CassandraLe silence s’installa à nouveau entre nous, lourd et oppressant, comme une toile d'araignée tissée autour de nos corps. Les trois de nous, figés dans l’attente. L’atmosphère semblait suspendue dans le temps, mais aussi prête à exploser à tout instant. Il y avait ce frisson invisible, mais palpable, une tension électrisée qui vibrait dans l’air.Raphaël et Gabriel se tenaient à quelques pas l’un de l’autre, leurs regards échangés comme des armes acérées. Aucun d’eux ne faisait un mouvement. Aucun d’eux ne disait un mot. Et pourtant, tout en eux, dans la façon dont ils se tenaient, dans l’intensité de leur présence, disait tout ce qu’ils ne pouvaient pas exprimer. Une guerre interne qu’ils s’étaient imposée. Mais ce n’était pas seulement entre eux que la guerre se livrait. C’était entre nous trois.Je m’avançais lentement, mes pas mesurés, et tout à coup, je me retrouvais face à Gabriel. Le froid qui nous séparait était bien plus que la distance physique. Il était mental. Il é
CassandraLe matin suivant, la lumière tamisée qui filtrait à travers les rideaux n’avait pas la douceur d’antan. Elle frappait chaque recoin de la pièce comme un juge impartial, exposant la vérité nue. Et la vérité, aujourd'hui, était plus difficile à affronter que jamais. Le choix que je devais faire n’était plus un simple dilemme. C’était une question de survie, de ce que je voulais devenir et de ce que j’étais prête à sacrifier pour l’obtenir.Je me levai, les jambes encore un peu faibles, mon esprit encore embrouillé par la chaleur de la nuit précédente. Les mots échangés, les gestes partagés, la proximité de leurs corps m’avaient laissée dans un état de confusion totale. Mais ce n’était pas de la confusion qui m’assaillait aujourd'hui. Non. C’était de la clarté. Une clarté déchirante qui me poussait à voir les choses telles qu’elles étaient réellement, sans les illusions que j'avais nourries.Je me rendis dans la cuisine, mes pas résonnant dans le silence de l’appartement. L’air
CassandraJe n’avais pas fait un pas que je sentis l’atmosphère changer. La porte venait à peine de se refermer derrière moi, mais déjà, je savais. Je savais qu’ils n’accepteraient pas que je parte ainsi, sans retour. Je savais qu’ils n’accepteraient pas d’être écartés aussi facilement, d’être rejetés aussi brutalement.Gabriel, Raphaël… Je pensais qu’ils comprendraient. Mais non. Leurs égos étaient trop puissants, leur volonté de me garder trop forte. Et moi, au fond, je le savais. Je savais qu’il me serait impossible de partir sans qu’ils ne me retiennent. Je savais que je n’étais pas aussi libre que je l’avais cru.Le vent soufflait dehors, dans la rue déserte, frappant les murs comme un tambour lointain. Je me dirigeais vers la sortie, mes pas résonnant dans le couloir sombre. Mais avant que j'atteigne la porte, une main m’attrapa brutalement par le bras.— "Cassandra, tu ne pars pas comme ça", dit la voix de Raphaël, basse, menaçante.Je tournai la tête pour le regarder, mais je
CassandraLa porte se referma derrière moi avec un bruit sourd, et je m’élançai dans la rue déserte. Le vent m’assaillait de plein fouet, emportant avec lui la sensation de sécurité que j’avais encore cru posséder. C’était comme si chaque pas m’éloignait un peu plus de tout ce que j’avais connu. Et pourtant, à chaque instant, je sentais que j’étais poussée à avancer. Que je n’avais pas d’autre choix.La ville s'étendait devant moi, silencieuse, mais pleine de promesses et de dangers. Le monde m’était encore inconnu. Chaque ruelle, chaque coin de rue semblait être une nouvelle route à explorer, une nouvelle possibilité. Mais même au milieu de cette liberté retrouvée, je savais que quelque chose me suivait. C’était inévitable. Le poids de mes décisions pesait lourdement sur mes épaules.Mais alors que je m’avançais, j’entendis une silhouette derrière moi. Une silhouette qui marchait d’un pas calme mais déterminé. Une silhouette que je connaissais trop bien.Je m’arrêtai net, le cœur bat
CassandraLe silence de la nuit m’engloutissait alors que mes pas résonnaient sur le pavé froid. Le vent s’était levé, fouettant mes cheveux et me rappelant la morsure glaciale de l’hiver qui s’installait. Chaque battement de mon cœur cognait douloureusement dans ma poitrine, comme s’il cherchait à combler le vide que je venais de créer.Je n’avais pas regardé en arrière. Pas une seule fois. Parce que si je l’avais fait, j’aurais vacillé. J’aurais vu la douleur dans leurs yeux, la détresse cachée derrière leur masque de contrôle. Raphaël, avec son intensité brûlante, prêt à se consumer pour moi. Gabriel, avec son calme glacial, sa maîtrise fragile qui s’effritait peu à peu devant l’inéluctable.Mais j’avais fait mon choix. Un choix qui me laissait seule. Ce vide, je l’avais voulu. J’en avais eu besoin. Et pourtant, maintenant qu’il m’enveloppait entièrement, je me demandais si j’avais été prête à en supporter le poids.Je traversai une ruelle sombre, mes talons claquant contre les pav
CassandraLe souffle du vent mordait ma peau alors que je continuais à marcher dans la nuit sombre. Le bruit régulier de mes talons frappant le pavé résonnait dans la rue déserte, rythmé par le battement rapide de mon cœur. Mon esprit était en ébullition, chaque pensée se bousculant contre l’autre, chaque souvenir se superposant au suivant. La dernière image de Gabriel et Raphaël se tenant dans la pénombre, leurs visages marqués par la résignation et la douleur, ne cessait de me hanter.Je savais que ce moment viendrait. Cette rupture inévitable. Ce choix. Mais je n'avais pas anticipé la violence de l'impact émotionnel. Ils avaient été une partie de moi, une ancre dans un monde qui m’avait constamment poussée vers l’abîme. Leur amour, leurs regards, leurs caresses — tout cela appartenait désormais au passé.Je passai une main tremblante dans mes cheveux, essayant de calmer le tremblement de mes doigts. Mon souffle était court, mon cœur battait bien trop vite. La ville autour de moi se
CassandraLa lumière dorée du matin filtrait à travers les lourds rideaux de ma chambre, projetant des reflets dansants sur le parquet en bois sombre. Le silence régnait, à peine troublé par le bruit lointain de la circulation dans la rue en contrebas. Je m’étais réveillée tôt, le corps tendu par une nervosité diffuse, une tension sourde qui semblait s’être infiltrée dans chaque fibre de mon être.Allongée sur le dos, les draps en soie glissant sur ma peau nue, je laissai mon regard dériver vers le plafond. La scène de la veille me hantait encore : Gabriel, son regard chargé de douleur et de résignation, me laissant partir. Puis Raphaël, son sourire carnassier, cette promesse implicite dans la manière dont il m’avait regardée avant de disparaître dans la nuit.Un frisson me parcourut.J’aurais dû me sentir soulagée. J’aurais dû ressentir cette liberté que j’avais tant désirée. Mais au lieu de cela, je me sentais vide. Comme si une partie de moi avait été arrachée dans le processus.Un
CassandraLa journée s'étirait dans un silence pesant, interrompu seulement par le bruit lointain des voitures dans la rue. J'étais installée dans le salon, un verre de vin à la main, mes jambes repliées sous moi sur le canapé en cuir. Le feu dans la cheminée crépitait doucement, projetant des ombres mouvantes sur les murs.Mes pensées tournaient en boucle, un tourbillon de confusion et de tension. La rencontre avec Raphaël ce matin me laissait un arrière-goût amer sur la langue. Il jouait avec moi, je le savais. Il voulait me posséder, me contrôler. Pourtant, je n'avais pas réussi à le repousser.Je fermai les yeux et pris une longue gorgée de vin. La chaleur du liquide se diffusa lentement dans mon corps, mais elle n'apaisait pas ce feu intérieur qui consumait mes nerfs.Un léger bruit dans le couloir attira mon attention. Des pas feutrés. Un frisson me parcourut la colonne vertébrale.— « Si tu es encore là, Raphaël, je te préviens, je ne suis pas d'humeur. »Un rire grave et famil
CassandraJe suis là, dans ses bras, mon corps encore brûlant des flammes de ce que nous venons de partager. Mon cœur bat encore la chamade, et chaque respiration que je prends semble chargée de ce qu’il m’a donné. De ce qu’il m’a arraché. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler ma vie, que je pouvais choisir, que je pouvais fuir quand ça devenait trop intense. Mais lui, Raphaël, il m’a prouvé qu’il n’y a rien que je puisse faire pour empêcher ce qui s’éveille en moi. Ce désir brûlant, cette passion dévorante.Je me recule légèrement, me redressant dans le lit, observant son visage. Ses yeux, encore noyés de cette intensité que nous avons partagée, me regardent avec cette familiarité douce et pleine de promesses. Je veux l’éviter, fuir ce qui semble pourtant inéluctable, mais chaque parcelle de mon être me crie que je suis bien là où je devrais être. Avec lui. Pas seulement pour le moment, mais pour plus.Je caresse sa joue, mes doigts traçant les contours de son visage avec une do
RaphaëlJe la regarde, debout près de la fenêtre, les rayons du soleil effleurant sa peau. Elle semble presque irréelle, comme si le monde autour d’elle s’était suspendu, comme si tout prenait sens dès qu’elle était là, dans ma vie. Cassandra... Elle a ce don, sans même le savoir, de transformer chaque instant en quelque chose d’intense, d’important. Et pourtant, aujourd’hui, elle semble différente. Elle est calme, mais d’une manière que je n’ai jamais vue. Il y a une sorte de paix en elle, une décision qu’elle a prise sans retour possible.Je me permets de la regarder un peu plus longtemps, absorbé par la beauté de ce moment, par la simplicité de sa présence. Puis je la vois se tourner vers moi, son regard croisant le mien. Ses yeux sont pleins de promesses, mais aussi d'une fragilité que je ressens au plus profond de moi.« Bien dormi ? » J'essaie de briser le silence, de lui offrir une ouverture, quelque chose pour qu'elle se sente à l'aise. Sa réponse est une légère esquisse de so
CassandraLe vent souffle doucement à travers les rideaux ouverts, apportant avec lui un parfum de printemps qui flotte dans l’air. Il est presque tard, et le soleil se couche lentement, parant la pièce d’une lumière dorée. Mais dans mon esprit, il fait plus sombre qu’il ne l’a jamais été. J’ai repoussé ce moment trop longtemps, tenté de fuir cette vérité que je savais au fond de moi. Le temps m’a apporté une clarté nouvelle, mais aussi une décision lourde, une décision qui pèse sur mon cœur.Je regarde Raphaël. Il est là, à quelques pas de moi, attendant patiemment que je trouve les mots qui, je le sais, changeront tout. Il n’a pas cherché à me convaincre. Il m’a laissée choisir, et je l’ai observé, espérant trouver une raison de m’échapper de ce lien invisible qui m’attire pourtant vers lui. Mais chaque jour passé à ses côtés, chaque instant partagé, m’a convaincue que c’était lui. Lui qui m’avait donnée une autre chance. Lui qui, malgré tout, n’avait jamais cessé de croire en nous.
CassandraLe jour s’étire dans une lenteur que je peine à supporter. Mon esprit est encore agité par la dernière conversation avec Lucien, un écho de ses mots résonnant dans mon esprit. La souffrance de le voir partir, d’être celle qui a décidé de tout laisser derrière, me pèse comme un fardeau. Mais ce n’est pas le poids de la décision qui m’accable, c’est l’incertitude qui m’attend. Est-ce que j’ai fait le bon choix ? Est-ce que je pourrais vivre avec cette décision ?Je ferme les yeux, la chaleur du soleil effleurant ma peau, mais à l’intérieur, il y a une tempête. Une part de moi veut crier, briser tout ce que j’ai construit pour me libérer de cette douleur. Mais une autre part, plus calme, me dit de continuer, de ne pas regarder en arrière.Un bruit derrière moi me fait sursauter. Je me retourne, et je trouve Raphaël, debout dans l’encadrement de la porte, son regard posé sur moi avec une intensité que je ne peux ignorer.« Tout va bien ? » Sa voix est douce, mais il y a une inqu
CassandraJe suis frappée par la force de ses paroles. Un frisson me parcourt, mais je garde les yeux baissés, cherchant à rassembler mes pensées. C’est trop. Il me pousse dans mes retranchements, me forçant à faire un choix. Mais quel choix ?« Et si je te dis que je n’ai plus envie de choisir ? » La question m’échappe avant que je ne puisse la retenir. « Que je n’ai plus envie de jouer à ce jeu ? »Raphaël ne répond pas tout de suite. Il se tient là, silencieux, comme s’il pesait chaque mot avant de parler. Et puis, il s’avance un peu plus près, et cette fois, ses mains encadrent doucement mon visage, forçant mes yeux à se poser sur lui.« Alors fais-le pour toi. » Ses mots sont un souffle, presque une prière. « Ne choisis pas pour lui. Choisis pour toi. Parce que tu le mérites. »Les larmes montent sans que je puisse les retenir. Elles ne sont pas seulement de tristesse. Il y a de la colère, de la frustration, de l’impuissance. Et au milieu de tout cela, un désir inavoué. Un désir
