Le vent froid du Nord soufflait fort, hurlant à travers les montagnes et les plaines gelées du territoire d'Ivar Frost. Tandis que la neige recouvrait ses troupes en formation, un messager traversa les rangs, tenant dans sa main une lettre cachetée du duc lui-même. Son regard sombre et sa mâchoire crispée ne laissaient aucun doute : Ivar se préparait à la guerre.À Frostmar, dans l'enceinte de mon château, les échos de ses manœuvres me parvinrent rapidement. Le Rat, fidèle à son réseau d'espions, ne me laissait aucune marge d'incertitude.— Sire, déclara-t-il, les forces du Nord comptent près de deux mille hommes. Peu équipés, mais bien entraînés. Ivar semble persuadé que vous préparez son élimination.— Peut-être parce qu’il n’a pas tort, répondis-je d’un ton glacial. Mais il n’a pas encore compris que son véritable adversaire n’est pas l’armée royale… mais le temps.Je me levai et marchai vers la grande table où était déployée une carte du royaume. Les pions qui représentaient les f
Un vertige. Une lumière blanche. Puis... le néant.Lorsque mes yeux s’ouvrent, un plafond en pierre froide m’accueille. Je sens un matelas rugueux sous mon dos, une couverture rêche sur mes jambes, et l’odeur persistante de cire fondue et d’humidité.[Système de Renommée activé.][Bienvenue, Rolland Frostmar.][Analyse en cours...]Mon cœur s’emballe. Cette voix mécanique, froide mais claire, résonne dans ma tête. Je tente de me redresser, mais mon corps est lourd, étranger. Ce ne sont pas mes bras, ni mes mains. Mes doigts sont plus fins, mes articulations douloureuses.[Analyse terminée.][Statut actuel du royaume : en déclin.][Popularité du roi : extrêmement basse.][Objectif principal : restaurer la gloire de Frostmar.]Je ferme les yeux un instant, essayant de comprendre ce qu’il m’arrive. Je me souviens de mon monde d’avant. Ingénieur civil, 32 ans, une vie banale mais stable. Un accident… puis ce réveil.Je suis... réincarné. Dans le corps d’un roi mourant ? Un royaume médiéva
Je suis roi.C’est une pensée étrange. Pas un rêve de grandeur, pas un fantasme de pouvoir... Non, une réalité brutale. Le trône sous moi est dur, inconfortable, aussi fissuré que le royaume que je suis censé gouverner. Mais ce n’est pas le trône qui compte. C’est ce que je vais en faire.[Notification : 10 Points de Renommée acquis – Prise de décision courageuse.][Nouveau menu débloqué : Accès à l’Arbre des Connaissances.]Un écran translucide s’affiche devant mes yeux, invisible aux autres. Je garde le regard figé, jouant le rôle du roi pensif, pendant qu’en réalité, je scanne cette nouvelle interface.Un arbre de compétences. Génie civil, ingénierie agricole, métallurgie, médecine, stratégie militaire… Toutes classées en branches. Certaines brillent faiblement – accessibles. D’autres sont grises – verrouillées. Il y a tant de possibilités… et si peu de points.10 points. C’est tout.Le choix est crucial. Ce n’est pas un jeu. Chaque investissement aura un impact réel sur les gens,
Le bruit du silence.C’est quelque chose que j’ai appris à reconnaître rapidement dans ce château. Il y a le silence du sommeil, celui de la paix… et celui de la tempête qui approche.Aujourd’hui, c’est ce dernier qui m’enveloppe.Assis dans la grande salle du conseil, je fixe la carte du royaume étalée devant moi. Des dizaines de petites marques indiquent les domaines féodaux, les postes militaires, les routes commerciales. Mon doigt suit les lignes brisées des frontières, les fissures invisibles dans la structure même du pouvoir.— Votre Majesté, les seigneurs de l’ouest refusent d’envoyer leur impôt. Ils exigent une audience.Le ton du chancelier est neutre, mais je sens la tension derrière les mots. C’est la première véritable résistance.Je ne réponds pas tout de suite. Je sais ce qu’ils veulent. Leurs privilèges. Leur pouvoir. Ils voient mes réformes comme un poison lent, une menace contre leur confort centenaire.Et ils ont raison.[Notification : Tension politique accrue – Inf
Le royaume ne tient plus que par un fil.Pas un fil d’acier. Non, un vieux morceau de corde rongé par les années. Une armée inexistante, des garnisons mal payées, des capitaines corrompus. Si une guerre éclatait demain, je ne tiendrais pas une semaine.Et mes ennemis le savent.[Notification : Menace externe détectée – Escarmouches signalées au nord.][Statut militaire : 13% opérationnel.]Treize pour cent. Un chiffre qui ferait rire… si ce n’était pas mon royaume en jeu.Je suis dans la cour du château, face aux soldats. Ou du moins, à ce qu’il en reste : une cinquantaine d’hommes aux armures rouillées, aux visages fatigués, à l’allure d’anciens héros déchus.Le commandant en poste, un vétéran nommé Ardan, s’approche. Il boite, mais son regard est aussi tranchant qu’une lame.— Vous avez demandé une inspection, Majesté ? Eh bien, la voilà. Triste spectacle.— Combien d’entre eux peuvent encore se battre ?Il regarde les rangs, puis me fixe droit dans les yeux.— En vrai ? Une dizaine
Les guerres ne se gagnent pas seulement avec des épées. Elles se gagnent avec des idées. Le Système me l’a fait comprendre dès le début. Les connaissances sont mes armes les plus puissantes, mais tant que je suis le seul à les détenir, le royaume ne pourra jamais se transformer durablement. Il faut transmettre. Enseigner. Construire une génération capable de penser, pas seulement d’obéir. [Notification : Nouveau module disponible – Diffusion du savoir.] [Arbre secondaire débloqué : Éducation, Infrastructure civile.] Je souris. Enfin. Je descends dans les quartiers pauvres de la capitale. Les ruelles sont étroites, les enfants courent pieds nus, les mères traînent des seaux d’eau trop lourds. Et pourtant, partout où je passe, je sens quelque chose de nouveau : l’attention. L’espoir. Un vieil entrepôt abandonné me fait face. Parfait. — Transformez cet endroit en école. Une vraie. Pas une façade pour apaiser les foules, dis-je à mon intendant. Je veux des professeurs, du matérie
Ils ont attendu trois jours.Trois jours pour réunir leurs prêtres, écrire leurs accusations, et se présenter devant mon trône comme des croisés face à un démon.Le grand prêtre Dalmoras, vieillard sec et rusé, entre dans la salle du trône comme s’il en était le maître. Il ne s’agenouille pas. Il ne baisse pas la tête. Il me regarde avec cette assurance que seuls les hommes qui pensent parler au nom d’un dieu peuvent se permettre.— Votre Majesté, commence-t-il, le ton mesuré. Nous sommes inquiets.— De quoi ? que les enfants apprennent à lire ?— Que le peuple oublie la voix divine. Que l’ordre sacré soit troublé par des idées dangereuses. L’éducation… doit passer par le temple. Comme il en a toujours été.Je m’appuie contre le dossier de mon trône.— Justement. Il est temps que ça change.Ses yeux se plissent.— Vous écartez l’Église. Vous usurpez son rôle. Vous introduisez des symboles étrangers, des doctrines qui n’ont jamais été validées par nos sages. Vous créez des écoles, des
Je ne peux plus me fier aux apparences.Derrière les murs du château, les sourires sont trop polis, les révérences trop bien mesurées. Les mots sont pesés, contrôlés. Chaque geste cache une intention, chaque silence peut cacher un complot.Et je le sais maintenant : l’Église ne va pas rester immobile. Elle n’utilisera pas des armées. Elle préférera les rumeurs. Le poison. La peur.[Notification : Risque de sabotage : modéré. Loyauté des courtisans : instable.][Conseil stratégique : mettre en place un réseau d’observation et de contre-espionnage.]C’est donc ça. Le royaume ne se défend pas seulement avec des soldats ou des lois. Il faut des yeux. Des oreilles. Des ombres loyales au trône.Et pour ça, je dois commencer dans les bas-fonds.Je retourne là où tout est cru, brut, réel : les quartiers pauvres. Là où les murmures circulent plus vite que les flèches. Là où personne ne fait confiance aux nobles, sauf s’ils paient bien.Dans une taverne souterraine, je rencontre un homme qu’on
Le vent froid du Nord soufflait fort, hurlant à travers les montagnes et les plaines gelées du territoire d'Ivar Frost. Tandis que la neige recouvrait ses troupes en formation, un messager traversa les rangs, tenant dans sa main une lettre cachetée du duc lui-même. Son regard sombre et sa mâchoire crispée ne laissaient aucun doute : Ivar se préparait à la guerre.À Frostmar, dans l'enceinte de mon château, les échos de ses manœuvres me parvinrent rapidement. Le Rat, fidèle à son réseau d'espions, ne me laissait aucune marge d'incertitude.— Sire, déclara-t-il, les forces du Nord comptent près de deux mille hommes. Peu équipés, mais bien entraînés. Ivar semble persuadé que vous préparez son élimination.— Peut-être parce qu’il n’a pas tort, répondis-je d’un ton glacial. Mais il n’a pas encore compris que son véritable adversaire n’est pas l’armée royale… mais le temps.Je me levai et marchai vers la grande table où était déployée une carte du royaume. Les pions qui représentaient les f
La lumière du matin filtrait par les fenêtres en ogive du château royal de Frostmar. Une brise froide s’insinuait à travers les couloirs, et pourtant, je ressentais une chaleur singulière : celle de la satisfaction. Une notification familière s’afficha devant moi, brillante comme une étoile dans l’obscurité :[Notification du Système] : Point de renommée augmenté : +500 (Établissement de l’autorité royale par le banquet). Réputation actuelle : "Le Maître des Réformes".Le Système, toujours aussi implacable dans ses calculs, me donnait un aperçu clair de ma progression. Je passai brièvement en revue mes statistiques, évaluant les opportunités et les défis qui s’offraient à moi.[Statistiques du Système] : - Renommée totale : 2 750 - Nobles influencés : 12 sur 48 - Stabilité : En consolidation - Progrès technologiques : 35% des innovations accessibles utilisées.Chaque point de renommée gagné renforçait mon autorité, mais ils étaient aussi une arme à double tranchant. Plus je devena
Le grand hall de Frostmar s’illuminait des feux vifs des chandeliers suspendus. Leur éclat se reflétait sur les murs ornés de tapisseries majestueuses, témoins silencieux des grandes batailles du passé. Ce soir, pourtant, ce n’était pas de gloire ancienne qu’il s’agissait. Dans cette salle, les murmures des nobles présents dessinaient déjà les prémices d’un avenir tumultueux.Vêtu de la cape royale pourpre brodée de fils d’argent, je fis mon entrée d’un pas assuré. Chaque écho de mes bottes sur le sol de marbre captait leur attention, forçant chacun à relever la tête. Les visages s’étaient tournés, et les discussions s’étaient tues. Les représentants des grands ducs étaient présents, mais leurs maîtres eux-mêmes brillaient par leur absence. Une démonstration évidente de défiance, mais aussi… de peur. Cette faiblesse n’échapperait à personne dans cette assemblée.Je pris place au bout de la grande table, dominant la salle de ma présence. D’une voix calme mais autori
Le soleil se leva sur un royaume inquiet. De l’extérieur, Frostmar semblait paisible. Mais dans les entrailles du pouvoir, les lignes de faille s’étaient mises en mouvement. L’audace de la veille avait laissé place à une tension froide et mesurée. Le Roi n’était plus un jeune héritier faible ; il était devenu le manipulateur silencieux des grands.---Le premier corbeau arriva de l’Est, porteur d’une missive scellée aux armes de Joshua River. L’homme, à moitié alité, sa main tremblante en tenant la plume, y reconnaissait officiellement sa "nécessité temporaire de se soumettre aux protocoles d’assistance de la couronne". Autrement dit : il pliait. Sa signature, pourtant si droite d’habitude, semblait cette fois écrite par un mourant.Le second message, plus froid, plus prudent, vint du Sud. Karl Lagerfeld, pourtant réputé méfiant, n’y niait pas son malaise. Il acceptait, "à titre exceptionnel", la venue d’un médecin de la cour et d’un représentant fiscal. Il réclamait en échange une co
La lune peinait à se faire une place dans un ciel envahi par les nuages. L’atmosphère était lourde, presque oppressante. Dans l’ombre des ruelles, les hommes du Rat se glissaient comme des spectres, sans bruit, sans hésitation. Ce soir-là, une opération coordonnée se déroulait dans les quatre coins du royaume. Chacun de ces hommes portait une fiole de verre teinté, scellée avec une cire noire marquée d’un symbole ancien : celui des archives secrètes de la royauté.À l’intérieur, un liquide inodore. Un poison discret, étudié pour ronger lentement l’organisme, semer la confusion dans l’esprit et la faiblesse dans les muscles. Le genre de fléau qui ne se remarque qu’une fois qu’il est trop tard.Le Duc Ivar Frost du Nord, replié dans son manoir enneigé, sirotait tranquillement son vin de baie. L’homme, imposant, autrefois vétéran de guerre, n’avait plus l’instinct méfiant d’autrefois. Ce qu’il ignorait, c’est que son nouveau sommelier avait été remplacé deux jours plus tôt par un agent d
La lueur pâle du matin filtrait à travers les hautes vitres de la salle de réunion du château royal de Frostmar. Ce jour-là, seuls mes plus fidèles collaborateurs avaient été conviés : Seran, Maelis, Ulrich et Le Rat. Le silence était dense. Tous savaient que les décisions à venir ne seraient ni simples, ni innocentes.Le Rat ouvrit la réunion en déposant une missive cachetée sur la table.— Comme ordonné, j’ai envoyé un message à l’un de mes agents les plus sûrs. Il a pris la route vers les duchés pour prévenir les nobles que le percepteur royal allait bientôt effectuer une visite dans leurs provinces.Je hochai la tête sans un mot. C’était le premier pas. Le test.— Sire, dit Ulrich, d’un ton ferme, mais respectueux, je dois être franc. Il nous est presque impossible d’envoyer des percepteurs dans toutes les provinces. Les précédents que nous avons nommés ont tous été soit corrompus par les nobles, soit intimidés. Aucun n’a rapporté quoi que ce soit d’utile.— Les provinces sont tro
Deux mois s’étaient écoulés depuis ma réincarnation dans ce monde, et le royaume de Frostmar commençait enfin à respirer de nouveau. C’était un souffle fragile, presque tremblant, comme celui d’un blessé qui se remet tout juste d’un coma prolongé. Mais c’était un souffle vivant. Ce que j’avais mis en place commençait à porter ses fruits, malgré l’opposition sourde d’une noblesse encore figée dans l’ombre de l’ancien régime, et la vigilance pesante de l’Église.Les rues de la capitale, autrefois désertées et boueuses, retrouvaient peu à peu une certaine animation. Les marchés recommençaient à vibrer d’activité, et les bâtiments qui tombaient en ruine se redressaient, un par un, grâce à une main-d’œuvre disciplinée. Tout cela, je le voyais chaque matin, lors de mes marches quotidiennes à travers les chantiers du royaume.Je m’étais imposé cette habitude : une tournée des sites stratégiques. Cela me permettait non seulement de vérifier l’état des travaux, mais aussi de maintenir un lien
La popularité est douce comme le miel.Mais trop de miel… attire les guêpes.Depuis les premières chansons, le peuple me regarde avec des yeux nouveaux. Plus de méfiance, moins de peur. Certains m’acclament. D’autres prient pour moi. Et quelques-uns… veulent devenir moi.C’est là que le problème commence.[Notification : Indice de popularité : élevé. Risque d’usurpation de figure royale : modéré.][Effet secondaire : Émergence de leaders populistes. Autorité contestée depuis la base.]Je relis la phrase deux fois.Des leaders populistes ?Des gens du peuple qui, portés par l’image que j’ai construite, commencent à se prendre pour des sauveurs.Et certains parlent au nom du roi… sans mon accord.---Un matin, un village m’envoie un courrier étrange.Un dénommé “Frère Thalor”, ancien forgeron devenu prédicateur autodidacte, y aurait pris le contrôle de la communauté. Il cite mes discours. Il applique mes lois, à sa manière. Il a brûlé l’église locale “au nom du Roi Éclairé”.Je reste fi
Le plus grand champ de bataille n’est ni la plaine, ni la mer.C’est l’esprit du peuple.Et pour l’instant, cet esprit est instable. Écartelé entre l’Église, les nobles, les réformes… et moi.Je dois reprendre le contrôle.[Notification : Option recommandée : Propagande ciblée – Coût estimé : 9 points de renommée.][Effets : Altération de l’opinion publique, consolidation de l’image royale.]Je dépense les points sans hésiter. C’est un investissement à long terme.Le Système ouvre un nouveau module : Communication et Narratif royal.Je ressens une avalanche de souvenirs de mon ancienne vie : campagnes publicitaires, rhétorique politique, slogans, stratégies d’image… Ce n’est plus une simple réforme. C’est une guerre de perception.---Dans une salle annexe du palais, je réunis un petit groupe : anciens conteurs de rue, artistes, quelques écrivains que j’ai fait libérer des geôles pour “pensée subversive”. Des gens talentueux, autrefois inutiles… aujourd’hui essentiels.— Vous allez éc