Le flot furieux les traîna sur deux kilomètres avant de les relâcher dans une zone plus calme. Noa tira Angela sur la grève et l’allongea délicatement sur le dos. Elle avait la peau bleutée et ne respirait plus. Fébrilement, il ouvrit son anorak et déchira sa chemise pour lui dégager le torse. Il colla son oreille sur sa poitrine. Pas de pouls !Noa sentit la panique monter en lui mais se reprit immédiatement. Il colla ses lèvres aux siennes et fit cinq insufflations en lui pinçant le nez, puis entreprit un massage cardiaque. Trente fois, il pressa fortement sur son plexus à un rythme rapide, avant de reprendre le bouche-à-bouche – cette fois, deux insufflations – puis il recommença le cycle.Noa s’activait, le temps passait, mais Angela ne revenait pas à la vie. Il sentit le désespoir l’envahir. Ils étaient seuls, en pleine montagne, avec des tueurs lancés à leurs trousses.Et Angela était en train de mourir.La conscience d’Angela n’é
L’armée américaine était sur le pied de guerre.Dans chaque port de la côte Est, les préparatifs allaient bon train. Les porte-avions USS Bush, Roosevelt, Kitty Hawk, Lincoln, Truman et Constellation, étaient chargés en carburant aviation, vivres, armements, ainsi que les six navires d’assaut des Marines qui les accompagneraient pour déverser les troupes au sol et les navires d’escorte chargés de les protéger.Sur les bases aériennes, les chasseurs et les bombardiers étaient préparés, alimentés en kérosène, équipés en bombes et missiles tandis que les équipages définissaient les objectifs, choisissaient les axes d’attaque, calculaient les consommations et les points de ravitaillement.Les unités mécanisées de l’armée de terre se préparaient aussi et commençaient à se diriger vers les ports pour être embarquées.Au total, près de deux cent mille hommes s’apprêtaient à partir au combat.Le Congrès avait voté non seulement la guerre, mais un budg
Quelque part dans les Alpes suisses…Angela reposait sur un lit ancien, dans une pièce sombre, éclairée par une unique petite fenêtre à carreaux. Les draps de coton blanc, ainsi qu’une épaisse couverture de laine, étaient remontés jusqu’à son cou pour la maintenir au chaud. Le montagnard suisse qui les avait recueillis les avait amenés dans son chalet et leur avait offert la chambre d’amis, située à l’étage, sous les combles.Depuis vingt quatre heures, Noa veillait sur elle, lui tenant la main et, régulièrement, lui caressant les cheveux de l’autre, lui parlant doucement, mais Angela restait sans connaissance. Elle semblait plongée dans un profond coma, et, bien que ses fonctions vitales soient revenues, Noa craignait que son cerveau n’ait été endommagé par le manque d’oxygène. Malheureusement, il ne pouvait pas la conduire à l’hôpital avec la Mano Nera sur leurs traces. Mais si elle ne reprenait pas conscience très vite, il n’aurait plus
Genève, Suisse…La fondation Foller avait son siège quai Gustave Ador, en face du jet d’eau emblématique de la ville de Genève. Noa gara la voiture que leur avait prêtée le montagnard, juste devant l’imposant bâtiment de cinq étages de la fondation, qui donnait directement sur le lac Léman. La vue était magnifique, mais ils ne prirent pas le temps d’en profiter et pénétrèrent dans l’immeuble, accédant à un vaste hall au sol de marbre. Une jeune et jolie réceptionniste trônait derrière un bureau au design très moderne.– Nous voudrions voir monsieur Foller, lança Angela avec son plus beau sourire.– Avez-vous rendez-vous, madame… ?– Angela de la Vega et Noa Stevenson. Non, mais si vous voulez bien nous annoncer, monsieur Foller nous recevra.La réceptionniste décrocha un téléphone. Angela et Noa retinrent leur respiration jusqu’au moment où la jeune femme les gratifia d’un large sourire.– Monsieur Foller va vous recevoir tout
Aéroport de La Guardia, État de New York, États-Unis…Le Gulfstream V se posa sur la piste 31 et dégagea par le dernier taxiway, qu’il suivit jusqu’au terminal des avions d’affaires.La Guardia était le plus petit des aéroports new-yorkais, et, à ce titre, ne disposait pas de services de douanes ni d’immigrations. Il était donc réservé aux vols intérieurs, à l’exception de ceux venant du Canada, des Bermudes et des Bahamas.Le Gulfstream avait précisément fait escale aux Bahamas où un pré-dédouanement avait été fait. Les agents étaient montés à bord pour inspection, mais n’avaient rien trouvé de notable, et pour cause : une cache avait été aménagée dans le gros jet d’affaires dès sa construction afin de permettre à Foller d’exfiltrer des réfugiés politiques. La cache, située derrière les toilettes, tout au fond de l’appareil, était prévue pour une seule personne, mais Angela et Noa avaient quand même réussi à y prendre place.
Université de Princeton…Le docteur Richard Madison résidait quelques rues plus loin, de sorte qu’ils furent chez lui en peu de temps.Davis tambourina à la porte qui ne tarda pas à s’ouvrir sur un homme dans la soixantaine, vêtu d’un jean et d’une chemise bleu clair. Son épaisse chevelure poivre et sel lui donnait un air juvénile, que renforçait le large sourire qu’il afficha lorsqu’il reconnut Davis.– Brad ! Que me vaut le plaisir ?– Docteur Madison, désolé de vous déranger à l’improviste, mais nous avons besoin de votre aide.Madison les fit entrer et les installa dans son salon. Davis fit les présentations, suivi d’un résumé exhaustif de la situation.– Je crois savoir pourquoi vous êtes venus me trouver, Brad, fit le scientifique.– Vous pensez à la même chose que moi ?– Oui. La méditation.– Le docteur Richard Madison est professeur de psychologie et de psychiatrie à l’université de Prin
Base navale de Norfolk, Virginie…Les six porte-avions quittèrent leurs quais à dix minutes d’intervalle, poussés par de puissants remorqueurs qui les aidèrent à déhaler des pontons. Les deux cent soixante mille chevaux de leurs turbines alimentées par les réacteurs nucléaires Westinghouse prirent le relais, ébranlant les lourds navires sur la James River.Sur les ponts, les équipages, en grande tenue, étaient alignés au cordeau afin de saluer la foule immense. Car toute la population de la région était venue assister au départ et s’était massée sur les rives, les plages et même les ponts de la baie de Chesapeake - qui avaient été fermés à la circulation pour l’occasion. Les sirènes de bord firent retentir leurs hurlements gutturaux, auxquels répondirent les cris et les encouragements des spectateurs tandis que dans le ciel, le ballet des hélicoptères des chaînes de télévision battait son plein.La fanfare de la garde nationale avait
Dharamsala, État de l’Himachal Pradesh, Inde du Nord…Le voyage avait duré plus de vingt heures et Angela se sentait exténuée. Après tout, il y a peu, elle était encore morte et sa résurrection lui avait laissé quelques séquelles en terme de fatigue. Le jet de Foller les avait déposés à Delhi, d’où ils avaient pris un avion à hélice qui les avait ensuite conduits à Gagal, l’aérodrome de Dharamsala. De là, un taxi les avait emmenés dans un petit village au nord de la ville indienne qui dominait la vallée de Kangra, plus précisément à Mc Leod Ganj, lieu de villégiature des bouddhistes en exil et de leur chef suprême, le Dalaï Lama.Le taxi les avait déposés au centre et depuis, ils poursuivaient à pied sur un chemin sinuant au beau milieu d’une multitude de maisons blanches, vertes, bleues, ocre et jaunes, toutes à plusieurs étages, s’accrochant à flanc de colline au sein d’une verdure aussi exubérante que chatoyante. Tout autour, des centaines de fanions