Monica faisait les cent pas dans son salon, son téléphone collé à l’oreille, les talons frappant le marbre avec agacement.— Tu me dis que tu n’as rien ? Rien du tout ?La voix à l’autre bout hésita.— Madame, on a fouillé les données de tous les aéroports, les dossiers médicaux, les cartes bancaires des Kitson, même les réseaux sociaux des proches… mais c’est comme si Kate s’était… volatilisée.— Volatilisée ? répéta-t-elle, incrédule. — On ne disparaît pas comme ça. Pas sans laisser une trace !— Sauf si on est protégé… par quelqu’un qui sait comment faire. Et Ylias Jensen, avec son réseau et ses ressources, peut effacer l'existence de quelqu’un en un claquement de doigts.Monica raccrocha, furieuse. Elle lança son téléphone sur le canapé et se laissa tomber dans un fauteuil en cuir. Elle réfléchissait vite, son regard perdu dans le vide.Joy, la sœur. Evan, le frère. Même eux avaient coupé toute présence publique. Plus de posts, plus de tags, plus de stories. Tous avaient verrouill
Le soleil filtrait à travers les grands rideaux de lin blanc, baignant la pièce d’une lumière dorée et apaisante. Kate, assise sur la terrasse ombragée de sa nouvelle villa surplombant les collines de Delta-9, caressait doucement son ventre arrondi. Six mois déjà. Et pourtant, elle avait l’impression que tout s’était passé en un battement de cœur.— Vous êtes là, mes amours… murmura-t-elle en souriant.Elle ferma les yeux un instant. L’air était pur ici. Le silence, reposant. Loin de la frénésie, des médias, du passé.Elle tenait un carnet sur ses genoux — son carnet de grossesse. À l’intérieur, elle notait tout : les sensations, les pensées, les rêves aussi. Elle voulait que ses enfants sachent un jour combien ils avaient été désirés, aimés dès la première seconde. Même si leur père ne le savait pas.Sa mère sortit avec un plateau, posant un jus de grenade fraîchement pressé devant elle.— Tu m’as l’air pensive.— Toujours, répondit Kate avec un demi-sourire. J’écris pour eux. Ça me
L’appartement de Dave, au dernier étage de L’Escala, baignait dans une pénombre épaisse. Les rideaux n’avaient pas été tirés depuis plusieurs jours. Des bouteilles vides s'entassaient sur la table basse. L’odeur âcre du whisky flottait dans l’air, mêlée à celle du cuir froid et de la solitude.Dave était affalé sur le canapé, les yeux rougis, les cheveux en bataille. Il n’avait pas dormi plus de deux heures par nuit depuis une semaine. Sa barbe était naissante, ses vêtements froissés, et dans sa main droite, il tenait une photo. Celle de lui et Kate, prise dans une plage oubliée, où ils riaient, insouciants, amoureux.Il resserra la photo contre sa poitrine, comme pour empêcher son cœur de se briser davantage.— Kate… où es-tu ? souffla-t-il dans un murmure rauque.Depuis l’appel avec Ylias, Dave n’était plus que l’ombre de lui-même. L’idée que Kate ait tourné la page le détruisait. Il s’en voulait. De ne pas l’avoir protégée. De ne pas avoir dit « non » à Monica ce soir-là. De l’avoi
Greg n’était pas du genre à ignorer son instinct. Et là, il hurlait.Depuis sa visite chez Dave, un doute le rongeait. La version de Monica était trop parfaite. Trop propre. Trop planifiée. Il avait besoin de réponses. Et il savait par où commencer.Le cabinet du Dr Velten.Il se présenta un matin, sans rendez-vous, son regard froid et déterminé.— Le docteur va vous recevoir dans un instant.Greg entra dans le bureau feutré du médecin, referma la porte, puis s’installa face à lui sans détour.— Dr Velten. Je veux connaître la vérité sur la grossesse de Monica Greatwall. Toute la vérité.Le médecin tenta un sourire poli.— Je ne comprends pas…— Je vais poser une seule fois la question. Ensuite, je prendrai mes propres dispositions. Alors choisissez : vérité ou guerre ?Le docteur blêmit. Il hésita. Puis il craqua.— Elle… elle m’a menacé. Monica. Elle a fait enquêter sur moi… Elle sait que j’ai une double vie. Que j’ai deux enfants avec une autre femme. Si ma femme apprend ça, je per
Greg rentra chez lui, l’esprit en ébullition. Il savait qu’il devait agir vite, mais il ne pouvait pas se permettre de faire une erreur. Il avait confronté Monica, mais il sentait que l’issue de cette affaire allait bien au-delà de ce qu’il avait imaginé. Il n’allait pas s’arrêter là. Il devait découvrir la vérité et s’assurer que personne ne puisse manipuler la situation, surtout pas Monica.Il s'assit à son bureau et, d'un geste lent, prit son téléphone. Il n'appelait pas n'importe qui. Il avait un ami en qui il avait une confiance absolue, un expert en analyses génétiques, un détective privé capable de retrouver des informations là où d'autres n'auraient vu que des murs.Il composa le numéro d’Anton, un vieux collègue de son époque universitaire. Anton était un ancien enquêteur spécialisé dans les affaires de fraude et de manipulation. Ce n'était pas quelqu'un à qui on confierait des affaires anodines. Greg avait besoin de son expertise maintenant plus que jamais.— Anton, c’est Gr
Greg s’assit devant son ordinateur, son regard fixé sur l’écran. Les pièces du puzzle commençaient enfin à se mettre en place. Tout ce qu’il avait soupçonné, tout ce qu’il avait imaginé, semblait maintenant se confirmer, et la vérité était bien plus choquante que ce qu’il avait imaginé.La vidéo de la nuit à l’hôpital, celle où Monica et Dave semblaient avoir partagé un moment d’intimité, avait été trafiquée. Les images avaient été manipulées de manière subtile, mais Greg en avait trouvé la preuve : un infirmier, avec la corpulence de Dave, avait été payé par Monica pour simuler la scène. Ce n’était pas Dave qui avait couché avec Monica, c’était cet infirmier qui avait pris sa place. La manipulation allait bien plus loin que ce qu’il avait imaginé.Le plus grand choc, cependant, venait de la grossesse de Monica. Greg avait comparé les dates de conception et les résultats des échographies. L’âge de la grossesse correspondait parfaitement à la nuit qu’il avait passée avec Monica, dans l
Le soleil de midi filtrait à travers les baies vitrées du salon de Dave, mais son cœur, lui, était aussi sombre qu’une nuit sans lune. D’un geste ferme, il attrapa son téléphone, le fixa quelques secondes, puis appuya sur le nom qui y brillait en haut de la liste : Monica.La sonnerie ne dura que deux secondes avant qu’elle décroche, haletante, comme si elle courait pour répondre.— Dave ?! C’est toi ?Il inspira profondément, prenant sur lui pour que sa voix soit douce, faussement apaisée.— Oui... C’est moi. J’ai beaucoup réfléchi, Monica. Et je crois que j’ai fait une erreur. T’avoir laissée seule, enceinte… Ce n’est pas ce qu’un homme responsable ferait.De l’autre côté du téléphone, Monica poussa un cri de joie étouffé.— Oh mon Dieu, Dave ! Tu n’imagines pas à quel point tu me rends heureuse ! Je savais que tu finirais par comprendre. Tu m’as manqué tellement !— Moi aussi. Je pense qu’il est temps que je revienne à la villa. Qu’on... reprenne les choses là où on les avait laiss
La villa brillait de mille feux. L’éclairage tamisé, les chandeliers dorés, les nappes en lin finement repassées, les couverts en argent et le bouquet de roses blanches en centre de table — Monica avait tout fait pour que ce dîner soit parfait.Dans sa robe de soie ivoire moulante, les talons subtilement assortis, elle rayonnait d’un faux bonheur. Mais tout en elle n’était que façade. Derrière son sourire, elle masquait la peur constante que quelque chose lui échappe. Dave était revenu, certes… mais elle ne pouvait pas le lâcher une seule seconde.Charles Greatwall, son père, entra dans le grand salon d’un pas lent mais affirmé. Son regard d’aigle balaya l’endroit jusqu’à s’arrêter sur Dave, assis calmement à l’extrémité de la table, une coupe à la main.— Dave, gronda Charles en guise de salutation. — Je t’avoue que j’ai hésité à venir. Après tout ce qu’il s’est passé…Dave se leva, le visage paisible, l’allure maîtrisée.— Et je comprends tout à fait. Mais j’aimerais qu’on mette tou
Le soleil se couchait doucement sur les jardins de la villa, teignant le ciel d’un rose orangé. Les familles, réunies pour un dîner en extérieur, savouraient les derniers instants d’une journée parfaite. Tandis que les bébés dormaient paisiblement à l’étage, bercés par les soins experts de leurs grands-parents, les jeunes mariés profitaient d’un rare moment de calme.Dave, accoudé à la rambarde de la terrasse, sirotait un jus de citron frais, le regard perdu dans l’horizon. À ses côtés, Greg sirotait un soda glacé, les pieds posés sur une chaise vide.Soudain, Dave tourna la tête vers lui, un sourire malicieux au coin des lèvres.— Tu te souviens du pari qu’on avait fait, il y a un an ? Juste après que j’ai rencontré Kate ?Greg haussa un sourcil, l’air intrigué… puis éclata de rire en recrachant presque sa gorgée.— Comment oublier ça ! J’avais parié que tu finirais par tomber fou amoureux d’elle, et que tu l’épouserais !— Et moi j’avais dit que c’était impossible… répondit Dave, fa
Le grand jour était enfin arrivé.Sous un ciel bleu limpide et une brise douce parfumée de jasmin, la grande villa des Hopkins avait été transformée en un jardin de conte de fées. Guirlandes suspendues entre les arbres, pétales de roses jonchant l’allée, arche florale majestueuse… tout semblait tout droit sorti d’un rêve.Mais comme dans tout rêve parfait, il y avait... quelques imprévus.Evan courait partout avec une cravate de travers.— Quelqu’un a vu les chaussures de Greg ?! Mathias a bavé sur mes fichues notes de discours ! Et Christiana vient de faire pipi sur la robe de Joy. CATASTROPHE !Kate sortit de la chambre, rayonnante dans sa robe ivoire. Elle attrapa Evan par les épaules :— Respire. Tout va bien.— Je vais m’évanouir avant vous !Greg arriva au même moment, torse nu, une chaussette sur la tête au lieu du pied.— Je suis prêt ? Non ? Trop de pression. Dave respire comme Dark Vador dans le dressing. Joy pleure parce qu’elle a marché sur sa traîne. Et Mathias veut un bib
La villa de Kate et Dave bourdonnait d’une effervescence douce et joyeuse. Depuis l’annonce de leur double mariage, les familles Kitson, Hopkins, Jensen et Hanson ne parlaient plus que de ça : le grand jour. Ou plutôt... les deux grands jours réunis en un seul.Car oui, l’amour avait frappé fort et d’un coup : Kate et Dave, les âmes reconnectées après mille tempêtes, allaient dire oui... en même temps que Joy et Greg, les cœurs nouveaux, surpris mais sincèrement liés.La première à fondre en larmes en voyant les robes de mariées alignées sur les portants, ce fut Eva, la maman de Kate et Joy.— Mes bébés vont se marier... et le même jour en plus !— Tu veux que je te dise, maman ? lança Joy en souriant. J’ai toujours su qu’on ferait tout ensemble. Même tomber amoureuse au même moment.— On va vous voler la vedette, ajouta Kate en riant, les yeux fixés sur sa sœur.Pendant ce temps, Greg et Dave, eux, testaient leurs costumes devant un miroir géant.— Je crois que j’ai un air de prince
Le lendemain matin, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de poudre. Greg et Joy étaient ensemble. Ou, selon les rumeurs des plus enthousiastes : "ils s'aiment comme des fous et élèvent déjà Mathias ensemble dans une villa pleine de fleurs et de biberons."C'était Henry Hopkins qui avait lancé les festivités. Assis avec Eva Kitson sur un banc au jardin, il tapota son téléphone, lut le message de Greg… et explosa de rire :— Mais alors c’est vrai ?! Ma future belle-fille, c’est la petite Joy ? Ha ! J’aurais dû m’en douter !Eva fronça les sourcils avec un sourire en coin.— Qu’est-ce qui te fait rire, Henry ?— Notre Greg est amoureux de de votre Joy, et moi, je trouve ça parfait ! On devrait faire un arbre généalogique en spirale, tiens, ça ira plus vite !Dans le salon de Kate, Yvan Kitson – toujours très sérieux – était en train de lire le journal quand Dave entra, hilare :— Papa Yvan, tu savais que Joy et Greg sont ensemble ?Yvan leva un sourcil, très calme.— Oui. Et j’
Quelques semaines après le procès, la vie reprenait lentement son cours. Dave et Greg avaient un besoin urgent de tourner la page, de construire quelque chose de nouveau – de solide – pour leurs familles respectives. Et cela passait, d’abord, par un nouveau foyer.Dave tomba amoureux d’un domaine immense situé à flanc de colline, une villa de 2000m² avec un jardin luxuriant, une piscine naturelle, une serre, et même une petite forêt en bordure. Lorsqu’il emmena Kate la visiter, elle n’en revenait pas.— Dave… tu es fou ! C’est gigantesque.— Fou de toi, surtout, répondit-il avec un sourire espiègle. Il nous faut de l’espace pour les triplés. Et pour toi. Je veux que tu te sentes libre ici.Kate avait les larmes aux yeux en découvrant la chambre des bébés, déjà décorée. Son cœur battait à tout rompre.De son côté, Greg avait opté pour une villa plus discrète mais pleine de charme, avec un jardin fleuri, des baies vitrées, une terrasse en bois et une chambre spécialement conçue pour Mat
La nuit était tombée à l’Escala. Les rires s’étaient tus, les berceaux bercés, les familles reparties. Le calme régnait enfin, un calme doux et feutré, comme si le monde entier retenait son souffle pour ne pas déranger ce moment.Dans la chambre principale devenue leur cocon, Dave et Kate étaient enfin seuls. Les triplés dormaient à quelques mètres d’eux, paisibles. Leurs petits soupirs étaient les seuls sons qui brisaient le silence.Kate, encore vêtue d’une robe légère, se tenait debout face à la fenêtre, contemplant le jardin nocturne. Dave, adossé au chambranle de la porte, la regardait en silence. Il n’y avait plus Monica, plus de poison, plus de secrets — juste elle et lui. Et le poids insupportable de toutes ces mois à se désirer sans se retrouver.— Tu comptes rester là toute la nuit ? demanda Kate d’un ton doux mais chargé de sous-entendus.Dave sourit. Ce sourire. Celui qu’elle avait aimé dès le premier jour.— Je n’ose pas m’approcher. Tu es… comme un mirage.Kate se retourn
La nouvelle de la naissance de Mathias Hanson s’était répandue aussi vite qu’un éclair dans un ciel d’été. À peine quelques heures après l’accouchement, la salle de repos de la maternité était remplie de visages rayonnants, curieux, parfois émus jusqu’aux larmes.Greg, blême de fatigue mais souriant jusqu’aux oreilles, tenait son fils dans ses bras avec la maladresse d’un homme qui apprend encore à respirer en même temps que son bébé.— Il est là… souffla-t-il, les yeux brillants, en voyant les premiers invités arriver.La grand-mère de Greg, une dame élégante au regard perçant, entra en tête du petit groupe, suivie des parents de Greg et de sa sœur Johanne. Tous s'arrêtèrent en le voyant.— Greg… mon dieu… c’est ton fils ? souffla sa mère, les larmes aux yeux.— Oui, maman. Je vous présente Mathias.Sa grand-mère, d’ordinaire un roc d’austérité, dut sortir un mouchoir. Son père s’éclaircit bruyamment la gorge pour contenir l’émotion, tandis que Johanne fondait carrément en larmes.—
Le van noir fonça jusqu’à l’hôpital à une vitesse qui aurait fait pâlir un pilote de Formule 1. Dave klaxonnait à chaque virage.— Dave ! Tu vas nous tuer !— T’as crié « elle accouche » ! C’est soit ça, soit tu coupes le cordon toi-même dans le salon, Greg !Ils freinèrent net devant les urgences maternité, Greg sauta hors de la voiture... et se tordit la cheville en atterrissant.— Aïe ! Aïe ! Je suis foutu ! J’arriverai jamais !Dave, hilare, le soutint sous l’épaule.— Allez papounet, debout ! Si t’es pas là pour couper le cordon, c’est moi qui le fais, et je te promets que je le ferai avec les dents.Greg hurla un "NOOONNNNNN", qui fit se retourner toute la salle d’attente.Une infirmière, alertée, accourut.— Vous êtes monsieur Greg ? Vite, suivez-moi, elle est en salle de naissance, vous avez juste le temps d’enfiler la blouse !Greg attrapa la blouse, se trompa de sens, s’emmêla dedans, manqua de tomber sur un brancard, puis… enfin, entra.Monica était pâle, en sueur, exténuée
La douleur frappa Monica comme un éclair dans la colonne. Brutale. Sèche. Elle tomba à genoux sur le sol glacé de sa cellule. Ses cris résonnèrent dans les couloirs bétonnés de l’aile d’isolement.— Aaaahhh… oh mon Dieu… AAHHH !Le gardien accourut, alerté par l’alarme déclenchée dans la cellule.— Elle perd les eaux ! URGENCE MÉDICALE !Monica, haletante, transpirante, hurla :— Appelez Greg ! Je veux Greg ! Appelez-le maintenant !Deux gardes la hissèrent sur une civière, sous le regard figé d’une infirmière carcérale. Monica agrippa l’un d’eux par le col, les yeux fous :— Appelez Greg, je vous en supplie ! Dites-lui que je… que je vais accoucher !Son regard n’avait plus rien de froid ou stratégique. Il n’y avait plus de manipulation. Plus de contrôle. Juste une femme terrifiée par l’inconnu, acculée par la douleur, le ventre en feu, un bébé prêt à naître dans un monde qui la rejetait.— Hôpital central, maternité haute sécurité ! hurla l’un des gardes dans son talkie.— Prévenez