CamilleLe bruit métallique du marteau du juge résonne encore dans ma tête alors que je sors du tribunal. Une victoire de plus. Je devrais être satisfaite, mais une étrange sensation me serre la poitrine. L’affaire était trop simple, trop prévisible. Défendre des innocents ou des criminels en col blanc n’a plus la même saveur.Je pousse la porte de mon cabinet, retirant mes talons avec un soupir. Mon assistante, Mélanie, lève les yeux de son écran.— Tu as un rendez-vous dans dix minutes. Un client très insistant.— Qui ?Elle hésite. Je fronce les sourcils. Mélanie sait que je déteste les non-dits.— Un homme qui ne laisse pas son nom. Mais il a dit que c’était une question de vie ou de mort.Un frisson me parcourt. Les clients désespérés, j’en ai vu des dizaines. Mais il y a quelque chose dans son regard inquiet qui me met mal à l’aise.— Fais-le entrer.Mélanie opine et quitte la pièce. Quelques secondes plus tard, un homme s’avance dans mon bureau. Grand, imposant, un costume somb
CamilleLe silence s’étire entre nous, épais, menaçant. Lorenzo Valenti me regarde comme un prédateur jaugeant sa proie. Je devrais fuir, refuser, mettre un terme à cette folie avant qu’il ne soit trop tard. Mais mes doigts crispés sur le dossier devant moi trahissent une vérité bien plus troublante.Je suis piégée.Et une part de moi… brûle déjà de voir jusqu’où ce piège peut m’emmener.Je ferme les yeux une seconde, essayant d’ordonner mes pensées. Victor Lambert. Un homme que j’avais défendu il y a trois ans, persuadée de son innocence. Aujourd’hui, il se retrouve mêlé à un réseau criminel et veut faire tomber Lorenzo. Pourquoi ?Je relève la tête, mes yeux accrochant ceux de Lorenzo.— Quelles preuves avez-vous contre Lambert ?Il sourit, lentement, satisfait de me voir enfin poser les bonnes questions. Il sort un téléphone de sa poche, tape quelque chose sur l’écran, puis le pose face à moi.— Écoutez.J’appuie sur lecture.Un enregistrement démarre."… Je m’en fiche qu’il soit d
CamilleLe silence dans la voiture est plus pesant qu’un ciel d’orage prêt à éclater.Dehors, les gyrophares de la police illuminent mon immeuble de flashes rouges et bleus, peignant l’intérieur du véhicule d’ombres mouvantes. Je vois les agents entrer chez moi, mon estomac se noue. Qu’est-ce qu’ils font là ?Je tourne brusquement la tête vers Lorenzo, le souffle court.— C’est vous qui avez fait ça ?Son regard noir se pose sur moi, calme, insondable.— Non.Une réponse simple, mais je n’y crois pas une seconde.— Alors c’est Lambert ?Il incline légèrement la tête.— C’est une possibilité.Mon cœur bat trop vite. Je sens que quelque chose m’échappe. Je n’ai plus le contrôle. Et ça, c’est insupportable.— Si je descends et que je vais parler aux flics, qu’est-ce qui se passe ?Lorenzo s’adosse lentement contre le siège, un air presque amusé sur le visage.— Trois scénarios.Je me crispe.— Le premier : vous entrez, et ils vous posent simplement des questions. Rien de grave, juste une
CamilleL’eau chaude coule sur ma peau, me brûle presque, mais je ne baisse pas la température. J’ai besoin d’effacer cette nuit, d’éclaircir mon esprit.Ma vie a basculé en quelques heures. Mon appartement est envahi par des flics, je suis coincée dans le repaire d’un homme dont j’ignore tout, et quelqu’un a essayé de me piéger. Mais pourquoi ?Je ferme les yeux et laisse ma tête reposer contre le marbre froid de la douche.Lambert.C’est forcément lui. Il a dû comprendre que je creusais un peu trop dans ses affaires. Mais pourquoi une mise en scène aussi brutale ? Pourquoi tenter de m’impliquer ?Une certitude me serre la gorge.Il veut me faire taire.Et la seule raison pour laquelle je suis encore là, c’est que Lorenzo est intervenu avant.Je serre les poings.Je refuse d’être une victime.J’éteins l’eau et attrape une serviette. Pas de vêtements de rechange. Merde.J’ouvre prudemment la porte et tends la tête dans le couloir.— Vous cherchez quelque chose ?Sa voix me surprend et
CamilleMon souffle est court.Je suis allongée sous lui, mon poignet prisonnier de sa main, son corps à quelques centimètres du mien. Chaque muscle tendu. Chaque nerf à vif.Sa respiration est profonde, maîtrisée. La mienne est plus erratique, et je déteste ça.Il joue. Il me teste.Je refuse d’être un pion sur son échiquier.Mon regard s’accroche au sien. Une seconde, deux… Puis je cesse de lutter.Je détends mon bras, relâche la tension dans mes muscles et l’observe avec un calme calculé.Un sourire amusé étire ses lèvres.— Bonne réaction.Il me libère lentement.Je me redresse, réajuste ma chemise en soie, et me lève du canapé sans un mot.Lorenzo me suit du regard, toujours appuyé contre les coussins, comme un félin satisfait de sa proie.— Vous apprenez vite.— Je n’ai pas le choix, n’est-ce pas ?Son sourire s’élargit.— Non.Il se lève à son tour, et je ressens immédiatement sa présence derrière moi. Il me dépasse de plusieurs centimètres, son aura est écrasante, magnétique.
