Chapitre 4

Après avoir mangé ils débarrassèrent la table ensemble et firent la vaisselle. Ayant encore envie de cuisiner Ondine proposa qu'ils fassent un gâteau au yaourt. En général ils faisaient tout le temps des gâteaux au chocolat. Ils étaient tous les deux des grands fanes de chocolat mais Ondine n'avait pas envie que ce soit trop répétitif et qu'ils se lassent même si c'était impossible de se lasser du chocolat.

Lehyan approuva la requête de sa sœur et ils se remirent en cuisine. Ondine renversa la farine comme à l'accoutumée mais mis à part cela le gâteau fut préparé sans problème. Une fois au four Ondine fit la vaisselle de nouveau tandis que Lehyan nettoyait les dégâts.

Une fois le gâteau prêt, Lehyan ouvrit le four pour le sortir mais Ondine insista pour le faire de peur qu'il se brûle. Elle le posa donc sur la table et le découpa avant de placer les parts sur leur plus belle assiette. Ils attendirent que les parts refroidissent avant d'en manger. Ils furent satisfaits de leur travail et décidèrent d'apporter du gâteau à leurs nouveaux voisins pour se présenter.

La maison à leur droite était une maison carrée à deux étages et à la terrasse d'un blanc immaculé. L'immense porte en bois et la perfection de la peinture bleu de la façade étaient légèrement imposants. Lehyan toqua assez fort pour se faire entendre dans toute la maison mais en même temps avec assez de calme pour pas que les voisins pensent du mal d'eux avant même de les avoir vus. Son toquement poli fut vit accueillit de pas venant de l'intérieur et la porte s'ouvrit sans grincement révélant un homme chauve et aux lunettes carrées. Le visage de l'homme aux traits grincheux s'illumina quand Ondine tendit l'assiette vers lui.

«Bonjour, excusez nous de vous déranger mais nous sommes vos nouveau voisins. Nous voulions nous présenter le plus vite possible.»

L'homme avait un visage chaleureux et ses yeux brillaient de douceur.

«C'est très gentil de votre part.»

Il se retourna légèrement et appela une femme appelée Marie avant de se retourner vers le frère et la sœur.

«Nous avions remarqué votre voiture devant la maison mais elle n'était plus là quand nous voulions toquer.

-Je suis vraiment désolée... C'était la folie ces derniers jours.

-Pas de soucis nous comprenons parfaitement.»

La fameuse Marie fit à son tour son apparition. Une dame tout aussi souriante et chaleureuse que son mari. Elle avait la même couleur et forme de lunettes que ce dernier ainsi que des cheveux gris rassemblés en un chignon soigné. Elle sourit en voyant les enfants et les salua avec sa voix tout aussi douce que son visage.

«Bonjour.

-Enchantée. Voici mon frère Lehyan et je me présente je m'appelle Ondine. Nous sommes vos nouveaux voisins.

-Je suis très contente de vous rencontrer enfin. Je me présente je m'appelle Marie et voici mon mari, Hector.

Marie passa le bras autour de celui de son mari qui pressa sa main avec une douceur attendrissante.

«Mais je vous en pris entrez.»

Le couple âgé se décala pour laisser passer Lehyan et Ondine. Ils suivirent le couple jusqu'au salon où ils s'assirent et Marie leur apporta de quoi boire ainsi que des biscuits qu'elle posa sur une petite table de verre près d'assiettes et de serviettes.

Lehyan balaya les lieux du regard avec un petit sourire. Quand Marie s'assit à son tour il concentra son regard sur elle et lui dit:

«J'aime beaucoup votre maison. Elle est très chaleureuse.»

Marie et Hector sourirent et balayèrent la pièce du regard à leur tour.

«C'est très gentil de ta part. Nous habitons ici depuis quarante deux ans. Nous avons tout fais afin de rendre cet endroit le plus accueillant possible.»

Les enfants sourirent touchés par leur histoire.

«Vous avez réussi. Je me sens très à l'aise ici.»

Marie servit à boire aux enfants tandis qu'Hector ramenait des petites cuillères pour le gâteau. Le couple sourit simultanément quand ils goûtèrent la pâtisserie ce qui fit sourire les enfants à leur tour.

«C'est vous qui l'avez fais? demanda Marie.

-Oui. On aime beaucoup cuisiner ensemble. En général nous faisons du gâteau au chocolat mais nous avons jugé plus raisonnable de réduire légèrement notre consommation.»

Le couple sourit avec douceur tout en continuant de manger.

«En tout cas nous sommes très touchés par votre intention. Cela nous rappelle quand nous faisions la cuisine avec nos fils.»

Marie et Hector se sourirent avec complicité. Ondine pouvait presque voir leurs souvenirs. Elle pouvait sentir la joie de la scène et l'amour.

«Ils sont adultes à présent. Nous avons eu quatre fils. Stanislas, Gaspard, Henry et Louis. Stanislas est le plus jeune des quatre et il a déjà vingt huit ans.»

Hector soupira amusé.

«Voyons Marie, je suis sûr que ces histoires n'intéressent pas les jeunes.»

Marie se tourna vers Ondine désolée.

«Tu as raison. Je suis désolée je me laisse parfois emporter par le passé.

-Non, il n'y a pas de soucis. Au contraire. On aimerait beaucoup entendre vos histoires.»

Lehyan hocha la tête pour approuver les dires de sa sœur.

«Cela ne nous dérange pas du tout.»

Marie sourit avec douceur.

«Vous êtes de gentils enfants. Et vous êtes bien élèves. Vos parents doivent être fières de vous.»

Lehyan se tendit d'un coup tandis qu'Ondine sourit avec tristesse. Elle espérait que la dame disait vrai. Marie remarqua immédiatement le froid qu'avaient lancées ses paroles et demanda presque en chuchotant.

«Vos parents ne sont pas ici?»

Ondine et son frère secouèrent doucement la tête. Marie ouvrit des yeux ronds sincèrement désolée pour eux tandis qu'Hector baissait la tête gêné.

«Je suis terriblement désolée. Je ne voulais pas évoquer un sujet désagréable.»

Ondine sourit.

«Ce n'est pas de votre faute. Vous ne pouviez pas savoir. Nous les avons perdus il y a longtemps maintenant. Je ne dis pas que la douleur disparaît. Simplement que l'on commence à s'habituer. J'ai mon frère avec moi et c'est tout ce qui compte. Nos parents sont toujours présents au fond de nous.»

Hector releva la tête et Marie posa la main sur son cœur touchée par le courage des enfants.

«Vous avez bien raison. Ils seront là tant que vous serez là l'un pour l'autre. Je suis persuadée que de là où ils sont ils vous voient et ils sourient. Ils peuvent être en paix en voyant comment vous prenez soin l'un de l'autre. Vous pouvez être fières de vous aussi.

-Merci...

-La vie est si courte. Il faut profiter de chaque instant passé avec ceux qu'on aime. Ne restez jamais en de mauvais termes trop longtemps. Aucune dispute ne vaut votre amour. Qui sait de quoi demain est fais.»

Lehyan sourit à sa sœur qui lui rendit son sourire.

«Vous me rappelez mes fils quand ils étaient petits... dit Marie. Ils étaient inséparables. Ils passaient des heures à jouer aux indiens dehors. Ils pleuraient à chaque fois qu'il pleuvait et qu'ils n'avaient pas le droit de sortir.»

Hector rit et secoua la tête en repensant à ces beaux jours.

«Puis-je vous demander ce qu'il s'est passé ensuite? demanda Ondine.»

Le visage de Marie sombrit un tant soit peu.

«Eh bien, Louis étant le plus vieux de nos fils, il a fini par grandir. Il est rentré dans l'adolescence et il ne voulait plus jouer aux indiens. Petit à petit Henry se lassa aussi. Puis vint le tour de Gaspard. Nos garçons ont tout simplement arrêté de jouer ensemble et ils ont petit à petit arrêté complètement de parler.

-Je suis désolée d'entendre cela...»

Marie sourit avec douceur.

«Ce n'est pas votre faute. Nous n'avons pas à nous plaindre. Nos fils sont adultes à présent. Ils ont leurs travails, leurs vies. Louis a même des enfants à présent. Ils nous rendent souvent visite et nous écrivent tous les jours. De plus nous nous regroupons tous les ans pour les grandes occasions tous ensemble comme à l'époque. Les garçons viennent avec leurs femmes, leurs enfants et nous passons un bon moment.

-Tant mieux alors. Comme vous disiez c'est important de passer du temps avec ceux que vous aimez.»

Soudain la sonnette retentit et tout le monde se tourna vers la porte. Hector sauta sur ses pieds et Marie sourit.

«En parlant de cela. Je n'ai pas vu le temps passer mais notre fils le plus jeune, Stanislas devait rentrer d'une minute à l'autre.

-Oh dans ce cas nous allons vous laisser. Nous ne voulons pas déranger.»

Marie secoua la tête.

«Vous ne dérangez pas voyons.»

En fond sonore, Ondine et Lehyan entendaient Hector et une voix grave se saluer chaleureusement. Les pas se rapprochèrent et très vite Hector réapparut avec le fameux Stanislas. Ce dernier était très grand. Il n'avait pas hérité du visage chaleureux de ses parents mais avait bel et bien les traits froids et grincheux de son père. La seule chose plus imposante que sa carrure était son regard d'un vert de pierre.

Ondine et Lehyan se figèrent en le voyant. Quant à Stanislas il leva les yeux au ciel visiblement épuisé de retrouver le frère et la sœur partout.

«Encore vous... souffla-t-il de sa voix grave et cassante.»

Marie fronça les sourcils.

«Vous vous connaissez?»

Stanislas se contenta d'hocher la tête.

«Comment ça se fait que vous les connaissez aussi? demanda Stanislas en se tournant vers son père.

-Stan, je te présente nos nouveaux voisins.»

Le fameux Stan se tourna vers Ondine et la dévisagea avec des yeux ronds.

«Non...»

Cette dernière haussa les épaules.

«On dirait que si...»

Stanislas se frotta le front en soupirant. Marie gênée sourit à Ondine ne sachant que dire. Ondine prit les choses en main ne supportant plus le silence.

«Nous nous sommes déjà rencontrés avec votre fils. Deux fois à vrai dire. Et les deux fois je l'ai percuté sans ménagement. Je m'en excuse de nouveau. J'ai cette fâcheuse tendance à ne pas regarder où je vais...»

Marie rit avec légèreté tandis que Lehyan dévisageait Stanislas d'un œil mauvais. Ce dernier fixait Ondine avec un air impénétrable.

«Vous devriez rester pour le dîner.»

Ondine n'eut pas le temps de répondre à l'invitation. Stanislas coupa l'élan de sa mère avec sa voix cassante.

«Non. Ils étaient sûrement sur le point de partir.

-Stan... le réprima son père.»

Stanislas s'en fichait si ce qu'il disait était déplacé ou mal élevé. Il n'avait visiblement pas envie de passer la soirée en la compagnie du frère et de la sœur et il n'avait pas l'intention de le cacher. Ondine se sentait extrêmement mal à l'aise mais réussit quand même à élargir son sourire.

«Ne vous en faites pas. Stanislas a bien raison. Nous ne pouvons pas rester plus. Il nous reste encore pas mal de choses à faire avec la maison.

-Vous connaissez le chemin.»

Ondine fut déstabilisée l'espace d'une seconde par le froid du jeune homme mais se reprit. Hector mit une tape sur l'épaule de son fils et accompagna les enfants à la porte avec un sourire gêné. Lehyan bouscula de son épaule Stanislas en sortant qui ne réagit pas.

«Encore merci pour le gâteau les enfants. Revenez quand bon vous semble.

-Merci à vous. Vous avez été d'une grande hospitalité.»

À peine la porte fut-elle fermée qu'Ondine explosa.

«Non mais il se prend pour qui sérieux? Pas un bonjour, pas un sourire!

-J'ai jamais vu quelqu'un de si malpoli...

-C'est un euphémisme. On ne lui a rien fais. Okay je lui fonces dedans à chaque fois que je le vois mais c'est pas une raison pour nous mettre à la porte si?

-Dire que c'est notre voisin... Qu'est ce qu'on a fais pour que le karma nous tombe dessus sérieux? râlait Lehyan.

-Ses parents sont adorables ils ont dû être si gênés...

-J'aurais honte aussi avec un fils pareil.»

Ondine souffla tout l'air contenu dans ses poumons.

«Enfin il nous reste la maison de gauche à visiter. Ne laissons pas ce gars détruire notre journée.

-Tu as raison.»

Sur ce ils prirent les parts restantes de gâteau et toquèrent à la porte à gauche. Cette porte appartenait à une petite maison en pierres blanches et noires dispersées de manière harmonieuse autour des grandes fenêtres. Une jeune femme d'environ trente ans vint ouvrir. Elle avait de longs cheveux blonds dont elle prenait visiblement soin et portait un tailleur très élégant. Elle était au téléphone et dit à son interlocuteur de ne pas raccrocher avant de sourire aux jeunes.

«Bonjour, que puis-je faire pour vous?»

Ils lui rendirent son sourire.

«Bonjour, je me présente je m'appelle Ondine et voici mon frère Lehyan. Nous ne voulions pas déranger simplement nous sommes vos nouveaux voisins et voulions passer nous présenter.»

Sur ce elle brandit le gâteau. La blonde regarda l'assiette surprise.

«Oh c'est super gentil merci beaucoup. Malheureusement je suis très occupée là tout de suite je n'aurais pas le temps de manger mais si cela ne vous dérange pas je mettrais de côté une part avec plaisir.

-Cela ne nous dérange pas le moins du monde au contraire. Prenez autant de parts que vous le souhaitez.»

La blonde s'exécuta avant de reprendre le téléphone à son oreille. Elle remercia les enfants une dernière fois avant de fermer la porte derrière elle.

Ondine et Lehyan retournèrent à leur maison et s'assirent dans leur jardin à même le sol pour manger les restes de gâteau. Ondine avait prévu de se trouver un petit travail dans la ville le plus vite possible en plus du babysitting qu'elle avait déjà accepté de faire une fois par semaines avant même d'arriver en ville. Elle allait donc garder une petite fille de cinq ans ainsi qu'un garçon de huit ans tous les jeudi soirs et cela allait lui rapporter une somme non négligeable.

Il était cependant trop tard pour trouver un deuxième petit travail et Ondine décida de reporter la recherche au lendemain. Ils n'avaient donc rien à faire et ils comptaient profiter de ce moment de repos pour donner des nouvelles à leurs proches.