Savannah
Je n'ai jamais su ce que c'était d'être normale. Depuis ma naissance, j'ai porté sur mes épaules un poids invisible, un poids que personne ne semblait comprendre, pas même moi. Je vivais dans un petit village isolé, où les regards étaient plus tranchants que les épées, et où les mots blessants résonnaient bien plus fort que n'importe quelle attaque physique. Ma mère m'avait toujours dit de ne jamais me laisser abattre, mais comment ignorer les chuchotements derrière mon dos, les gestes répétés de mépris, et les mots de haine qui me hantaient à chaque instant de ma vie ?
Je n'ai jamais été acceptée, jamais bien accueillie. Depuis que je pouvais marcher, je savais qu'il y avait quelque chose de différent en moi. Les autres enfants me regardaient de travers, leurs parents me fuyaient, et chaque jour était un combat pour essayer de survivre dans un monde qui me rejetait. Mon père ? Je ne l'ai jamais connu. Ma mère m’a toujours dit qu'il était parti avant ma naissance, et il n'a jamais refait surface. Je n'avais donc que ma mère, qui m'élevait seule, et pourtant même elle semblait avoir du mal à me comprendre.
Elle n'avait pas ces yeux qui brillaient comme les miens, ni ces instincts sauvages qui me dévoraient chaque nuit. Elle me disait souvent que j'étais un « monstre », un monstre qui devait se cacher, se taire et ne jamais laisser qui que ce soit découvrir la vérité. Mais cette vérité... cette vérité que je ne pouvais même pas comprendre, elle me rongeait de l'intérieur.
Parfois, je me réveillais en plein milieu de la nuit, mes mains couvertes de sueur, un grondement sourd dans ma gorge. Des visions fugaces d’un monde que je ne connaissais pas me traversaient l’esprit. Et alors, cette sensation de chaleur, de pouvoir, d’énergie dévorante, me paralysait. Mais ce n'était jamais plus que des rêves, des illusions, des fragments d'une réalité qui m'échappait.
Je n'étais pas comme les autres jeunes filles du village. Je n'étais pas humaine, pas vraiment. Il y avait quelque chose en moi... quelque chose de bien plus ancien, plus sauvage. Mais comment expliquer cela à ceux qui me haïssaient déjà ? Qui pourrait comprendre que, au fond de mon âme, je n’étais ni tout à fait humaine, ni tout à fait quelque chose d'autre ?
Ce jour-là, comme les autres, j'étais allée chercher de l'eau à la fontaine. Je savais que c'était un prétexte pour que les gens m’évitent, mais parfois, c'était la seule façon de fuir. L’air était lourd et humide, et je sentais la brise d'été me caresser le visage, mais je n’y prêtais pas attention. L'odeur de l'eau fraîche était tout ce qui comptait.
Tout à coup, un cri retentit dans la rue, brisé et terrifié. Je me figeai. Mon cœur se mit à battre plus fort, mes sens s'aiguisèrent, et quelque chose en moi réagit, comme un appel primal. Je tournai la tête instinctivement, mes yeux se posant sur trois silhouettes qui s'avançaient dans la rue. Trois hommes, drapés dans des manteaux sombres, leurs visages partiellement dissimulés sous des capuches. Ils dégageaient une aura étrange, presque électrisante.
Mais ce n’était pas cela qui me fit m’arrêter. C’était autre chose. Un parfum qui m'envahit, un parfum à la fois envoûtant et mystérieux. C'était l'odeur de la terre humide après une tempête, mélangée à une touche de feu et de liberté. Un parfum qui me fit frissonner et qui, paradoxalement, me réchauffa aussi.
Mes yeux se posèrent sur eux, sur chacun d’entre eux. Un regard d’abord, puis un autre, et un dernier. Et là, ce fut comme si le monde s'était arrêté. Un de ces hommes, plus grand que les deux autres, croisa mon regard, et un étrange éclat passa dans ses yeux. C’était comme si, dans un instant fugace, il avait vu à travers moi, comme s’il connaissait déjà chaque fibre de mon être. Une sensation profonde d’angoisse et d'attirance naquit en moi en même temps. Ce n'était pas possible, je me disais. Mais pourtant, au fond de moi, je savais que c'était vrai.
