se tenait la clique des footballeurs les plus populaires accompagnés de l’équipe des pom-pom girls.

— Oh, non…

— Je t’avais bien dit de ne pas te retourner. Ah, il y a même Dylan.

— Mais qu’est-ce qu’il fait là ?!

Mon frère restait beaucoup trop avec les Sportifs du lycée Hugh Hampson. Ça allait le perdre.

— On n’a qu’à aller les voir. On fera croire qu’on y va pour ton frère.

— Hors de question ! Je n’irai pas. Vas-y, si tu veux. Moi, je ne me frotterai plus à des Sportifs.

Kristen m’a soufflé qu’elle allait passer pour une paumée si elle y allait sans moi. J’étais d’accord, mais je ne pouvais rien pour elle.

Du coup, elle s’est levée et s’est dirigée vers les quatre tables collées les unes aux autres que les Sportifs occupaient. Comment pouvait-elle être aussi suicidaire ? C’était incroyable.

Tiens, pourquoi est-ce que mon frère se levait, et pourquoi Kris prenait sa place ? Mon jumeau s’est assis en face de moi en arborant son sourire fraternel.

— Qu’est-ce que tu voulais me dire ?

Je l’ai scruté d’un regard interrogateur, avant de comprendre.

— Rien du tout. Kris a dû inventer ça pour s’incruster à la table des footballeurs.

— Elle craque pour Drew, c’est ça ?

J’ai failli acquiescer. Mais je me suis arrêtée à temps parce que je ne savais pas si Kristen voulait que mon frangin soit au courant ou pas.

— Laissons ça de côté. Qu’est-ce que tu fais ici avec eux, Lan ? Pourquoi est-ce que tu traînes avec des gens aussi faux ?

— Je fais partie de cette équipe, Edène. Je ne peux pas faire comme si j’étais un intrus, tu comprends ? Et puis, il y a des membres très sympas, dans la team. Comme Andrew, par exemple.

Il mentait. Personne n’était sympa, dans cette équipe. À part lui. Sauf que je ne le considérais pas vraiment comme un Sportif. Il était juste mon frère jumeau.

— Je sais que Ken t’a dégoûtée. Et tu sais très bien que je ne l’ai pas laissé te faire du mal impunément. On s’est battus, lui et moi, jusqu’à ne plus pouvoir nous relever. Mais tu dois passer à autre chose, maintenant. Arrêter de penser que tous les footballeurs et toutes les pom-pom girls sont des enflures, car ce n’est pas le cas.

Il ne pouvait que défendre son clan, pas vrai ? Que je le veuille ou non, mon frère était un Sportif, une élite. Et, bien sûr, le fait qu’il soit beau le rendait très populaire. Je savais entre autres que trois majorettes étaient amoureuses de lui. Et sur une équipe de dix, c’était énorme.

Ce n’était pas juste, qu’un gars aussi bien que mon frère se transforme en un être vil et sans cœur.

— Dire que Stan veut s’inscrire, lui aussi ! Je dois l’empêcher de faire cette erreur.

— Laisse-le, le pauvre. Il a le droit de faire ce qu’il veut. Tu ne vas pas l’en empêcher juste parce que tu as un problème avec le capitaine des footballeurs et la chef des pom-pom girls. Ce ne serait pas juste, pour lui.

Bon sang, non ! Je ne voulais pas perdre mon second frère. Mais c’était inéluctable, à présent.

— Dylan, promets-moi de ne jamais te transformer en un Kenther. Reste celui que tu es aujourd’hui, s’il te plaît.

— Mais bien sûr que je te le promets, Edène ! Je n’ai rien à voir avec Ken.

Il n’avait rien à voir avec Kenther, mais il l’appelait quand même par son surnom. Est-ce que ce n’était pas un peu hypocrite ?

— Il ne faut pas que ta mauvaise expérience avec Kenther te dégoûte des mecs et t’empêche de retomber amoureuse. Tous les gars ne sont pas des salauds. Tu sais, Ken s’est mal comporté avec toi, mais je pense qu’il regrette. Kim n’est pas vraiment une fille bien. C’est une peste qui n’a aucune morale.

