Share

CHAPITRE 14

last update Dernière mise à jour: 2021-11-15 15:35:25
 

Washington, bâtiment du bureau exécutif Eisenhower, huit heures locales du matin…

 

Le comité Majestic était en réunion plénière au sein de la Situation Room. Chacun des membres présents arborait une mine grave, car il était clair pour ces éminents personnages que le quatrième message de Ö aurait des conséquences bien plus dramatiques que les précédents. Cela avait d’ailleurs déjà commencé. David Deckard fut le premier à prendre la parole.

– Madame, messieurs, cette nuit, à zéro heure, temps de Greenwich, des messages électroniques signés Ö ont commencé à être diffusés dans le monde entier suivant le même protocole que les précédents. À la différence notable, que, cette fois, une pièce jointe de trente pages y était attachée.

Deckard enfonça une touche sur son ordinateur portable et la première page de la pièce jointe s’afficha sur l’écran mural. On pouvait y lire une liste de cent noms – tous des personnalités appartenant au monde de la politique occidentale et des finances internationales – auxquels étaient attachées les fonctions de chaque personne citée. Les pages suivantes détaillaient les exactions de chacun, ainsi que les preuves afférentes.

D’éminents personnages, tel le directeur de la réserve fédérale, autrement dit le grand argentier en chef des États-Unis, étaient mis en cause avec un luxe de preuves confondantes. Frank Urban lui-même était accusé d’avoir violé plusieurs amendements de la constitution, ce qui pourrait se révéler fatal pour sa carrière d’homme politique, sans compter la révélation de son implication dans un délit d’initié au sein d’une affaire d’importance ayant défrayé la chronique peu de temps auparavant. Mais le plus grave était sans conteste les accusations portées contre le vice-président américain lui-même.

– C’est une attaque en règle contre le système politique et financier occidental, lança avec hargne Veronica Lake, la secrétaire à la sécurité intérieure.

– Nous devons absolument trouver l’origine de ces calomnies et les faire taire immédiatement, renchérit Bill North, le directeur des services de renseignements.

Calomnies, tu parles ! railla mentalement Deckard. La NSA avait - dans un souci de véracité car ce domaine ne lui appartenait pas - commencé des vérifications, qui s’étaient toutes révélées positives jusqu’à présent.

Le conseiller à la sécurité nationale Richard Bradley fixa Deckard droit dans les yeux.

– Monsieur Deckard, dit-il d’une voix pénétrante comme une lame de rasoir, j’avoue que jusqu’à présent, je n’ai pas pris très au sérieux ces messages, ni leur provenance supposée, qui, soit dit en passant, reste toujours un mystère malgré vos moyens très élaborés de détection mis en œuvre. Mais cette fois-ci, les répercutions de ce message entrent directement dans mon domaine d’attributions, car il se pourrait bien que la sécurité nationale soit menacée. Je vous pose donc la question une nouvelle fois, mais avec beaucoup plus d’intérêt : d’où proviennent ces messages ?

En guise de réponse, Deckard se contenta d’appuyer sur une touche de son clavier. Le message, sur l’écran mural, disparut au profit d’une vue animée. Il s’agissait d’une webcam filmant dans la pénombre un gamin en train de taper sur le clavier de son ordinateur avec une grande célérité. Malgré la qualité médiocre du film, il n’échappa à personne dans la salle qu’il y avait quelque chose de très étrange dans ces images, un décalage flagrant entre l’incroyable mobilité des mains et le visage sans expression de l’enfant.

– Ce film a été piraté depuis l’ordinateur de Joshua Selden, un garçon de douze ans vivant à Los Angeles, alors qu’il rédigeait le message en question. À noter, qu’il a reçu hier après-midi la visite d’une journaliste liée à l’affaire, Angela de la Vega, dont je vous ai précédemment parlé.

– Celle qui a été contactée en premier ? fit Lake.

– Précisément.

– Qu’est-ce qu’elle a été foutre là-bas ? gronda-t-elle en fronçant le nez.

– Elle cherche à comprendre.

– Elle est connue ? s’informa North.

– Elle non, mais le type avec qui elle vient de s’associer pour son enquête, oui. Vous le connaissez tous, il s’agit de William Hartigan.

– Ce fouille-merde ! éructa Lake.

– Ça, c’est une sacrée tuile ! Cet individu est un vrai pitbull, il ne lâche jamais son sujet d’enquête ! renchérit North.

– Nous y viendrons plus tard, coupa le président du comité Majestic. Monsieur Deckard, veuillez poursuivre s’il vous plaît.

Deckard centra l’image sur le visage du garçon et zooma. La définition était moyenne, l’ambiance lumineuse plutôt faible car seulement éclairée par la luminescence de l’écran supportant la webcam, Le garçon avait une expression bizarre, le regard fixe et inexpressif, comme s’il était en transe ou en pleine crise de somnambulisme.

– Madame, messieurs permettez-moi d’attirer votre attention sur les yeux du sujet. J’ai fait analyser ce film par plusieurs spécialistes ; tous sont unanimes : ces pupilles fixes semblent indiquer que le sujet est en transe hypnotique.

Un silence glacial accueillit ses paroles. Loin de se laisser déstabiliser, Deckard poursuivit son exposé. Il fit venir un autre film à l’écran, celui d’un garçon un peu plus âgé que le précédent, mais présentant les mêmes caractéristiques faciales et oculaires.

– Nous avons pour le moment réussi à pénétrer dans un peu plus de six cents ordinateurs équipés de webcam et à les activer.

Deckart fit une courte pause et regarda chacun de ses interlocuteurs dans les yeux afin d’appuyer ses paroles.

– À chaque fois, c’est-à-dire dans cent pour cent des cas, nous avons découvert la même chose. Tous tapent le message avec une incroyable dextérité dans cet état hypnotique avant de l’envoyer à leurs trois mille destinataires.

– C’est invraisemblable ! rugit North.

– Si nous extrapolons ces résultats au total, cela nous donne un million d’enfants hypnotisés relayant les messages de Ö à trois milliards d’internautes.

Un concert d’exclamations suivit les dernières paroles de David Deckart. Bradley dut intervenir fermement pour ramener le calme.

– Monsieur Deckart, déclara-t-il d’une voix où transparaissait un certain trouble, quelles sont vos conclusions, je vous prie ?

Le chef du RAW inspira profondément.

– Madame, messieurs, nous sommes devant un phénomène inconnu d’une ampleur considérable qui touche environ trois milliards d’êtres humains sur cette planète, dont un million est activement impliqué. Mon équipe et moi-même avons envisagé tous les scénarios possibles et imaginables. Aucun ne tient face aux impossibilités technologiques d’une telle entreprise.

– Est-ce que les Russes ne pourraient pas y être mêlés ? Ils sont très en avance dans le domaine de l’hypnose et du paranormal, avança North.

– Nous avons envisagé cette option monsieur. Même en admettant qu’ils soient bien plus avancés que notre projet Stargate, ce qui me semble difficile, ça ne tient pas non plus.

– Et les Chinois, lâcha Veronica Lake. Ils ont tout intérêt à déstabiliser notre système politique.

– Il ne s’agit pas de motivation, madame, mais de technologie. Je le répète encore une fois, la NSA possède les meilleurs informaticiens et les plus puissantes ressources informatiques du monde. Dans l’état actuel de nos connaissances, ce phénomène est une impossibilité technologique.

– Pourtant, il existe bien, souffla Maximilian Zahn.

C’était la première fois depuis le début de la réunion que le vieil homme ouvrait la bouche. Il regardait devant lui, les yeux dans le vide, ne semblant s’adresser à personne en particulier.

Le conseiller théologique de la Maison-Blanche était un étrange personnage, ancien pasteur converti au bouddhisme, philosophe et auteur renommé de livres sur la spiritualité. Certains murmuraient que si le président l’avait nommé à ce poste, c’était à cause de sa célébrité littéraire. Mais Deckart n’en croyait rien. Le vieil homme possédait une pensée éclectique loin de tout dogmatisme. Il n’était affilié à aucun courant religieux en particulier, ce qui lui assurait une liberté de pensée et de foi plutôt rare en ce monde. Il supposait que c’était ce qui avait séduit le président. En tout cas, ça le séduisait, lui.

Le vieil homme tourna son visage vers lui. L’iris presque transparent de ses yeux clairs sembla le transpercer. Pourtant, aucune agressivité n’en émanait, bien au contraire.

– Et si vous nous disiez à quelles conclusions le technicien de haut niveau que vous êtes, appuyé par l’équipe probablement la mieux qualifiée au monde dans ce domaine, êtes parvenus, monsieur Deckart ? fit-il d’une voix très douce.

David Deckart se racla la gorge. Il sentait tous les regards braqués sur lui et, à part celui du conseiller théologique, aucun n’était amical.

– Pour répondre précisément à votre question monsieur le conseiller, je dirais que… nous sommes en présence d’une entité possédant des pouvoirs supra-humains.

– Foutaises ! tonna North.

– Vous voulez parler de quoi ? D’un extraterrestre ? De Dieu ? railla Lake.

– Dieu est un extraterrestre ma chère, répondit tranquillement Maximilian Zane en fixant droit dans les yeux la secrétaire à la sécurité intérieure.

Cette remarque fut le point de départ d’un débat aussi stérile que frustrant pour toute personne ayant un minimum de foi, la secrétaire à la sécurité intérieure et le directeur des services secrets faisant part d’une opinion agnostique aussi convaincue que vindicative. Cela dépassait très largement le cadre technique que s’était fixé Deckart au sein de ce comité. Heureusement pour lui, le conseiller théologique prit la discussion en main, affrontant avec brio les deux matérialistes acharnés, permettant ainsi au chef du RAW de se mettre en retrait.

À l’autre bout de la table, un second personnage se tint également à l’écart, quoique pour des raisons bien différentes de celles de Deckart. De tous les membres de cette assemblée, lui seul saisissait totalement l’implication des accusations portées par ce quatrième message de Ö. Le sénateur Frank Urban était le seul – pour le moment - à savoir que les cent personnalités mises en cause par le message appartenaient toutes, sans aucune exception aucune, à un cercle très restreint se cachant au sein de la Confrérie des Skull and Bones. Et cette information devait absolument rester secrète. À n’importe quel prix, même celui du sang.

Il était urgent d’agir.

En premier lieu, bien que la Confrérie soit utilisée par lui et ses condisciples comme pare-feu, il faudrait couper tout lien pouvant y mener. D’après ses nombreuses sources au sein de la presse, Urban savait qu’on ne pourrait éviter le scandale. Cependant, il pourrait être savamment jugulé par des médias complaisants, et cela même grâce au caractère mystérieux de sa source.

Carl Bersntein et Bob Woodward, les deux journalistes du Post qui firent tomber Nixon en 1974, étaient des hommes bien réels. Ö ne l’était pas – Urban en était maintenant persuadé, aucun humain au monde n’ayant le pouvoir d’éventer les exactions de ses condisciples. Cela faisait autant sa force que sa faiblesse et le sénateur se faisait fort d’exploiter au mieux ce dernier point. Le problème viendrait d’ailleurs, de fouille-merdes tels ce Hartigan et sa complice, cette Angela de la Vega. Tous deux étaient d’ores et déjà impliqués jusqu’au cou dans cette histoire, il le savait.

Leur groupe était parfaitement implanté au sein de toutes les agences gouvernementales américaines et même dans certaines agences européennes. Leurs sources à la NSA leur avaient fourni les résultats d’écoutes téléphoniques et d’intrusions informatiques. Il était clair que les deux journalistes s’y intéressaient de près.

De plus, la femme était en contact direct avec Ö. Ils devenaient gênants. Il allait falloir s’en occuper sans plus tarder.

 

La discussion finissant par tourner en rond, la réunion prit fin rapidement. Chacun quitta la Situation Room l’esprit fort occupé, à des degrés divers et pour des raisons différentes. Celles qui animaient le sénateur Urban étaient bien sombres. Il s’engouffra dans sa limousine sans même un regard pour son chauffeur. Dès que la voiture démarra, il actionna la commande de la vitre de séparation et s’empara du téléphone crypté du véhicule. Une réunion d’urgence s’imposait, mais avant cela, il y avait plus pressant. Le sénateur retira ses gants de cuir fin et tapa un SMS. Le destinataire était l’homme le plus efficace qu’il connaissait pour le genre de tâche délicate dont il avait besoin. Il était à la tête d’une petite équipe bien rodée, dont lui et ses condisciples utilisaient parfois les services lorsque l’élimination physique était devenue le seul recours. Habituellement, lorsqu’il devenait nécessaire, pour le bien de leur groupe, de recourir à une telle extrémité, la décision devait être prise collégialement. Mais Frank Urban possédait un passe-droit. Ses hautes fonctions au sein de l’Ordre lui conféraient une certaine latitude qu’il ne se privait pas d’utiliser. D’aucuns auraient trouvé cela extravagant, pour ne pas dire effarant, mais Urban était tellement imprégné de pouvoir que décider seul de la mort d’autrui ne lui posait absolument aucun problème moral.

