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— Tu es quoi ? Une sorte de monstre multi-vagin ?

J'étais sûre qu'elle ne voulait pas me mettre en colère, mais elle l'a fait. Surtout contre moi-même, puisque mes compagnons ont effectivement essayé de m'arrêter, mais j'étais plus têtue qu'une mule. Ça, et aucun d'entre nous n'était aussi bizarre que le roi des suceurs de sang là-haut. Néanmoins, j'avais besoin d'informations de sa part. — Oui. J'en ai deux, ai-je dit sarcastiquement en levant les yeux au ciel. Qu'est-ce que tu en sais ? Je ne vois pas ton compagnon dans les parages.

— Aucun pour moi. Ma meute choisit les compagnons pour nous. Je venais juste d'avoir dix-huit ans quand les vampires m'ont enlevée de ma meute. En fait, il a pris toutes les femelles de la meute et a massacré le reste. Même si je voulais un compagnon, il ne reste plus de mâles.

Mon estomac s'est retourné et la rage a envahi ma bouche. Si j'avais eu la moindre force, j'aurais recommencé à marteler les barreaux de mes poings.

Ce connard d'Hector était une énigme pour moi. Il n'aimait clairement pas les métamorphes puisqu'il mettait constamment des contrats sur leurs têtes, mais en même temps, il aimait garder des femelles métamorphes ici pour assouvir ses pulsions. La perversité du Roi Vampire était profonde.

— Il a l'habitude de décimer des meutes, hein ?

Un de ses sourcils couleur blé se haussa.

— Ouais, on peut dire ça. Il devrait juste... Elle s'interrompit et m'attrapa le bras, plaçant un de ses doigts crasseux sur ma bouche en écarquillant les yeux.

— Qu'est-ce que tu...

— Chut ! Elle me coupa d'un sifflement juste au moment où le bruit de pas commença à résonner de plus en plus près.

Elle garda sa main serrée sur mon bras jusqu'à ce que le garde soit passé. Il jeta un bref coup d'œil dans la cellule mais sifflotait surtout pour lui-même en continuant sa ronde. Au bout du couloir, il fit demi-tour et revint. Finalement, quand les pas ne furent plus qu'un murmure, elle me lâcha. — Ils le diront à Hector si on parle. On doit faire attention.

J'acquiesçai et me tournai pour m'essuyer le visage. — Que disais-tu à propos d'Hector et de l'élimination des meutes ?

— C'est son truc. C'est comme un de ces jeux de conquête en vrai. Il utilise ces vampires assassins pour s'infiltrer et avant que la meute ne s'en rende compte, il a obtenu ce qu'il voulait et les a tués avant qu'ils ne puissent protester. Il a une sorte de vieille rancune contre les métamorphes qui date de plusieurs siècles. Un loup lui aurait volé sa femme il y a longtemps ou un truc du genre.

Mon estomac se noua. Je crois que j'avais une idée de qui était ce loup voleur de femme. Bien que ce ne fût pas il y a des siècles... plutôt il y a vingt ans.

Ce n'était pas la seule chose qu'elle avait dite qui m'avait frappée.

— Des vampires assassins ? demandai-je en me rapprochant malgré l'odeur. Je connaissais trois vampires assassins mais je gardais l'information pour moi.

— Ouais, j'ai oublié leurs noms. Il y en a trois. Ils roulent à moto et font toutes sortes de meurtres. Reginald en est un. Il ressemble à une putain de statue de dieu grec. Je me souviens quand il est venu dans ma meute racontant des conneries sur la paix et disant qu'Hector venait seulement réclamer ce qui lui appartenait de droit. Ils ont tué mon père devant moi sans aucun remords. Ils ont même tué les bébés de la meute. Ces trois-là sortent tout droit de l'enfer si tu veux mon avis.

J'avalai difficilement ma salive face au rocher dans ma gorge. Je ne m'attendais pas à ça... Elle parlait de mes compagnons mais pour rien au monde je ne pouvais imaginer Reggie tuer quelqu'un qui ne l'avait pas attaqué en premier. Oui, je savais qu'ils étaient des assassins, mais il y avait une raison pour laquelle ils éliminaient ces gens... pas vrai ?

Pas vrai ?

Dieux ressuscités, j'allais être malade !

— Donc il t'a gardée ? demandai-je, faisant référence à Hector.

Elle haussa une épaule mais se glissa dans l'ombre alors que le garde passait à nouveau. Nous attendîmes qu'il s'éloigne et elle m'attira avec elle. Je ne pensais pas que c'était possible, mais l'endroit était plus froid que ma propre cellule. Probablement grâce au fait que nous étions complètement entourées de murs humides et crasseux. Au moins, ils ne pouvaient pas nous entendre, même si mes os étaient en train de geler sur place.

— Hector a dit qu'il aimait mon sang. Qu'il avait un goût de lavande ou une connerie du genre. Je ne sais pas. La plupart du temps, j'aurais préféré qu'il m'abatte avec les autres.

— J'espère qu'il ne viendra pas ici pour moi. Je lui botterai les couilles si fort qu'elles remonteront dans sa gorge et que ses crocs les perceront. Je le ferais, vraiment, surtout maintenant que je pouvais bouger mes jambes.

Elle laissa échapper un long rire sonore. — Je paierais pour voir ça.

J'avais essayé de mon mieux d'absorber tout ce que cette fille disait jusqu'à ce que je ne puisse plus. — Je suis tellement fatiguée, putain, marmonnai-je, ne reconnaissant même pas ma propre voix.

— Ouais, c'est la perte de sang. Vas-y. Repose-toi. Je te donnerai une pichenette sur le front si quelqu'un arrive.

Je ris mais je savais d'une certaine façon qu'elle le ferait. — Fais donc ça.

Alors que j'étais aspirée dans le néant, je l'entendis chuchoter : — Au fait, je m'appelle Sammy.

TROIS

— Debout, maintenant ! Un pincement sur le haut de mon bras me fit me lever et adopter une position défensive en quelques secondes. Ou du moins, j'essayai d'être sur la défensive. Mes bras se levèrent, mes poings s'agitèrent... et je me frappai promptement dans l'œil.

— Putain de bordel de merde ! Je secouai la tête, essayant de me concentrer tandis que l'adrénaline pompait dans mes veines, faisant battre mon cœur à une vitesse ridicule.

— Que se passe-t-il ? demandai-je après une minute, me rappelant ce qui m'était arrivé et que j'étais dans cet endroit, dans ce donjon, cette punition pour avoir essayé de sauver mes compagnons et ma meute.

— Tais-toi ! siffla-t-elle en me repoussant au sol.

C'était quoi ? Se lever ? Se recoucher ? J'aurais aimé qu'elle se décide. Il ne me fallut pas longtemps pour comprendre pourquoi elle ne l'avait pas fait.