CENDRILLONLes minutes semblaient interminables. Chaque spasme était une lutte, une douleur. Finalement, après ce qui semblait être une éternité, je sentis mon estomac se vider complètement.Ethan retira enfin ses doigts et alla se laver les mains, tandis que Mica me relâchait doucement et me fit asseoir contre le mur.— C’est bien, Cendrillon. Tu as tout vomi.Mica, accroupi devant moi, me regarda avec un mélange de soulagement et de colère. Sa mâchoire se crispa.— Pourquoi as-tu fait ça, Cendrillon ? Tu aurais pu mourir !Je levai les yeux vers lui, trop épuisée pour parler. Ethan intervint à nouveau, sa voix plus douce cette fois.— Mica, ce n’est pas le moment pour les reproches. Elle a besoin de se reposer et de surveillance, sans parler d’une bonne douche !Mica hocha la tête, essayant de contenir ses émotions.— Tu as raison.Il se redressa et me tendit une main pour que je me lève. Je pleurais encore ; en plus du reste, à présent j’avais honte de ce que j’avais fait !Ethan s
CENDRILLONJe m’enroulai maladroitement dans la serviette, frissonnant encore à cause du froid. Mica se rapprocha, réduisant la distance entre nous, son visage à quelques centimètres du mien.— Si tu essaies quoi que ce soit, je te jure que tu regretteras d’être encore en vie, dit-il d’une voix basse, mais terriblement sérieuse.Son ton était glacial, ses yeux sombres remplis d’une détermination impitoyable. Pour la première fois, je réalisai que Mica, sous ses airs protecteurs, était un homme dangereux, prêt à tout pour maintenir le contrôle.— Maintenant, suis-moi, dit-il en se redressant, reprenant un ton plus neutre, mais toujours ferme. Tu vas te reposer. Et je vais m’assurer que tu ne quittes pas cette pièce sans mon autorisation. Puisque tu nous as montré qu’on ne pouvait pas te faire confiance.Je le suivis, le cœur lourd, consciente que je venais de perdre le peu de liberté qu’il me restait. Mica, en véritable tyran, était prêt à tout pour maintenir l’ordre, même si cela sign
MICAHQuelques minutes plus tard, la porte s’ouvrit à nouveau avec un grincement sec qui me fit sursauter. Mica réapparut dans l’encadrement, sa silhouette massive emplissant l’espace comme une ombre pesante. Il portait un plateau entre ses mains, un truc simple et rudimentaire : du pain un peu rassis, un bol de soupe fumante d’une couleur indéfinissable, et un verre d’eau trouble qui semblait avoir été rempli à la va-vite. Il posa le tout sur la table de chevet avec un bruit sourd, le bois craquant légèrement sous le poids, et me fixa de son regard impassible, deux puits noirs qui ne laissaient rien filtrer.— Mange, lâcha-t-il d’une voix basse, un ordre brut qui ne tolérait aucun refus. Tu as besoin de reprendre des forces après ce que tu as avalé et vomi !Je pris une profonde inspiration, l’air stagnant de la pièce me piquant les narines, et sentis mes mains trembler légèrement alors que je tendais les doigts vers le bol de soupe. La chaleur du récipient traversa mes paumes, presqu
Il entra, observant la scène avec une expression indéchiffrable. Ses yeux se posèrent d’abord sur moi, encore recroquevillée sur le lit, puis sur son frère, qui se tenait toujours droit et impassible à côté de la porte.— Elle a bien compris les règles ? demanda Ethan, sa voix basse mais empreinte d’une froideur inattendue.Mica hocha la tête.— Je lui ai expliqué. Elle sait ce qu’elle doit faire maintenant.Ethan s’avança, croisant les bras en me regardant d’un air sévère, une ombre de dureté dans son regard. Ce même regard qui, plus tôt, avait montré une certaine inquiétude pour moi, était maintenant aussi glacial que celui de son frère.Je détournai mon regard d'eux !— Tu as mis tout le monde en danger, Cendrillon, si tu avais mis fin à ta vie, on aurait fait comment ? dit-il doucement mais fermement. Et maintenant, il n’y a plus de place pour l’erreur. Mica et moi ne te laisserons plus la moindre liberté tant que tu ne nous auras pas prouvé que tu peux te comporter de manière res