CamilleJe déglutis, concentrée sur la sensation du métal contre ma paume.— Bien. Maintenant, frappez.Je relève brusquement la tête.— Pardon ?Il pointe un mannequin de cuir suspendu par des chaînes, déjà marqué de nombreuses entailles.— Frappez.Je fixe la cible.Je sais ce qu’il veut. Il veut voir si je suis capable de blesser.Si je suis prête à me transformer.Je serre la mâchoire et avance.D’un geste rapide, j’enfonce la lame dans le torse du mannequin.L’impact me surprend. Le cuir est plus résistant que je ne l’imaginais, mais la lame s’y enfonce malgré tout.Je retire l’arme et me tourne vers Lorenzo.— Satisfaite ? me demande-t-il, son sourire narquois en place.Je fronce les sourcils.— Je ne vois pas l’intérêt de—Il bouge.Trop vite.Je n’ai même pas le temps de réagir qu’il est sur moi, me désarme et me plaque contre la table.— Le problème, Camille, c’est que vous réfléchissez trop.Son souffle est chaud contre ma peau.— Dans ce monde, réfléchir après signifie mour
CamilleLa nuit est longue.Je suis allongée sur ce lit qui n’est pas le mien, dans cette maison qui n’est pas la mienne.Les bruits de la ville me parviennent à travers la fenêtre entrouverte.Et pourtant, ce n’est pas ça qui me tient éveillée.C’est lui.Lorenzo.Sa présence.Son ombre qui plane sur moi, même lorsqu’il n’est pas là.Je me lève et sors dans le couloir silencieux.Sans réfléchir, mes pas me mènent vers la pièce où il se trouve.Lorsque j’ouvre la porte, il est là, torse nu, une cicatrice marquant son épaule. Il ne dort pas non plus.Son regard se pose sur moi, perçant.— Je vous manque déjà ?Je croise les bras, refusant de montrer le trouble qui s’installe en moi.— Je veux en savoir plus.Il se lève lentement, son regard toujours planté dans le mien.— Sur quoi ?Je déglutis.— Sur vous. Sur votre passé.Un silence s’étire entre nous.Puis, contre toute attente, il me fait signe d’entrer.Et moi, au lieu de reculer… je franchis la porte.LorenzoElle est là, debout
CamilleLorenzo me fixe avec cette intensité brûlante, son regard oscillant entre agacement et inquiétude.— Je t’ai dit de rester ici.Je croise les bras, le défiant du regard.— Et moi, je t’ai dit que c’était hors de question.Un muscle tressaille sur sa mâchoire. Il serre son pistolet, puis détourne les yeux vers la fenêtre.— Cet homme n’est pas là par hasard.Sa voix est basse, froide.Je le rejoins, me penchant légèrement pour apercevoir la rue en contrebas. L’inconnu est toujours là. Immobile. Observant.— C’est qui ?Lorenzo ne répond pas tout de suite. Il referme doucement les rideaux avant de pivoter vers moi.— Quelqu’un qui ne devrait pas être là.Une tension électrique emplit la pièce.Puis, avant que je ne réalise ce qu’il fait, il attrape ma main et me tire vers la porte.— On sort d’ici.— Attends—— Camille.** Ne discute pas.**Le ton est tranchant.Mais il y a autre chose.De l’urgence.Et ça, ça m’inquiète.Je le suis sans protester alors qu’il m’entraîne dans le c
CamilleLentement, il s’éloigne de moi, mais quelque chose dans son regard me dit que ce n’est que le début. Je sais qu’il reviendra, encore et encore, jusqu’à ce que j’accepte cette vérité. Et peut-être qu’un jour, je n’aurai plus envie de fuir. Peut-être qu’un jour, je serai celle qui reviendra vers lui.Il me laisse dans cette pièce, avec mes pensées et mes désirs qui se heurtent violemment, me détruisant un peu plus à chaque seconde. Mais au fond, je sais que je suis déjà à lui.Et il le sait aussi.Lorenzo part, mais quelque chose dans l'air reste. Un silence lourd, plus oppressant que tout ce qui a précédé. Il est parti, mais il a laissé une empreinte, une marque invisible qui me dévore de l'intérieur.Je n'ai jamais ressenti cela auparavant. Ce besoin, cette dépendance que j'essaie de repousser à chaque instant. Il est là, dans mes pensées, dans chaque souffle que je prends, et je n'arrive pas à m'en défaire.Je me lève du lit avec difficulté, mes jambes encore tremblantes, mon
CamilleJe me réveille dans la pénombre de la pièce, le cœur encore battant à tout rompre. La chaleur du corps de Lorenzo, qui m’a laissée tremblante et épuisée, est désormais absente. Le vide s’installe, lourd et oppressant.Je suis seule. Encore une fois, seule.Mais pas vraiment.Le souvenir de ses mots, de son toucher, reste gravé en moi comme une brûlure. Je suis la proie dans ce jeu de pouvoir qu’il a instauré, et je le sais. Ce n’est pas une simple conquête. C’est bien plus que ça. C’est un enfer silencieux dans lequel je suis entrée volontairement, sans le vouloir, mais surtout sans pouvoir en sortir.Je m’assois lentement sur le bord du lit, le regard fixé sur l’ombre de la fenêtre, les rideaux légers flottant au gré du vent. Tout semble paisible à l’extérieur, mais à l’intérieur de moi, tout est en éruption. Mon corps, mon esprit, mes émotions, tout est un tourbillon d’envie, de haine, et de désir incontrôlable.Je déteste ce que je ressens. Je déteste qu’il ait ce pouvoir s
CamilleLe regard que Lorenzo me lance est celui d’un chasseur prêt à saisir sa proie. Il me dévore de ses yeux sombres, presque hypnotiques. Et moi, je me sens... vulnérable. Incapable de détourner les yeux.Je voudrais fuir. Je voudrais le repousser, me dire que ce n’est qu’une illusion. Mais je sais que c’est plus que ça. Je sais que ce qu’il dit n’est pas simplement un jeu. Il n’est pas là pour me séduire. Non. Il est là pour m’avoir, pour marquer son territoire, pour m’ancrer dans sa vie de manière irrévocable.Je me déteste pour l’admettre, mais une partie de moi a envie de céder. Une partie de moi a envie de me perdre dans cette domination qu’il exerce sur moi.— "Camille." Sa voix, rauque, brise le silence. Il ne me touche pas, mais je sens la pression de sa présence autour de moi, tout près. "Je sais que tu me veux. Tu essaies de lutter contre toi-même, mais tu sais que tu n’as aucune chance."Mes lèvres se serrent. Il lit en moi comme dans un livre ouvert. Je déteste cela. J
LorenzoJe suis tout. Je suis le ciel et l’horizon, la mer et la tempête. Je suis l’homme qui a décidé de briser les chaînes de Camille, de la faire s’incliner, de la pousser à me suivre, peu importe la douleur. J’ai vu la peur dans ses yeux, mais je vois aussi la fascination, cette attraction irrésistible qu’elle ne peut plus fuir. Elle est mienne. Et je ne tolérerai aucune hésitation.Elle croit encore pouvoir résister, mais je sais mieux que quiconque qu’elle est déjà perdue. Camille est une femme de volonté, mais sa volonté se brise lorsque la tentation devient trop forte. Et je suis cette tentation.Elle me défie, elle essaie de poser des questions, de comprendre ce qui nous lie, mais il n’y a pas de réponse. C’est au-delà des mots, des explications rationnelles. C’est un jeu d’ombres et de lumière, un lien que rien ne pourra dénouer.Je la regarde, là, assise en silence, plongée dans ses pensées. Ses yeux brillent d’une lueur qu’elle ne parvient plus à dissimuler. Elle a bien co
CamilleJe n’aurais jamais cru que le corps humain pouvait ressentir une telle chaleur. Pas simplement physique, mais une chaleur qui me brûle de l'intérieur, m'envahit à chaque contact, à chaque souffle qu'il prend. C'est plus qu'une simple attraction. C’est une vague déferlante qui engloutit tout sur son passage. Je suis loin d’être celle que j’étais il y a encore quelques mois, celle qui pouvait se cacher derrière des murs de verre et de raison. Maintenant, il ne reste que des morceaux de moi, brisés et éparpillés.Lorenzo m’a complètement transformée.Je ferme les yeux un instant, me laissant emporter par la sensation de sa peau contre la mienne. Son corps est une promesse. Son odeur, un parfum entêtant qui me rend folle. Mais au fond de moi, je sais que je suis en train de faire une erreur. Un pas de plus dans ce monde qui me fait peur, un monde qui pourrait tout nous prendre. Une fois que l’on y entre, on ne ressort pas indemne. Et pourtant, je suis là, avec lui, prête à me perd
LorenzoJe la sens trembler contre moi. Son corps, si proche, m'appelle, mais elle reste là, figée, partagée entre l'envie et la résistance. Chaque fibre de mon être désire la plier à ma volonté, briser la dernière de ses barrières. Pourtant, je ne peux m'empêcher de ressentir cette étrange admiration pour sa lutte. Il y a quelque chose de fascinant dans la manière dont elle résiste, comme si elle cherchait à se protéger de ce qu'elle ne peut pas encore accepter.Je me retiens. Juste un instant, je prends une profonde inspiration, laissant le silence remplir l'espace entre nous. Elle ne parle pas. Elle ne fuit pas, mais elle ne se laisse pas non plus aller. Elle est suspendue dans l’air, entre le monde dans lequel elle était et celui que je lui propose, ce monde sombre, intense, sans retour. Le contraste est frappant, et je me sens à la fois maître et prisonnier de ce jeu.Elle n'est pas comme les autres. Elle ne se laisse pas séduire par la première touche, la première caresse. Non,
CamilleJe suis perdue dans cette danse silencieuse. Lorenzo, toujours aussi proche, toujours aussi insistant. Je ressens son regard sur ma peau, une pression invisible qui me pousse à me dévoiler davantage, à céder à la force de son emprise. Mais je me débats intérieurement, luttant contre le désir qui m’envahit, qui m’électrise, tout en cherchant à préserver ce que j’ai toujours cru être ma liberté.La chaleur de son corps se diffuse lentement, chaque mouvement semble calculé pour me déstabiliser. Et il réussit. Je me sens perdue. Pas dans un sens négatif, non. Mais dans un sens où je me découvre autrement, dans une lumière nouvelle. Ce monde qu’il me propose, je ne sais plus si je le crains ou si je le désire. Tout me semble flou, un mélange de tension et de plaisir qui me paralyse autant qu’il m’attire.— "Tu fuis encore." Sa voix grave me coupe du tourbillon de mes pensées. Il est si près, ses mots glissant contre ma peau comme une caresse. "Tu n’as toujours pas compris que fuir
CamilleLe temps semble suspendu, un silence lourd et palpable entre nous. Lorenzo et moi, nous avons franchi une étape, mais je sens que ce n’est que le début. Je ne suis plus la même. Quelque chose a changé dans l’air, une tension nouvelle, plus perçante, plus profonde. Il y a une sorte de pression qui m’envahit à chaque souffle, comme si tout autour de moi se resserrait, se préparait à exploser.Je le regarde, son regard intense, presque possessif, mais il y a aussi une sorte de tendresse étrange, une profondeur qui me trouble. Il ne me dit rien, mais je le ressens. Il attend quelque chose. Et ce quelque chose, c’est une réponse de ma part, même si je n’arrive pas à définir ce que cela signifie exactement. Je suis là, avec lui, mais une part de moi semble se retirer dans l'ombre, hésitante.— "Tu n’as pas peur?" ma voix brise enfin le silence, douce mais teintée d’incertitude. Je n’ai pas peur de lui. Non, c’est une peur différente, une peur de ce que je suis en train de devenir, d
LorenzoJe la sens encore, cette hésitation dans l’air. Camille est là, juste devant moi, ses yeux brillants de cette lueur incertaine qui a persisté depuis que je l’ai tirée de son monde ordinaire. Et même maintenant, alors que ses lèvres murmurent ces mots de résignation, je sais que quelque part au fond d’elle, la bataille fait rage.Elle se ment encore, je le sais. Pas par malice, mais par peur. La peur de se perdre, la peur de ne plus savoir qui elle est une fois que la porte sera ouverte. Mais elle l’a déjà franchie, cette porte. Elle croit encore pouvoir reculer. Mais chaque mouvement qu’elle fait, chaque geste, chaque mot, me rapproche un peu plus d’elle. Elle appartient à ce monde autant que j’y suis ancré. Je ne lui laisse plus d’option.Je la fixe un instant, cherchant un signe de véritable acceptation dans ses yeux. Elle n’en a pas. Pas encore. Mais je sais que le temps est de mon côté. Elle le comprendra, comme tous ceux avant elle.— "Ne dis pas que tu veux être avec moi