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Author: RS WILD
last update Last Updated: 2025-04-17 19:11:15

.Elle marchait à pas lourds derrière Jonathan, ses bottes claquant sur le trottoir mouillé d’une ruelle étroite. Le vent froid s’engouffrait dans son manteau, mais elle ne frissonnait pas. Sa colère, brûlante et constante, suffisait à la réchauffer. Jonathan, devant elle, avançait avec une assurance qui l’exaspérait. Il l’avait conduite jusqu’à une petite boutique de robes de mariage, un endroit discret coincé entre deux immeubles délabrés, dont l’enseigne en bois, Éclats d’Amour, grinçait sous les bourrasques. Deborah leva les yeux vers ce nom, un rictus amer déformant ses lèvres. L’amour ? Une farce cruelle dans sa situation.

À l’intérieur, l’air était étouffant, saturé d’une odeur de tissu neuf et d’un parfum de rose artificiel. Les murs, tapissés d’un papier peint défraîchi, étaient ornés de miroirs aux cadres dorés, reflétant une lumière tamisée qui donnait à la boutique une atmosphère oppressante. Deux employées, des femmes d’âge mûr aux sourires crispés, s’agitèrent dès leur ar
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    Deborah resta figée, le poignet toujours prisonnier de la main de Jonathan, ses doigts chauds contre sa peau comme une ancre qu’elle voulait à la fois rejeter et saisir. Son parfum de bois de santal l’enveloppait, un nuage entêtant qui brouillait ses pensées, amplifiant la tempête d’émotions qui faisait rage en elle. Elle leva les yeux, malgré elle, et croisa son regard – ces yeux bleus, si confiants, si insupportablement sincères, qui semblaient voir à travers ses défenses. Elle voulait lui lancer une réplique cinglante, le repousser, rétablir la distance qu’il avait osé franchir, mais quelque chose dans son expression l’arrêta. Une urgence, une vulnérabilité qu’il cachait mal, comme s’il avait besoin qu’elle reste, qu’elle écoute.— Tu allais où, là ? répéta-t-il, son ton plus léger, presque taquin, mais ses yeux trahissant une tension qu’il ne pouvait masquer.Elle dégagea son poignet d’un geste brusque, rompant le contact, et recula d’un pas, ses jambes frôlant le bord du lit. La

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    — Tu allais où, là ? redemanda Jonathan, son ton léger mais teinté d’une curiosité qui la fit frissonner.Deborah, figée près du lit, sentit son regard peser sur elle, ses yeux bleus cherchant à percer ses défenses. La chambre, avec ses murs crème et son parfum de bois de santal, semblait se refermer sur elle, amplifiant la tempête d’émotions qui la déchirait. Elle voulait fuir, échapper à cette tension, à ce contrat absurde qui la liait à lui. Un bain, pensa-t-elle, l’idée s’accrochant comme une bouée dans le chaos de son esprit.— Prendre un bain, marmonna-t-elle, les yeux rivés au sol, sa voix à peine audible.— Parfait, je vais te le faire couler ! lança-t-il, une lueur espiègle dans le regard, comme s’il voyait une opportunité de désamorcer sa colère. On va apprendre à se connaître, et tu verras que je ne suis pas le monstre que tu crois.Elle ne répondit pas, incapable de le regarder. Les larmes menaçaient de revenir, brûlantes au bord de ses paupières, et elle les ravala avec pe

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    Deborah était ailleurs, perdue dans un océan de pensées. Flocon, blotti sur ses genoux, ronflait doucement, son pelage chaud un refuge contre la tempête intérieure. Elle avait failli parler, dire ce qui la consumait : son art, ce besoin vital que son père balayait d’un revers de main, un « hobby » indigne de sa lignée. Mais à quoi bon ? Léa, Romuald, Jonathan – ils ne comprendraient pas. Ils voyaient une Deborah sage, celle qui suivait les règles, pas celle qui rêvait en couleurs.— Tu quoi ? demanda Léa, un sourire espiègle.— Rien, murmura Deborah, ravalant ses mots. Laisse tomber.Romuald, intarissable, enchaîna :— T’as entendu ? Diego est de retour ! Il a une boutique d’art en ville. J’y suis passé, il a demandé de tes nouvelles. Il hallucinait qu’on se voie plus !Diego. Le nom claqua comme un coup de fouet. Diego, son premier amour, celui qui lui parlait de Paris, de toiles infinies, de vie sans chaînes. Elle soupira, et Jonathan, sentant son trouble, glissa derrière elle, ses b

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