LorenzoJe suis tout. Je suis le ciel et l’horizon, la mer et la tempête. Je suis l’homme qui a décidé de briser les chaînes de Camille, de la faire s’incliner, de la pousser à me suivre, peu importe la douleur. J’ai vu la peur dans ses yeux, mais je vois aussi la fascination, cette attraction irrésistible qu’elle ne peut plus fuir. Elle est mienne. Et je ne tolérerai aucune hésitation.Elle croit encore pouvoir résister, mais je sais mieux que quiconque qu’elle est déjà perdue. Camille est une femme de volonté, mais sa volonté se brise lorsque la tentation devient trop forte. Et je suis cette tentation.Elle me défie, elle essaie de poser des questions, de comprendre ce qui nous lie, mais il n’y a pas de réponse. C’est au-delà des mots, des explications rationnelles. C’est un jeu d’ombres et de lumière, un lien que rien ne pourra dénouer.Je la regarde, là, assise en silence, plongée dans ses pensées. Ses yeux brillent d’une lueur qu’elle ne parvient plus à dissimuler. Elle a bien co
CamilleLe regard que Lorenzo me lance est celui d’un chasseur prêt à saisir sa proie. Il me dévore de ses yeux sombres, presque hypnotiques. Et moi, je me sens... vulnérable. Incapable de détourner les yeux.Je voudrais fuir. Je voudrais le repousser, me dire que ce n’est qu’une illusion. Mais je sais que c’est plus que ça. Je sais que ce qu’il dit n’est pas simplement un jeu. Il n’est pas là pour me séduire. Non. Il est là pour m’avoir, pour marquer son territoire, pour m’ancrer dans sa vie de manière irrévocable.Je me déteste pour l’admettre, mais une partie de moi a envie de céder. Une partie de moi a envie de me perdre dans cette domination qu’il exerce sur moi.— "Camille." Sa voix, rauque, brise le silence. Il ne me touche pas, mais je sens la pression de sa présence autour de moi, tout près. "Je sais que tu me veux. Tu essaies de lutter contre toi-même, mais tu sais que tu n’as aucune chance."Mes lèvres se serrent. Il lit en moi comme dans un livre ouvert. Je déteste cela. J
CamilleJe me réveille dans la pénombre de la pièce, le cœur encore battant à tout rompre. La chaleur du corps de Lorenzo, qui m’a laissée tremblante et épuisée, est désormais absente. Le vide s’installe, lourd et oppressant.Je suis seule. Encore une fois, seule.Mais pas vraiment.Le souvenir de ses mots, de son toucher, reste gravé en moi comme une brûlure. Je suis la proie dans ce jeu de pouvoir qu’il a instauré, et je le sais. Ce n’est pas une simple conquête. C’est bien plus que ça. C’est un enfer silencieux dans lequel je suis entrée volontairement, sans le vouloir, mais surtout sans pouvoir en sortir.Je m’assois lentement sur le bord du lit, le regard fixé sur l’ombre de la fenêtre, les rideaux légers flottant au gré du vent. Tout semble paisible à l’extérieur, mais à l’intérieur de moi, tout est en éruption. Mon corps, mon esprit, mes émotions, tout est un tourbillon d’envie, de haine, et de désir incontrôlable.Je déteste ce que je ressens. Je déteste qu’il ait ce pouvoir s
CamilleLentement, il s’éloigne de moi, mais quelque chose dans son regard me dit que ce n’est que le début. Je sais qu’il reviendra, encore et encore, jusqu’à ce que j’accepte cette vérité. Et peut-être qu’un jour, je n’aurai plus envie de fuir. Peut-être qu’un jour, je serai celle qui reviendra vers lui.Il me laisse dans cette pièce, avec mes pensées et mes désirs qui se heurtent violemment, me détruisant un peu plus à chaque seconde. Mais au fond, je sais que je suis déjà à lui.Et il le sait aussi.Lorenzo part, mais quelque chose dans l'air reste. Un silence lourd, plus oppressant que tout ce qui a précédé. Il est parti, mais il a laissé une empreinte, une marque invisible qui me dévore de l'intérieur.Je n'ai jamais ressenti cela auparavant. Ce besoin, cette dépendance que j'essaie de repousser à chaque instant. Il est là, dans mes pensées, dans chaque souffle que je prends, et je n'arrive pas à m'en défaire.Je me lève du lit avec difficulté, mes jambes encore tremblantes, mon
