CassandraAlma pose une main douce sur la mienne.— « Mais tu ne peux pas les garder tous les deux. »Je déglutis difficilement.— « Et si je me trompe ? Et si je fais le mauvais choix ? »Alma me regarde avec une douceur infinie.— « Si tu ne fais rien, tu es déjà en train de le faire. »Je me redresse lentement.Elle a raison.Je ne peux plus fuir.Je dois choisir.Je me lève, le souffle court.— « Merci, Alma. »Elle me serre brièvement dans ses bras.— « Quoi qu’il arrive, je serai là. »Je sors dans la nuit fraîche, mon cœur battant à tout rompre.Je sais ce que je dois faire.Mais ça va faire mal.Très mal.Le ciel est couvert de nuages épais, une tension lourde flottant dans l'air. Le vent glisse sur ma peau, soulevant des frissons le long de ma nuque.Je me tiens sur le seuil de la porte de Gabriel, les doigts tremblants. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il va briser ma cage thoracique.Je suis venue pour choisir.Pour mettre un terme à cette incertitude qui me ro
RaphaëlLe silence dans le salon est pesant. J’entends à peine le tic-tac de l’horloge sur le mur, mais chaque battement résonne comme une gifle dans ma tête.Je suis assis dans le fauteuil de cuir noir, une coupe de whisky à la main. Le liquide ambré tourbillonne lentement sous mes doigts, mais je n’ai même pas envie d’y goûter.Elle l’a choisi.Gabriel.Une vague de colère brûlante monte en moi, mais je la repousse, la gorge nouée par une douleur sourde.Je l’ai vue partir.Je l’ai vue s’éloigner de moi.Je l’ai vue le rejoindre.— « Putain… »Je pose le verre sur la table avec un claquement sec. Mes mains tremblent, et je serre les poings pour contenir cette rage qui menace d’exploser.Une porte claque dans le couloir.Je n’ai pas besoin de lever les yeux pour savoir qui c’est.— « Alors, c’est vrai ? »Lucien entre dans la pièce, son regard sombre et perçant rivé sur moi. Il est impeccablement habillé, comme toujours, costume noir et chemise blanche.Je ne réponds pas.Il s’approc
RaphaëlL’air nocturne est lourd, saturé d’une tension sourde. La lune haute dans le ciel projette une lueur blafarde sur le jardin silencieux du manoir.Je suis debout, au bord de la terrasse, les mains appuyées contre la balustrade froide. Mon souffle est court, mes tempes battent violemment sous l’effet de la rage contenue.Cassandra est avec lui.Dans son lit.Dans ses bras.Je ferme les yeux, tentant d’étouffer la douleur aiguë qui lacère ma poitrine. Mais c’est inutile. L’image de son sourire lorsqu’elle l’a choisi est gravée dans mon esprit.— « Raphaël. »Lucien apparaît derrière moi, son pas feutré à peine perceptible sur le marbre.— « Il faut que tu te ressaisisses. »Je me retourne lentement, mes yeux sombres croisant les siens.— « Elle l’a choisi. »Lucien s’approche, son sourire froid effleurant à peine ses lèvres.— « Pour le moment. »Je serre les dents.— « Ce n’est pas un jeu. »Lucien s’arrête à quelques centimètres de moi, son regard perçant ancré dans le mien.—
RaphaëlLa salle est sombre, éclairée seulement par la lumière tremblotante des bougies disposées en cercle autour de moi. L’odeur du cuir et du whisky flotte dans l’air, épaisse et enivrante.Lucien est assis en face de moi, le regard perçant dans la pénombre. Son sourire est à peine visible dans la lueur vacillante.— « Tu es prêt ? »Je hoche la tête, le souffle court.— « J’ai attendu ce moment toute ma vie. »Lucien incline légèrement la tête, un sourire carnassier étirant ses lèvres.— « Alors prends ce qui t’appartient. »Je serre les poings, sentant le sang battre dans mes tempes.Gabriel croit avoir gagné. Il pense qu’il peut me la prendre. Mais Cassandra est à moi. Elle l’a toujours été.Je me lève, le poids du silence s’écrasant sur mes épaules.— « Je vais le détruire. »Lucien se lève à son tour, son regard noir brûlant d’une lueur froide.— « Bien. »Je m’avance vers la porte, prêt à lancer le premier assaut.— « Raphaël. »Je m’arrête, me retournant lentement.Lucien s’
GabrielJe suis assis dans le noir, le regard fixé sur le feu qui crépite dans la cheminée. La flamme danse, vacille, mais ne s’éteint pas. Tout comme cette rage sourde qui gronde en moi.Cassandra est partie. Elle a osé me demander de lui faire confiance. Mais comment pourrais-je faire confiance à Raphaël ? Il n’a jamais accepté de perdre. Il croit encore qu’elle lui appartient.Un grondement de colère monte dans ma gorge.Je serre les poings. J’aurais dû l’empêcher de partir. Mais elle m’a regardé avec ces yeux pleins de détermination, cette lueur que je reconnais si bien. Cassandra est forte. Elle a toujours été capable de se défendre seule.Mais cette fois…Raphaël est différent. Il ne reculera devant rien.Je me lève brusquement et attrape mon manteau. Mon instinct me hurle de la rejoindre, de ne pas la laisser seule face à lui. Mais Cassandra m’a demandé de rester en arrière.Je n’obéis jamais à personne. Sauf à elle.Mais si Raphaël la touche…Je quitte l’appartement, mes pas r
CassandraLe silence s’étire entre nous alors que nous roulons dans la nuit. Gabriel garde une main ferme sur le volant, son regard rivé sur la route. Le halo des réverbères glisse sur son visage tendu, éclairant brièvement la mâchoire contractée, le pli dur entre ses sourcils.Je sens la colère émaner de lui, contenue, prête à exploser.Je déteste le voir comme ça.Je tends une main vers lui, frôlant doucement son bras. Il ne réagit pas tout de suite, mais je sens la tension sous sa peau. Il est tendu comme un fil prêt à se rompre.— « Gabriel… »Sa main quitte le volant pour saisir la mienne, avec une force presque brutale. Ses doigts s’enroulent autour des miens, son pouce traçant un cercle sur ma paume.— « Il aurait pu te faire du mal. »Sa voix est basse, rauque, pleine de cette rage contenue.— « Mais il ne l’a pas fait. »Gabriel serre un peu plus ma main, son regard sombre perçant la nuit.— « Il ne l’a pas fait parce que j’étais là. »Je me tourne vers lui, le cœur battant.
CassandraDans l’obscurité de la chambre, nous restons là, entrelacés, le souffle lentement apaisé.Mais je le sais.Raphaël ne va pas s’arrêter là.Et cette paix fragile pourrait être brisée à tout moment.Mais pour l’instant, je choisis de rester dans les bras de Gabriel.Juste cette nuit.Le matin se lève lentement à travers les rideaux fermés, une lumière douce et dorée filtrant dans la pièce. Je suis encore allongée contre Gabriel, ma tête posée contre son torse, le rythme de son cœur me berçant doucement. Ses bras sont autour de moi, comme s'il ne voulait plus jamais me laisser partir. Pourtant, une ombre me hante. Cette paix fragile que nous avons trouvée, je sais qu'elle n'est que temporaire.Raphaël est toujours là, dans l'ombre, et je sens son poids dans chaque silence que nous partageons.Je remue légèrement, cherchant à m’échapper des pensées qui m'assaillent. Mais Gabriel me serre un peu plus fort, et je sais qu'il ne me laissera pas partir, pas maintenant.— « Cassandra.
GabrielJe regarde Cassandra se préparer, cette aura de détermination qui l’entoure maintenant. C’est comme si, en un instant, elle s’était métamorphosée, débarrassée de toute hésitation, prête à affronter tout ce que le monde pourrait lui jeter. Mais je sais qu’elle porte un poids que je ne pourrai jamais entièrement comprendre. Pas sans avoir traversé ce qu’elle a traversé. Et ce fardeau, je le ressens dans chaque mouvement qu’elle fait.— « Gabriel, tu viens ? » Sa voix me tire de mes pensées, douce, mais perçante. Elle est déjà prête, habillée de manière élégante mais pratique, son regard fixé sur moi.Je hoche la tête sans dire un mot. Je n’ai pas besoin de parler. Elle sait. Elle sait ce qui me tourmente, même si je n’en parle pas. Raphaël est toujours là, dans l’ombre, toujours un pas derrière, prêt à surgir. Il pense qu’il peut encore la contrôler, qu’il peut toujours la manipuler. Mais cette fois, je vais m’assurer qu’il comprenne bien que c’est fini.Je marche vers elle, ma
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi