« Est-ce que tu as des lingettes ou une serviette ? J’aimerais bien me nettoyer un peu », a-t-il demandé en tenant ma serviette sans oser l’utiliser pour ses vêtements.« J’ai des lingettes pour le visage. Si tu les humidifies, ça fera l’affaire », lui ai-je répondu en lui tendant deux feuilles.Il s’est arrêté un instant, fixant les lingettes comme s’il découvrait quelque chose de nouveau.Je n’ai pas pu m’empêcher de rire. « Ne me dis pas que tu ne connais pas ça ? »« Non, c’est bien la première fois que j’en vois », a-t-il avoué, un peu gêné. Son air candide le rendait vraiment attendrissant.En même temps, ce n’était pas surprenant. Sans copine ni beaucoup de filles autour de lui, il n’avait sûrement jamais entendu parler de ces produits, qui étaient devenus populaires seulement ces dernières années.« Ce sont des lingettes à usage unique, surtout utilisées par les filles pour se nettoyer le visage », lui ai-je expliqué en mouillant l’une des lingettes avant de la lui tendre.Il a
Quand une personne n’avait plus aucune honte, elle devenait vraiment invincible. En voyant Madeleine s’approcher, c’était la première chose qui m’est venue en tête.Une maîtresse qui aurait un minimum de décence éviterait de croiser la compagne officielle. Mais, dans ce monde de plus en plus impudent, elle se permettait de venir jusqu’à moi, avec un air fier, comme si elle tenait absolument à me prouver sa supériorité.« Claire, quelle coïncidence, toi aussi tu viens manger ici ? » Madeleine m’a adressé la parole, mais ses yeux n’ont pas quitté Léon à mes côtés depuis qu’elle s’est approchée. Elle ne pouvait pas s’empêcher de le fixer.Je devais reconnaître que cet homme dégageait quelque chose d’incroyablement attirant. Quiconque le croiserait s’arrêterait pour le regarder. Même les vieilles dames du quartier ne lui résistaient pas. C’était bien la preuve de son charme.« Oui, sinon, tu crois que je suis venue en touriste ? » lui ai-je rétorqué sèchement. Ce n’était pas de la rancune,
J’aurais mieux fait de ne pas regarder, ça m’a vraiment contrariée. Alors que je détournais mon regard, Luc s’est soudainement retourné, et son regard est venu se poser sur moi à travers la vitre, avec un froncement de sourcils.Je n’y ai pas trop prêté attention et me suis tournée vers Léon. Il venait de finir de commander et m’a tendu son téléphone. En regardant les plats qu’il avait choisis, j’ai remarqué qu’ils étaient tous parmi mes préférés. Mais comment aurait-il pu le savoir ? Après tout, il ne me connaissait pas vraiment. Peut-être avions-nous simplement des goûts similaires ? J’ai failli lui poser la question, mais je me suis ravisée. Poser trop de questions peut donner l’impression qu’on s’intéressait un peu trop, et je ne voulais pas qu’il ressente cela.Alors, j’ai plutôt changé de sujet : « Tu veux un verre ? »« Non, je ne bois pas d’alcool », a-t-il répondu, « et j’ai encore des choses à faire cet après-midi. »Ah oui, il devait aller visiter des appartements. Je pensa
Si un trou s’était ouvert sous mes pieds à cet instant, j’aurais sauté dedans sans hésiter. Mais malheureusement, ce genre de trou n’existait pas dans la réalité. Je savais aussi que plus j’évitais de faire face à ce genre de situation, plus Léon pourrait se poser des questions.Cet homme, il ne se retenait jamais avec moi, ni dans ses actes ni dans ses paroles, comme si la bienséance ne comptait pas. Il n’hésitait pas à dire ce qui lui passait par la tête, sans se demander si c’était approprié. C’était comme s’il ne me considérait pas comme une étrangère.Essayant de me calmer, j’ai levé la tête et lui ai dit : « Ah oui ? Mais ce genre de chose, ça ne se prouve pas qu’avec des mots. »« En effet. » Léon a pris une gorgée d’eau, puis a ajouté : « Je pourrais… »Aussitôt, je me suis tendue. « Léon, arrête de parler ! »J’ai fini par céder. Il a continué : « Je veux dire, si tu as besoin de preuves, je pourrais toujours aller à l’hôpital. »Bien que ses paroles ne soient pas choquantes
De plus, sa réaction a clairement montré qu'il était jaloux. Quel homme lâche ! D’un côté, il flirtait avec une jeune veuve, et de l’autre, il refusait de me laisser partir. Il était tellement égoïste, il voulait tout, sans jamais se contenter de ce qu’il avait. Je suis restée longtemps dans les toilettes avant de ressortir, mais j'ai surpris la voix de Madeleine, pleine de reproche : « Luc, au fond, tu aimes encore Claire, non ? » « C’est ma fiancée. » La réponse de Luc a confirmé mes soupçons : il avait encore des sentiments pour moi. « Mais vous êtes séparés. » Madeleine a parlé d’une voix douce, presque plaintive. Je ne pouvais pas m’empêcher de reconnaître qu’elle savait parfaitement jouer son rôle. Même sa voix semblait maîtrisée à la perfection. « C’est elle qui a voulu rompre, moi je n’ai rien accepté. Et de toute façon, elle ne peut pas se passer de moi. Elle a fait une crise, ça passera. » Les paroles de Luc m'ont profondément surprise. Il pensait que notre rupt
Je suis restée dans le bar de trois heures de l'après-midi jusqu'à neuf heures du soir. Bien que je n'aie pas trop bu, l'effet de l'alcool s'est fait sentir au fil du temps, et j'ai commencé à me sentir la tête lourde et le corps épuisé. Le propriétaire, Louis, me connaissait bien, donc même en étant seule, je n'avais pas de souci à me faire. « Tu comptes partir quand ? Quelqu'un vient te chercher ? » m'a-t-il demandé, un air soucieux sur le visage. Il avait une cinquantaine d'années, à peu près l'âge que mon père aurait eu (si ce dernier était encore là). « Je vais y aller maintenant », ai-je dit en me levant péniblement. Je n'en avais pas vraiment envie, mais je savais que j'avais du travail demain et qu'il fallait que je rentre me reposer. Ce verre était comme une façon de dire au revoir à tout ce que j'avais partagé avec Luc. Louis m'a retenue. « Tu n’es pas dans un état pour partir seule. Laisse-moi appeler quelqu'un pour te raccompagner. » Louis était une personne très
Il me semblait que cela faisait une éternité que je n'avais pas fait de vélo. « Regarde, un vélo », ai-je dit en désignant celui qui était garé à côté. Il suffisait de scanner un QR code pour prendre un vélo. Fabien a scanné le sien, et j’allais faire de même quand il m'a arrêtée. « Tu as bu, tu ne peux pas faire de vélo. » « On peut vraiment se faire attraper pour alcoolémie à vélo ? » ai-je demandé, intriguée. « Oui, et en plus… » Fabien a pris doucement mon bras, son geste était léger, contrairement à Luc qui m’attrapait toujours un peu trop fort. « Avec l'alcool, c’est trop dangereux. » Il était vraiment un gentleman doux. Je lui ai souri. « Mais je suis avec toi, non ? » « Si tu veux faire du vélo, on peut y aller un autre jour. Aujourd’hui, je t’accompagne », a répondu Fabien en m’entraînant vers le vélo qu’il avait réservé. Il est monté et m’a invitée à m'asseoir derrière lui. « Claire, accroche-toi bien, ne tombe pas. » J’ai saisi son vêtement autour de sa t
Cette situation m’a complètement prise de court, me réveillant instantanément. En réalité, c’était assez embarrassant. Une femme, prise entre deux hommes. À ce moment-là, je devais faire un choix pour briser ce malaise, mais au fond de moi, je savais très bien qu’il n’y aurait jamais rien entre Fabien et moi. Si je devais choisir entre les deux, ce serait sans hésiter Léon. Après tout, j’étais sur le point de me marier avec Luc, et il était impensable qu’après avoir rompu avec lui, je me retrouvais dans une relation avec son frère. « Grand frère, je suis fatiguée. » J’ai enfin pris la parole. Le mot « grand frère » a eu son effet : Fabien a légèrement serré ma main avant de la relâcher. Léon m’a alors prise par la main et m’a emmenée. Je n’ai pas osé regarder en arrière, mais je pouvais sentir le regard de Fabien sur moi. Peut-être que l’alcool y était pour quelque chose, ou peut-être que mon esprit était embrouillé, mais j’ai failli perdre l’équilibre sur les marches
Léon avait accepté, et cela m’avait surprise. Mais plus encore, cela m’avait brisé le cœur. Il n’était pas prêt à accepter, et pourtant, il respectait son choix.Juliette, sans doute par peur qu’il change d’avis, a immédiatement sorti son téléphone pour remplir le formulaire d’inscription en ligne. En la voyant inscrire sérieusement ses informations, je me suis soudain rendu compte à quel point cette petite fille était courageuse.« Léon, faisons-le aussi. » ai-je dit sans trop réfléchir.Léon a tourné son regard vers moi, et même Juliette a arrêté ce qu’elle faisait : « Quoi ? »« D’accord. » a répondu Léon sans hésitation, prenant lui aussi son téléphone.Juliette semblait émue et inquiète à la fois. Il était toujours plus facile de prendre une décision pour soi-même que d’accepter que les autres faisaient de même. Pourtant, elle ne nous a pas arrêtés. À la place, elle a transformé son inquiétude en un sourire : « Alors, on s’inscrit tous ensemble. Mais j’espère que dans plusieurs dé
Juliette a appuyé ma tête contre l’épaule de Léon et a dit : « Reste comme ça. J’aime vous voir amoureux. »Ses yeux clairs nous regardaient avec douceur : « Je comptais attendre encore un peu avant d’en parler, mais comme on évoque ce sujet, alors je le dis maintenant. »J’ai tout de suite eu un mauvais pressentiment, j’ai prévenu : « Ne dis pas n’importe quoi. »Mais Léon a simplement répondu : « Laisse-la parler. »Juliette lui a lancé un sourire complice : « Ça, c’est bien mon frère ! Il me comprend toujours. »Puis elle m’a regardée : « Écoute-moi jusqu’au bout. »Elle a laissé échapper un petit rire, s’est éclairci la voix comme pour préparer son discours, et a resserré sa prise sur nos mains : « Je commence. »Léon et moi sommes restés silencieux, mais nous avons instinctivement retenu notre souffle.« Je veux faire un don d’organes. »Ses paroles nous a non seulement surpris, mais aussi profondément bouleversés.« Qu’est-ce que tu racontes ? »La voix de Léon s’est faite plus g
Léon a dit : « J’ai acheté le bubble tea, allons-y. »Il a pris tous les fruits et s’est dirigé vers la chambre. Il ne m’a posé aucune question, mais je savais qu’il avait tout vu. Pourtant, j’avais le cœur trop serré pour expliquer quoi que ce soit. Alors, je l’ai simplement suivi dans la chambre.Juliette s’est écriée avec enthousiasme : « Claire, le bubble tea est enfin là ! Je n’ai même pas encore bu, je t’attendais ! »Léon était déjà en train de ranger les fruits dans la cuisine. Je lui ai jeté un regard avant d’aller vers Juliette.« Claire, j’ai tout préparé ! » a-t-elle dit en disposant plusieurs gobelets sur la petite table.Mais je n’avais pas du tout la tête à boire du bubble tea.« Tu peux tout boire si tu veux. » ai-je répondu.« Vraiment ? » a dit-elle, ses yeux illuminés.Mais malgré ma proposition, elle a tout de même réparti les boissons en marmonnant : « Pourquoi as-tu mis autant de temps ? Mon frère s’inquiétait pour toi. »« J’ai croisé un ami en chemin. » lui ai-j
Robert s’est levé et s’est dirigé vers la fenêtre. Je ne savais pas ce qu’il voulait faire, alors j’ai avancé prudemment vers le lit.En m’approchant, j’ai remarqué que, mis à part sa beauté, elle me ressemblait vraiment. Si mes parents étaient encore là, je serais sûrement allée leur demander s’ils n’avaient pas eu une autre fille…J’ai baissé les yeux vers la plaquette accrochée au chevet du lit : Manon Bernard, vingt-huit ans.« Manon, bonjour, je suis Claire ! » ai-je murmuré intérieurement en la regardant.« Tu peux revenir maintenant. » a dit Robert en appelant l’aide-soignante.Peu après, l’aide-soignante est revenue et j’ai suivi Robert hors de la chambre.Il est resté silencieux un moment, puis, après quelques pas, il a enfin pris la parole : « Les médecins disent qu’il n’y a aucun espoir de guérison, alors sa famille a décidé d’abandonner. »« Et toi, tu ne veux pas, n’est-ce pas ? » ai-je deviné.Robert a ralenti le pas et a murmuré d’une voix presque inaudible : « On dit bi
Robert s’est figé un instant, en me regardant avec étonnement.J’ai pris conscience de mon impulsivité et j’ai tenté de m’expliquer : « C’est juste que… »« D’accord ! » m’a interrompu Robert.« Avant son accident, elle était très vive, elle adorait rencontrer de nouvelles personnes. Te voir lui ferait sûrement plaisir. »Il n’a pas croisé mon regard en parlant, comme s’il se parlait à lui-même. Et à cet instant, il avait l’air tellement fragile.Il a dit : « Viens avec moi. »Sur ce, il a repris sa marche. Je l’ai suivi, observant son dos robuste.Pour la première fois, cette silhouette m’a semblé lourde, comme s’il portait un fardeau invisible.Robert m’a emmenée dans une chambre de soins. L’endroit était aussi confortable qu’une chambre VIP, ce qui signifiait que la patiente venait d’une famille aisée.À la porte, Robert s’est tourné vers moi, hésitant, j’ai cru qu’il voulait se raviser, alors j’ai dit : « Si ce n’est pas le bon moment, on peut oublier… »« Tu lui ressembles beaucou
Je n’avais rien avec Léon, c’était juste cette sensation persistante d’être trompée qui me gênait.Mais je ne pouvais pas en parler à Juliette, son cœur était fragile, et elle était trop sensible.J’ai répondu en souriant : « Rien du tout. Tu vois bien que ton frère et moi, tout va bien. »Juliette m’a fixée, ses yeux brillants.J’ai levé la main pour détourner son regard : « Vraiment rien. Si tu ne me crois pas, tu pourras interroger ton frère quand il reviendra. »Juliette a attrapé mon bras et a posé sa tête sur mon épaule : « Si mon frère fait quelque chose de mal, ne le quitte pas, bats-le, dispute-le, mais ne le quitte pas. »Sa voix était faible, comme une demande.J’ai frotté doucement ma tête contre la sienne : « D’accord, je te laisserai le punir. »Juliette a hoché la tête : « Je serai toujours de ton côté. »Elle avait peur, peur que je parte. C’était la première fois que je réalisais à quel point quelqu’un pouvait tenir à moi.« Si un jour je ne suis plus là, et que toi au
François m’invitait à dîner, et plus tôt, pendant que je faisais ma prise de sang, Léon m’en avait parlé à l’oreille. À ce moment-là, j’avais pensé qu’il essayait juste de me distraire, inventant quelque chose sur le moment. Mais apparemment, c’était vrai.« C’est François ? » a demandé Léon, comme s’il savait déjà.Je l’ai regardé : « Léon, c’est toi qui as demandé à François de m’inviter, n’est-ce pas ? »Il était le véritable patron de François, n’importe quels ordres et François n’aurait eu d’autre choix que d’obéir.Léon a légèrement froncé les sourcils : « Non. »J’ai esquissé un sourire moqueur, prenant son démenti pour une tentative de masquer son identité.Léon a ajouté une explication : « Il me l’avait juste dit à l’avance. »Était-ce vrai ? Mais je n’avais pas envie de deviner. Après tout, un dîner offert, ça ne se refuse pas.« J’ai accepté. Tu viens avec moi ? »« Oui. » a-t-il répondu simplement.Mais il a ajouté : « Je n’ai pas l’habitude de laisser ma petite amie dîner
« Tu aurais fait ça plus tôt, Luc ne se serait pas enfui. » a lancé Clémence. Je savais qu’elle ne voulait pas me nuire, et ce n’était pas non plus une idiote. Je me suis tournée vers elle, et elle m’a fait un clin d’œil. J’ai compris : elle voulait tester Léon, voir sa réaction.Aucun homme n’était indifférent aux ex de sa copine. Clémence voulait observer son attitude. Mais elle était vraiment audacieuse, sans craindre de me faire perdre Léon à cause de ses provocations.J’ai jeté un regard furtif vers Léon pour voir que son expression n’avait pas changé.Clémence a insisté : « Léon, tu ne trouves pas ? »« Claire ne fait ça que pour moi. » a répondu Léon.Une douceur sucrée s’est répandue dans l’air, sa réponse était parfaite.Clémence a commenté : « Léon a l’air insensible, mais en fait, il est romantique. »Léon a haussé un sourcil avant d’expliquer : « En chimie, il y a un phénomène appelé réaction quantique. Chaque réaction est différente, car elle est dictée par des lois quant
Clémence n’a pas répondu à ma question. À la place, elle a regardé dehors et a demandé : « Combien de temps va encore prendre Léon ? »Dehors, l'homme était sur le point de s'agenouiller devant Léon. Ce dernier, une main dans la poche de son pantalon, était baigné par la lumière du matin, ce qui semblait le faire briller. Je ne pouvais détacher mes yeux de lui.Que nos chemins se croisent avait été un hasard. À ce moment-là, je cherchais juste à m'amuser, à oublier la douleur de ma rupture avec Luc. Mais maintenant, je réalisais que j'avais trouvé un véritable trésor.« Je te parle ! » m'a rappelée Clémence en me donnant un léger coup d'épaule, voyant que je ne répondais pas.J'ai cligné des yeux. « Ça ne devrait plus tarder. »Si je ne me trompais pas, l'homme dehors devait être en train de supplier Léon. Juliette m'avait déjà dit qu'il savait remettre les os en place, une compétence qu'il avait apprise d'un vieil homme du village. La raison ? Juliette, petite, se déboîtait souvent l'