CassandraLe silence s’étire entre nous alors que nous roulons dans la nuit. Gabriel garde une main ferme sur le volant, son regard rivé sur la route. Le halo des réverbères glisse sur son visage tendu, éclairant brièvement la mâchoire contractée, le pli dur entre ses sourcils.Je sens la colère émaner de lui, contenue, prête à exploser.Je déteste le voir comme ça.Je tends une main vers lui, frôlant doucement son bras. Il ne réagit pas tout de suite, mais je sens la tension sous sa peau. Il est tendu comme un fil prêt à se rompre.— « Gabriel… »Sa main quitte le volant pour saisir la mienne, avec une force presque brutale. Ses doigts s’enroulent autour des miens, son pouce traçant un cercle sur ma paume.— « Il aurait pu te faire du mal. »Sa voix est basse, rauque, pleine de cette rage contenue.— « Mais il ne l’a pas fait. »Gabriel serre un peu plus ma main, son regard sombre perçant la nuit.— « Il ne l’a pas fait parce que j’étais là. »Je me tourne vers lui, le cœur battant.
CassandraDans l’obscurité de la chambre, nous restons là, entrelacés, le souffle lentement apaisé.Mais je le sais.Raphaël ne va pas s’arrêter là.Et cette paix fragile pourrait être brisée à tout moment.Mais pour l’instant, je choisis de rester dans les bras de Gabriel.Juste cette nuit.Le matin se lève lentement à travers les rideaux fermés, une lumière douce et dorée filtrant dans la pièce. Je suis encore allongée contre Gabriel, ma tête posée contre son torse, le rythme de son cœur me berçant doucement. Ses bras sont autour de moi, comme s'il ne voulait plus jamais me laisser partir. Pourtant, une ombre me hante. Cette paix fragile que nous avons trouvée, je sais qu'elle n'est que temporaire.Raphaël est toujours là, dans l'ombre, et je sens son poids dans chaque silence que nous partageons.Je remue légèrement, cherchant à m’échapper des pensées qui m'assaillent. Mais Gabriel me serre un peu plus fort, et je sais qu'il ne me laissera pas partir, pas maintenant.— « Cassandra.
GabrielJe regarde Cassandra se préparer, cette aura de détermination qui l’entoure maintenant. C’est comme si, en un instant, elle s’était métamorphosée, débarrassée de toute hésitation, prête à affronter tout ce que le monde pourrait lui jeter. Mais je sais qu’elle porte un poids que je ne pourrai jamais entièrement comprendre. Pas sans avoir traversé ce qu’elle a traversé. Et ce fardeau, je le ressens dans chaque mouvement qu’elle fait.— « Gabriel, tu viens ? » Sa voix me tire de mes pensées, douce, mais perçante. Elle est déjà prête, habillée de manière élégante mais pratique, son regard fixé sur moi.Je hoche la tête sans dire un mot. Je n’ai pas besoin de parler. Elle sait. Elle sait ce qui me tourmente, même si je n’en parle pas. Raphaël est toujours là, dans l’ombre, toujours un pas derrière, prêt à surgir. Il pense qu’il peut encore la contrôler, qu’il peut toujours la manipuler. Mais cette fois, je vais m’assurer qu’il comprenne bien que c’est fini.Je marche vers elle, ma
RaphaëlJe ne peux m'empêcher de sourire en voyant Cassandra se tenir là, devant moi, pleine de défi. Elle croit qu'elle a le contrôle, qu'elle peut tout gérer. Mais la vérité, c'est que je suis celui qui décide de la fin de cette histoire. Pas elle. Pas Gabriel. Moi. Et tout ce que je veux, c'est la reprendre.— « Tu n'as toujours rien compris, n'est-ce pas ? » Ma voix se fait plus douce, presque mielleuse. « Il n'y a que moi qui puisse te comprendre, Cassandra. Gabriel… il n'est qu'un obstacle. »Je vois son regard se durcir, et je sais que mes mots ont touché quelque chose en elle. Un petit quelque chose qui, je l'espère, la fera douter. Parce que tout ce qu'elle croit avoir trouvé avec lui, tout ce qu'elle pense avoir reconstruit, tout ça peut s'effondrer en un instant.Elle ne répond pas tout de suite, mais je vois la tension dans ses épaules. Elle n'ose pas me regarder directement. C’est une petite victoire. Mais il faut aller plus loin.— « Tu crois que ce que tu ressens pour l
