CassandraJe me tourne vers Lucien, le regard dur.— « Je suis là. Lâche-le. »Lucien sourit.— « Bien sûr. Mais le jeu vient à peine de commencer. »Il claque des doigts. Deux hommes entrent.Gabriel se débat, mais il est trop faible.Je serre les poings.— Je vais le sortir de là. Peu importe le prix.Le claquement métallique des verrous résonne dans la pièce. Mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine alors que la porte se referme derrière moi. Gabriel est assis dans un fauteuil en cuir noir, les poignets encore marqués par les menottes. Une fine traînée de sang a séché sur sa tempe, mais c’est la lueur sombre dans ses yeux qui me frappe le plus.— « Cass… »Sa voix est rauque, brisée. Je m’avance vers lui, mes talons claquant sur le sol de marbre. Je m’agenouille devant lui, mes mains glissant sur son visage.— « Tu vas bien ? »Gabriel inspire difficilement, son regard accroché au mien.— « Il t’a fait quoi ? »— « Ce n’est pas moi qui suis blessée. »Je passe mes doigts sur sa
CassandraLes murs de la chambre sont blancs, presque trop parfaits. Un lit large aux draps immaculés trône au centre, et une grande baie vitrée donne sur une vue magnifique de la ville illuminée en contrebas. Pourtant, le froid qui m’enveloppe n’a rien à voir avec la température ambiante.Je suis assise sur le rebord du lit, mes doigts crispés sur le tissu fin de ma robe. Lucien m’a enfermée ici après avoir arraché Gabriel à mes côtés. Mon cœur est un champ de ruines depuis ce moment. J’ai la nausée en repensant à la manière dont Gabriel m’a regardée, à cette douleur brute dans ses yeux lorsqu’il a compris que je m’étais livrée à Lucien pour lui sauver la vie.— « Tu comptes rester là toute la nuit à ruminer ? »Je me redresse brusquement. Lucien est adossé au chambranle de la porte, un verre de whisky à la main. Il est impeccablement habillé, son costume sombre contrastant avec l’atmosphère aseptisée de la pièce. Ses yeux brillent d’une lueur glaciale.— « Tu comptes me surveiller c
CassandraLe froid est le premier à me réveiller. Ce n'est pas la morsure du vent ou la température de la pièce, mais le vide glacial qui s’est insinué dans ma poitrine, là où bat encore mon cœur meurtri. Les draps sont froissés autour de moi, témoins d'une nuit sans sommeil. La lueur pâle de l’aube filtre à travers les rideaux épais, baignant la chambre d’une lumière artificielle et froide.Je me redresse, le souffle court, le cœur battant. Je suis toujours là. Toujours prisonnière de ce palais doré, sous l’emprise d’un homme qui veut me posséder.Une porte s’ouvre doucement.Je me fige.Lucien entre dans la pièce, une tasse de café à la main. Il est impeccable, vêtu d’un costume noir parfaitement ajusté. Son regard glisse sur moi avec une lenteur délibérée.— « Tu es réveillée. Parfait. »Je serre les draps contre moi, ma gorge se noue.— « Qu’est-ce que tu veux ? »Il dépose la tasse sur la table de chevet, puis s’installe au bord du lit. Ses doigts effleurent ma joue.— « Juste m’
CassandraLe vent de la nuit fouette mon visage alors que nous courons à travers le dédale des rues sombres de la ville. Gabriel me tient fermement par la main, son souffle rapide résonnant dans l’air glacé. Derrière nous, le bruit des pas des hommes de Lucien se rapproche. Mon cœur bat si fort que j’ai l’impression qu’il va exploser.— « Par ici ! » crie Raphaël en ouvrant une porte latérale d’un bâtiment abandonné.Gabriel me pousse à l’intérieur, son bras protecteur autour de ma taille. Une fois à l’intérieur, Raphaël referme la porte derrière nous, bloquant l’accès avec une barre métallique. Le silence s’installe brutalement, seulement perturbé par nos respirations haletantes.Gabriel s’agenouille devant moi, ses mains glissant sur mes bras.— « Tu es blessée ? »Je secoue la tête, encore sous le choc.— « Non… Mais toi ? »Son regard sombre se fixe sur moi. Il passe une main sur sa joue ensanglantée, mais il ne semble pas s’en soucier.— « Ce n’est rien. »Je tends la main, mes d