 

Related chapter

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 15

    New York, salle de rédaction du Times…Angela et William pénétrèrent dans les locaux du célèbre journal en milieu de matinée. La spacieuse salle de rédaction respirait l’atmosphère des grands jours. Il y avait de l’énergie dans l’air, de l’excitation sur les visages. Une bonne cinquantaine de journalistes étaient pendus à leurs écrans, observant d’un œil à la fois critique et caustique le porte-parole de la Maison-Blanche se démener sous les assauts de leurs confrères de Washington. La conférence de presse avait été organisée à l’initiative du gouvernement dans le courant de la matinée. Le but était de couper court à une rumeur se propageant sur la Toile comme une traînée de poudre, rumeur qui ne tarderait pas à déborder le cadre d’Internet pour essaimer dans la presse, tout le monde en était conscient.Malheureusement pour la Maison-Blanche, les médias commençaient à prendre l’affaire très au sérieux, surtout depuis que la Communauté - éle

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 16

    Pérou, quelque part dans la cordillère des Andes…Cela faisait maintenant trois jours que Noa et le père Jacinto avaient quitté le site du Macchu Pichu, marchant sans discontinuer sur des chemins escarpés sinuant à flanc de montagne. La première journée, ils avaient croisé nombre de randonneurs à pied lancés sur les habituels treks touristiques. Puis, le padre avait bifurqué sur une piste encore plus étroite que les autres, l’une de celles empruntées jadis par les courriers Incas qui s’enfonçait droit vers le cœur de la cordillère et ils n’avaient plus rencontré personne.Ils avaient passé la première nuit à plus de quatre mille mètres d’altitude dans une grotte étroite et humide, sans autre source de chaleur que le petit réchaud apporté par le prêtre. Heureusement, les sacs de couchage étaient de bonne qualité, leur procurant confort et chaleur. Noa avait essayé d’en savoir plus sur leur destination, mais soutirer des renseignements à l’homme

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 17

    New York, quartier de Greenwich Village…Angela quitta l’appartement de William en milieu de matinée. En débouchant dans la rue, la fraîcheur la fit frissonner. Elle resserra les pans de son manteau et se mit à marcher rapidement, en faisant bien attention de ne pas déraper sur le trottoir rendu glissant par l’humidité. Elle se faufila entre un livreur et ses aides qui approvisionnaient un magasin d’alimentation - déchargeant des cartons d’une camionnette garée en double file - pour héler un taxi en maraude qu’elle avait aperçu un peu plus loin. Une fois assise au chaud, elle indiqua au chauffeur sa destination et se laissa aller contre la banquette. Elle glissa la main dans la poche de son manteau et en sortit son téléphone mobile, vérifiant qu’il était bien éteint avant de le remettre à sa place.Obtenir un rendez-vous avec le prince des hackers n’avait pas été simple. Mais suivre ses indications pour le rencontrer semblait s’avérer encore pl

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 18

    Île de Martha’s Vineyards, État du Massachusetts, côte Est…Frank Urban contemplait les vagues de l’océan Atlantique en dégustant un Cherry depuis la terrasse en teck de sa somptueuse villa. Située à l’ouest du village d’Oak Bluffs, tout au nord de l’île, la vaste propriété s’ouvrait directement sur la côte sablonneuse, offrant une vue splendide sur le grand large, au-delà du Nantuket Sound.Urban ferma les yeux un instant, laissant le doux soleil de l’après-midi lui réchauffer le visage tandis que la brise venant du large lui emplissait les poumons. Cela le détendait, et en cet instant, il avait vraiment besoin d’évacuer le stress et la colère qui bouillonnaient en lui. Il devait garder l’esprit clair pour prendre des décisions importantes, de celles qui engagent la vie d’autrui, changent des destins, influent sur un pays, voire le monde.L’ivresse du pouvoir dans toute sa splendeur…Urban laissa ce sentiment monter en lui, le pouvoir