CamilleSes lèvres effleurent les miennes, à peine un contact, une provocation douce et cruelle. Mon souffle se suspend, mon corps se tend, mon esprit chavire. Il joue avec moi. Il sait qu'il n'a pas besoin de forcer quoi que ce soit. Il sait que je suis déjà au bord du gouffre, prête à tomber.Mais je refuse de l’admettre. Pas encore.Lorenzo recule légèrement, observant ma réaction. Son regard est une tempête, une mer d’ombres où je me noie lentement. Il me scrute, il me jauge, il m’analyse. Et il attend. Il veut que je cède de moi-même.— "Tu peux me repousser, Camille." Sa voix est un murmure chargé de défi. "Mais tu ne le feras pas."Je déglutis, la gorge sèche. Il a raison. Mon corps me trahit. Chaque frisson, chaque tremblement. Chaque battement erratique de mon cœur prouve que je suis déjà à lui. Je lutte contre cette réalité, mais la lutte est vaine.Il s’approche encore, un souffle de distance entre nous. Mon corps tout entier est en alerte, suspendu à son prochain mouvement
CamilleSes mains me retiennent comme si le monde allait s'effondrer s’il me laissait filer. Peut-être qu’il s’effondrerait, peut-être que c’est déjà le cas. Mais je ne veux pas m’échapper. Pas cette nuit.Je suis en feu.Je suis vivante.Je suis à lui.Sa bouche dévore la mienne dans une frénésie qui me consume. Il ne me fait pas l’amour — il me prend, me réclame, me marque. Et je le laisse faire, les bras refermés autour de ses épaules, mes jambes serrées autour de sa taille comme si je pouvais le garder contre moi pour toujours.Nous ne parlons plus. Nous nous déchirons. Nous nous cherchons. Chaque soupir, chaque baiser, chaque gémissement est une réponse que je n’avais jamais osé formuler.Il me connaît. Il lit chaque battement de mon cœur comme s’il avait la clé de mon corps. Et moi, je me laisse écrire par lui. Je me laisse posséder, oublier, effacer. Juste un instant. Juste cette nuit.Quand je rouvre les yeux, la lumière est différente.Derrière les rideaux tirés, l’aube pouss
CamilleJe baisse les yeux. J’ai envie de lui dire que ce n’est pas vrai. Que je ne prends rien. Que je suis juste perdue. Que je ne sais plus où j’habite, ni à qui j’appartiens. Mais les mots s’étranglent dans ma gorge.— "Tu es allée le voir, hein ?"Il n’a pas besoin de dire son nom. C’est évident.Lorenzo.Le poison.La brûlure.Je ferme les yeux.— "Oui."Un silence. Épais. Tranchant.— "T’as couché avec lui."Ce n’est pas une question. C’est une sentence.Je ne réponds pas. Parce que le silence, parfois, est plus cruel que n’importe quelle vérité.Julien serre les poings. Je crois qu’il lutte pour ne pas hurler.— "Tu te rends compte de qui il est ? De ce qu’il est ? Tu sais ce qu’il fait ? Ce qu’il a fait ?"Je lève les yeux, lentement.— "Oui. Et je suis allée quand même."C’est ça, le pire. Ce n’est pas l’ignorance. C’est la lucidité.J’ai plongé les yeux ouverts.— "Alors c’est fini."Sa voix se brise. Pas de colère, cette fois. Juste un vide.Un gouffre.Il me regarde une d
CamilleJe n’ai rien dit à Julien.Quand je suis rentrée, il dormait encore, paisible, ignorant, vulnérable.Je me suis glissée sous la douche.L’eau brûlante n’a pas suffi à effacer ses mains sur ma peau.Rien n’efface Lorenzo.Je l’ai trahi.Je me suis trahie.Et le pire, c’est que je n’éprouve aucun remords.Seulement de la confusion. Et un vide violent.Je m’étais promis de ne jamais lui céder à nouveau.Je me l’étais juré.Mais j’ai cédé.Parce que je suis faible.Parce que je suis curieuse.Parce que je suis en colère.Et parce qu’une part de moi a toujours voulu ça.**Julien me prépare un café.Il sourit comme si rien ne s’était passé.Il me parle d’un week-end à la mer, d’air pur, de silence, d’échappée belle.Je l’écoute à peine.Chaque mot me rappelle ce que je ne peux pas lui dire.Il croit encore que je suis la fille d’avant.La fille entière, intacte.Mais Lorenzo m’a prise, et je ne suis plus la même.Il ne m’a pas seulement prise dans un lit.Il a ouvert des portes en
CamilleJe sens encore ses mains sur moi. La morsure de ses doigts. Le feu dans mes entrailles. Mon corps entier résonne de sa présence, comme une cloche fêlée qu’il a frappée trop fort. Trop juste. Chaque parcelle de ma peau se souvient. De la violence. De l’abandon. De la chute. De la montée. De cette déflagration qui m’a réduite en cendres… pour mieux me faire renaître.Et pourtant, dans ce silence qui nous enveloppe après le chaos, c’est mon esprit qui hurle.Je ne bouge pas. Je suis blottie contre lui, nue, salie, glorifiée. Brûlante et glacée à la fois. Comme si tout ce qui me tenait debout avait été arraché et remplacé par autre chose. Quelque chose de plus brut. De plus vrai. Quelque chose de lui.Ses bras sont autour de moi. Lourds. Protecteurs. Possessifs. Et pourtant, je me sens libre. Libre comme je ne l’ai jamais été. Parce qu’il n’a pas cherché à me posséder. Il m’a laissée devenir. Il m’a regardée me déchirer, m’abandonner, m’effondrer pour me redresser plus forte, plus
LorenzoElle est là, ses yeux brûlants d'une intensité que je connais, d’une faim que je reconnais. Ses lèvres sont entrouvertes, et sa respiration saccadée résonne comme un signal, un appel à l'extase, à la destruction. J’attrape ses poignets, la forçant à s’abandonner dans le tourbillon que j’ai lancé. Tout en elle me crie que cette nuit, il n’y a pas de place pour la douceur. Pas de place pour les hésitations. Ce qui nous lie, ce n’est pas l’amour, ni le désir, mais quelque chose de plus primal, d’indomptable. Un cri, une rage, un besoin de brûler ensemble, jusqu'à n'être plus que des cendres.Je la soulève sans un mot. Elle s'accroche à moi comme si sa vie en dépendait. Ses mains se posent sur mon torse, ses doigts frémissent, s’enfoncent dans ma peau. Je la sens trembler, pas de peur, mais d'excitation. C’est elle qui m’attire, qui me pousse dans cette folie. Chaque fibre de son corps hurle, réclame, désire tout à la fois.Je la dépose sur le lit d’un geste impétueux. Ses yeux ne
LorenzoLe vent de la mer souffle froid, frais contre ma peau. Le bruit des vagues est comme une mélodie ancienne, une chanson que je n’ai jamais entendue avant, mais qui résonne en moi comme si elle m’avait toujours appartenu. Ce matin, il y a une douceur dans l’air, presque irréelle. Comme une promesse, mais une promesse qu’on sait qu’on ne pourra pas tenir.Je suis là, sur ce balcon, seul. Le regard plongé dans l’horizon. Camille n’est pas loin, mais elle m’a laissé ce moment. Ce moment où il n’y a plus de nous, juste moi et le vide du monde. Le vide qu’on essaie tous de fuir, mais qui revient toujours. Parce qu’il n’y a pas de fuite. Il n’y a que l’acceptation.J’ai l’impression de l’avoir cherchée toute ma vie, et quand je l’ai enfin trouvée, je l’ai laissée s’échapper à travers mes doigts, inaperçue, comme une illusion trop fragile. Camille a été ma quête, mon erreur et ma rédemption. Chaque partie d’elle, chaque mouvement, chaque geste que j’ai cru posséder, m’a échappé. Et pou
LorenzoL'aube se glisse silencieusement par les fenêtres, ses rayons effleurant notre peau encore brûlante des fragments de la nuit. L’air est frais, mais il porte encore l’odeur de la chair, de l’intimité. L’odeur de nous. Il y a dans cette lumière douce quelque chose de déconcertant, comme une promesse et une trahison, une invitation à se lever mais aussi à rester, à ne jamais bouger.Je suis allongé sur le dos, mon bras autour de son corps. Elle est là, contre moi, profondément endormie, son souffle encore irrégulier, mais apaisé. Je la regarde, fascinée par la paix qui l’habite, un calme que je ne lui connaissais pas, que je n’ai jamais cru possible.Elle est belle, fragile, humaine. Chaque imperfection, chaque fissure sur son corps est une victoire silencieuse. Une victoire sur tout ce que la vie lui a pris, sur ce que j’ai pris. Et je reste là, figé dans cette vision, comme si l’instant avait une fin, comme si demain était déjà une promesse qu’on ne pourrait pas tenir.Je cares
LorenzoLe silence après l’extase. Il est là. Dense. Chargé. Pas vide — jamais vide avec elle — mais habité de tout ce qui ne s’est pas dit.Je suis encore en elle. Ma joue contre sa tempe. Nos souffles lents, décalés. Elle ne parle pas. Elle ne me repousse pas non plus. Son bras reste enroulé autour de mon dos, ses doigts effleurent distraitement ma peau. Comme si elle essayait de dessiner un mot secret sur mes omoplates.Je me redresse un peu. Je glisse mes lèvres contre sa mâchoire, puis sa bouche. Elle m’embrasse doucement. Ce n’est plus un baiser de désir. C’est un baiser d’après. De ceux qui disent : je suis encore là. Je ne suis pas partie.— Tu pleures ? je demande, sans bouger.Elle secoue imperceptiblement la tête. Mais une larme, pourtant, trace une ligne humide sur sa joue.— Non… Je respire, c’est tout.Je fronce les sourcils. J’effleure sa tempe du bout du nez.— Ça faisait combien de temps que t’avais arrêté ?Elle esquisse un sourire. Triste. Vrai.— Assez pour ne plus
LorenzoElle ne dit rien. Elle ne m’enlace pas, ne me guide pas. Mais elle reste là. Sa main dans la mienne. Et c’est le seul consentement dont j’ai besoin ce soir.Je me relève lentement, comme on sort d’un rêve ou d’un deuil. Chaque mouvement semble soupesé par la peur de réveiller la douleur. Mon corps est lourd, mais quelque chose en moi redevient vivant. Un battement. Un souffle. Une certitude ténue.Son regard ne lâche pas le mien. Pas une seconde. Il est noir de souvenirs, de douleurs, de tempêtes. Mais il est là. Présent. Brûlant. Et dans cette intensité muette, je lis quelque chose d’infiniment fragile. Comme si elle me disait : essaie encore. Mais fais-le bien, cette fois.Je n’ai pas l’habitude qu’on me laisse aimer. J’ai toujours cru qu’aimer, c’était prendre. Enfermer. Posséder. Ce qu’on m’a appris, c’est l’obsession, le contrôle, la peur de perdre. Pas la tendresse. Pas la patience.Mais ce soir, j’ai peur de la casser si je la touche trop vite.Alors je tends la main. D
LorenzoJe n’ai pas dormi. Je ne dors plus vraiment, depuis un moment.Pas depuis que tout a commencé à se fissurer. Pas depuis que Camille a cessé de me craindre.Parce qu’au fond, c’est ça qui m’a toujours tenu debout : le pouvoir. Le contrôle. L’idée que je pouvais contenir le monde dans ma poigne. Mais elle... elle n’a jamais plié. Elle a vacillé, oui. Mais elle est restée là. Même quand je l’ai repoussée. Même quand je l’ai trahie. Même quand j’ai tenté de la briser, pensant que ça la ferait m’aimer davantage, à ma façon. À ma manière tordue et terrifiée.Et maintenant, je suis là. Devant cette porte. Cette frontière entre le chaos que je traîne et la paix que je n’ai jamais su préserver. Je frappe deux fois. Pourquoi deux ? Peut-être pour ne pas paraître désespéré. Peut-être pour ne pas trop espérer.Je n’ai pas de plan. Pas de discours. Pas de mensonge prêt à se poser sur ma langue. Juste une peur sourde. Celle qui prend racine dans les entrailles, et qui murmure : Et si c’étai
CamilleLa nuit est tombée plus tôt que prévu.Ou peut-être que c’est moi qui me suis perdue dans le temps.Dans cette attente sans attente, ce moment suspendu entre deux battements de cœur.Entre ce message et ce qu’il signifie.Entre Lorenzo et ce qu’il est prêt à devenir.Je suis rentrée.Pas chez moi. Chez nous. Enfin, ce qu’il en reste. Ce qu’il pourrait en être, s’il ose.Les murs sont les mêmes, mais ils ne résonnent plus pareil.Ils ont gardé l’écho de nos silences, de nos cris étouffés, de nos regards qui disaient tout ce que nos bouches refusaient d’admettre.Je les effleure du bout des doigts, comme pour m’assurer qu’ils sont encore là, solides, tangibles — alors que tout en moi vacille.J’ai retiré mes chaussures, déposé mon manteau, et je me suis laissée tomber au sol, dos au mur, dans la pénombre du salon.Je n’ai pas allumé. Pas besoin. L’obscurité est douce ce soir. Elle me couvre. Elle m’écoute. Elle ne juge pas.Je sens que tout est en train de basculer.Pas comme un
Lorenzo17h approche.Je suis déjà là.Seul, comme demandé. Mais armé. Pas physiquement. Ce serait grotesque. Ce genre de rencontre, ça ne se règle pas avec un canon sur la tempe. Ça se règle avec les nerfs. Avec ce qui reste d’âme après l’érosion.Julien pense encore que tout ça est un jeu d’échec. Qu’il y a une victoire à obtenir. Une case finale à conquérir.Il croit que j’ai quelque chose à prouver.Il se trompe.J’ai déjà choisi. Ce matin. Quand j’ai brûlé les pages du carnet. Pas toutes. Juste celles qui comptaient. Les noms barrés. Les décisions prises. Ce qu’on ne peut pas dire à voix haute. Ce qu’on confie aux flammes parce qu’elles comprennent mieux que les hommes.J’ai regardé les cendres danser, et j’ai compris.Je ne reviendrai pas en arrière.Pas cette fois.Le parking est vide. Un étage souterrain. Brut, froid, comme les souvenirs qu’on range dans les sous-sols de la mémoire. L’endroit parfait pour une fin. Ou un recommencement.Julien est là. Dos à moi. Comme s’il cont