Ils n'étaient pas comme les autres. Ils n’étaient pas humains.
L’un des hommes, celui qui semblait être le plus âgé, s’avança lentement, les yeux toujours rivés sur moi. Un frisson me parcourut, mais je n’arrivais pas à détacher mon regard du sien. Je savais qu’il ressentait ce même lien inexplicable. Un lien que je ne pouvais expliquer.
Et alors, une voix grave et profonde résonna dans l’air, un murmure presque inaudible mais puissant :
— "Elle est l'une de nous."
Je ne comprenais pas. Qu’est-ce qu’ils voulaient dire par là ? "L'une de nous" ? Qui étaient-ils, réellement ?
Mais plus encore, pourquoi ce lien ? Pourquoi cette sensation étrange qui me perturbait et m’attirait malgré moi ?
Je voulais fuir, mais mes jambes ne me répondaient plus. Et en moi, cette force inconnue montait, grandissait, prête à dévorer tout sur son passage. Je devais comprendre, je devais savoir ce qu'il se passait.
Mais avant que je ne puisse faire quoi que ce soit, une main se posa doucement sur mon épaule. C'était lui, l'homme aux yeux perçants. Son toucher était à la fois brûlant et glacial, comme s’il était un feu dans un corps d’acier.
— "Ne t'inquiète pas, Savannah. Nous sommes ici pour te protéger."
Mon cœur s’emballa à l’entente de mon nom. Comment savait-il… ?
Il me regarda intensément, comme si il avait vu au fond de mon âme, et je compris, dans ce regard, que ma vie venait de changer pour toujours.
Je me tenais là, immobile, dans un état de confusion totale. Mes pensées tournaient en rond comme une tempête. Savannah. Comment pouvaient-ils savoir mon nom ? Comment ce groupe d’hommes, ces créatures qui n’étaient clairement pas humaines, pouvaient-ils avoir une telle connaissance de moi ?
Savannah Je me sentais soudainement vulnérable, exposée dans ma plus profonde intimité. Et pourtant, quelque chose en moi, un instinct primitif que je n'avais jamais eu le courage de comprendre, me poussait à ne pas fuir. Il y avait une sorte de vérité cachée dans leurs yeux, quelque chose de rassurant et de dangereux à la fois.L’homme qui avait posé sa main sur mon épaule, celui aux yeux perçants, se tenait encore là, près de moi, son regard fixé sur le mien. Il n’était ni pressé ni intrusif, mais il dégageait une telle puissance qu’il était impossible de l’ignorer. Il respirait avec une régularité étonnante, comme si chaque mouvement qu’il faisait était parfaitement maîtrisé.“Nous savons beaucoup de choses sur toi, Savannah. Beaucoup plus que tu ne le penses,” dit-il d’une voix calme, mais d'une intensité qui me fit frissonner.Je déglutis difficilement, mes lèvres sèches. Une question brûlante se forma dans ma gorge, mais elle resta coincée, comme si les mots étaient incapables
Savannah Je me tenais là, figée dans l’immensité de ce qui m’entourait, mes pensées flottant dans un brouillard épais. Lysander, Darius, Orion... Ces trois hommes, ces créatures imposantes et mystérieuses, me regardaient avec des yeux emplis de certitudes. Comme si tout cela avait toujours été prévu, comme si mes peurs, mes doutes, n’étaient que des illusions.Je n’avais pas de réponses. Pas de réponses claires, en tout cas. Une part de moi voulait courir, disparaître dans l’obscurité de la nuit, loin de cet endroit où des secrets anciens semblaient se cacher derrière chaque mot prononcé. Mais une autre part, plus profonde, plus instinctive, me retenait là, comme une ancre, me maintenant immobile au milieu de la tempête de confusion qui dévastait mes pensées.Lysander s’approcha encore un peu plus, son regard fixé sur moi, une intensité étrange dans ses yeux."Tu ne dois pas avoir peur," murmura-t-il, sa voix douce mais ferme. "Tu as toujours été ce que tu es, Savannah. Il est temps
Savannah Je me tenais là, face à eux, le cœur battant à tout rompre. J'avais pris ma décision, mais une part de moi restait figée, incertaine. Je n'avais pas encore accepté pleinement ce que cela signifiait, mais une voix profonde en moi, plus ancienne que mes doutes, m'encourageait à faire le premier pas.Lysander, Darius, et Orion se tenaient là, comme des pierres ancrées dans le sol, chacune de leurs présences une promesse, une angoisse. Pourtant, une étrange chaleur, une force invisible, me reliait à eux. C'était comme si, au-delà des mots, quelque chose en moi avait été éveillé. Je n'avais pas besoin de comprendre entièrement, je savais simplement que ce lien, aussi inconnu et effrayant soit-il, était réel.Lysander s’approcha doucement, ses yeux toujours fixés sur moi. Il tendit la main, une invitation silencieuse, un geste que j’aurais presque cru irréel si je n'avais pas ressenti cette énergie douce s’infiltrer dans mon âme. Une énergie que je n'avais jamais ressentie avant,
Savannah Je n'avais jamais ressenti une telle intensité dans chaque geste, chaque mouvement. C'était comme si le monde autour de moi s'était ralenti, comme si mes sens se réveillaient pour la première fois. Mon cœur battait à une vitesse folle, et pourtant, à chaque seconde, je me sentais plus en phase avec ce moment, avec ce lien qui se tissait entre nous.Lysander, Darius, et Orion étaient toujours là, leurs présences si fortes, si constantes, que je n'avais plus l'impression de me retrouver seule face à mes doutes. Leurs yeux ne se détachaient pas de moi, scrutant mes moindres mouvements, comme s'ils cherchaient à comprendre l'essence même de ce que j'étais. Mais cette fois, au lieu de me sentir envahie, je me sentais accueillie. C'était comme une caresse invisible sur mon âme.Lysander était le premier à bouger. Avec une lenteur presque cérémonieuse, il tendit sa main vers moi. Ses doigts étaient longs, puissants, mais d'une douceur infinie, comme si tout son être était fait pour
Savannah La nuit était calme, un voile de sérénité enveloppait le royaume. L’air frais passait doucement à travers les fenêtres ouvertes, et je me tenais là, dans la salle principale du château, mon esprit en proie à une confusion indescriptible. Les triplés étaient autour de moi, mais plus je les observais, plus j’étais consciente du lien étrange qui se tissait entre nous. Ce lien, je ne pouvais pas l'ignorer. Il était là, palpable dans l'air.Lysander s’approcha de moi avec une lenteur qui trahissait une concentration intense. Ses yeux sombres ne me quittaient pas, et je pouvais sentir son regard peser sur moi, comme si chaque mouvement que je faisais était scruté. Un frisson parcourut mon dos, mais je ne pouvais détacher mon regard du sien. Il s’arrêta à quelques pas, et je sentis la tension qui grandissait dans la pièce. Il y avait quelque chose dans son regard, quelque chose que je n’avais jamais ressenti auparavant.“Savannah,” dit-il doucement, sa voix grave et rassurante. Il
Savannah Je me tenais devant la grande porte du château des triplés, mon cœur battant à tout rompre. Une étrange sensation m'envahissait, une mixture de peur et d'excitation. Depuis que j'avais rencontré Kylan, Lysander et Orion, ma vie avait pris un tournant étrange et inexpliqué. Les émotions se bousculaient en moi, mais il y en avait une qui était plus forte que toutes les autres : la peur. La peur d’être rejetée, la peur de découvrir la vérité sur mes origines, la peur qu'ils me voient pour ce que j'étais réellement, et qu'ils m'éloignent.Ils m’avaient invitée dans leur domaine, m'offrant leur protection, mais je n'arrivais pas à me défaire de l'idée que cela pourrait n'être qu'une erreur. Comment pouvaient-ils m’accepter, moi, une hybride d’un loup et d’un dragon ? Comment pouvaient-ils m’accepter alors que je ne savais même pas qui j’étais réellement ? Ma propre nature semblait étrangère à mes yeux, et l'idée de la leur révéler me terrifiait.La porte s'ouvrit soudainement, et