J’ai soupiré en secouant la tête. Je n’arrivais pas à croire que mon frère me parlait de mon ex en essayant, de manière détournée, de prendre sa défense.

— Il n’avait qu’à y réfléchir plus tôt. Il savait très bien dans quoi il mettait les pieds, en sortant avec elle. Elle n’a jamais caché son jeu.

Kimberly ne s’était jamais fait passer pour une gentille fille. Elle écrasait tout le monde sans se cacher. Mais Kenther avait quand même couché avec elle. Et maintenant, on voulait me faire croire que le capitaine des footballeurs regrettait d’avoir demandé à la capitaine des pom-pom girls de sortir avec lui ! C’était n’importe quoi.

— Tu sais quoi ? Je commence à croire que ces trois semaines en camp nous feront un bien fou. Nous serons loin des Sportifs de Hugh Hampson, loin de Kenther Klayde, loin de Kimberly Stones. Et puis, qui sait, peut-être que tu rencontreras un gars bien, là-bas.

— J’ai tout sauf envie de rencontrer quelqu’un. La prochaine fois que je sortirai avec un mec, j’aurai trente ans et un bon avocat.

— Tu me fais rire. Contre l’amour, on ne peut rien. C’est un sentiment si puissant que tu ne peux pas le chasser de ton cœur quand il y est entré. C’est un peu comme une vague dans une mer déchaînée. Tu as beau lutter, elle t’engloutit quand même.

— Que tu es philosophe ! l’ai-je raillé.

— Réaliste, simplement.

Je n’avais aucune envie de me lancer dans un débat sur l’amour avec lui. Ce n’était vraiment pas le lieu, ni le moment.

— Bon, je crois que je vais aller retrouver les autres et reprendre ma place. À plus tard.

— Oui.

Quand mon frère s’est levé pour demander à Kristen de lui rendre sa place, mon regard a croisé celui de Kenther. Il m’a souri.

J’ai détourné la tête avec une rage naissante, constatant, grâce au reflet que la vitre me renvoyait, que je rougissais.

J’en avais assez, de le trouver si beau ! Et j’en avais assez, d’être jalouse à chaque fois que je le voyais embrasser Kimberly Stones. Après tout, il m’avait fait tant de mal ! Il n’était pas normal que je sois toujours attirée par lui comme ça ! J’étais peut-être masochiste…

— Devine quoi ? est venue me sortir ma meilleure amie de ma rêverie.

Je n’avais pas envie de jouer aux devinettes, alors je lui ai demandé d’abréger.

— Andrew a des vues sur une fille. J’ai essayé d’en apprendre plus, tu vois, essayé de savoir de qui il s’agissait, mais on n’a rien voulu me dire. À part qu’il y a de grandes chances que ce soit elle qu’il va rejoindre à Bachertown. Pff. Je suis dégoûtée.

— À quoi est-ce que tu t’attendais ? C’est un footballeur. Tu ne peux qu’être dégoûtée, avec lui.

— Oh, arrête avec ça, Edène ! Ce n’est pas son statut de footballeur, le problème. Ne mets pas tous les Sportifs dans un même panier. Il y en a qui sont très gentils, d’autres complètement fourbes. On n’y peut rien. C’est la vie. Et partout, c’est comme ça. Sportifs ou pas. Alors arrête avec cette fixation, je t’en supplie !

J’ai soupiré en me levant brusquement.

D’accord, je faisais une fixation sur les Sportifs, mais c’était à cause de Kenther. Je l’avais aimé dès le premier coup d’œil, le jour de la rentrée en Seconde. Et pas seulement parce qu’il était beau. Il avait une attitude, une prestance, qui me troublait profondément. J’avais donc tout fait pour le séduire, avec l’aide de Kristen et Dylan. Mais ça avait été une affreuse idée. La pire que j’aie jamais eue, en vérité.

