DanielJe jette mon téléphone sur le lit avec un grognement frustré.Nadia . Encore elle.Cette fille ne comprend donc rien ?Je me lève et fais les cent pas dans ma chambre, essayant de calmer la colère sourde qui monte en moi. Ça fait des semaines que j’ai coupé les ponts. Je lui ai dit. Je lui ai répété.Mais elle est toujours là, à essayer de revenir. À vouloir me tirer en arrière.Je ne veux plus de ce passé. Je ne veux plus de ses mensonges, de ses crises, de ses jeux sans fin.Je veux Rubis.Je veux la femme qui me fait sourire sans raison, qui apaise mes tourments au lieu de les attiser.Je prends mon téléphone et ouvre ma conversation avec elle.Moi : - Nadia me harcèle encore…Quelques secondes plus tard, la réponse de Rubis apparaît.Rubis :- Ignore-la. Tu sais ce que tu veux, et ce n’est pas elle.Un sourire naît sur mes lèvres. Elle a raison. Comme toujours.Je laisse échapper un soupir et m’assieds sur le bord du lit.Il est temps de mettre un point final à cette histo
SaliLe silence pèse comme une chape de plomb. Mère Fatou nous observe, impassible, une lueur étrange dans les yeux. Mon corps me fait mal, chaque respiration est un combat. Je sens la sueur perler sur ma nuque, malgré la fraîcheur de la pièce.— Vous voulez du temps ? murmure-t-elle en écrasant lentement sa cigarette dans un bol en terre cuite.Je hoche la tête, les mâchoires crispées. Nadia, à côté de moi, se tortille d’inquiétude.— Alors il va falloir payer.Un frisson glacé me traverse.— Payer comment ? demande Nadia d’une voix faible.Mère Fatou ne répond pas tout de suite. Elle se lève et s’éloigne vers une étagère couverte de fioles poussiéreuses et de petits sacs en tissu. Son ombre danse sur le mur, immense et menaçante.Quand elle revient, elle tient une petite coupe en bois, remplie d’un liquide noirâtre qui dégage une odeur amère.— Buvez.Je me fige.— C’est quoi ?— Le prix du temps.Nadia me jette un regard inquiet, mais je sais qu’on n’a pas le choix. Mon cœur tambou
SaliJe ne sais pas quoi répondre. La route semble infinie, et la lueur des phares de la voiture éclaire faiblement la route déserte qui s’étend devant nous. Les arbres défilent comme des ombres fantomatiques, flous et distordus dans le rétroviseur. Chaque mot, chaque pensée me semble déformé par cette sensation étrange qui s’est installée en moi. Mère Fatou nous a laissées avec un mélange de promesses et de menaces. Elle nous a dit que tout allait bien se passer, mais au fond, je ne suis pas convaincue.— On n’avait pas le choix. Ma voix est ferme, presque cassante, comme si je m’étais déjà préparée à justifier ce que nous avons fait. Mais l’intérieur de ma poitrine est lourd, encore plus lourd que l’air de cette voiture. Et ces paroles… « chaque battement de cœur qui passe rapproche le moment où vous devrez payer votre dette. » Ces mots tournent dans ma tête en boucle, me faisant frémir. Est-ce qu’on a vraiment échappé à la pire des situations en acceptant le marché de Mère Fatou ?
SaliJe fais glisser mon doigt sur l’écran du téléphone, encore et encore, comme si insister allait changer quelque chose. Pourtant, chaque tentative se termine de la même manière : messagerie. Silence. Absence.Assise sur le canapé, je mordille nerveusement l’ongle de mon pouce. Cela fait une semaine que nous essayons de les joindre. Une semaine de messages laissés sans réponse, d’appels ignorés, de discussions interminables avec Nadia pour essayer de comprendre ce qui se passe.Nadia est là, à l’autre bout du canapé, le regard perdu dans le vide, le téléphone entre les mains. Elle aussi vient d’essayer d’appeler, et comme moi, elle n’a eu que du silence en retour.— Toujours rien ? lui demandé-je, même si je connais déjà la réponse.Elle secoue la tête, les lèvres pincées.— Non.Un silence lourd s’installe. Ce silence, on le connaît par cœur maintenant. Il est là chaque soir quand on se quitte, chaque matin quand on reprend nos tentatives. Un silence qui nous étouffe, qui nous fait
SaliJe reste là, figée, incapable de croire ce qui est en train de se passer.Prince refuse de me voir ?Je sens la chaleur me monter au visage, la colère et l’humiliation se mélangent en moi.— Vous pouvez au moins lui dire que je suis là ?Elle hésite une seconde, puis porte lentement son téléphone à son oreille. Quelques secondes plus tard, elle raccroche et me lance un regard désolé.— Il m’a demandé de vous dire de partir.La gifle est brutale.Je recule d’un pas, mon cœur au bord de l’explosion.Prince ne veut pas me voir.Pas maintenant.Pas du tout.Je tourne les talons et quitte le hall d’un pas rapide, les yeux brûlants. Je refuse de pleurer ici, devant tout le monde. Mais à l’intérieur, je me sens brisée.NadiaJe m’arrête devant la porte du bureau d’Alexandre, le souffle court. Mon cœur bat à toute vitesse.Je ne devrais pas être nerveuse.Je connais cet endroit. Je connais cet homme.Ou du moins, je croyais le connaître.Je frappe doucement, mais aucune réponse. Je tente
SaliLe matin est cruel.Je suis encore à moitié assoupie quand des coups violents résonnent contre ma porte. Mon cœur bondit dans ma poitrine, la peur m’arrachant brusquement au sommeil. Pendant une seconde, j’espère que c’est Prince, qu’il a changé d’avis, qu’il est venu me chercher.Mais non.C’est un homme en costume sombre, accompagné d’un agent de sécurité.— Mademoiselle Sali ?Je hoche la tête, la gorge nouée.— Vous avez jusqu’à midi pour quitter les lieux.Je cligne des yeux, encore engourdie par la fatigue et la douleur d’hier.— Quoi ?L’homme me tend une enveloppe.— L’appartement est au nom de Monsieur Prince. Il a demandé votre expulsion immédiate.Je secoue la tête, incapable de comprendre.— Non… Non, c’est une erreur.— Ce n’est pas une erreur, répond-il d’un ton neutre. Vous avez quelques heures. Après ça, nous serons obligés d’intervenir.Ils repartent aussi vite qu’ils sont arrivés, me laissant seule au milieu du salon.Mon salon.Non. Son salon.Tout ici lui appa
RubisCela fait deux jours.Deux jours depuis que j’ai vu Aziz pour la dernière fois. Deux jours où il m’a laissée dans l’incertitude, dans un vide que j’ai du mal à combler. Je ne sais pas ce qui a changé, pourquoi il a disparu pendant ces 48 heures. Mais l’attente me ronge de l’intérieur, me fait sentir comme une bête en cage.Je me retrouve assise près de la fenêtre, scrutant la rue en contrebas, attendant, espérant, mais surtout, ne sachant plus comment gérer cette impatience qui me fait bouillir. Il m'a dit qu'il reviendrait. Il m'a dit qu'il viendrait me chercher.Alors, je l'attends.Le silence de l’appartement est lourd, oppressant. Je me tourne et retourne dans mes pensées, essayant de repousser les doutes qui m'envahissent. Est-ce qu'il me teste ? Est-ce qu'il veut voir jusqu'où je suis prête à aller, jusqu’où je peux supporter cette attente ? Ou est-ce que c’est simplement un jeu, un autre de ses jeux pervers ? Je n’en ai aucune idée, et cela me frustre davantage.Je me lèv
RubisIl hoche à peine la tête. Il reste près de la porte, comme s’il n’avait aucune intention de franchir ce seuil.— Oui, tout va bien, répond-il, toujours aussi distant. J’ai eu quelques affaires à régler, c’est tout.Je me sens déroutée par cette froideur inattendue. Normalement, il est plus… plus attentif, plus présent. Alors pourquoi ce masque, pourquoi cette distance ?Je le fixe un moment, tentant de percer le mystère derrière ses yeux sombres, mais je ne trouve que des vagues nuages d’indifférence. Il ne semble pas prêt à entrer dans mon espace, ni à laisser une once de chaleur se manifester entre nous.— Alors… Pourquoi ce silence, Aziz ? Deux jours sans nouvelles, sans explication, je demande, un peu plus durement que je ne l’aurais souhaité. Pourquoi m’ignorer ?Son regard se fait plus dur, un éclat d’irritation traversant brièvement ses yeux. Puis il détourne la tête, semblant réfléchir avant de répondre, toujours aussi distant.— Je ne t’ai pas ignorée, Rubis. J’étais oc
RubisLes jours se suivent et se ressemblent, mais chaque matin semble désormais différent. Le monde autour de moi a changé, tout comme ma perception de ce dernier. L’idée que je porte un enfant, notre enfant, semble m’habiter à chaque instant. Cette pensée douce et bouleversante me poursuit à chaque mouvement, à chaque battement de mon cœur. La vie, celle que je vais offrir à ce petit être, semble fragile et précieuse, comme un fil suspendu dans le vide, mais rempli d’un potentiel immense.Le ventre commence à se voir, à se dessiner lentement, et chaque matin, je pose mes mains dessus, comme une promesse silencieuse à cet enfant. Aziz est plus que présent, plus que jamais. Il veille sur moi comme un protecteur, mais aussi comme un homme qui a trouvé sa place. Ses yeux brillent d’une lueur différente, d’une douceur nouvelle, et je vois dans son regard qu’il est déjà tombé amoureux de ce bébé, avant même qu’il ne soit là.Il n’y a pas un jour où il ne m’adresse un sourire plein de tend
RubisLes mois ont passé en un éclair. Chaque jour passé à ses côtés semble être une éternité, mais une éternité douce et pleine de sens. Aziz et moi avons créé notre propre monde, un monde où l’amour et la complicité sont plus forts que tout le reste. Le chaos qui m’entourait avant semble s’éloigner, comme un lointain souvenir que je tente de ne plus revoir. Nous avons trouvé une certaine paix ensemble, une tranquillité fragile, mais sincère.Aujourd’hui, la maison semble plus lumineuse que jamais. Les rayons du soleil filtrent à travers les rideaux, illuminant chaque coin de la pièce, et je me sens… bien. Plus que bien, en réalité. C’est comme si une énergie nouvelle envahissait chaque cellule de mon corps, une chaleur douce et rassurante qui ne fait qu’augmenter au fil des jours. J’ai l’impression de renaître, de trouver une version de moi que j’avais oubliée.Je suis assise sur le canapé, une tasse de thé fumant entre les mains, mes pensées vagabondant. Aziz est dans la cuisine, s
RubisLe matin se lève lentement, apportant une lumière douce et chaude à travers les rideaux. Je me réveille dans le silence de la maison, mais un silence différent de celui de la veille. Ce matin, il n’y a pas ce malaise, cette lourdeur qui pesait sur mes épaules. Non, aujourd'hui il y a cette chaleur, cette douceur étrange qui m'envahit depuis que Aziz est rentré. Ses bras autour de moi, sa présence constante… Il est là, à chaque instant, et chaque seconde passée avec lui est comme une promesse silencieuse, une promesse de réconfort et de passion.Je me tourne lentement vers lui, le voyant allongé à côté de moi, sa respiration calme. Son visage est serein, comme s’il ne se souciait de rien. Il est si différent de tout ce que j’ai connu, et pourtant, il m’attire d’une manière que je ne peux pas expliquer. Tout ce que j’ai fait, tout ce que j’ai traversé, m’a conduite à lui. C’est comme si, dans ce chaos, dans cette guerre secrète, il était le seul à apporter un peu de clarté.J’effl
RubisIl me regarde longtemps, son regard perçant, comme s’il voulait déchiffrer les mystères de mon âme. Mais il se contente de hocher la tête et se tourne vers la télévision. Peut-être qu’il n’a rien vu, ou peut-être qu’il fait semblant. Je ne le sais pas, et je n’ai pas envie de le savoir.Je me sens à la fois perdue et piégée. Tout ce que je voulais, c’était sauver Prince, mais voilà que je suis en train de me perdre moi-même.Le silence dans la maison est assourdissant. Je suis assise dans le salon, fixant le téléphone posé devant moi. La lumière tamisée de la pièce éclaire faiblement mon visage. Les pensées tournent, vides, en boucle. Chaque bruit semble plus intense que le précédent, chaque mouvement plus lourd. Je n’arrive pas à me débarrasser de cette sensation étrange, ce malaise persistant qui me ronge de l’intérieur.Peu après mon arrivée à la maison, Aziz est allé se coucher, et je suis restée là, seule avec mes pensées. Mon esprit ne peut s’empêcher de ressasser tout ce
RubisLe trajet de retour est une épreuve silencieuse. La route défile devant moi, chaque mètre qui me sépare de chez moi me pèse un peu plus. Le silence dans la voiture est lourd, presque oppressant, et je n’arrive pas à calmer l’agitation qui m’envahit. Tout ce que je viens de faire, ce que je viens de risquer, semble me rattraper, mais il n’y a plus de retour en arrière. Le rituel a eu lieu, la poudre a fait son effet, mais tout ce que je ressens, c’est un vertige de culpabilité et de doute. Ai-je fait le bon choix ? Est-ce que cela suffira pour sauver Prince, ou l’ai-je poussé plus loin encore dans la folie ?Je ferme les yeux un instant, cherchant à trouver un peu de calme, mais c'est impossible. Dans ma tête, tout est un tourbillon. La conversation avec le marabout, l’odeur de la poudre, le moment où j’ai vu Prince manger le repas. C’était comme si le monde s'était suspendu, et maintenant que je suis en route vers la maison, tout reprend son cours, mais pas de la façon dont je l
RubisLa nuit tombe doucement sur la ville, et tout autour de moi, le silence s’épaissit, lourd de promesses non dites. J’ai pris une décision, une décision qui scellera peut-être le destin de Prince. Je dois le voir ce soir. Tout ce que je veux, c’est l’aider. Mais l'angoisse se mêle à la détermination. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Si cette poudre ne fonctionne pas, si tout cela échoue, alors je risque de perdre Prince à tout jamais. Ou pire encore, je pourrais le pousser plus loin dans la folie.J’ai fixé le rendez-vous dans son ancienne villa, un lieu où il se sentait chez lui, un lieu où il avait encore un semblant de contrôle. Peut-être qu’en retrouvant cet endroit, il se sentira plus calme, plus apaisé. Peut-être que la présence de cet espace familier l’aidera à accepter ce que je vais faire pour lui. Ce soir, tout doit changer.Je suis dans la voiture, les phares éclairant la route déserte, la ville s’éloignant derrière moi. Je me sens nerveuse, mais en même temps, une part
RubisLa tension dans l’air est palpable, un poids lourd qui pèse sur ma poitrine, alors que je me tiens face à Ladji. Les rues autour de moi sont animées, mais tout semble flou, comme si le monde tournait autour de moi et que j’étais piégée dans une bulle, perdue dans mes pensées. Chaque seconde qui passe me rapproche davantage de la décision que je vais devoir prendre, et je sais que c’est désormais une question de vie ou de mort. Prince… si je n’agis pas maintenant, je vais le perdre.Ladji est un homme que j’ai appris à connaître, un homme qui voit des choses que beaucoup d’autres ne perçoivent pas. Sa sagesse m’a souvent guidée, mais aujourd’hui, je suis venue pour une décision qu’il devra prendre, une décision qui ne pourra pas attendre. Je n’ai pas le temps de discuter des subtilités. Ce que je lui demande est risqué, et je sens son regard scrutateur posé sur moi, pesant chacun de mes mots.Je me tiens face à lui, le regard déterminé, mes mains serrées autour de ma veste, comme
RubisLes nouvelles concernant Daniel tourbillonnent dans mon esprit comme des vagues déchaînées, et plus j’y pense, plus l’angoisse m’envahit. J’ai l’impression que le monde autour de moi se fissure lentement. Ce n’était pas qu’une simple coïncidence : Daniel est devenu fou, et il n’était pas le seul. Ce qu’il a vécu en prison a brisé ce qui restait de sa raison, et je sais qu'il y a une part de cela que j’ai contribué à nourrir.La culpabilité me ronge. J’ai observé Daniel se perdre, l’avoir poussé à bout, et je savais au fond de moi que ce n’était pas un simple accident. Nos actions, nos décisions, tout ce qui s'est passé a mené à ce point. Et maintenant, je me dis que si je n’agis pas rapidement, Prince pourrait aussi sombrer dans cette même folie.Je me rappelle que j'ai arrêté de coucher avec Prince, mais est-ce que cela suffit pour le protéger de ce qui pourrait se produire si je ne fais rien ? L'idée qu'il suive le même chemin que Daniel m'envahit et me glace le sang. Je dois
RubisLe ciel est d'un bleu profond, presque irréel, tandis que je regarde la mer depuis le balcon. Le vent est doux aujourd'hui, et pourtant, une étrange tension flotte dans l'air. Aziz est silencieux, absorbé par ses pensées, mais je sens qu'il attend quelque chose. Il ne dit rien, mais je connais assez bien son regard pour savoir qu'il y a quelque chose qu'il ne m'a pas encore dit.Le téléphone de la table vibre soudainement, me tirant de mes pensées. Je le saisis d'un geste lent, le cœur battant plus fort. C'est un message de mon avocat. Un simple texte, mais une sensation glacée me traverse.« Rubis, il faut que vous veniez au bureau. Une nouvelle inquiétante concernant Daniel. »Un frisson parcourt ma colonne vertébrale, et je me tourne immédiatement vers Aziz. Il a remarqué ma réaction, et il se lève précipitamment, ses yeux fixés sur le téléphone dans mes mains.— Qu’est-ce qu’il y a ? demande-t-il d’une voix calme, mais le ton ne masque pas la tension qui y est cachée.Je lis