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 19

    La mort de William Hartigan fut annoncée aux informations de la mi-journée sur toutes les chaînes de télévision du pays. Si sa notoriété dans le grand public n’était pas immense, en revanche, elle l’était dans le milieu journalistique. Sa disparition fit l’effet d’une bombe chez ses collègues, qui s’empressèrent de relayer l’information.Angela et Zed déjeunaient dans le grand salon du rez-de-chaussée tout en regardant la télévision lorsque la nouvelle tomba. Le sandwich au concombre que dégustait la jeune femme lui resta dans la gorge. Une intense sensation d’oppression la submergea en même temps qu’un gémissement sourd montait du tréfonds de son être.À ses côtés, Zed resta pétrifié quelques secondes. Il écouta sans rien dire les explications sur les causes de l’accident avant d’exprimer son émotion par une poussée de colère.– Un pneu qui explose sur une Aston ?! Et qui l’envoie dans le décor en plus ! Ces connards veulent nous faire gober ça ?

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 20

    Italie...Le vol qui ramenait Noa du Pérou atterrit à l’aéroport de Fiumicino en fin d’après-midi. Les formalités d’immigration terminées, Noa récupéra ses bagages, passa la douane sans encombre puis emprunta la passerelle suspendue conduisant au terminal du train express. Il acheta un billet pour le centre-ville de Rome à l’un des guichets automatiques et s’avança vers la rame qui venait d’entrer en gare et crachait déjà son flot de voyageurs pressés.Trente minutes plus tard, il arriva gare Termini et sortit Piazza del Cinquecento, qu’il traversa d’un pas rapide pour s’engouffrer dans une des petites rues adjacentes, en direction du sud. Il avait choisi à dessein un quartier populaire où il trouva rapidement un hôtel modeste, Via Turati, à deux pas du marché des antiquaires, sentant confusément que sa présence dans la capitale romaine devait rester discrète, loin du foisonnement touristique où il n’était pas à l’abri d’être reconnu par quelque connaiss

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 21

    Cité du Vatican...Le cardinal Danielli, de par sa fonction au sein du musée – il en était le directeur – avait accès à chacune des mille quatre cents salles que comptaient ces illustres lieux. Celle qu’il venait de déverrouiller se situait dans l’enceinte du musée grégorien étrusque, à l’écart des lieux ouverts au public. Il l’avait choisie non pour son intérêt historique ou artistique, mais par souci de discrétion. Car la réunion qui allait s’y dérouler devait rester parfaitement secrète.Danielli ouvrit la porte, s’effaça et laissa entrer la douzaine d’hommes d’Église qui l’avaient suivi dans le dédale du musée. La pièce était de taille respectable mais cependant dépourvue des enluminures, gravures et autres fresques murales qui décoraient le muséum, comme si ses concepteurs, dès le départ avaient décidé d’en faire un endroit des plus sobres entièrement dédié au travail. La seule concession à l’art était une peinture d’un artiste inconnu - m

    Dernière mise à jour : 2021-11-15
  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 22

    Il était un peu plus de vingt et une heures lorsque Noa vit le panneau indiquant Oxford surgir dans la lueur de ses phares. Il conduisait sa propre voiture, un cabriolet Honda S 2000 qu’il avait récupéré dans le parking de son immeuble londonien, ayant pris le temps de passer par son appartement après s’être posé à Heathrow. Il en avait aussi profité pour renouveler sa garde-robe mais n’avait pas donné signe de vie à son journal.Les hautes flèches de la cathédrale Christ Church et de l’église de Wesley, savamment éclairées, s’élançaient vers un ciel noir, sans étoile. À mesure qu’il approchait, Noa reconnut les parties hautes illuminées d’autres édifices. Le donjon de pierre du château d’Oxford, le dôme du Sheldonian Theatre et celui du Radcliffe Camera.Un flot de souvenirs le submergea. Ode à l’architecture anglaise, tous les styles s’y côtoyant depuis son édification à l’époque des Saxons, la cité d’Oxford était la ville anglaise préférée de Rachel. Ils

    Dernière mise à jour : 2021-11-15

Latest chapter

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   Epilogue

    Quelque part dans les Montagnes Rocheuses, un an plus tard…Il faisait nuit. Angela était dehors, sur la terrasse de leur magnifique chalet perdu en pleine montagne, à deux heures de route sinueuse de la première ville.La jeune femme était sortie pour contempler les étoiles qu’aucune pollution lumineuse ne venait troubler, de sorte que le ciel était d’une densité extraordinaire, un véritable océan d’astres sur lequel la Voie Lactée se détachait tel un ruban céleste.Par la porte coulissante laissée ouverte, elle entendait le son de la télévision que Noa regardait encore.Le flash spécial qui passait en boucle depuis des heures sur les chaines du monde entier, annonçait une nouvelle absolument unique dans l’histoire humaine : le dernier conflit de la planète venait de prendre fin.Après des millénaires de guerre et de barbarie, le monde, l’humanité, était enfin en paix.Noa éteignit la télé et sortit rejoindre sa compagn

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 59

    Le président Pennet marchait d’un pas nerveux dans le bureau ovale pendant qu’il parlait au téléphone avec Karl Urban. Ce dernier écumait d’une rage froide, lançant des mots aussi tranchants à l’encontre de l’occupant de la Maison-Blanche que l’étaient les scalpels qu’il utilisait pour ses exécutions, mais ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Pennet. Ce dernier s’arrêtait toutes les dix secondes pour regarder, par les hautes fenêtres, la scène qui se déroulait devant les grilles de la Maison-Blanche, là où une foule de plus en plus nombreuse s’agglutinait. Malgré la distance, il était clair que les barrières, sous la pression, commençaient à céder. Dans les jardins, les membres des Services Secrets couraient en tous sens mais c’est leur chef – un grand gaillard nommé Jeffrey Cooper - qui fit irruption dans son bureau. Étrangement, il était parfaitement calme.– Monsieur le Président, nous allons vous évacuer. Suivez-moi je vous prie.Le ton était posé, mais ferme. Un

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 58

    Le porte-avions USS Georges H.W. Bush, accompagné des croiseurs et destroyers de son groupe d’escorte, fendait les flots à pleine vitesse vers le détroit de Gibraltar. Les cinq autres groupes de combat, ainsi que les navires d’assaut des Marines, suivaient à quelques milles de distance, échelonnés en file indienne.La plus grande force aéronavale depuis la Seconde Guerre mondiale, approchait de la mer Méditerranée.Le commandant de l’armada, l’amiral Necker, était à la passerelle du Georges Bush et observait l’horizon à la jumelle. Les premiers rapports de vol des avions de reconnaissance, faisaient état d’une flottille hétéroclite de bateaux commençant à boucher l’entrée du détroit de Gibraltar. Apparemment, d’après les analystes qui scrutaient les nombreuses photographies aériennes prises ces dernières heures, ils n’étaient pas armés.– Amiral, nous avons un problème !L’officier en chef des services de renseignements du bord, un capitaine de

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 57

    Deux heures avaient passé depuis la fin de la méditation. Le jour s’était levé mais ils ne s’en étaient même pas aperçus ; depuis ce temps, ils scrutaient fiévreusement leurs écrans, passant d’un site de chaîne d’info à un autre, en attente de quelque chose - un acte, un événement significatif - qui démontrerait un basculement des consciences.Le premier fait marquant apparut à Calcutta, en Inde, lorsqu’une télé locale relata qu’une foule qui grossissait de minute en minute, s’était massée devant le consulat américain, scandant des slogans de paix. Davis laissa l’un des portables branché sur le site en question tandis qu’il surfait avec l’autre. Et il tomba sur un deuxième fait : la même chose se produisait à New Delhi devant l’ambassade US. Puis, un de ses collègues à Princeton lui envoya un lien vers une télévision locale brésilienne, à Rio de Janeiro. Là aussi, une foule énorme avait envahi les rues autour de l’ambassade américaine. Mais le plus étrange, était l

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 56

    Cinq heures vingt minutes du matin, à Mac Leod Ganj…Malgré l’heure matinale, il y avait foule dans le temple, dans les rues adjacentes ainsi que dans le village et même sur la route y conduisant. Non seulement tous les moines de la région avaient rejoint le temple bouddhiste pour la Grande Méditation, mais également les habitants des villages alentour et une bonne partie de ceux de Dharamsala. L’instant de la méditation arrivant – il serait minuit, heure de Greenwich, dans dix minutes - tout le monde s’était assis en silence, certains directement sur les routes et chemins menant au temple.Angela et Noa s’étaient joints aux moines dans le monastère, ainsi que Foller.Davis, lui, était installé à un bureau de fortune dressé dans un coin de la salle principale, ses deux ordinateurs portables connectés au Pearl Lab via une liaison Skype, et un téléphone satellite à portée de main. Il observait les méditants qui se préparaient à cet instant unique da

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 55

    Le porte-parole du Dalaï Lama, aidé par Adam Foller et ses nombreux contacts, fit venir en un temps record deux équipes de télévisions indiennes à Dharamsala. Les correspondants des grands groupes de presse occidentaux siégeant à Delhi furent également contactés, mais, étrangement, ils refusèrent de venir.Apparemment, le message d’un homme de paix en ces temps de guerre, n’était pas le bienvenu. Cela ne surprit guère Noa, qui savait parfaitement comment fonctionnait le système. Les grands groupes de presse étaient aux ordres et participaient à la mascarade.Qu’à cela ne tienne, il y avait d’autres solutions. Davis lança la nouvelle sur les réseaux sociaux. En quelques heures, la nouvelle devint virale et fit le tour de la planète Internet : les deux journalistes qui avaient annoncé la venue de Ö étaient avec le Dalaï Lama.Et ils avaient une solution pour stopper la guerre.Les caméras avaient été installées sur la terrasse extér

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 54

    Dharamsala, État de l’Himachal Pradesh, Inde du Nord…Le voyage avait duré plus de vingt heures et Angela se sentait exténuée. Après tout, il y a peu, elle était encore morte et sa résurrection lui avait laissé quelques séquelles en terme de fatigue. Le jet de Foller les avait déposés à Delhi, d’où ils avaient pris un avion à hélice qui les avait ensuite conduits à Gagal, l’aérodrome de Dharamsala. De là, un taxi les avait emmenés dans un petit village au nord de la ville indienne qui dominait la vallée de Kangra, plus précisément à Mc Leod Ganj, lieu de villégiature des bouddhistes en exil et de leur chef suprême, le Dalaï Lama.Le taxi les avait déposés au centre et depuis, ils poursuivaient à pied sur un chemin sinuant au beau milieu d’une multitude de maisons blanches, vertes, bleues, ocre et jaunes, toutes à plusieurs étages, s’accrochant à flanc de colline au sein d’une verdure aussi exubérante que chatoyante. Tout autour, des centaines de fanions

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 53

    Base navale de Norfolk, Virginie…Les six porte-avions quittèrent leurs quais à dix minutes d’intervalle, poussés par de puissants remorqueurs qui les aidèrent à déhaler des pontons. Les deux cent soixante mille chevaux de leurs turbines alimentées par les réacteurs nucléaires Westinghouse prirent le relais, ébranlant les lourds navires sur la James River.Sur les ponts, les équipages, en grande tenue, étaient alignés au cordeau afin de saluer la foule immense. Car toute la population de la région était venue assister au départ et s’était massée sur les rives, les plages et même les ponts de la baie de Chesapeake - qui avaient été fermés à la circulation pour l’occasion. Les sirènes de bord firent retentir leurs hurlements gutturaux, auxquels répondirent les cris et les encouragements des spectateurs tandis que dans le ciel, le ballet des hélicoptères des chaînes de télévision battait son plein.La fanfare de la garde nationale avait

  • Ö L'ANGE REVELATEUR   CHAPITRE 52

    Université de Princeton…Le docteur Richard Madison résidait quelques rues plus loin, de sorte qu’ils furent chez lui en peu de temps.Davis tambourina à la porte qui ne tarda pas à s’ouvrir sur un homme dans la soixantaine, vêtu d’un jean et d’une chemise bleu clair. Son épaisse chevelure poivre et sel lui donnait un air juvénile, que renforçait le large sourire qu’il afficha lorsqu’il reconnut Davis.– Brad ! Que me vaut le plaisir ?– Docteur Madison, désolé de vous déranger à l’improviste, mais nous avons besoin de votre aide.Madison les fit entrer et les installa dans son salon. Davis fit les présentations, suivi d’un résumé exhaustif de la situation.– Je crois savoir pourquoi vous êtes venus me trouver, Brad, fit le scientifique.– Vous pensez à la même chose que moi ?– Oui. La méditation.– Le docteur Richard Madison est professeur de psychologie et de psychiatrie à l’université de Prin

DMCA.com Protection Status