— Je ne veux pas que tu sois dégoûtée de l’amour, Dène, a affirmé Kris en me rejoignant à l’extérieur du bar. Kenther t’a fait souffrir, d’accord. Mais l’amour est si beau, chérie ! C’est un sentiment unique qui change notre vie à jamais quand il étreint notre cœur. Il nous apporte joie et tristesse, bonheur et désespoir. Mais c’est le sentiment le plus humain qui soit. Et le renier est comme renier ta nature humaine.

J’ai dévisagé Kristen comme si je la voyais pour la première fois. Quand était-elle devenue si sage et philosophe ? S’étaient-ils passé le mot, Dylan et elle ?

— Oh, tu parles en connaisseuse !

— Bien sûr. J’ai été amoureuse plus de fois que tu le crois. Et même si certains mecs que j’ai aimés ont été des salauds, je crois toujours que l’amour est un sentiment merveilleux et pur. Ne perds pas la foi en Cupidon, d’accord ?

Dire que c’était Kristen Bercley qui me donnait ce conseil ! La mangeuse de garçons invétérée qui ne se souciait pas des sentiments. Ça me sciait.

— Reste ouverte à toute proposition, d’accord ? Je veux dire, si un garçon te plaît en camp, ne l’envoie pas balader. Apprends à le connaître. Même si c’est un Sportif. Il y a des gars bien, sur cette terre, qu’ils soient footballeurs ou pas. Crois-moi.

— Hum, non seulement il n’existe aucun Sportif bien, mais en plus il est hors de question que je sympathise avec l’un deux. Je ne vendrai pas mon âme au diable une seconde fois.

— Même si ce prétendu diable est sexy ?

Surtout si ce prétendu diable est sexy !

Franchement, est-ce que Kris me croyait idiote au point de me laisser derechef appâter par une de ces vipères athlétiques ? Car comme ces animaux rampants, les Sportifs étaient fourbes et venimeux. Sans qu’on le voie arriver, ils nous donnaient un coup mortel qu’il était impossible d’éviter.

Sérieusement, Kristen devait redescendre sur terre. J’avais toujours eu les serpents en horreur.

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    Je me suis tout de suite relevée pendant que Jonson m’imitait avec beaucoup moins d’entrain. Alyssa me fixait d’un regard sévère, les mains crispées sur ses hanches. — Qu’est-ce que tu fais là? l’a interrogée Jonson. — Je te cherchais. Mais je vois que tu es en excellente compagnie. Super. Il ne te faut pas longtemps, à toi! — Tu rigoles! Ce n’est pas toi qui, tout à l’heure encore, draguais Cane Wenn? — Je ne le draguais pas. On sympathisait, nuance. — Tu n’as jamais calculé ce mec, au lycée. Tu ne vas pas me faire croire que, tout à coup, il t’a pris l’envie d’en faire ton ami! Je devais partir, non? Histoire de les laisser régler leurs comptes puis, bien sûr, se réconcilier. Mais la conversation était si croustillante. Je n’avais pas envie de rater ça. — Écoute, Jon, tu me saoules. La blonde m’a lancé un regard méprisant, avant de continuer: — Depuis que tu as

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    — Hum, c’est… intéressant, ai-je soufflé devant un tel spectacle. Contre le mur était exposée une demi-douzaine de poupées vaudous transpercées d’aiguilles et entourées de sceaux de magie. — Bienvenue au pays de Merlin l’Enchanteur, a grincé Gregory en s’approchant de l’une des petites poupées. Au-dessus d’elle se trouvait une pancarte où il y avait écrit: «Plantez une aiguille ici». J’ai grimacé en mettant une main sur l’épaule de Gregory. — On ne va pas faire ça. C’est dégoûtant. — Edène, ce n’est qu’une poupée. — Et cette poupée représente une vie. Mon interlocuteur m’a dévisagée. Je me suis automatiquement mise sur la défensive, en lui demandant ce qu’il avait, à me regarder comme ça. — Tu as parlé de vie. Et l’énigme stipule qu’il faudra cueillir et planter la vie. Tu crois que ça a un rapport? — Aucune idée. Moi, en lisant ça, j’ai pensé à des fleurs. Mais je ne suis plus sû

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