Savannah Le matin s’était levé en douceur, mais la lourdeur dans mon cœur ne semblait pas vouloir disparaître. Même si la nuit avait apporté un semblant de paix, quelque chose en moi restait agité. La peur de l’inconnu, la peur de l’abandon. Ces émotions m’avaient poursuivie toute ma vie, et même maintenant, entourée des triplés, je n’arrivais pas à les repousser totalement.Je m’étais levée tôt, comme à mon habitude, pour essayer de retrouver une sensation de contrôle. Mes pensées tournaient en boucle, analysant tout ce qui s’était passé jusqu’à présent, les gestes, les paroles des triplés. Mais à chaque fois, un doute persistent venait s’insinuer dans mon esprit : est-ce qu’ils m’accepteraient vraiment, ou n’étaient-ils là que pour ce que je représentais ? Un mélange de dragon et de loup, une créature imprévisible, possédant des pouvoirs qu’ils ne comprenaient pas encore totalement.Je me tenais devant le grand miroir de ma chambre, observant mon reflet. Mon regard se portait sur m
Savannah Les jours qui suivirent furent un tourbillon d’émotions. Les triplés et moi partagions de plus en plus de temps ensemble, et je commençais lentement à m’habituer à leur présence constante, leur protection silencieuse. Mais malgré tout, une part de moi restait méfiante. Cette connexion étrange que je ressentais avec eux, ce lien que je n’arrivais pas à comprendre, me dérangeait autant qu’il m’attirait.Il y avait des moments où je les sentais proches, non seulement physiquement, mais aussi émotionnellement. Comme si leurs pensées se mêlaient aux miennes, invisibles mais palpables. Chaque regard, chaque geste semblait résonner profondément en moi, un écho dans mon âme. Il y avait quelque chose de surnaturel entre nous, quelque chose qui ne pouvait pas être ignoré.Ce lien m’effrayait, car il me rappelait la vérité : je n’étais pas ordinaire. Ce n’était pas simplement mes pouvoirs qui me différenciaient des autres. C’était cette capacité à ressentir les émotions des autres, à c
Savannah Le crépuscule baignait la clairière d’une lumière douce et dorée, comme un halo enveloppant la scène d’une aura presque sacrée. Le vent soufflait légèrement, jouant dans mes cheveux, mais l’atmosphère était étrangement calme, un silence empreint de tension et de promesses. Les triplés étaient là, plus proches que jamais, leurs présences lourdes de signification. Ce soir-là, tout allait changer.Je me tenais au centre de la clairière, le cœur battant fort dans ma poitrine. Les marques laissées précédemment par les triplés se faisaient plus présentes, comme des empreintes vivantes sur ma peau, mais je sentais au fond de moi-même que ce n'était pas encore tout. Ce n'était pas encore suffisant. Je ne saurais l’expliquer, mais il y avait quelque chose d’inachevé, comme un appel encore inaudible, une partie de moi-même qui attendait d’être complète.Les triplés se tenaient autour de moi, un cercle intime qui me protégeait mais m’enveloppait aussi d’une présence puissante. Darius,
Savannah Les jours étaient désormais plus calmes, mais une tension persistait, comme une attente silencieuse. J'avais l'impression que quelque chose était en train de se tordre dans l’air, un changement subtil mais inévitable. Mes pouvoirs se développaient rapidement, tout comme la profondeur du lien qui me reliait aux triplés. Ce n’était plus uniquement une question d’apprentissage ou de protection, mais quelque chose de plus profond, plus intime. Ce qui avait commencé comme une relation de mentorat se transformait peu à peu en quelque chose de bien plus complexe.Ils étaient proches, plus proches que ce que j’aurais cru possible. Au-delà de l’entraînement physique et mental, des conversations à cœur ouvert et des gestes tendres, je commençais à me rendre compte qu’ils n’étaient pas simplement là pour m’aider. Il y avait quelque chose d’indescriptible dans la manière dont ils me regardaient, dans la façon dont leurs présences devenaient un ancrage pour moi, un soutien silencieux mai
Savannah Les jours suivants l’entraînement dans la salle secrète se succédèrent, marqués par un sentiment de calme relatif. J’avais fait d’énormes progrès dans la maîtrise de mes pouvoirs, mais les triplés ne semblaient pas vouloir relâcher la pression. Ils savaient que la route serait longue et qu’ils ne pouvaient se permettre de baisser la garde. Pourtant, un changement subtil s’était installé entre nous.Alors que nous continuions la préparation, un sentiment plus doux se manifesta. C’était comme si les triplés, au-delà de leurs rôles de mentors et protecteurs, commençaient à me démontrer une affection plus palpable, plus humaine. Un geste tendre ici, un sourire sincère là, comme si le lien que nous avions tissé se renforçait chaque jour.Ce soir-là, après une séance particulièrement épuisante, je m’assis sur l’un des bancs du jardin, haletante. La chaleur du soleil couchant baignait l’espace d’une lumière dorée, et tout semblait paisible. Pourtant, je ne pouvais pas ignorer la fa
Savannah Les jours qui suivirent l’attaque dans la forêt furent marqués par une atmosphère tendue, comme si un voile invisible recouvrait chaque recoin du château. Je n’arrivais pas à me débarrasser de l’impression que les assassins n’étaient qu’une première alerte, un avertissement pour ce qui s’annonçait bien pire encore.Les triplés avaient redoublé de vigilance, multipliant les entraînements et les précautions. Ils ne me laissaient plus sortir seule, et même les promenades les plus simples étaient devenues des événements surveillés. Darius semblait plus concentré que jamais, comme s’il cherchait à détecter la moindre menace dans l’air. Lysander était plus taciturne, un peu plus distant, et Orion, bien qu’apaisant comme toujours, avait les yeux constamment fixés sur l’horizon, comme s’il attendait un autre signe.De mon côté, j’avais cessé de poser des questions, bien qu’une inquiétude croissante me dévorait les entrailles. Je n’étais pas une simple victime à protéger. J’en étais
Savannah Le matin était brumeux, une fine couche de brouillard enveloppait la forêt, créant une ambiance calme, presque magique. J'avais décidé de partir seule pour une promenade, appréciant ces moments de solitude après des journées d'entraînement intenses. L’air était frais, et l’odeur de la terre humide apportait une sensation de paix que je chérissais. J'avais besoin de ce silence, de cette tranquillité, pour faire le point sur mon apprentissage.Mais cette fois-ci, un sentiment étrange me traversa. Un frisson discret parcourut ma peau, et une sensation d’observation m’envahit. Je m’arrêtai un instant, écoutant. La forêt semblait calme, mais un petit bruit derrière moi me fit me tourner brusquement. Ce n’était rien, juste une branche cassée par le vent. Pourtant, le malaise restait là, insistant, comme une intuition qui me poussait à être plus vigilante.Je décidai de continuer mon chemin, mais l’angoisse grandissait lentement en moi, ce pressentiment que quelque chose n’allait p
Savannah Les journées s’étiraient, et chaque matin semblait marquer une nouvelle étape dans mon voyage. Le temps, tout à la fois suspendu et rapide, jouait un rôle ambigu dans ce cheminement où chaque progrès se mesurait plus en sensations qu’en résultats. Mes pouvoirs étaient devenus plus qu’une simple magie à maîtriser, ils étaient devenus une partie de moi-même, une composante intime de mon être. Mais comme pour toute transformation, la route était semée d’embûches, et chaque épreuve, chaque défi, était un reflet de mes propres faiblesses et de mes peurs.Les triplés, plus proches que jamais, avaient appris à adapter leurs enseignements à ma progression. Là où Orion avait commencé par m’encourager dans la douceur, Darius, plus exigeant, poussait désormais mes limites, exigeant de moi plus de précision, plus de constance. Lysander, quant à lui, continuait à être mon ancrage, apportant une stabilité fondamentale, une sécurité qui me permettait de me libérer de mes angoisses.Aujourd
Savannah Le vent avait enfin cessé de souffler, et la fraîcheur de la nuit s’installait paisiblement. Je sentais encore la chaleur de mes pouvoirs, cette flamme douce qui crépitait au fond de moi, mais je n'étais plus effrayée. Le contrôle que je venais d’acquérir me réchauffait, me donnant une assurance nouvelle. Cependant, une autre sorte de chaleur s’insinuait en moi, plus intime, plus proche. Un mélange de curiosité et de nervosité qui ne me quittait plus depuis le moment où le soleil s'était couché.Les bruits de la journée s’étaient peu à peu estompés, et maintenant, tout semblait calme autour du château. Les arbres, dans leur silence majestueux, semblaient veiller sur le domaine. Mais malgré la beauté de la nuit, je ressentais une agitation profonde, comme si quelque chose de décisif allait se produire.Orion, Darius et Lysander étaient à mes côtés, comme toujours, mais ce soir-là, il y avait quelque chose d’autre. Une tension qui semblait s'être installée dans l'air, palpable
Savannah Les jours passaient, et à chaque matin, l'entraînement devenait plus intensif, plus épuisant. Si au début je pensais que je pourrais m'en sortir avec de simples exercices physiques, j'avais vite appris que mes pouvoirs exigeaient bien plus que ça. C’était une lutte constante contre moi-même. Contre l'angoisse qui me rongeait chaque fois que mes pouvoirs échappaient à mon contrôle. Contre le doute qui persistait, la peur d'échouer, de les décevoir, de me laisser emporter par cette force que je ne comprenais pas.Darius était intransigeant dans ses méthodes. Ses instructions étaient claires, mais il n’hésitait pas à être sévère. Il me disait que la concentration était la clé, que je devais être prête à canaliser l'énergie à chaque instant. "Tes pouvoirs ne sont pas juste une question de force brute, Savannah", me répétait-il sans cesse. "C'est un équilibre. Un flux constant. Si tu perds cet équilibre, tu perds le contrôle."Et chaque fois, j'échouais. Je me sentais si vulnérab
Savannah J'étais assise à une table en bois massif, mes mains entrelacées dans un geste nerveux. Les triplés étaient là, tout autour de moi, leurs regards sérieux et calculés. Kylan, le plus calme d'entre eux, se tenait près de la fenêtre, scrutant l’obscurité. Orion, plus impétueux, se tenait debout, frappant doucement du pied, manifestant une agitation qu'il ne savait pas toujours dissimuler. Quant à Lysander, il ne me quittait pas des yeux, comme s’il pouvait percevoir la moindre frémissement dans l’air. Il avait vu en moi plus que ce que je voulais bien admettre, et cela le rendait encore plus protecteur.“Savannah,” commença Lysander d’une voix grave, “Ce qui vient va mettre ta maîtrise de tes pouvoirs à l’épreuve. Tu n’es pas encore prête à tout contrôler, mais tu dois apprendre à gérer ton potentiel, sinon tu risques de tout perdre.”Ses mots résonnaient dans ma tête, me rappelant les nombreux moments où j'avais perdu le contrôle, même lorsque j'avais cru être à l'abri. Je sav