EthanJe m’approchai de la porte de la chambre où Mica continuait de sermonner Cendrillon. Il avait la voix basse mais ferme, ce qui contrastait avec la lueur de rage que j’avais vue plus tôt dans ses yeux. Il n’avait pas l’habitude de perdre patience, mais cette situation inédite l’avait mis à bout.Je frappai doucement avant d’entrer. Cendrillon leva la tête en entendant le bruit de la porte, mais ses yeux étaient vides. Elle était méconnaissable.Mica s’interrompit en me voyant entrer et me lança un regard interrogateur.— Comment ça s’est passé ? demanda-t-il.— Aussi bien que ça pouvait l’être, répondis-je en haussant les épaules. Onze missions. Ils veulent qu’on en fasse onze autres pour récupérer notre oncle.Mica siffla entre ses dents, visiblement choqué par le nombre. Il appuya ses coudes sur ses genoux, l’air songeur.— Onze ? C’est énorme, Ethan.— Je sais. Mais c’est ça ou ils le tuent. Nous n’avons pas le choix.Cendrillon, silencieuse jusqu’ici, releva soudainement la t
Sa réflexion eut pour effet de me faire sourire. Elle avait de l’audace, tout de même.Je soupirai et m’assis sur le lit en face d’elle, essayant de trouver les mots justes.— Écoute, Cendrillon, je comprends que tu sois en colère et effrayée. Mais nous sommes dans une situation compliquée. Nous devons protéger notre oncle, et pour cela, nous devons suivre des ordres qui ne nous plaisent pas toujours. Et puis, tu es arrivée dans nos vies sans que nous le voulions, et tu tentes de fuir, tu tentes de te suicider, enfin, on a l’impression que tu ne fais que des conneries. Mais chaque connerie que tu fais risque d’attirer l’attention sur nous, et ça, nous ne le voulons pas.— Pourquoi vous m’avez prise avec vous ? demanda-t-elle, la voix tremblante.Je me mis à rire, un rire sans joie.— Ce n’est pas clair ? pour te protéger. Dès le moment où nous avons interrompu le comte, nous savions que tu le payerais. Et lorsque nous avons dû le tuer, tout est devenu pire pour toi. Regarde la télé, o
L’heure du repas arriva et je me levai.— Bon, je vais faire à manger.Je me levai et regardai l’horloge murale. Le bar allait bientôt fermer et Mica allait revenir.— Je peux cuisiner pour vous si vous voulez ! proposa Cendrillon en se levant.Je la regardai, étonné, mais elle était déjà debout. Je la trouvais ravissante dans les vêtements de mon frère, mais il fallait quand même la rhabiller.— Si tu veux, répondis-je, pas mécontent qu’elle le propose, car contrairement à mon frère qui aimait cuisiner, ce n’était pas ma passion.Elle sourit, et son sourire lui allait bien.— Tu as quoi ? demanda-t-elle.Je ris.— Regarde par toi-même, on a tout et rien.Elle fit comme chez elle et ouvrit le congélateur.— De la citrouille ?Je ris de nouveau.— Mica veut toujours cuisiner des trucs sains.— Je vais vous faire une tarte à la citrouille ! C’est ma spécialité.Je fronçai les sourcils et la laissai faire, retournant sur le canapé. Une fille à moitié nue qui cuisinait pour nous, c’était
CendrillonJe m’étais laissé aller sans pouvoir me l’expliquer. Était-ce son odeur, mon désespoir, sa gentillesse soudaine, le fait qu’il m’ait fait confiance en me racontant un peu les choses, ses mains qui faisaient naître des sensations inconnues ? L’envie d’oublier ce que le comte avait voulu me faire avec quelqu’un de plus appétissant, l’envie de perdre ce que ma belle-mère avait voulu vendre ? Je n’aurais pu le dire, mais je m’abandonnais à Ethan.Il y avait quelque chose en lui qui m’attirait sans que je ne sache pourquoi. Peut-être était-ce la force tranquille qui émanait de ses muscles puissants, ou la manière dont ses tatouages semblaient raconter une histoire que je brûlais de découvrir. Son regard, à la fois doux et intense, me captivait, et je me sentais en sécurité dans ses bras. Ethan était beau, d’une beauté sauvage et mystérieuse qui me fascinait. Chaque fois qu’il me touchait, je ressentais une connexion profonde, comme si nos âmes se comprenaient au-delà des mots.J
CENDRILLONOn arriva au bar-hôtel au petit matin, le ciel gris perlant de pluie fine. Les planches sur les fenêtres donnaient à l’endroit un air de bunker, mais c’était toujours debout, toujours à nous. Marie gara la voiture en travers du parking, et on sortit péniblement, comme des soldats rentrant d’une guerre qu’on avait pas vraiment voulue. Ethan boitait, soutenu par Roland. Mica grognait en tenant son épaule, refusant l’aide de quiconque. Moi, je guidai mon père, son bras autour de mes épaules, son poids léger mais pesant sur mon cœur.À l’intérieur, ça sentait encore la bière et le bois, mais y’avait une odeur de cendres aussi, un souvenir de l’incendie qu’on avait éteint avant de partir. On s’effondra tous autour d’une table, un tas de corps cassés mais vivants. Marie sortit une bouteille de whisky de sous le comptoir et servit des verres sans demander, même à mon père, qui trembla en prenant le sien.— À nous, dit-elle, levant son verre. Les emmerdeurs qui survivent.On trinqu
