Washington, Maison-Blanche...L’atmosphère dans le bureau ovale était à l’orage. Le Président se renversa dans son fauteuil et regarda la secrétaire à la sécurité intérieure, Veronica Lake, s’en prendre à l’un de ses conseillers en communication.– Nous subissons une véritable attaque de notre système, de nos valeurs ! C’est une guerre déclarée et comme dans toute guerre, il y a des mesures radicales à prendre ! Vous allez finir par le comprendre oui ou non ?! lança Lake au visage du conseiller qui vira cramoisi.– Du calme Veronica, tempéra le Président. Il n’est pas question pour le moment de censurer Internet. Les médias télévisuels et la presse écrite, pour la grande majorité, ne nous sont pas hostiles et mesurent leurs propos.– Justement Monsieur ! Profitons-en pendant que nous le pouvons encore et ne laissons pas les choses déraper sur la Toile !– Monsieur, nous ne contrôlons absolument pas Internet, fit Bill North,
Région des Mille Îles, à la frontière canadienne...Le canot remontait lentement le fleuve Saint-Laurent dans la lumière déclinante du soleil couchant.Angela se tenait à la proue, observant la berge boisée qui défilait sur sa droite tandis qu’un chapelet d’îles – Saint-Elmo Island, Florence, Sunken Rock et d’autres plus petites dont le nom n’était pas indiqué sur sa carte – défilaient à gauche.Quelques maisons apparaissaient çà et là, parfois uniques sur les îles les plus petites, perdues dans un écrin de conifères, prélude aux immenses forêts canadiennes dont Angela apercevait la ligne sombre sur la rive nord du fleuve. La nature donnait ici sa pleine mesure, belle et sauvage, peu marquée par l’homme, si ce n’était la pollution invisible du fleuve.Quelque part devant, perdue dans l’obscurité naissante et les nappes de brume que la baisse de température faisait surgir, Deer Island, l’île des Skull and Bones, se dressait, farouche et
Rome...Il faisait encore nuit lorsque Noa se posa à Fiumicino.Il avait rejoint Londres en taxi et sauté dans le premier avion pour Rome, sans réfléchir, mais son anxiété n’avait fait que croître au cours du vol. Maintenant il en était persuadé, il s’était précipité dans la gueule du loup. Et il était trop tard pour faire machine arrière.La porte avant de l’avion s’ouvrit et les passagers commencèrent à sortir. Noa traîna le plus longtemps possible afin d’être dans les derniers.Tandis qu’il remontait la travée centrale vers la sortie, il cherchait un endroit où se cacher, peut-être dans les toilettes ou le galley avant, mais les hôtesses étaient trop nombreuses et attentives pour qu’il puisse tromper leur surveillance. Il se retrouva sur la passerelle, puis dans les couloirs de l’aéroport, canalisé comme les autres passagers vers les services officiels sans espoir de fuite.C’est dans la file d’attente pour l’immigration qu’il
Hongrie...Le train d’Angela entra en gare de Budapest-Keleti en fin d’après-midi. La jeune femme descendit du wagon et se mêla aux autres passagers, se laissant porter par le flot des voyageurs. Un panneau indicateur bleu soutenu par deux pylônes verts donnait différentes informations en Hongrois, mais les pictogrammes internationaux étaient assez explicites pour qu’elle puisse reconnaître la direction du métro. Il aurait été plus simple de prendre un taxi, mais Zed avait été catégorique à ce sujet.En repensant au hacker, l’inquiétude la submergea. Zed avait réussi à la persuader qu’elle était sur la liste des tueurs de William et qu’elle devait dorénavant se montrer extrêmement prudente. Il l’avait conduite à l’aéroport de Montréal afin de la faire partir du Canada, endroit plus sûr d’après lui que les États-Unis.Cependant, son passeport allait fatalement la trahir, laissant une empreinte électronique aussi visible pour les limiers des service
Il était presque minuit lorsque la voiture de Noa entra dans Budapest. Il avait couvert les mille cinq cents kilomètres depuis Rome en moins de seize heures, au volant d’un véhicule de location. La fatigue aurait dû le terrasser - il ne se rappelait même plus quand il avait dormi pour la dernière fois - mais il était porté par une énergie qu’il ne s’expliquait pas.Il avait trouvé l’adresse du professeur Emmerich sur Internet et l’avait rentrée dans le GPS de la voiture. L’heure était très indue pour une visite, mais quelque chose le poussait à y aller malgré tout.À cette heure-ci, les rues de la ville étaient presque désertes et la circulation inexistante. Il lui fallut peu de temps pour rejoindre l’avenue Karoly. Il se gara en face de la synagogue et marcha vers la rue Dob dont il avait mémorisé la position. Il découvrit l’immeuble avec facilité, y pénétra, gravit les escaliers quatre à quatre et chercha le numéro 12. Il allait frapper à la porte lorsque celle-
Angela se réveilla dans un semi-brouillard mental, qu’une douche froide ne parvint pas à dissiper.Emmaillotée dans sa serviette de bain, elle regarda par la fenêtre.Un jour morne s’était levé sur Budapest.L’esprit en berne, elle alluma la télévision avant de s’asseoir sur le lit pour sécher ses cheveux.Son cerveau mit quelques secondes à comprendre ce que les images montraient. Elle sauta sur la télécommande pour augmenter le volume sonore et son cœur manqua un battement.Un flash spécial d’information tournait en boucle.L’Ange Révélateur venait d’envoyer un cinquième message au monde.L’esprit en feu, Noa tournait dans sa chambre comme un lion en cage.Le nouveau message de Ö était une véritable bombe.À l’habituel texte hermétique, était jointe une liste, celle des cent sociétés les plus corrompues au monde, avec, non seulement la preuve de leurs méfaits, mais aussi des extraits de courrie
New Haven, Connecticut,...L’édifice pompeusement appelé « The Tomb » par ses propriétaires, est une petite construction de pierres roses coincée entre le lycée Jonathan Edwards et le bâtiment de la Russel Trust Association, sur High Street, à deux pas de la célèbre université de Yale. La façade, partiellement cachée derrière deux grands marronniers, est percée de hautes et très étroites fenêtres ressemblant à des meurtrières, conférant à l’ensemble l’allure d’une sorte de temple médiéval.La rue, habituellement calme, connaissait ce soir-là une agitation feutrée, celle d’un ballet de limousines noires déposant leurs hôtes devant l’entrée du manoir. Deux vans des services secrets bloquaient la rue en amont et en aval, tandis que des agents patrouillaient aux alentours.Le sénateur Urban descendit de sa voiture, franchit en quelques pas le trottoir et la courte allée, puis grimpa les cinq marches menant à une entrée à double colonne surmo
Rome, place Saint-Pierre...Le pape s’apprêtait à réciter la prière pour l’Angélus de midi depuis la terrasse surélevée placée devant la basilique. La foule, plus dense que d’habitude, se pressait derrière les barrières, impatiente et frémissante à l’idée que le Saint-Père allait peut-être commenter les derniers évènements et donner des réponses aux multiples interrogations que le monde se posait.L’Ange Révélateur était-il un messager de Dieu ? Telle était la question qui tournait en boucle dans les esprits surchauffés. Pour beaucoup, cela ne faisait plus aucun doute. Cependant, chacun savait que le Vatican était très prudent avec les miracles. Nul doute qu’il n’y aurait pas de confirmation papale, néanmoins, chaque mot concernant Ö serait bu comme parole divine par les pèlerins, quelle qu’en soit la signification.De l’autre côté de la place Saint-Pierre, là où les colonnes du Bernin s’ouvraient sur la ville en une large entrée