GabrielJe ne savais pas ce que j'avais ressenti pendant tout ce temps, entre doute et certitude. J'avais voulu être le chevalier servant, celui qui protège. Mais j'avais sous-estimé l'ampleur du combat, le poids de l'âme de Cassandra. Aujourd'hui, en voyant Raphaël, je comprends enfin que ce n'est pas une bataille pour la sauver de lui. C'est une bataille pour la sauver d'elle-même.Je sens le poids du moment dans l'air, cette tension qui me tenaille les entrailles. J'ai l'impression que tout est suspendu. Cassandra m'a pris la main, et je sais que ce n'est pas une simple marque de soutien. C'est une déclaration. Elle a fait son choix. Et ce choix, c'est moi. Peu importe ce que Raphaël tente encore, il est trop tard.Raphaël fait un pas en avant, son regard me défiant, brûlant de haine. Mais je vois dans ses yeux aussi quelque chose d'autre : de la peur. Parce qu’il sait que le contrôle lui échappe. Il sait que cette guerre, il l’a perdue avant même qu’elle ne commence.— « C’est ça,
RaphaëlIl n’y a plus de retour en arrière. La porte se referme derrière moi, et je me tiens là, dans l’obscurité du couloir. La lumière de la pièce s'éteint lentement, et je suis laissé dans cette ombre froide. Je suis conscient de la défaite qui pèse sur mes épaules, mais une partie de moi se refuse à accepter que tout soit fini. Cassandra m’a échappé. Elle a choisi Gabriel, et je ne peux plus rien y faire.Pourtant, une colère brûle en moi, une rage sourde qui refuse de disparaître. Ce n’est pas juste une question d’amour perdu. Non. C’est cette sensation d’avoir été manipulé, trompé. De ne jamais avoir eu la chance de lui offrir ce que j’aurais pu lui donner. C’est cette injustice, cette impression d’avoir été trop tôt remplacé.Je m'arrête dans le couloir, fermant les yeux un instant. Mon souffle est saccadé, et une idée commence à germer dans mon esprit. Si tout cela est fini, peut-être que je peux encore reprendre le contrôle d’une autre manière. Cassandra a choisi Gabriel, mai
RaphaëlJe les vois comme des fantômes, ces deux-là, comme des ombres dont je ne peux me débarrasser. Pourtant, il y a encore une flamme qui brûle en moi. Une flamme qui ne s’éteint pas, malgré le temps et les épreuves. Mais il y a une part de moi, une part qui m’échappe, qui sait que je suis seul à porter cette souffrance.J'ai essayé de la garder près de moi, de la convaincre que j'étais celui qu'elle attendait. Mais c'est Gabriel qu'elle a choisi. Et peu importe combien je lutte, peu importe combien je me bats, il n'y a pas de place pour moi dans son cœur. J'ai été une option, une solution temporaire.Et pourtant, l'idée de tout abandonner me semble impossible. Comment pourrais-je laisser partir ce qu'il me reste ? Comment pourrais-je tout effacer ?Je serre les poings, la frustration montante. Il faut que je trouve un moyen de tout changer, de tout reprendre. Mais comment ? Comment revenir dans sa vie après tout ce qu’il s’est passé ? Est-ce que je peux encore lui offrir quelque c
CassandraLe matin est là, mais l’obscurité dans mon cœur persiste. La chaleur du soleil ne parvient pas à dissiper l’ombre qui m’étreint. Gabriel est à côté de moi, mais je sens qu’un abîme nous sépare. L’étau se resserre autour de ma poitrine, et chaque respiration semble plus lourde que la précédente.La conversation d’hier ne m’a pas laissée indemne. Gabriel est calme, attentif, mais moi, je suis pleine de doutes. Ce poids, ce fardeau… Il est toujours là. Comment laisser tout cela derrière moi quand le passé m’a marquée, quand il n’est qu’à un souffle de moi ?Je me lève précipitamment, mes yeux fixant l’horizon. Je veux partir, fuir cette sensation de ne pas être entière, de ne pas être véritablement mienne. Je me tourne vers Gabriel, qui me regarde avec cette inquiétude qui me fait souffrir encore plus. Il a l’air de comprendre, mais il ne sait pas. Il ne peut pas comprendre ce que je ressens.— « Cassandra, » commence-t-il doucement, sa voix remplie de tendresse. « Nous devons
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi