Prison secrète de Stare Kiejkuty, Pologne…L’un des plus importants sites noirs de la CIA se trouve à deux cents kilomètres au nord de Varsovie, en pleine nature, coincé entre un lac aux eaux sombres et une immense forêt s’étalant sur des centaines de kilomètres à la ronde.On dit que les fantômes des prisonniers décédés hantent les bois et que les villageois des bourgs voisins n’osent plus sortir la nuit tombée, mais cela n’impressionnait guère Milos Dranic. Américain d’origine slave, Dranic émargeait à la CIA depuis une décennie et était en charge de l’interrogatoire des prisonniers secrets gardés en Pologne. Habituellement, ceux qu’il questionnait étaient des terroristes, ou présumés tels, des Afghans, Libyens, Somaliens, Irakiens ou encore Libanais. Rarement des occidentaux, encore moins des Américains. Mais celui qu’il visitait aujourd’hui appartenait à cette dernière catégorie. Bien entendu, on ne lui en avait pas dit plus. Il devait just
New York, quartier du Bronx…Zed sortit de l’hôtel tous ses sens en alerte. Il portait son gros sac à dos rempli de toutes ses affaires, car il ne reviendrait pas. Son départ précipité avait une raison : quelque chose se passait au sein de la Communauté. Quelque chose de très inquiétant.Il y avait encore moins d’une heure, il était connecté avec l’un des Neuf, Gizmo, qui vivait à Paris. Ils cherchaient tous les deux une solution pour faire sortir Angela et son compagnon de France lorsque la connexion avait été brutalement interrompue. Il avait immédiatement fait les vérifications nécessaires pour s’apercevoir que ce n’était dû à aucun problème technique. Il avait ensuite tenté de contacter les autres membres. En vain.Un tel événement n’était jamais arrivé depuis la création de leur groupe. Cela ne pouvait signifier qu’une seule chose : ses huit camarades venaient de se faire arrêter, et si lui était encore en liberté, c’était uniquement parc
Paris…Angela se réveilla en sursaut. Une horrible sensation lui déchirait la poitrine. Elle venait de rêver de Zed.Non, pas un rêve, c’était…autre chose. Comme un appel au secours. Elle n’avait jamais ressenti ça auparavant.Fébrilement, elle tâtonna pour allumer la veilleuse et regarda machinalement sa montre.Deux heures du matin.La sensation de malaise concernant Zed ne s’effaçait pas ; il lui était arrivé quelque chose, elle en était certaine.Elle se leva et s’habilla rapidement, puis sortit sur le palier et alla frapper à la porte de Noa. Ce dernier ouvrit presque immédiatement.– Insomnie vous aussi ? lança-t-il d’un air fatigué.– Non, je dormais, mais je…– Entrez.– Et dire qu’on ne peut même pas le contacter.– Mais on peut aller voir sur sa boîte s’il a laissé un message à votre intention.– Il y a un accès Internet dans le hall de l’hôtel.– Allons-y ! Nous prendrons
Le flot furieux les traîna sur deux kilomètres avant de les relâcher dans une zone plus calme. Noa tira Angela sur la grève et l’allongea délicatement sur le dos. Elle avait la peau bleutée et ne respirait plus. Fébrilement, il ouvrit son anorak et déchira sa chemise pour lui dégager le torse. Il colla son oreille sur sa poitrine. Pas de pouls !Noa sentit la panique monter en lui mais se reprit immédiatement. Il colla ses lèvres aux siennes et fit cinq insufflations en lui pinçant le nez, puis entreprit un massage cardiaque. Trente fois, il pressa fortement sur son plexus à un rythme rapide, avant de reprendre le bouche-à-bouche – cette fois, deux insufflations – puis il recommença le cycle.Noa s’activait, le temps passait, mais Angela ne revenait pas à la vie. Il sentit le désespoir l’envahir. Ils étaient seuls, en pleine montagne, avec des tueurs lancés à leurs trousses.Et Angela était en train de mourir.La conscience d’Angela n’é
L’armée américaine était sur le pied de guerre.Dans chaque port de la côte Est, les préparatifs allaient bon train. Les porte-avions USS Bush, Roosevelt, Kitty Hawk, Lincoln, Truman et Constellation, étaient chargés en carburant aviation, vivres, armements, ainsi que les six navires d’assaut des Marines qui les accompagneraient pour déverser les troupes au sol et les navires d’escorte chargés de les protéger.Sur les bases aériennes, les chasseurs et les bombardiers étaient préparés, alimentés en kérosène, équipés en bombes et missiles tandis que les équipages définissaient les objectifs, choisissaient les axes d’attaque, calculaient les consommations et les points de ravitaillement.Les unités mécanisées de l’armée de terre se préparaient aussi et commençaient à se diriger vers les ports pour être embarquées.Au total, près de deux cent mille hommes s’apprêtaient à partir au combat.Le Congrès avait voté non seulement la guerre, mais un budg
Quelque part dans les Alpes suisses…Angela reposait sur un lit ancien, dans une pièce sombre, éclairée par une unique petite fenêtre à carreaux. Les draps de coton blanc, ainsi qu’une épaisse couverture de laine, étaient remontés jusqu’à son cou pour la maintenir au chaud. Le montagnard suisse qui les avait recueillis les avait amenés dans son chalet et leur avait offert la chambre d’amis, située à l’étage, sous les combles.Depuis vingt quatre heures, Noa veillait sur elle, lui tenant la main et, régulièrement, lui caressant les cheveux de l’autre, lui parlant doucement, mais Angela restait sans connaissance. Elle semblait plongée dans un profond coma, et, bien que ses fonctions vitales soient revenues, Noa craignait que son cerveau n’ait été endommagé par le manque d’oxygène. Malheureusement, il ne pouvait pas la conduire à l’hôpital avec la Mano Nera sur leurs traces. Mais si elle ne reprenait pas conscience très vite, il n’aurait plus
Genève, Suisse…La fondation Foller avait son siège quai Gustave Ador, en face du jet d’eau emblématique de la ville de Genève. Noa gara la voiture que leur avait prêtée le montagnard, juste devant l’imposant bâtiment de cinq étages de la fondation, qui donnait directement sur le lac Léman. La vue était magnifique, mais ils ne prirent pas le temps d’en profiter et pénétrèrent dans l’immeuble, accédant à un vaste hall au sol de marbre. Une jeune et jolie réceptionniste trônait derrière un bureau au design très moderne.– Nous voudrions voir monsieur Foller, lança Angela avec son plus beau sourire.– Avez-vous rendez-vous, madame… ?– Angela de la Vega et Noa Stevenson. Non, mais si vous voulez bien nous annoncer, monsieur Foller nous recevra.La réceptionniste décrocha un téléphone. Angela et Noa retinrent leur respiration jusqu’au moment où la jeune femme les gratifia d’un large sourire.– Monsieur Foller va vous recevoir tout
Aéroport de La Guardia, État de New York, États-Unis…Le Gulfstream V se posa sur la piste 31 et dégagea par le dernier taxiway, qu’il suivit jusqu’au terminal des avions d’affaires.La Guardia était le plus petit des aéroports new-yorkais, et, à ce titre, ne disposait pas de services de douanes ni d’immigrations. Il était donc réservé aux vols intérieurs, à l’exception de ceux venant du Canada, des Bermudes et des Bahamas.Le Gulfstream avait précisément fait escale aux Bahamas où un pré-dédouanement avait été fait. Les agents étaient montés à bord pour inspection, mais n’avaient rien trouvé de notable, et pour cause : une cache avait été aménagée dans le gros jet d’affaires dès sa construction afin de permettre à Foller d’exfiltrer des réfugiés politiques. La cache, située derrière les toilettes, tout au fond de l’appareil, était prévue pour une seule personne, mais Angela et Noa avaient quand même réussi à y prendre place.