CassandraJe me tourne brusquement. Raphaël. Sa silhouette se découpe dans l’encadrement de la porte, son regard perçant. Il me fixe intensément, presque à la manière d’un spectateur, comme si chaque émotion qui me traverse était une scène qu’il observait avec une curiosité non dissimulée.« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix est plus froide que je ne le voudrais, mais je ne peux m’empêcher de le regarder, d’analyser son visage, ses traits, toujours aussi fascinants, mais aussi tellement complexes.« Parce que je sais que tu souffres. » Il s’avance lentement, chaque pas résonnant comme un défi. « Et parce que tu ne veux pas l’admettre. »« Je n’ai rien à te dire. »« C’est pour ça que tu me dis tout. » Il sourit légèrement, un sourire entendu. Il connaît bien mes mécanismes de défense, il sait que je lutte, que je me cache derrière des murs d’acier pour ne pas laisser mes émotions se déverser. Mais je n’ai pas envie de jouer à ce jeu. Pas ce soir.« Il est trop tard, Raphaël. »« Peut-être
CassandraLe vent souffle fort, comme si la ville elle-même voulait m’emporter, me tester, m’éprouver encore. Je n’ai pas l’habitude de cette solitude, pas après toutes les années passées à naviguer entre des hommes, des désirs, des ambitions. Mais aujourd’hui, ce vide est devenu un allié. Un vide que j’ai créé, un espace que j’ai ouvert pour moi seule. L’indépendance est un fardeau et une bénédiction, et pourtant, je m’y sens étonnamment bien.Je marche, presque sans but, mes pensées flottant entre ce que je suis devenue et ce que je pourrais encore être. Les décisions que j’ai prises se bousculent dans ma tête, se superposent à ce que j’ai ressenti avant. Il y a encore des échos de Gabriel dans mon esprit, des morceaux de Raphaël qui m’appellent, mais je les ignore. Je dois garder le cap, avancer, ne pas me laisser emporter par les vagues du passé.Mais, au détour d’une rue, je le vois. Lucien. Le visage marqué par les batailles, une lueur de colère froide dans ses yeux, mais aussi
CassandraJe me tais, le silence s’étire, et même à travers l'écran, je peux sentir son souffle lourd. Il sait ce que je veux dire, il le comprend, et, à ma grande surprise, je n'ai pas peur. Ni de la solitude, ni de l'avenir incertain. Parce que je sais que, même si cela me déchire, je choisis enfin de me libérer.« Je comprends, Cassandra. Je ne veux pas te forcer à choisir, mais sache que je serai là. Si jamais tu changes d'avis… »« Je n’ai pas à changer d’avis. C’est juste que je dois me retrouver d’abord. »J’entends la tristesse dans sa voix, mais aussi une forme de respect. Il sait que ce n’est pas la fin, même si c’est difficile.Je raccroche et laisse un dernier regard sur la fenêtre, l’obscurité de la nuit enveloppant ma silhouette. Une décision lourde, mais pleine de sens. J’ai choisi de ne pas me perdre dans une relation où je serais l’ombre de ce que je suis, à côté de l’autre. Ce ne sera pas Raphaël, ni Gabriel, ni un autre. Ce sera moi. Et c’est ainsi que je veux avanc
CassandraLes heures s’étirent après l’appel de Raphaël, mais une étrange sensation m'envahit. La paix n'est pas totale, mais elle est là, persistante, comme une lumière qui commence à percer les nuages sombres. Pourtant, mon esprit reste agité, les échos de ce passé, aussi douloureux soient-ils, résonnent encore en moi. Je sais que le chemin vers la guérison sera long, mais je ne peux plus attendre. Je ne veux plus.Je me lève du canapé, secouant les ténèbres de ma tête. Mes jambes se dirigent presque par instinct vers mon bureau, où des piles de papiers s’accumulent depuis trop longtemps. J'ai l’impression de fuir, de chercher à occuper mon esprit pour ne pas sombrer dans la mélancolie qui m’enveloppe. Mon regard se fixe sur le premier dossier que je prends, un projet sur lequel j'avais commencé à travailler avant que tout ne déraille. C'est une tâche simple, mais qui me demandait d’être présente, de me concentrer. Ce qui est exactement ce dont j'ai besoin.Je me plonge dans les chi