AerisJe bondis. Mes griffes lacèrent la chair spectrale de la créature, et elle pousse un cri strident avant de se dissoudre en fumée noire. Mais elles sont trop nombreuses. L’une d’elles s’accroche à mon dos, ses serres transperçant ma peau. Une douleur brûlante irradie dans mon épaule. Je rugis et roule au sol pour la déloger, mais une autre surgit dans mon angle mortDamián intervient.Il est rapide, un tourbillon de ténèbres et d’acier. Sa lame traverse la créature d’un geste fluide, et elle explose dans un nuage de cendres. Il m’attrape par le bras et me relève avant que je ne puisse vaciller.— Tiens bon, murmure-t-il.Sa voix est rauque, marquée par l’effort et la douleur, mais elle est aussi un ancrage. Une promesse.Je me redresse, mes muscles hurlant leur protestation, et nous faisons face ensemble aux monstres qui nous encerclent.Le combat dure une éternité. Chaque seconde est une lutte pour rester en vie. Mon corps est couvert de coupures, mes forces s’amenuisent, et pou
AerisLes mots résonnent en moi comme une sentence."J’étais le bourreau."Je fixe Damián, cherchant dans son regard une contradiction, un mensonge, quelque chose qui pourrait me prouver qu’il ne s’agit que d’une ruse, d’une manipulation d’Eryon. Mais il ne nie pas. Il ne cherche même pas à se défendre.Son silence est un aveu.— Qu’est-ce que ça signifie, Damián ? demandé-je, la gorge nouée.Son regard sombre se détourne légèrement, comme s’il ne supportait pas de me voir ainsi.— Ça signifie exactement ce que tu as entendu, répond-il d’une voix rauque. J’étais le bourreau de notre clan. Celui qui exécutait les traîtres, les dissidents… et ceux que l’on jugeait indignes de notre lignée.Un frisson glacé me parcourt.Je savais qu’il avait du sang sur les mains, que son passé était couvert d’ombres, mais jamais je n’aurais imaginé cela.— Combien ? murmuré-je, ma voix tremblant malgré moi.Son regard s’assombrit encore.— Trop, dit-il simplement.— Oh, bien plus que ça, intervient Eryo
AerisMon souffle est court, ma gorge en feu.Je suis encore à genoux, le corps tremblant sous l’effet du pouvoir qu’a déchaîné Damián. J’ai vu ses yeux, cette lueur abyssale qui ne laisse place à aucun doute. Quelque chose en lui s’est réveillé. Quelque chose d’ancien, de terrible.Eryon se relève lentement, une expression fascinée sur le visage.— Voilà le Damián que j’ai toujours connu, murmure-t-il avec satisfaction.Damián ne répond pas. Il reste immobile, les poings serrés, ses yeux noirs comme une nuit sans étoiles.Je veux parler. Je veux lui dire quelque chose. Mais les mots ne viennent pas.Parce que j’ai peur.Pas de Damián.Mais de ce qu’il pourrait redevenir.— Qu’est-ce que tu veux réellement, Eryon ? craché-je, ma voix encore rauque d’avoir été privée d’air.Il me regarde, amusé.— Uniquement ce qui lui appartient.Son regard revient sur Damián, un sourire narquois sur les lèvres.— Tu ressens cette puissance, pas vrai ? Ça fait du bien, n’est-ce pas ? Ne mens pas, frèr
AerisLa douleur est insupportable.Chaque voix qui s’élève autour de moi lacère mon esprit, chaque regard accusateur est une lame enfoncée dans ma chair. Ces âmes torturées ne sont pas seulement des illusions. Elles sont réelles.Elles ont existé.Elles ont souffert.Elles sont mortes sous les mains de Damián.Et elles ne me laisseront pas oublier.— Tu crois qu’il peut t’aimer ? ricane une femme au visage décomposé, ses orbites vides brûlant d’un feu spectral.— Il est incapable d’aimer, souffle un homme au torse déchiqueté.— Il te détruira comme il nous a détruits.— Il n’est que sang et ténèbres.— Un monstre.Le mot résonne dans mon crâne, encore et encore, jusqu’à ce qu’il ne reste que ça.Un monstre.Damián est un monstre.Mais alors… pourquoi mon cœur refuse-t-il de le condamner ?Pourquoi une part de moi lutte-t-elle contre cette vérité implacable ?Je ferme les yeux, essayant de faire taire les voix.Ce n’est qu’une illusion. Ce n’est qu’une illusion.Mais non.C’est bien r
AerisSon regard s’assombrit, une lueur dangereuse dans ses prunelles.— Tu es vraiment un monstre, murmure-t-elle.Je capture son poignet, attirant son corps contre le mien.— Et pourtant, tu es toujours là.Ses lèvres tremblent, et je peux sentir son cœur battre à un rythme affolé.Elle le sait.Je le sais.Ce que nous sommes l’un pour l’autre dépasse l’entendement.Nous sommes la tempête et la mer.Le feu et la nuit.Unis, inéluctablement.— Aeris, soufflé-je.Elle ferme les yeux.— Je te hais.Je souris.— Moi aussi.Puis, je m’empare de ses lèvres.Ses lèvres brûlent contre les miennes, une morsure de ténèbres qui m’aspire tout entière. Il n’y a plus d’illusions, plus de cauchemars, plus de souvenirs macabres. Il n’y a que lui.Ses doigts se referment autour de ma taille, m’écrasant contre son corps. Mon souffle se brise sous l’intensité de son baiser, un baiser qui n’a rien de tendre. Il est brutal, exigeant, marqué par la faim et la rage.Ma main monte, s’accroche à ses cheveux
AerisJe sens encore le poids de son regard, la morsure brûlante de son baiser sur mes lèvres. Mon corps tremble, pas seulement à cause du froid, mais à cause de cette fièvre étrange qui s’insinue en moi à chaque fois qu’il s’approche.Je devrais le repousser. Je devrais fuir.Mais mes pieds restent ancrés dans le sol.— Tu ne me laisseras jamais partir, n’est-ce pas ? ma voix est basse, mais ferme.Damián esquisse un sourire sans joie.— Non.Un frisson glisse le long de ma colonne vertébrale. Pas de mensonge. Pas de faux espoirs. Juste la vérité brute, cruelle.Je ferme les yeux un instant, essayant d’ignorer le poids de son emprise sur moi.Quand je les rouvre, sa silhouette semble encore plus imposante, son ombre s’étendant jusqu’à moi comme une promesse silencieuse d’un destin auquel je ne peux échapper.— Que comptes-tu faire de moi, Damián ?Il s’approche lentement, réduisant la distance entre nous.— Te garder.Son ton est d’une évidence terrifiante.— Et si je me débattais ?
DamiánElle ne s’éloigne pas.Je le vois dans la tension de son corps, dans cette lutte silencieuse qu’elle mène contre elle-même. Elle veut me haïr, elle veut me repousser. Mais une part d’elle, une part qu’elle refuse d’admettre, sait que c’est inutile.Je la possède déjà.— Aeris…Je murmure son nom comme une prière interdite, mon regard accroché au sien. Ses lèvres sont légèrement entrouvertes, son souffle court. Je vois la lutte dans ses yeux, ce dernier rempart qu’elle tente désespérément de maintenir.Je pourrais la briser en un instant.Je pourrais lui voler son dernier espoir de résistance.Mais ce n’est pas ce que je veux.Je veux qu’elle vienne à moi d’elle-même.Je veux qu’elle comprenne que nous sommes liés, inexorablement.Alors je recule légèrement, laissant une fraction de distance entre nous. Juste assez pour qu’elle ressente l’absence, pour qu’elle réalise qu’elle ne veut pas que je parte.Et lorsque ses doigts tremblants se referment instinctivement sur mon poignet,
AerisLa porte claque derrière Damián et Ravnos, me laissant seule dans la chambre, le souffle encore court. Mon corps frissonne sous l’effet résiduel de sa proximité, de son regard brûlant, de cette tension insoutenable qui menace de me briser à chaque instant.Je serre les poings.Je ne peux pas rester là, passive.Je me lève brusquement, jetant un regard vers la fenêtre. La nuit est profonde, insondable, une mer d’ombres mouvantes qui m’attire autant qu’elle me terrifie. Damián a laissé entendre que Ravnos n’était pas un simple visiteur. Et je veux savoir ce qu’il veut.Sans hésiter, j’ouvre doucement la porte et me glisse hors de la chambre.Les couloirs du château sont silencieux, mais ce silence est trompeur. Je sens les ombres frémir autour de moi, un frisson d’énergie surnaturelle qui rend l’air lourd et étouffant.Je m’avance lentement, longeant les murs, attentive au moindre bruit.Puis, des voix résonnent au loin.Je m’arrête net.Damián et Ravnos.Je m’approche encore, me
AerisLes jours passent, mais une nouvelle lumière semble envahir ma vie. Damián et moi, nous avons traversé tant de turbulences, tant de doutes, que l'idée d'une paix durable semblait presque inatteignable. Pourtant, il est là, à mes côtés, et pour la première fois depuis longtemps, je ressens la chaleur d’un amour qui ne me fait pas peur. Un amour sincère, débarrassé de manipulations, de mensonges et de trahisons. Un amour que nous avons construit patiemment, dans l’ombre de notre passé, mais avec la volonté de ne jamais retourner à ce qui nous a brisés.Je me tiens face à lui, les yeux emplis d'émotion, en voyant l'homme qu'il est devenu. Il n'est plus le seigneur cruel qui a décidé de ma destinée, ni celui qui a cru que la manipulation était le seul moyen de m'approcher. Il est simplement Damián, l’homme qui m’a montré que même les âmes perdues peuvent se retrouver.Je me rappelle de ces moments où je croyais que l’amour ne pouvait exister entre nous, où je croyais que nous n’étio
AerisJe me suis longtemps demandé si l’amour pouvait réellement être une force assez puissante pour briser les chaînes de la douleur, pour effacer les cicatrices du passé. Mais chaque jour qui passe à ses côtés, je réalise que la réponse n'est pas aussi simple. Damián est une contradiction. Il est l'homme qui m'a donné des promesses d'éternité, mais qui a aussi brisé tout ce que j'avais cru connaître du monde. Son amour est aussi intense que ses secrets, aussi profond que ses mensonges.Nous sommes là, dans l’obscurité d’une chambre qui respire encore la tension de nos derniers échanges. La lumière tamisée filtre à peine à travers les rideaux, et je suis perdue dans l'abîme de mes pensées. Est-ce que je devrais lui donner une chance ? Peut-être qu'il a changé, peut-être qu'il est capable de m'aimer véritablement. Mais à chaque pensée qui effleure mon esprit, je me rappelle de tout ce qu'il a fait. Je me rappelle des mensonges, de la manipulation, de cette sensation de me retrouver to
DamiánLe silence entre nous est lourd, presque palpable. Je peux sentir sa respiration irrégulière contre mon épaule, un murmure d’émotions qui cherche à s’échapper, mais se heurte à l’indécision. Aeris, cette femme complexe et belle, me brise à chaque instant. Elle est une énigme que je n’ai jamais pu résoudre, et je commence à douter si je veux réellement en connaître la solution. Elle a le pouvoir de m’échapper, de faire vaciller tout ce que j’ai construit, et pourtant, je suis incapable de me détourner d’elle.Elle pleure, et c’est moi qui ai causé cette douleur. Pas par malice, mais par la nécessité de mes choix. J’ai manipulé les fils de sa vie pour que ses yeux restent fermés, pour qu’elle ne voie pas la réalité de ce que j’étais, de ce que j’ai dû devenir pour survivre dans ce monde où tout est jeu de pouvoir et de manipulation. Et maintenant, tout ce que je peux faire, c’est la tenir, l’apaiser, espérer que l’amour que j’ai pour elle soit suffisant pour guérir les blessures
AerisJe suis assise dans l’obscurité de ma chambre, seule avec mes pensées. La lumière tamisée des bougies dansantes ne parvient pas à apaiser l’angoisse qui me ronge. Les échos de la bataille contre mon ombre résonnent encore en moi, mais ce n’est pas cela qui me tourmente. C’est la conversation que j’ai eue avec Damián, quelques instants après la défaite de l’entité obscure.Il m’a dit des choses que je n’ai pas voulu entendre, des vérités qui me frappent de plein fouet, et je ne peux les ignorer. Des vérités sur lui. Sur nous. Des révélations sur ce qu’il a vécu, sur les sacrifices qu’il a faits et sur les choix qu’il a dû prendre pour arriver là où il est aujourd’hui.Je me suis sentie envahie par un tourbillon d’émotions contradictoires, et il a vu l’hésitation dans mon regard. Il a vu cette étincelle de doute que je croyais cachée. Comment ne pas être bouleversée par les révélations qu’il m’a faites sur son passé, sur ses actions, sur les vies qu’il a prises pour s’assurer sa p
AerisL’énergie dans l’air vibre autour de moi, une chaleur presque insupportable qui semble brûler chaque particule de ma peau. La lumière que j’ai invoquée dans mes mains pulse, elle aussi, comme un cœur battant. J’ai senti la puissance, cette magie ancienne et sauvage qui me traverse, se mêlant à l’essence même de mon être. Ce n’est pas seulement de la magie. C’est la manifestation de tout ce que je suis devenue, tout ce que j’ai vécu.Et pourtant, face à l’ombre de moi-même, je me sens vulnérable, comme une petite flamme fragile face à un océan de ténèbres. Mais je refuse de reculer. Je refuse de laisser cette version déformée de moi m’envahir, de laisser cette obscurité détruire ce que j’ai construit avec Damián.Le sourire de la créature se tord, se fait plus menaçant. "Tu penses vraiment pouvoir m’échapper ? T’es-tu jamais demandé pourquoi tes ténèbres te suivent ? Pourquoi elles semblent toujours être un pas devant toi, comme une ombre qui ne se dissipe jamais ?" Sa voix, d’ab
AerisLa lumière vacille autour de nous, à peine suffisante pour dévoiler les contours du monde qui s’étend devant nos yeux. Les ténèbres ont été repoussées, mais l’air reste lourd, saturé de cette aura magique étrange. Le sol, autrefois solide et sûr, se transforme sous nos pieds en un terrain instable, fissuré, comme si le monde lui-même tentait de se rebeller contre notre victoire.Je me relève lentement, mes jambes encore tremblantes sous le poids de ce que nous venons de traverser. Le souffle m’arrache la gorge, une douleur sourde au creux de l’estomac. Ce n’est pas seulement la magie qui m’a épuisée. C’est cette bataille, cette guerre contre des ombres que nous pensions pouvoir contrôler. Nous avons gagné, oui, mais à quel prix ?Damián se tient à mes côtés, son regard sombre perdu dans l’horizon brisé. Il semble si distant, comme si la lutte de ce soir avait ouvert une brèche dans son âme. Pourtant, il ne dit rien, comme toujours, préférant le silence à tout autre moyen d’expre
AerisLes ténèbres s’enroulent autour de nous, une couverture oppressante qui nous emprisonne, nous étouffe presque. La créature – l’écho de notre malédiction – se tient toujours devant nous, comme un point d’ancrage dans cet univers déchiré. Tout ce que nous connaissions du monde semble désormais fragile, déformé. La réalité elle-même se plie sous le poids de sa présence. La magie, cette force qui m’a toujours traversée, s’agite en moi, mais elle est plus sombre, plus instable. Ce n’est plus une magie de lumière ou de protection. C’est une magie primitive, brute, prête à se libérer.Je ressens la douleur de ce monde brisé. Mais aussi une soif de vengeance. J’ai tout perdu. Nous avons tout sacrifié. Nous ne pouvons pas céder maintenant.Damián, à mes côtés, son regard fixe sur la créature, semble aussi déterminé que jamais. Son corps est tendu, prêt à réagir à chaque mouvement. Mais même lui, cet être immortel, semble conscient de la dangerosité de ce que nous affrontons. Nous avons d
AerisL’air autour de nous vibre, un tremblement qui résonne jusque dans mes os. La créature – ce que nous avons éveillé en brisant la malédiction – s’avance, ses pas résonnant comme des coups de marteau sur le sol. Chaque mouvement qu’elle fait semble distordre la réalité elle-même, tordant l’espace, déformant le temps. C’est comme si le monde était en train de se réécrire autour de nous, que chaque instant était une toile qui se déchirait, exposant des ombres que nous n’aurions jamais dû voir.Je serre mes poings, tentant de repousser la terreur qui m’envahit. Damián se tient là, devant moi, implacable, prêt à tout pour me protéger. Mais je sais que ce que nous affrontons aujourd’hui ne peut être vaincu par la simple force. Nous avons franchi une limite, et nous ne savons pas jusqu’où cette limite nous mène.La créature s’arrête à quelques pas de nous, son visage à peine visible dans la lumière de ce monde en déliquescence. Un sourire, mais ce n’est pas un sourire humain. C’est un r
AerisL’instant où la lumière s’est dissipée, où la magie s’est finalement apaisée, me semble irréel. Le monde autour de nous semble plus vaste, comme si une partie de la réalité elle-même avait été modifiée. Mes pieds frôlent le sol, mais je n’ai plus la sensation de tout maîtriser. Il y a une étrange lourdeur dans l’air, un souffle lourd qui pèse sur mes épaules. Mais Damián est là, toujours à mes côtés, sa présence rassurante. Et c’est tout ce qui compte.Je suis épuisée. La magie que j’ai invoquée pour briser notre malédiction, notre immortalité, m’a épuisée bien plus que je ne l’aurais imaginé. Chaque cellule de mon corps hurle de douleur, chaque fibre de mon être demande du repos, mais quelque chose en moi refuse de céder. Nous avons franchi une frontière, mais une autre nous attend, plus insidieuse, plus dangereuse encore.Damián me soutient avec une délicatesse presque inattendue, vu l’homme qu’il est. Ses bras m’enveloppent, me réconfortent, mais je sais que la route ne sera