MICAHLes premiers hommes arrivèrent, armes dégainées, et le chaos explosa. Je tirai, visant la tête, et un type s’effondra. Ethan plongea sur un autre, son couteau trouvant une gorge. Cendrillon couvrit son père, tirant maladroitement mais touchant un bras. Le bruit des balles et des cris remplit la cave, et moi, je riais presque – c’était ma guerre, ma putain de danse.Mais y’en avait trop. Un coup me frappa à l’épaule, et je grognai, le sang chaud coulant sous ma veste. Ethan prit une balle dans la jambe, tombant à moitié. Cendrillon cria, et son père la poussa derrière lui, frappant un type avec son bout de métal. On était foutus, mais je voyais pas encore la fin.Et puis, une détonation plus forte éclata dehors, suivie d’un hurlement. Les hommes de Darius hésitèrent, et une silhouette descendit l’escalier, un revolver fumant à la main. Marie. Putain, Marie, avec Roland derrière elle, une carabine dans les mains tremblantes.— Bougez vos culs ! cria-t-elle, abattant un autre type.
MicahLe sous-sol du pub puait la peur et le sang, un mélange qui me rappelait trop de nuits où j’avais dû jouer les bêtes pour survivre. Darius était là, dos au mur, mon flingue collé à sa tempe, son sourire de serpent toujours vissé à sa gueule. Autour de nous, ses hommes gisaient dans leur propre merde – morts pour les chanceux, gémissants pour les autres. Ethan saignait d’une entaille au bras, mais il tenait debout, son couteau dégoulinant dans sa main. Cendrillon, elle, serrait sa bouteille brisée comme une arme, ses yeux brûlant d’une rage que je connaissais bien. On avait gagné cette manche, mais ce connard de Darius avait encore un as dans sa manche, je le sentais.— Parle, ordonna-t-elle, sa voix claquant comme un fouet.Putain, j’étais fier d’elle. Elle tremblait plus, ma princesse. Elle avançait vers lui, et moi, je reculai juste assez pour le garder en joue, laissant Ethan l’attraper par le col pour le tenir en place. Darius ricana, un son qui me donnait envie de lui explo
On débarqua à l’aube, et putain, cette ville puait la pluie et le désespoir. Le ciel était gris, lourd, comme s’il allait nous tomber sur la tronche. Marie nous avait filé une adresse – un entrepôt pourri dans l’est, près des docks. Je garai la bagnole le long d’un mur tagué, à l’abri des curieux, et on sortit dans l’air froid qui vous mordait la gueule. Cendrillon resserra son manteau, Ethan planqua son flingue dans sa ceinture, et moi, je scrutai les environs.— Ça pue la merde, marmonnai-je. Trop calme.— C’est les docks, répondit Ethan, toujours calme comme un moine. C’est toujours mort à cette heure.Je grognai, pas convaincu. Les docks, ouais, mais y’avait un truc qui clochait. Trop de silence, trop d’ombres. L’entrepôt se dressait là, une ruine de ferraille avec des fenêtres explosées qui vous fixaient comme des yeux crevés. La porte grinçait dans le vent, et je vis Cendrillon serrer les poings. Elle avança d’un coup, sans attendre.— Allons-y, dit-elle, et elle fila vers l’entr
CENDRILLONOn passa l’après-midi à préparer nos affaires. Quelques vêtements, des armes que les jumeaux avaient gardées de leur passé, et un plan griffonné sur une serviette en papier. Londres. Darius. Le serpent et la couronne. Chaque mot pesait comme une pierre dans ma poitrine, mais je refusais de flancher. Pas avec Ethan et Mica à mes côtés. Pas avec ce bébé qui me donnait une raison de plus de me battre.Vers le soir, alors qu’on chargeait la voiture, je pris une seconde pour regarder le bar. Notre refuge, notre rêve. Les planches sur les fenêtres lui donnaient l’air d’une forteresse, mais il restait debout. Comme nous.— Prête ? demanda Ethan, sa voix douce derrière moi.— Ouais, murmurai-je. Prête.Mica klaxonna depuis le volant, un sourire sauvage aux lèvres.— Alors bouge, princesse. On a un roi à décapiter.Je montai dans la voiture, le cœur battant, et alors qu’on s’éloignait dans la nuit, je sentis une étrange certitude s’installer. Peu importe ce qui nous attendait, on af
CENDRILLON— Et nous ? demanda Ethan, ses yeux sombres fixés sur elle.— Vous sécurisez cet endroit, répondit-elle. Barricadez les fenêtres, vérifiez les clients. Si les hommes de Valerian veulent jouer, ils viendront ici. C’est votre château, protégez-le.Roland releva enfin la tête, ses mains agrippant sa canne comme s’il puisait sa force dans le bois usé.— Je reste avec vous, murmura-t-il. Si c’est ma faute, je vais pas vous laisser seuls.— T’es sûr que t’es en état ? lâcha Mica, sans filtre. T’as l’air d’un mort qui marche, Roland.— Mica ! sifflai-je, mais il me coupa d’un regard.— Quoi ? C’est vrai. On a besoin de combattants, pas de poids morts.Roland esquissa un sourire triste, presque amer.— T’as raison, petit. Mais j’ai encore un ou deux tours dans mon sac. Laissez-moi une chance de me racheter.Le silence revint, lourd, chargé de tout ce qu’on ne disait pas. Marie écrasa sa cigarette à moitié fumée et se leva.— Reposez-vous ce soir, ordonna-t-elle. Demain, on entre en
Marie et Roland arrivèrent deux heures plus tard, la vieille camionnette de Marie crachant une fumée noire sur le parking. Roland descendit en premier, le visage creusé par la fatigue, une canne dans la main droite. Il avait l’air d’un homme qui portait le poids du monde sur ses épaules. Marie suivit, une cigarette au coin des lèvres, ses cheveux gris en bataille. Elle avait cette allure de guerrière usée mais indomptable qui me fascinait toujours.— Montrez-moi ça, dit-elle en jetant son mégot par terre.Ethan lui tendit la photo et le mot. Elle les examina en silence, ses yeux plissés comme si elle lisait un code invisible. Roland s’assit lourdement sur une chaise, son regard fixé sur la table.— Ça te dit quelque chose ? demanda Mica, croisant les bras.Marie releva la tête, son expression sombre.— Ouais, dit-elle enfin. Ça pue la pègre à plein nez. Ces messages cryptiques, ces vieilles photos… c’est leur façon de dire qu’ils vous ont dans le viseur.— Mais qui ? insistai-je. Mon
Cendrillon— Cendrillon… murmura Ethan, ses doigts effleurant mon épaule.Je ne répondis pas. Mes yeux étaient rivés sur le papier plié que Mica déplia lentement. Quelques mots griffonnés à l’encre noire, d’une écriture tremblante mais lisible : « Les contes finissent mal quand on oublie les dettes. »Un silence glacial s’abattit sur nous. Le bar, pourtant encore bruyant, sembla s’effacer autour de moi. Je sentis une sueur froide couler dans mon dos, et mes jambes vacillèrent. Mica froissa le papier dans son poing, ses jointures blanchissant sous la pression.— C’est quoi cette merde ? grogna-t-il, ses yeux lançant des éclairs.Ethan, plus calme mais tout aussi tendu, ramassa la photo et l’examina de près.— Quelqu’un sait que t’es ici, dit-il doucement. Quelqu’un qui connaît ton passé.— Mon père est mort, articulai-je, la voix tremblante. Et ma belle-mère… Marie l’a vendue à des mafieux après ses aveux. Qui pourrait…Je m’interrompis, incapable de finir ma phrase. Les dettes. Ce mot
CendrillonLe bar-hôtel de Roland bourdonnait comme un essaim d’abeilles en pleine saison. Les rires des clients ricochaient sur les murs en bois, les verres s’entrechoquaient dans un tintement joyeux, et l’odeur de bière fraîche se mêlait à celle des frites tout juste sorties de la friteuse. C’était une soirée comme je les aimais : bruyante, vivante, un chaos organisé où je me sentais enfin chez moi. Un an s’était écoulé depuis ce jour où Ethan et Mica avaient scellé notre union sous les étoiles, un an depuis que j’avais dit oui à deux hommes qui avaient transformé ma vie de cendres en quelque chose de lumineux. Et pourtant, ce soir-là, alors que je servais une pinte à un habitué, une sensation étrange me nouait l’estomac.Je posai la main sur mon ventre, instinctivement. Rien ne se voyait encore – pas de courbe, pas de rondeur – mais je savais. Depuis quelques jours, un pressentiment grandissait en moi, confirmé ce matin par un test discret acheté à la pharmacie du coin. Deux petites