CassandraL’obscurité de la chambre est à peine troublée par la lumière pâle de la lune filtrant à travers les rideaux entrouverts. Allongée contre Gabriel, ma tête posée sur son torse, je sens la cadence lente de son cœur sous ma paume. Sa respiration régulière me rassure, mais le poids de ce qui nous attend pèse lourd sur ma poitrine.Je glisse mes doigts sur sa peau nue, savourant la chaleur de son corps contre le mien. Gabriel est éveillé. Je le sens à la tension dans ses muscles, à la légère crispation de sa mâchoire. Il joue distraitement avec une mèche de mes cheveux, ses yeux rivés sur le plafond.— « Tu ne dors pas ? » je murmure.Il émet un son grave, à peine un soupir.— « Non. Je réfléchis. »Je me redresse légèrement, posant mon menton sur sa poitrine pour le regarder dans les yeux.— « À quoi ? »Son regard sombre se fixe sur moi, une étincelle de douleur cachée dans la profondeur de ses prunelles.— « Lucien. Il ne va pas nous laisser partir si facilement. Il est toujou
CassandraLe temps semble s'être suspendu. La lame de Lucien s’abat dans l’air, une lueur d’argent éclatante dans l'obscurité oppressante de la pièce. Mon souffle se bloque dans ma gorge alors que Gabriel se place devant moi, prêt à encaisser le coup à ma place.— « Non ! »Je tends la main, mais tout se passe trop vite.Gabriel bloque la lame de son bras, le métal entaillant profondément sa chair. Il gronde de douleur, mais ne flanche pas. Du sang s'écoule le long de son avant-bras, goutte à goutte, jusqu'à tacher le sol de marbre noir.Lucien recule d’un pas, un sourire cruel étirant ses lèvres.— « Toujours prêt à te sacrifier, Gabriel ? Quel noble idiot tu fais. »Gabriel serre les dents, le souffle saccadé. Il se redresse lentement, son regard noir brûlant de rage.— « Si tu la touches, je te jure que je t’arracherai le cœur. »Lucien ricane, sa lame encore tâchée du sang de Gabriel.— « Tu es pathétique. Tu crois pouvoir me menacer ? Tu n'es qu'un jouet brisé. »Gabriel se jette
CassandraUne déflagration de ténèbres m'envahit alors que les lèvres glaciales de Lucien rencontrent les miennes. C'est comme si une vague de poison noir se déversait dans mes veines, brûlant chaque cellule de mon corps. Mon esprit se brouille, le sol semble se dérober sous mes pieds. Mon cœur bat à un rythme effréné, une douleur sourde éclatant dans ma poitrine.Gabriel hurle mon nom dans un souffle brisé.— « Cass…andra ! Non ! »Je veux reculer, briser le contact, mais Lucien m’enserre, sa main froide pressant ma nuque. Une ombre liquide glisse de sa bouche vers la mienne, un souffle noir qui s'insinue en moi.Mon corps convulse violemment. Mon souffle se bloque. La douleur est insupportable.— « Lâche-la ! »Un bruit sourd explose dans la pièce. La poigne de Lucien cède brutalement. Je tombe au sol, mes mains heurtant le marbre glacé dans un bruit mat.Gabriel est sur lui.Lucien ricane, essuyant le sang qui coule de sa lèvre d'un revers de la main.— « Touchant. Mais futile. »G
CassandraLe silence dans la pièce est lourd, oppressant. Gabriel me serre contre lui, sa respiration encore saccadée après ce qu’il vient de se passer. Mon cœur bat à un rythme effréné, mon corps tremble sous l’effet du choc. L’ombre qui s’est glissée en moi pulse toujours dans mes veines, une présence sourde et malveillante que je ressens à chaque inspiration.Raphaël est toujours là, immobile, son regard froid posé sur moi comme un rapace qui observe sa proie. Son sourire glacé me donne envie de hurler.— « Qu’est-ce que tu lui as fait ? » gronde Gabriel, le souffle court.Raphaël hausse légèrement les épaules, le ton faussement désinvolte.— « Ce n’est pas moi. C’est Lucien. »Mon corps se tend au simple son de son nom. Une vague de froid me parcourt l’échine, et je sens à nouveau cette force obscure ramper sous ma peau, cherchant à prendre le contrôle. Je m’accroche aux épaules de Gabriel pour ne pas sombrer.— « Sors de ma tête, » je murmure, la gorge serrée.Raphaël s’approche,
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi