Le regard d'Élodie s'est illuminé d'un sourire, sa voix débordant d'assurance.Face à cette réplique cinglante, le visage de Sophie s'est décomposé davantage : « Justine, Camille, on s'en va ! »« Restez là. »Le ton d'Élodie était glacial. Elle a fixé le petit groupe : « Il me semble que je ne vous ai pas autorisées à partir. »« Élodie, Sophie a décidé de laisser tomber. Qu'est-ce que tu veux de plus ? »Élodie a jeté un regard au plateau renversé, puis s'est adressée à elles : « On ne vous a jamais appris que ça ne se fait pas de gaspiller la nourriture ? C'est comme ça que vos parents vous ont élevées ? »Camille s'est avancée avec un rictus méprisant : « Ne joue pas les saintes. Tout le monde sait que les Mercier sont à deux doigts de la banqueroute. Sans l'alliance avec les Moreau, vous n'êtes plus rien. Une héritière qui survit uniquement grâce à M. Moreau, de quel droit te permets-tu de prendre des grands airs ? »Camille a balayé du regard la foule qui s'était formée au
Une voix calme et posée s'est élevée de la foule. En voyant Hugo, tout le monde s'est écarté précipitamment, lui laissant un passage libre.Qui ne connaissait pas Hugo Legrand, professeur titulaire à la Fac d'Éco ? C'était aussi l'un des plus grands investisseurs de l'établissement. Chaque année, il faisait des dons d'au moins huit chiffres à l'université. Et comme il aimait enseigner, l'administration l'invitait constamment à donner des conférences. À l'université, Hugo était une véritable star. Et à l'extérieur, il dirigeait le puissant groupe Legrand. Même leurs pères, s'ils avaient été présents, se seraient adressés à lui respectueusement en l'appelant « M. Legrand ».En apercevant Hugo, le visage de Justine s'est décomposé : « Prof... Professeur Legrand... »Hugo a baissé les yeux vers la nourriture éparpillée sur le sol et a dit avec un calme glacial : « La famille Dubois semble avoir un appétit vorace. Cherchez-vous également à renverser les affaires de ma famille ? »« Non,
À ce moment-là, une nouvelle rumeur a traversé la foule.« C'est M. Moreau ? Qu'est-ce qu'il fait ici ? »« C'est bien lui ! Avec ses gardes du corps en plus ! »...De nombreux étudiants se sont précipités dehors pour observer la scène.Victor descendait d'une limousine, escorté par six hommes en costume noir.Il portait un costume taillé sur mesure avec l'écusson des Moreau à la boutonnière. Ses traits d'une finesse remarquable et ses yeux en amande si profonds qu'un seul regard suffisait pour s'y perdre. Toute sa personne dégageait une aura intimidante qui maintenait naturellement les gens à distance.En l'apercevant, les yeux de Justine et Camille se sont illuminés.« C'est vraiment lui ! Il est sûrement venu chercher Sophie ! »« Évidemment ! Pour qui d'autre serait-il là ? Pour Élodie peut-être ? »Tout le monde savait que Victor Moreau ne supportait pas Élodie. D'habitude, il l'ignorait royalement, alors pourquoi se déplacerait-il spécialement pour elle ?Sophie a décl
En voyant Victor en colère, Justine et Camille ont échangé un regard complice, savourant chacune la satisfaction évidente qui se lisait dans les yeux de l'autre.Même si cet homme n'aimait pas sa fiancée, il ne supporterait jamais de la voir en compagnie intime d'un autre homme.Cette fois, Élodie ne pourrait plus jouer les saintes-nitouches devant elles !Seule Sophie observait Victor avec une inquiétude grandissante.Victor... qui n'avait jamais daigné venir chercher Élodie à la fac auparavant, qui n'avait jamais déployé autant de moyens pour la retrouver.Se pourrait-il que... qu'il ressente vraiment...Sophie a pincé ses lèvres, refusant de poursuivre cette pensée. J'espère que je me fais des films, s'est-elle dit intérieurement.Pendant ce temps, dans un restaurant chic près du campus...Élodie contemplait la table garnie de plats raffinés : « M. Legrand, ils ont renversé votre repas, alors pourquoi est-ce moi qui paie l'addition ? »Hugo, assis en face d'elle, a pris u
« Oui, Monsieur ! »La troupe a emboîté le pas à Victor qui se dirigeait d'un pas déterminé vers La Baleine Bleue.En un éclair, l'entrée de l'université s'est retrouvée noire de monde.« Pourquoi tout ce attroupement ? »« Tu n'es pas au courant ? M. Moreau est parti chercher sa fiancée ! Il paraît que Mlle Mercier serait en rendez-vous galant avec le professeur Legrand ! »« Sans blague ? Vu les principes rigides des Moreau, cette pauvre fille est finie... »...À l'intérieur du restaurant...Élodie portait à peine son verre d'eau pétillante à ses lèvres quand les gardes du corps ont fait irruption, invitant courtoisement mais fermement les autres clients à quitter les lieux.Elle a froncé les sourcils.Victor est entré, suivi de sa garde rapprochée.Élodie a songé avec ironie que, heureusement, l'établissement était assez vaste pour accueillir tout ce déploiement de forces.Victor a balayé du regard Hugo, puis Élodie qui se prélassait, nonchalante, contre le dossier de sa
Elle n'avait jamais oublié ce jour où, dans sa vie précédente, pour la première fois, elle avait surpris Victor et Sophie dans une telle intimité. Il s'était approché d'elle et lui avait dit : « Puisque tu as accepté d'être ma fiancée, tu dois t'y préparer entièrement. Ne te mêle jamais de mes affaires. Ton seul devoir est de tolérer. »Ces mêmes paroles, Élodie les lui restituait maintenant mot pour mot.Comme prévu, le visage de Victor s'est progressivement durci, son regard sur Élodie se chargeant de fureur contenue.« Élodie, même si tu tiens à batifoler avec Hugo Legrand, tu devrais au moins respecter les convenances ! Tu as giflé quelqu'un, humilié Sophie devant toute la faculté ! Tu ne trouves pas que tu vas trop loin ? »« Ce qui est fait est fait, M. Moreau. Qu'attendez-vous de moi exactement ? »« Que tu présentes tes excuses à Sophie et à ses amies devant tout le campus. Est-ce si compliqué à saisir ? »Face à Victor qui prenait aveuglément le parti de Sophie, Élodie a
« Tu... »Le visage de Victor s'est assombri davantage.Élodie s'est tranquillement rassise et a soutenu son regard : « Je vous en prie, M. Moreau. »« Élodie, mesure bien tes paroles. »« J'ai parfaitement mesuré mes paroles, Victor. »Élodie lui a adressé un sourire poli mais ferme : « Comme vous l'avez si justement fait remarquer, nous sommes le jour de la Saint-Valentin, une fête que les amoureux célèbrent ensemble. Vous devriez être auprès de Sophie plutôt que de vouloir me ramener. Ce serait dommage qu'elle se méprenne en vous voyant ici. »« Très bien, Élodie. N'oublie pas ce que tu viens de dire ! »Sur ces mots, Victor a fait volte-face et a quitté le restaurant avec son escorte.À l'extérieur, Paul a manifesté son inquiétude : « Monsieur, Mlle Mercier refuse de venir avec vous. Comment allons-nous justifier cela auprès de Madame votre grand-mère ? »« Enquête sur cette marque sur le visage d'Élodie. Je veux savoir ce qui s'est réellement passé. »Victor avait les so
« Si Mlle Mercier accepte de nous accompagner, c'est parfait. »Paul s'est incliné avec courtoisie : « Mademoiselle, si vous voulez bien me suivre. »Élodie comprenait parfaitement l'anxiété de Colette.Après tout, l'échéance pour l'entreprise arrivait demain. Sans l'investissement de Victor, la famille Mercier sombrerait définitivement dans la faillite.Victor en était certainement conscient, lui aussi.Élodie a acquiescé : « Très bien, je viens. »Paul s'est écarté pour lui permettre de monter dans la voiture.En voyant Élodie s'installer dans le véhicule, le sourire servile de Colette s'est transformé en un rictus méprisant.« À quoi bon faire semblant ? Elle finit quand même par monter dans sa voiture. »Vingt minutes plus tard, dans la demeure des Moreau...Paul a guidé Élodie jusqu'à l'entrée.À peine avait-elle franchi le seuil que des sensations familières l'ont assaillie.Dans sa vie antérieure, elle s'était épuisée comme une domestique dans cette maison, s'humilia
« Quelle étrange domestique tu fais. »Élodie a dit : « Je n'ai été invitée par M. Moreau qu'hier. Pourquoi aurais-je coupé les caméras sans raison ? Même si j'ai vécu trois mois dans cette maison, je ne suis pas une employée de la famille Moreau. Comment saurais-je où se trouve le panneau de contrôle des caméras ? Par contre, toi, aujourd'hui, tu sembles être la seule à travailler ici, n'est-ce pas ? Et puis, en tant que jeune femme de bonne famille, quel intérêt aurais-je à te calomnier ? »« Ce n'est pas moi ! Ce n'est pas moi ! »Sylvie s'est empressée d'expliquer à Victor : « Monsieur ! Elle m'accuse injustement ! »« Ça suffit ! »Victor a froncé les sourcils.Il n'ignorait pas que le personnel de la maison Moreau maltraitait Élodie en secret.Mais il n'avait jamais pris la peine de la défendre.Il espérait même que ces difficultés finiraient par la décourager.Cette fois, cependant, Sylvie était allée trop loin.Victor a dit froidement : « La maison Moreau n'a pas beso
« De quoi parlez-vous, M. Moreau ? »Élodie a regardé Victor avec un air parfaitement innocent : « Je prends tranquillement ma douche, et c'est vous qui faites irruption. En quoi est-ce ma faute ? »« Tu... »Victor a contemplé Élodie.Elle se tenait là, enveloppée dans sa serviette, ses longues jambes blanches et élancées exposées, ses cheveux mouillés cascadant sur une épaule, des gouttelettes d'eau brillant encore sur ses clavicules, d'une séduction irrésistible.Remarquant le regard de Victor sur elle, Élodie a remonté légèrement sa serviette : « Vous désiriez quelque chose ? »« Qui t'a permis de déchirer l'uniforme ? »Face à cette accusation, Élodie a demandé avec une expression innocente : « Quel uniforme déchiré ? De quoi parlez-vous ? »« Élodie, arrête ton cinéma. »Victor a lancé froidement : « Pourquoi as-tu déchiré ces vêtements ? Pour me défier ? Ou pour attirer délibérément mon attention ? »« Je ne comprends vraiment pas de quoi vous parlez. »Élodie a feint
*Clac !*Une gifle cinglante s'est abattue sur la joue de la domestique.Celle-ci, la main plaquée sur sa joue rougie, a affiché un visage décomposé.Élodie a dévisagé froidement cette jeune femme séduisante : « Sylvie, c'est bien ça ? Puisque tu m'appelles 'Mlle Mercier', tu dois connaître mon statut. Qui t'a autorisée à m'appeler par mon prénom ? »« Toi ! »Sylvie, forte de son ancienneté chez les Moreau et fière de son joli minois, n'avait jamais considéré Élodie comme quelqu'un d'important.Elle avait été témoin de l'humiliation d'Élodie dans cette maison par le passé.Élodie se rappelait que, dans sa vie antérieure, Sylvie lui avait plusieurs fois donné de mauvais conseils, la faisant passer pour une idiote devant Victor.Aujourd'hui, voyant Sylvie se pavaner devant elle, Élodie n'était plus disposée à se laisser faire.« Mlle Mercier, je reste une employée de la maison Moreau ! Me frapper, c'est insulter M. Moreau ! Je vais tout lui raconter ! Vous avez découpé les vête
« Les hommes qui papillonnent, c'est la chose la plus naturelle du monde. Et les femmes, elles, doivent savoir se contenter de ce qu'elles ont. »Quelle logique tordue !« Je veux bien faire comme si je n'avais rien vu aujourd'hui. Va régler cette affaire. »Puis, comme si elle venait de se rappeler quelque chose, Mme Moreau a ajouté : « Au fait, tu as pris une année sabbatique, n'est-ce pas ? »« Oui. »« Puisque tu as déjà interrompu tes études, ne te préoccupe plus des affaires de l'université. »Mme Moreau a poursuivi : « En tant que future Mme Moreau, même sans mettre les pieds en cours, ton diplôme te tombera dans les mains tout seul. »« Madame... »« Occupe-toi de ça. Tu n'as qu'à réfléchir à comment conquérir le cœur de Victor, pour le reste, rien ne mérite ton attention. D'ailleurs, tu es sur le point de te marier, continuer tes études te rendrait ridicule. »Le ton de Mme Moreau ne souffrait aucune contestation.Élodie, même mécontente, devait acquiescer.Sans la
« Madame ! »Le visage de Nicolas est devenu livide.Après tant d'années au service de Mme Moreau, s'il lui était déjà arrivé de faire des gaffes, c'était la première fois qu'elle le sanctionnait aussi durement !« Madame, c'était juste un dérapage verbal ! Je voulais seulement... »« Faites-le sortir. »Madame Moreau n'a même pas daigné lui jeter un regard. Ses hommes de main l'ont relevé et l'ont entraîné dehors.Jusqu'à présent, Élodie n'avait connu que le visage bienveillant de Mme Moreau, jamais son côté impitoyable.Peut-être avait-elle toujours été ainsi, ne montrant qu'une façade de bonté aux étrangers.Car une personne véritablement bienveillante aurait-elle viré un employé fidèle pour une simple maladresse ?« Élodie, je t'ai fait venir aujourd'hui pour te demander si tu étais au courant de ce qui circule dans la presse ? »« De quoi parlez-vous exactement, Madame ? »Élodie a feint la surprise en regardant Mme Moreau.Celle-ci lui a tendu son téléphone, où s'affi
Réalisant la gravité de la situation, le chauffeur est immédiatement remonté en voiture pour rattraper Élodie.En voyant le chauffeur la poursuivre frénétiquement, Élodie s'est contentée d'un sourire glacial.Quand les patrons sont trop conciliants, leurs employés en profitent et dépassent les bornes.Elle était tout de même l'héritière des Mercier, une invitée, et ce chauffeur n'était qu'un employé qui se permettait d'être aussi impoli envers une invitée de son patron.Avant, elle ravalait sa fierté.Cette fois-ci, elle ne tolérerait plus ce genre de comportement.Rapidement, le taxi s'est arrêté devant le portail de la résidence Moreau.Mme Moreau avait déménagé, et bien que ce ne soit pas la demeure principale des Moreau, c'était tout de même une villa dans un quartier résidentiel huppé.Quand elle a aperçu Élodie descendre d'un taxi par la fenêtre, Mme Moreau a fait la grimace : « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? N'avais-je pas envoyé Nicolas la chercher ? Où est-il
C'est à ce moment que le chauffeur a remarqué l'absence de sourire dans les yeux d'Élodie.Le cœur du chauffeur a fait un bond, mais il s'est vite rassuré.Cette héritière des Mercier n'était pas si impressionnante après tout, n'était-elle pas complètement sous l'emprise de leur patron ?« Mlle Mercier, ne croyez pas que plaire à Mme Moreau suffira. Notre patron déteste les héritières avec trop de caractère ! Mlle Laurent, elle, est douce et élégante. Si vous ne faites pas d'efforts, la place de Mme Moreau pourrait bien vous échapper ! »Le chauffeur savait qu'Élodie tenait par-dessus tout à devenir Mme Moreau et craignait Sophie.Sinon, pourquoi aurait-elle imité Sophie pour plaire à Victor ?Se croyant en position de force, le chauffeur a été pris au dépourvu quand Élodie a ordonné froidement : « Arrêtez la voiture ! »Cette injonction a fait que le chauffeur a pilé net.« Mlle Mercier, vous... »Avant même qu'il ne puisse terminer sa phrase, Élodie était déjà descendue.Le
En entendant Victor prendre la défense d'Élodie, le visage de Sophie s'est assombri.Sophie avait toujours été témoin de la façon dont Victor détestait Élodie.Non seulement il ne prenait jamais sa défense, mais c'était déjà un miracle quand il ne l'humiliait pas.Comment se faisait-il maintenant que...Se pourrait-il que Victor veuille vraiment épouser Élodie ?De son côté, Lucie, voyant que personne ne les poursuivait, a enfin poussé un soupir de soulagement. Elle s'est tapotée la poitrine : « Ouf ! Heureusement qu'ils ne nous ont pas suivies ! Ce Victor fait vraiment flipper ! Pourquoi ramener toute une armée ? On se serait cru dans un film policier. »Puis, se tournant vers Élodie, elle l'a réprimandée : « Et toi alors, pourquoi lui faciliter la tâche ? Tu aurais dû laisser Sophie et Victor se prendre la tête. Maintenant, on te fait passer pour une aguicheuse qui copie les autres pour séduire M. Moreau. Franchement, tu n'y gagnes rien. »« Je ne l'ai pas fait pour Victor, ma
Sur ces mots, Sophie est entrée dans le bâtiment A, entourée de Justine et Camille.Le hall était rempli de gardes du corps du groupe Moreau.Justine a aperçu Victor et lui a fait signe : « M. Moreau ! »Victor a froncé les sourcils et s'est retourné, découvrant Sophie qui venait d'apparaître non loin.Au même moment, Sophie a enfin vu Élodie face à Victor.En voyant Victor tenir fermement le bras d'Élodie, Sophie a soudain pâli.« Élodie ? Comment se fait-il que... »Le visage de Justine s'est également décomposé. Elle a échangé un regard avec Camille.Elles pensaient que Victor était venu pour Sophie, qui aurait imaginé qu'il cherchait en fait Élodie ?L'atmosphère au rez-de-chaussée est devenue extrêmement tendue.« Victor... que se passe-t-il ? »Sophie a demandé, réprimant difficilement son mécontentement.Élodie a dégagé son bras de l'emprise de Victor : « M. Moreau, vous n'êtes pas venu chercher Mlle Laurent ? Elle est là maintenant, je vais donc m'en aller. »Sur c